(ismaele) we're gonna fly, we're getting high.

Il se donne un genre, Ismaele. Il aime jouer de ses charmes, il aime faire de l'effet, il aime jouer au con, aussi. Il aime séduire et mettre dans son lit, il aime allonger sa liste de conquêtes, mais dans le fond, il s'attache assez vite. Il a besoin des femmes, il a besoin d'une femme, ç'a toujours été comme ça, il sait pas pourquoi, il assume pas. ≈ Il vit dans le passé, il s'accroche aux regrets, aux erreurs impossibles à effacer. Il a perdu son ami, le meilleur, celui avec lequel il a grandi, celui avec lequel il a tout partagé. Ils avaient trop bu ce soir-là, ils profitaient de leur jeunesse, ils fêtaient tout et n'importe quoi – tout était bon prétexte, bonne excuse à prendre. C'était pas lui au volant, mais c'est tout comme. Il a pas su l'empêcher, il a même pas essayé, et depuis, il vit avec la culpabilité. ≈ Il a deux petites sœurs, Ismaele, un peu plus jeunes que lui, mais qu'il adore quand même, qu'il aime plus que tout. Ses sœurs, elles sont les lumières de son existence, elles sont celles qui le tirent toujours vers le haut, celles qui le poussent à tout faire pour se reprendre en main. Ça ne marche pas, mais au moins il essaie, ne serait-ce qu'un peu – avant que la motivation ne le quitte, deux secondes après. ≈ C'est l'une d'elles, qui lui a pris rendez-vous chez un psy. Histoire de parler de ses vieux démons, de ses angoisses, de sa culpabilité, de son ptsd, de ses addictions, de sa destruction. ≈ L'envoyer chez le psy, c'était peut-être pas le bon plan. Ismaele, il voulait pas, il avait pas envie, il assumait pas – on aurait dit un gros gamin, protestant, capricieux, refusant. Mais il a jamais su résister à ses sœurs, alors il y est allé, rien qu'une fois. Il dira que ce qui l'a fait rester, puis revenir, c'est que la psychiatre n'est pas moche, pas désagréable à regarder, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds, ses jolies lèvres, ses jolis traits. Mais il y a aussi le fait que ça l'aide ; enfin, il croit, il sait pas, il se pose pas la question. ≈ Il s'est attaché à elle, comme il le fait toujours. Faut croire que les femmes sont un repère dans sa vie, faut toujours qu'il s'accroche à une, et qu'il ne la laisse plus. Il peut bien enchaîner les conquêtes, il reviendra toujours vers la même, devenue le centre de son monde, de son existence, devenue son ancre. C'est pas de l'amour, pas encore peut-être, c'est une forte attraction qui le pousse à toujours revenir à elle, peut-être parce qu'elle le comprend, peut-être parce qu'elle l'écoute, peut-être parce qu'elle s'intéresse à lui. Peut-être qu'il a juste pris ça pour de l'intérêt, de l'attention réelle, un truc plus important qui dépasse le cadre strictement professionnel de leur relation médecin-patient. ≈ Il boit, Ismaele, depuis trop longtemps pour s'en souvenir. Gamin, il avait tout ce qu'il voulait, fils du grand Casiraghi, heureux propriétaire d'un grand hôtel de Wellington. Adolescent, il s'est mis à boire trop vite, trop tôt, trop jeune pour avoir des gueules de bois, des nuits blanches – il a loupé les cours trop de fois, il s'est fait taper sur les doigts par papa, mais ça ne l'a pas empêché de recommencer. Il fume aussi, Ismaele, et il consomme des substances pas très licites, au sein-même de son hôtel – c'est l'avantage d'être le patron, sauf qu'à côté, il est incapable de gérer bien longtemps ledit hôtel. Y'a que son bras droit pour réparer les dégâts, pour camoufler ses écarts. ≈ suite (fiche).