ça veut dire quoi le bien. (anna)

un. tu as grandi dans une famille très croyante et pour cause, son père était pasteur du village, sa mère femme au foyer. autant dire que tu as eu le droit aux dimanches à l'église et aux prières avant le repas. toi, tu n'as jamais eu quoi en penser. tu savais que tes parents étaient dans l'excès mais, existence ou non d'une puissance lointaine, aucune idée. deux. tes parents ont eu une fille. petite anna qui a eu du mal à arriver et prunelle des yeux de ces deux jeunes parents. mais, ils ont également adoptés deux autres enfants. tu as donc hérité de deux frères que tu as toujours surprotégée envers et contre tout. tous les trois, vous vous êtes toujours serrés les coudes, notamment devant les parents qui parfois, pétaient les plombs. trois. lorsque tu étais gamine, t'étais le genre de petite fille que tous les parents rêvaient d'avoir. intelligente, souriante, polie, tu as toujours eu tout pour toi et faisais la fierté de ses parents. en ce qui concernait les autres étudiants, c'était un petit peu plus compliqué. quatre. t'as toujours été première de ta classe. tu étais la fille qu'il fallait se mettre dans la poche si on voulait obtenir de bonnes notes. certains te léchaient les bottes pour que tu les aides, d'autres t'ignoraient complètement. étant fille de pasteur, on t'a toujours porté un minimum de respect mais tu ne faisais pas partie des jeunes populaires pour autant. on ne t'invitait pas aux soirées, conscients que tu allais refuser l'invitation, préférant être plongée dans tes bouquins ou dans ta bulle, les écouteurs dans les oreilles. cinq. anna, tu étais le défi de tous les garçons. la fille du pasteur, la petite vierge qu'il fallait dévergondée. sauf qu'anna, tu ne sortais pas beaucoup pour ne pas dire jamais alors, c'était compliqué d'obtenir quelque chose de toi. tu as mis un certain temps avant de t'intéresser aux garçons. six. et puis, il y a eu cette fameuse soirée. la soirée dont romy parlait depuis plusieurs semaines. la soirée à laquelle il fallait absolument se rendre pour tromper les apparences. t'a fini par craquer et tu as suivi ta meilleure amie à cette soirée pour lui faire plaisir. sept. à cette fameuse soirée, tu l’as rencontré. lui et son sourire charmeur. lui et son regard mystérieux. forcément, tu n’as pas pu l’ignorer et même si tu l’avais voulu, il avait déjà posé les yeux sur toi. huit. au départ, ce n’était qu’un jeu. tu étais une distraction. et puis il s’est vite rendu compte qu’il avait besoin de toi. sans doute plus que tu n’avais besoin de lui. une soirée, une nuit à discuter, quelques rendez-vous et le tour était joué. neuf. il t’a longtemps repoussé. après tout, t’étais juste une gamine. une gosse pure et innocente. un brin naïve et bien trop parfaite pour entrer dans sa vie. alors, il a tenté de te mettre des bâtons dans les roues. c’était sa façon à lui de t’éloigner. t’as lutté encore et encore. t’as fait des trucs que tu ne te serais jamais sentie capable de faire. tu as bravé les interdits et lui a prouvé ton amour. dix. amour qui s’est envolé le jour où tu as décidé de perdre ta virginité. une fois, deux fois. et finalement, la fois de trop. la fois où tu as prétendu être malade pour rester le week-end à la maison. la fois où tu lui as demandé de passer et que tes parents sont rentrés plus tôt que prévu. papa vous a surpris. sa petite princesse n’était finalement pas si parfaite. alors, il a décidé de remettre la faute sur lui, ne pouvant croire que tu étais passée du coté obscure. enfin, t’étais juste une ado comme les autres. une ado qui avait besoin de faire ses propres expériences. onze. cette histoire est partie loin. papa t’a menacé de te couper les vivres. il a dit qu’il trouverait une solution pour que jamais plus tu n’ais à le fréquenter. tu savais pertinemment qu’il était prêt au pire. alors, contre ton gré, tu as dû témoigner contre l’être que tu chérissais le plus au monde. coupable de viol sur mineure qu’ils ont dit. t’étais dévastée mais incapable de dire quoique ce soit. douze. papa t’a enfermé plusieurs jours. clouée dans ta chambre, tu n’avais même pas le droit de lui rendre visite. encore moins de lui donner des explications. tu t’en es rendue malade. enfin, c’est ce que tu croyais. finalement, t’as appris que t’étais enceinte. papa n’a pas supporté, il t’a demandé de quitter la maison. tu l’aurais fait de ton plein gré de toute façon. treize. tu t’es barrée pour la capitale. t’as quitté tes amis, t’as abandonné tes études de droits et tu t’es trouvée un petit appartement miteux. le truc, c’était plus un squat qu’autre chose mais, tu ne pouvais te payer guère mieux. t’as enchaîné les petits boulots jusqu’à ne plus pouvoir travailler. tes frères t’aidaient comme ils pouvaient et te rendaient visite le plus souvent possible. quatorze. quelques mois plus tard, gaëlle a vu le jour. petite princesse de ta vie. jolie brune qui ressemble comme deux gouttes d’eau à papa. papa qui ignore l’existence de sa fille et qui, derrière ses barreaux devait se sentir seul. il s’est toujours dit qu’il tomberait pour trafic un de ces quatre. ou peut-être une bagarre qui aurait mal finie. il était loin de se douter que c’est la gamine qui possédait son cœur qui allait l’anéantir. quinze. les problèmes d’argent sont toujours au rendez-vous. mais la gosse grandit et tu ne peux faire autrement que de te démener. c’est d’ailleurs pour cette raison que tu as récemment accepté un job au club. tu danses, tu accompagnes des hommes. y en a quelques uns qui sont respectueux mais la plupart te considère comme un objet. des connards finis. des connards dont tu aimerais te débarrasser assez vite. alors tu trimes pour pouvoir mettre de l’argent de côté, pour pouvoir te barrer et tu laisses les sentiments de côté. seize. t’as fini par faire un trait sur les hommes. parce qu’il n’y avait qui lui. parce que t’es tombée sur quelques mecs cool mais, tu n’avais pas le droit de les détruire eux aussi. et puis de toute façon, avec ceux que tu fréquentes depuis quelques semaines, tu te dis que t’es bien mieux toute seule. dix-sept. voilà comment une petite princesse peut se faire détrôner du jour au lendemain. voilà comme le destin peut vous anéantir. tour de magie qui n’en finit plus et qui, sans doute, aura ta peau un de ces quatre.