mad world. (jackson)

Le cri déchirant cette nuit glacial, la rougeur sur le visage, les traits froncés et baignant dans le liquide salin. Pauvre petite chose rousse, en mal de tout ça, ayant pris un énième coup, de la main d'un homme prétextant, voulant être appelé "Papa". Tu n'es guère grand, tu n'a guère encore beaucoup de vocabulaire, juste le strict minimum, mais en bref...Tu sais pertinemment qu'il ne sera et n'est pas ton père. Tu as connu les nombreuses nuits bruyantes dans l'orphelinat, les nombreuses chamailleries entre gosses déséquilibrés qui sont de plus en plus nombreux chaque jours. Grandir dans un milieu pareil...Forge le caractère. Ton caractère étant déjà bien trempé, voilà ce qu'on y gagne. Un énième abandon, une énième claque pour avoir désobéi ou même été trop hyperactif pour la famille qui tant bien que mal, te supporte. Les discussions autour de la table, dans le plus grand des calmes, mais ou la pression était palpable. T'es pas sot. Tu sais en voyant le visage tendu de la mère et un peu froncé du père, que tu vas pas rester. Que tu es un fardeau. Tu est triste mais surtout en colère, en colère contre le monde. T'a rien demandé toi. T'a pas demandé à ce qu'on t'abandonne comme une merde devant une baraque qui récupère les déchets comme toi. Oui, un déchet que personne ne veut, ne veut comprendre...Tu préfères te terrer dans ta petite chambre, serrant fortement le drap à la douce senteur de coton frais, sachant que tu n'allais pas revoir un jour cet endroit et ces visages...

Le billet d'avion entre les doigts, une pochette cartonnée dans l'autre. Le regard parcourant les horaires de vol, les doigts tapotant nerveusement la pochette avant de l'ouvrir à nouveau, comme pour ne pas être embué par un rêve très profond. Les mots se perdent, s'entremêlent, s'échappent. Tu crois réellement que c'est pas que le signe du hasard. Il faut que tu ne trembles pas, que tu parviennes à mettre fin à ces années de vide, de silence..T'a quand même peur qu'elle ne veuille pas te connaître, d'être déçu en te prenant une porte fermée, un coeur battant vivement mais qui resterait éternellement vide, vidé d'un sentiment indescriptible. Tu prend une bonne inspiration, essayant de positiver, de te dire que tu auras fait le premier pas et que tu ferrais tout pour au moins la connaître, cette fameuse soeur, cette fameuse Elva Fox.

Un soleil de plomb, brûlant la peau brunit par les longues journées sur la plage vivifiante des coins, mais également avec le labeur dans cet endroit puant les excréments et l'animal mouillé. Tu t'essuie le front avec une vague parcelle de ta paume qui est encore saine et non souillé, avant de sacrifier ton tee-shirt blanc légèrement imbibé de sueur, sueur qui malgré tout, moulait à merveille ton abdomen plus qu'appréciable. Jamais autant de sueur sur un corps n'avait été aussi attirant et tu es pas con, tu sais qu'elle te regarde de quelque part, la vilaine. Tu ne tardes guère, à croiser son regard reptilien, mais tout aussi envoûtant que charmant. Tu sens le frisson incomparable, te travers les avants-bras, mais également l'estomac jusqu'à plus en bas encore. Elle te fait un effet cette vilaine...une horreur. T'es en plus con, de rentrer dans son jeu. Elle a rien à perdre elle, toi si. Tu as quelqu'un qui t'attend à Auckland, pas elle. Mais t'arrive pas à mesurer les conséquences, t'arrive pas à te dire...stop. Tout simplement stop. Elle te dévore autant que tu la dévore, c'est malsain. C'est pas humain. Mais c'est tellement bon à la fois de se sentir désiré...