Prendre la vie du bon côté.
Je suis née le 26 juin 1986 à Lyon, en France. Une naissance tant attendue par mes parents depuis plusieurs années, un espoir quasi perdu quand le test fut positif. Un accouchement très difficile pour ma mère par ailleurs même si ma bouille d'ange les emplit tous deux de bonheur automatiquement. Ne souhaitant pas revivre ce stress permanent, ces doutes et cette douleur, mes parents décidèrent que je serais leur unique enfant.
Je fus chérie et gâtée par mes parents toute mon enfance, mon adolescence et même encore aujourd'hui. Oh non je n'ai jamais eu à me plaindre de quoi que ce soit envers eux. Bien sûr, j'aurais aimé avoir un frère ou une sœur au moins pour ne pas jouer seule, me confier, me chamailler aussi. J'ai toujours envié mes amis qui me parlaient de leur famille, de leur fratrie. Malgré ça j'ai eu la chance d'avoir une famille soudée et épanouie et de supers cousins avec qui je m'entends très bien.
Côté scolarité, pas d'ombre au tableau. J'ai toujours été une élève sage et plutôt sérieuse. Je n'étais pas la première de la classe et n'y ai jamais prétendue mais je n'ai jamais redoublé. J'entrepris des études d'esthéticienne dès le lycée et commençait à travailler dès les études finies.
J'ai donc vécu une enfance et une adolescence heureuse, on peut le dire. Côté coeur, j'eus quelques relations sans pour autant rencontrer la personne avec qui franchir le pas. Cela n'arriva qu'à mes 21 ans avec un homme dont j'étais follement amoureuse. Je n'ai d'ailleurs jamais regretté d'avoir attendu. Notre relation dura deux ans et la rupture fut plutôt douloureuse.
Je me réfugiai alors dans mon travail et dans le salon que j'avais réussi à ouvrir avec une associée… mais mon optimisme ne décru pas, je retrouvais quelqu'un j'en étais convaincue. L'homme de ma vie m'attendait quelque part.
Un mardi de janvier 2009…
Ce soir-là, comme un autre, je terminai à 20h. Alors que je rentrai à pied chez moi (à peine 300m), je fus alpaguée par trois mecs dans la rue, sombre à cette heure-ci bien entendu. Pressant d'abord le pas, je ne montrai pas ma panique mais rapidement, ils prirent le dessus et me bloquèrent dans un recoin. A vrai dire, je ne me souviens plus de tout ce que j'ai pris ni où. Je rentrai chez moi, je ne sais plus comment et y restai enfermée plusieurs jours, prostrée… cet épisode de ma vie, seul mon médecin le connaît…. Et pour cause, après l'avoir vu quelques jours plus tard, celui-ci m'envoya directement aux urgences… Une multitude d'examens plus tard on m'annonçait que j'avais plusieurs côtes brisées, je m'en doutais, mais aussi que j'avais été pénétrée. Comment avais-je pu OUBLIER ce viol ? Je restais à l'hôpital plusieurs jours et réussis à négocier une surveillance à domicile pour ne pas prévenir mes proches.
Depuis ce jour, ma confiance en moi en a pris un coup et bien sûr, sortir de chez moi était très difficile. C'est pourquoi, en 2010 je décidai de partir à Wellington et d'y ouvrir mon salon. En quelques mois, j'avais repris du poil de la bête et voulait avancer, vivre une nouvelle et belle vie.
A Wellington ma vie changea du tout au tout. J'ouvrai rapidement mon salon, ayant bien préparé mon projet auparavant, mais aussi, je rencontrai un homme qui me fit totalement chavirer. Un coup de foudre inexplicable et aujourd'hui, un formidable mari. Mari parfait, qui, à cause de moi s'éloigne, je le sens…
Alors que nous « essayions » d'avoir un enfant depuis deux ans, je lui annonçais ma stérilité. Une discussion virulente où je lui appris que j'étais au courant depuis le début des essais. En effet, avant même les essais, Kris ayant très envie d'avoir un enfant, et moi aussi malgré mes craintes liées à mon passé, je demandais à mon gynéco de me faire des tests. Après avoir beaucoup insisté il avait accepté. C'est alors que j'appris ma stérilité qui ne s'expliquait pas d'un point de vue médical. La seule raison possible était un traumatisme passé voire des violences sexuelles. Je ressortis du cabinet sans un mot et passai deux ans dans le silence, ne voulant croire à cette éventualité…
Aujourd'hui, j'ai peur de perdre Kristian, le perdre serait pire que tout, je l'aime bien plus que je ne pensais que c'était possible. Je dois lui raconter ce qu'il m'est arrivé, le pourquoi je suis venue ici mais, c'est tellement difficile….