Nul ne sait ce qu' amènera le lendemain.
1973 – Norvège : ♬L’hiver était très rude dans ce pays, mais en fin de compte, pour Kaley, ça ne changeait absolument pas de son pays natal, l’Islande. Terre de glace, comme ils l’appelaient.
Les aurores boréales dansaient devant ses yeux. Elle et son père étaient tranquillement posés sur la terrasse de leurs chalet. Manteau en fourrure épaisse, elle s’emmitouflait pour sentir encore plus la chaleur de son propre corps. Un soupir fit un nuage de brouillard épais. Elle souriait bêtement et rentra dans le lieu d’habitation provisoire. Elle remit une bûche dans la cheminé qui crépita. Une chaleureuse sensation lui parvint sur le visage. Elle finit par s’allonger sur le divan en ce recroquevillant sur elle-même, les yeux lourds, Kaley s’endormi profondément… Artúr, son paternel, remit la couverture sur ses épaules et l’embrassa sur le front. «
Tout s’arrangera, je te le promet. » Il prit la tasse vide posée sur la table d’appoint, la posa dans l’évier et s’installa sur le fauteuil en fixant les flammes, les pensées vident.
Au petit matin, elle se réveilla, perplexe de ne pas avoir senti son corps s’assoupir. Les yeux bridés, elle regardait l’heure. 8h00. Son père venait tout juste de rentrer, et le café avait embaumé la pièce d’une senteur conviviale. Les bras en l’air, elle s’étira de tout son possible. «
Tu as des nouvelles ? » Sa voix était fébrile, elle couvait certainement un rhume, et les quelques mots qu’elle sortit lui obligeait de se racler la gorge. Il ne lui avait pas répondu directement, un seul signe de tête lui annonçait que, non, il n’avait aucune nouvelle. Elle se leva, pris son petit déjeuner et se prépara.
TOC, TOC, TOC … «
Kaley, Artúr, ouvrez-moi ! » Le médecin du village venait nous donner ce que nous attendions depuis déjà deux jours. Et son ton n’annonçait rien de bon. Dans la précipitation, Kaley renversa le pichet d’eau, les bouts de verre craquaient en dessous de ses sabots. Ce regard, en plus de ce ton, n’annonçait que des mauvaises nouvelles.
La mère de Kaley, et la femme d’Artúr venait de quitter le monde des vivants, pour un avenir peut-être paradisiaque ?
Le médecin ne savait comment réconforter ce petit bout de femme en larme, en crise même. Il lui apprit à prendre sa respiration, à souffler. Son père, lui, avait pris les chiens de traîneaux pour partir faire un tour et se vider de tout ce qu'il retient depuis que sa femme était dans un état déplorable. La maladie avait avancée à grand pas, et à cette époque là, peu de chose était mise en place pour y faire face. Au fond de lui, il savait qu'elle serait mieux maintenant, elle ne souffrirait plus. Et un jour, ils se retrouveront, comme auparavant.
Darri, l’homme aux mauvaises nouvelles, tenait les mains de la demoiselle, il la regardait dans les yeux, voyant une femme triste, mais à la fois consciente de ce qu’il se passait. Il posa sa main sur sa joue, essuyant les quelques larmes pour se frayer un chemin sur cette peau si froide et humide. Il s’asseyait à ses côtés, puis la pris dans ses bras, la serrant de tout son possible, afin que ses tremblements cessent. Il sentait son cœur battre, partagé entre la tristesse d'une mère défunte et d'un futur très proche. Le cœur de Kaley, battait, oui, il battait, à lui en faire mal à la poitrine. Ses yeux se dirigeait vers Darri, et lui lâcha un «
Merci » qui en disait bien long.
C’est là, à cet instant même, que tout avait commencé entre eux. Une nouvelle histoire, une nouvelle vie, et dans le futur, une descendance qui se souviendra à jamais de cette femme, décédée. Elle sera la source,
le passé de la famille Iversen.
1983 – Islande : Dix ans se sont écoulés, dix ans que Kaley et Darri vivait le parfait amour. Il y avait des hauts, et des bas. Mais ils étaient vraiment amoureux et passionnés l’un envers l’autre. Le véritable amour, celui qui se fait rare, celui qui ne se brisera véritablement qu’au moment du décès. Mais selon Kaley, ils se retrouveront dans ses lumières dansantes qui survolent le ciel chaque soir d’hiver.
Dans l’ancienne maison de son père, Kaley vivait le conte de fée dont elle avait toujours rêvé. En Islande, les rêves, les contes ont traversés des générations, ils ont toujours étaient enchanteresques et elle compte bien inculquer la joie de pouvoir espérer à un avenir meilleur à ses futurs enfants. D’ailleurs, dans quelques jours, elle mettrait au monde son premier enfant, Kristian.
Darri était toujours médecin, il ne connaissait pas ce pays et avait lié une attache grâce à sa femme. Il aimait le mystère qui y planait. Il aimé lui aussi rêvé. Ces deux-là se contentait de peu. Il vivait vraiment, d’amour et d’eau fraîche, de contes et de rêves ! C’est lui qui fit naître Kris, pour son plus grand bonheur. Un enfant de la nature, prédestiné à sauvegarder ces terres et à les apprécier.
1993 – Wellington C’est le grand départ. Les valises sont faites, il ne reste plus qu’à emménager dans une nouvelle maison, une nouvelle vie qui sera peut-être un stress énorme pour les deux parents de Kristian. Ils avaient pris la décision de vivre dans une ville plus peuplée, où Kris pourra apprendre encore plus, et deviendra peut-être une légende en Nouvelle Zélande. Il sera accompagné de sa petite sœur, née depuis quelques jours seulement. Le périple de la vie n’est pas fini, de grandes et belles choses leurs arriveront, peut-être trouveront-il l’amour, peut-être seront-il de grands chefs d’entreprises, peut-être qu’ils protégeront la terre du plus grand danger : L’être humain.
Il y aura des montages, des précipices devant eux, mais rien de tout ça ne les anéantiras. C’est ainsi que la famille Iversen conçoit la vie. Soyons forts, soudés, et protégeons nos prochains. Kristian tient énormément de sa mère, il aime la vie, la famille, et rêve au plus profond de lui d’être le chevalier servant sur son cheval blanc que l’on trouve dans les contes que sa maternelle lui lisait chaque soir.
Ce qui coule de bas en haut, coule aussi de haut en bas.
2010 – Wellington
La pluie, le vent, rien de plus désagréable de faire courir les chiens de l’armée dans ces conditions-là, mais ce n’est qu’un mal pour un bien. Jusqu’ici, Kristian n’était encore qu’en apprentissage du comportement et de la cynophilie, notamment chez les militaires. Pour accroître ses connaissances, il avait décidé de passer le cap, et de s’inscrire en tant que maître-chien. Le concours avait était assez simple, notamment le côté physique qui est un atout majeur chez lui. Il a toujours était un grand sportif, alors pour le coup, ce métier n’était pas des plus déplaisant. Du moins, ce côté-là du job… Nous n’imaginons malheureusement pas ce que vivent les personnes sur le terrain, voir des cadavres, voir la mort est quelque chose qu’il n’aurait jamais apprécié, les nuits auraient surement étaient rudes... Bien entendu, la recherche de cadavre et de personne est une phase importante pour les chiens, mais, jusqu’ici, il n’a retrouvé que des personnes vivantes ! Il était particulièrement classé dans la partie « recherche de stupéfiants » et c’était lui qui se chargeait du dressage et de l’apprentissage des chiens à la caserne. Son diplôme de vétérinaire comportementaliste lui avait énormément servis pendant cette période-là, car il était à la fois le vétérinaire des chiens, ainsi que le dresseur. Un deux en un qui n’était pas de refus pour l’armée.
C’est au cours de cette année-là qu’il avait décidé de créer sa propre entreprise, son propre « buisness » comme le disait si bien sa mère. Elle était incertaine concernant le métier qui, selon elle, n’avait que très peu de débouché. Bien entendu, les chiens ont toujours étaient une passion puisqu’en Islande, des huskys accompagnaient ses parents pour chaque trajets effectués, à cause de leurs situations géographiques qui ne permettaient que des déplacements par traîneaux pendant les grandes périodes de neige. Kaley était fière du parcours de son fils, un vétérinaire dans la famille, rien de mieux pour protéger la nature. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il avait changé de voix, alors qu’il pouvait très bien réussir dans ce premier choix qui était une source sûre. Kris, lui, n’était vraiment pas fait pour rester dans une clinique, à soigner les animaux, à faire des chirurgies à longueur de journée. Non, il avait besoin d’un peu plus d’action. La raison pour laquelle il avait ouvert son centre de formation de chien de travail et de recherche. Il dresse également les chiens dit « dangereux » ou plutôt les maîtres dangereux… Bref, une entreprise qui a eu un démarrage assez difficile mais qui à l’heure actuelle fonctionne plutôt bien.
C’est cette année aussi qu’il a rencontrait quelqu’un qui allait faire de sa vie quelque de chose de bien plus intéressant, un autre tournant. Pas la peine de vous faire un dessin, imaginez : Silhouette de rêve, cheveux bruns, regard lumineux et étincelant, sourire éclatant. Bref, il en fallait peu pour que Kristian tombe littéralement sous le charme. La rencontre ne fut pas des plus basiques, avant de la voir sous cet aspect qui ferait rêver n’importe quel homme, il l’avait vu dans un autre « état ». Il courait tranquillement, et à bon rythme à travers les gouttes sur le chemin principal dans la forêt et pour éviter de recevoir de l’eau dans les yeux, rien de mieux que de regarder par terre… Jusqu’à ce que : « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! » Il bouscula une charmante demoiselle, parapluie à la main, qui fit un atterrissage forcé dans une flaque de boue. Elle s’écroula en toute splendeur, tête la première. Avec tous les talents d’une nageuse professionnelle. Kristian lâcha un rire incontrôlé, se tortillant, main sur le ventre et en tapant de l’autre main sur sa cuisse tout en observant la scène et la femme paniquée. Quelques secondes après, il tendit sa main et se fit fusillé du regard. Tout à ton avantage cher Kristian… « Rooooh, vous ne pouviez pas faire attention ? » Elle ne laissa pas le temps à Kris de répondre, son regard changeait du tout au tout, et elle se mit à rire de toutes ses forces en se penchant et en chutant encore plus bas dans le fossé. « Je veux bien un coup de main en fait.. »
Dans un autre sens, ce fut l’occasion d’apprendre à connaitre cette femme qui, depuis quelques semaines, se promenait souvent ici. Il l’avait déjà vu plus d’une fois. Il l’invita chez lui, par empathie en premier temps, parce que, être boueuse, sous une pluie battante, et un parapluie cassé… Ce n’est pas une situation de rêve pour rencontrer son prince charmant. C’est à force de regards, de sourires, de rigolades que l’affection devenait grandissante. En partageant des souvenirs, des secrets. En vivant au jour le jour aussi, tout simplement. Ces deux-là, c’était un peu Kaley et Darri, dans une autre génération. Il n'a pas fallu d'une éternité pour comprendre qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.
2011 – Islande
Accompagné de sa charmante compagne, vêtue de noir, Kris s’approchait de la pierre bâtie en face de lui. Il y posa sa main, en lançant de grands soupirs. Les larmes roulèrent sur ses joues, sans pour autant transparaître un véritable mal-être, il essaya de garder son sang-froid et se cache du regard des autres. Le chagrin, celui de la perte d’un être cher… C’est difficile d’extériorisé tout cela quand à côté une personne est anéantie et qu’il faut faire bonne figure. Sa mère venait de perdre l’homme qu’elle aimait, et pour qui elle vivait.
Il rêvait de revenir dans son pays natal avec sa chère et tendre, mais pas dans ces circonstances... La leucémie n'a laissé que très peu de temps à Darri, elle ne l'a pas épargné, en seulement un an... Kristian regarda le ciel, posant sa même main sur son cœur. « Papa, repose en paix. »
Il y a quelques mois – Wellington
« Tu es sérieuse de m'annoncer ça comme ça ? » La rage transperçait Kristian, il était en colère. Son poing tapa sur la table et fit sursauter la jeune femme. Il en avait marre des mensonges, de toutes ces manigances. Il voulait vivre heureux, fonder une famille. Mais non, la vie en avait décidé autrement. La femme avec qui il vivait depuis près de 5 ans lui annonçait sa stérilité. Alors non, ce n’est pas tant ça qui l’agacé. C’était la façon dont elle lui avait annoncé, c'était peut-être une sécurité pour elle de ne pas lui en parler. La sécurité de ne pas le perdre. Les espoirs qu’elle lui a donné n’étaient que du flan ! « Depuis quand tu es au courant ? DEPUIS QUAND ? » Il s’arrêta, net, devant elle. Il était effrayant, et incontrôlable. Kristian était une personne colérique, d’autant plus quand rien n’allait dans son sens. Le couple essayait de faire un enfant depuis presque deux ans. Cela devenait très compliqué à Kris de gérer tout ça, il avait le stresse de ne pas être capable de donner la vie et de ne pas pouvoir donner son propre sang à ses enfants, il pensait que c'était de sa faute s'ils n'y arrivaient pas. Et elle, elle lui annonçait ça, alors qu’il était en train de manger tranquillement, sans même avoir fait allusion à la situation. « Kris, ne t’énerve pas, s’il te plait… » Il s’asseyait, en se laissant tomber sur la chaise. Il marmonnait puis dit. « Tu ne m’as pas répondu. » Il finit par se lever, faisant valser chaises et assiettes puis claqua la porte d’entrée.
10 minutes après, il rentrait, toujours le regard sombre. Il mit la main sur l’épaule de sa femme, assise sur le canapé puis se mit à côté d’elle. Son silence reposait la même question qu’il avait dite avant de partir. Depuis quand était-elle au courant. Mais la réponse, il la savait déjà en fait. La façon dont elle lui avait annoncé prouvait qu'elle le savait depuis longtemps. La relation avait changé depuis quelques temps. Surement ne savait-elle pas comment le lui dire, certainement. Une part de honte. Il voulait seulement avoir sa réponse, pour être sûr. « Je… » Elle laissa échapper un soupire de détresse puis repris. « Je suis désolé. En fait… en fait j’avais peur de ta réaction. Je voyais ton bonheur… celui d’être père, un jour… Je l’ai appris depuis… » Elle laissa une courte pause, mais voyant qu’il commençait à se lever elle finit « depuis que nous essayons… ». La terre entière s’effondra sur Kristian, tous ses muscles lâchèrent en même temps, il s’enfonça de plus en plus dans le canapé, le regard au sol. Un courant d’air lui parcouru le dos, une sensation d’impuissance. Il se leva, presque sans vie. « Ok ». Il ramassa les bouts d'assiettes, éparpillés par terre, les mis dans la poubelle, et se dirigea vers la chambre d’amie.
Les mensonges et le manque de communication peuvent brisés beaucoup de chose... Kristian ne pourra jamais lui pardonner. Mais l'amour est bien trop fort pour partir. Ce dilemme, l'anéanti. Difficile pour un homme qui aime avoir le contrôle sur tout, de ne pas avoir les cartes nécessaires pour s'en sortir.