Isaac + We don't talk anymore.

"Je dois partir Isaac, c'est mieux comme ça..." Les larmes coulaient le long de ses joues rosies par la douleur et l'émotion de cette annonce. Dylan n'osait plus le regarder, elle savait que de croiser le choc et l'incompréhension dans les yeux de sa moitié lui donnerait envie de tout abandonner, de poser ses valises et de rester ici, de ne jamais quitter leur cocon. Alors elle est partie, sans se retourner, déposant un dernier baiser à son fiancé. Lui, il resta là, dans le hall de l'aéroport, seul et étouffé sous une montagne de souvenirs... Elle venait de quitter six ans d'une relation stable, avec ses hauts et ses bas mais vraie. Ils avaient grandi ensemble, ils s'étaient imaginé un avenir, des enfants, une maison avec un double garage, un jardin avec une cuisine d'été, ils s'étaient toujours vus comme un "nous" et ça leur convenait... Du moins, c'est-ce qu'Isaac pensait jusqu'à ce qu'elle le laisse là, et qu'elle s'envole pour Londres et suive sa famille.

"Marla, tu veux bien décrocher et lui dire que je suis parti en voyage scolaire avec ma classe ?" La petite brune fronça les sourcils, regarda son frère avec insistance, mais celui-ci resta de marbre tandis qu'elle s'exécutait et finit par attraper le combiné. Quelques secondes plus tard, elle raccrocha et se pointa devant son aîné, les mains sur les hanches, dans l'attente d'explications. "Tu m'expliques pourquoi je dois décrocher le téléphone de chez toi pour mentir à ta fiancée ?" Isaac leva les yeux au ciel, se laissa tomber dans le fond de son fauteuil, cherchant comment raconter à sa sœur la fin d'une histoire qui semblait inscrite dans la pierre ad vitam eternam. "C'est compliqué Mar, elle est partie, ça va faire quatre mois... On s'appelle, on s'écrit, et puis quoi ? On va où comme ça ? Elle ne compte pas revenir et elle ne m'a jamais demandé de la suivre, alors quelles perspectives est-ce qu'on a ? Je dois la laisser s'en aller..." La petite brune resta silencieuse un moment... "Et c'est en l'ignorant que tu lui rends sa liberté ?" Isaac baissa les yeux, il n'avait pas envie de mettre les mots sur ce qu'il était en train de faire, le mot "rupture" ne leur convenait pas, il l'aimait, et elle l'aimait aussi, mais ils ne pouvaient pas rester ensemble à distance, il n'y croyait pas, et ils n'avaient plus l'âge de vivre dans le déni. Alors c'était sa manière à lui de gérer tout ça, c'était sûrement maladroit et franchement lâche, mais c'était tout ce qu'il lui restait. "Tu ferais mieux d'y aller. J'ai cours dans une heure, il faut que je me prépare."


Elle était là, assise devant ce bar, ses cheveux bruns tombant dans le creux de son dos, bouclant légèrement, son teint et ses lèvres roses, on aurait dit une poupée. Un coup de coude plus tard et une poussette dans le dos, Isaac se retrouvait debout face à elle, comme un con. "Euh... Salut ! Je... peux m'asseoir ?" Pour faire le spectacle devant ses élèves, il n'avait aucun problème, mais quand il s'agissait de jouer l'homme sûr de lui, il avait encore quelques progrès à faire. Il burent, pas mal, si bien qu'au petit matin, en plus de la gueule de bois, il se réveilla avec un numéro de téléphone sur le bras : "Billie". Il avait claqué un quart de son salaire en verres de vodka, en shooters et dans une chambre d'hôtel au coin de la rue. Le point positif, même complètement bourré, il était raisonnable et ne prenait pas le volant, mieux encore, il s'était réveillé seul. Restait une chose à faire : rappeler Billie et essayer de s'amuser... Encore... Et encore...