dans la peau // thomas.

(+)10 y.o.
tu cours le plus vite possible que tes jambes te le permettent, évitant à tout prix noam qui te course. et pas dans un but récréatif. bon. tu dois bien avouer que rentrer en douce dans sa chambre c'était pas une bonne idée. et fouiller dans ses affaires non plus. ton épaule heurte la commode du salon et tu te retrouves le cul à terre, un peu sonné. mamaaaaan ! ton cri résonne dans la petite maison, t'es la, assit par terre au milieu du salon, ton frère en face de toi, un vase brisé entre vous deux. tu laisses volontairement les larmes inonder ton visage de gosse, alors que ta mère arrive dans la pièce, la voix éclatante, le prénom de ton frère comme coupable. et quand elle à le dos tourner, c'est un sourire moqueur sur le coin de tes lèvres qui dessine ton visage.

(+)19 y.o.
un soupir passe tes lèvres, ta tête cognant doucement contre le mur derrière toi, alors que t'attends comme un con, dans c'couloir vide, à côté de cette porte fermée. tu détestes les psys. vraiment. surtout le psy de l’université qui te prend pour un gosse capricieux. tu termines par rentrer quand il daigne ouvrir la porte, laissant tomber ton sac au pied de ta chaise. haut-potenquoi ? tu fronces les sourcils, tu suis à moitié son magnifique discours sur les tests de qi qu'il a tenu à te faire passer quelques semaines plus tôt. pourquoi toi ? t'en sais foutrement que dalle. voyons thomas. tu es bien assez intelligent pour savoir de quoi j'parle. tu arques un sourcil, le fixant un moment avant de te relever, ton sac retrouvant sa place sur ton épaule. j'suis pas un putain d'surdoué doc'. tu lâches finalement. t'as très bien compris c'qu'il te disait. il t'observe sans rien dire et te tends simplement une feuille pliée en trois. tu la récupères sans l'ouvrir, faisant demi-tour et retrouvant la solitude du couloir. c'est à ce moment seulement que t'ouvres la feuille. cent-trente-deux. tes doigts se crispent légèrement autour du papier. foutaises. t'es p'être à l'aise avec les chiffres et pas mal doué dans ton domaine, mais, merde. t'es comme tout le monde toi. tu veux être comme tout l'monde.

(+)22 y.o.
putain. t'es un peu perdu. un peu paumé. à moitié défringué. t'es bien bourré, en fait. tu ne comprends pas. ton cerveau ne comprend pas. y'a dix secondes encore t'était en train d'lui rouler une pelle. puis tu t'es rendu compte, qu'c'était un mec que t'emballais et qu'il était en train de bander contre ta cuisse. ça a fait tilt. et sans doute que t'étais bien trop bourré pour dire quoi que ce soit, bien trop à la ramasse pour réagir quand il t'a embrassé. en admettant que ce soit lui qui t'ai embrassé. de toute manière, ça ne peut que s'être passé comme ça. merde, t'sais plus rien toi, pas dans cet état. tu regardes autour de toi. merde, merde, merde. parce que t'es pas chez toi. t'as aucune de putain d'idée de l'endroit ou tu te trouves en ce moment même. tu t'relèves un peu maladroitement, vacillant quelques instants, avant de récupérer ta veste. j'suis pas une putain de tapette. les mots sont flous, ta prononciation laisse à désirer. ça relève du miracle que t'arrives encore à parler correctement. et à ne pas juste, tomber comme une merde en marchant. la porte claque derrière toi, tu t'enfuis dans la rue, respirant l'air glacial à grande goulée. t'avais putain d'chaud. et, au fond, tout au fond, t'es pas certain que ce soit à cause de l'alcool.

(+) tu n'es pas un grand fumeur, mais tu ne dis jamais non à une clope avant un exam ou quand t'es totalement paumé dans ta vie - assez souvent ces derniers temps. c'est comme pendant les soirées. toi t'es de ceux qui s'en fichent bien de se faire choper complètement défoncés, tant que vous êtes dix à l'être. les joints, c'est pas ce qu'il manque dans les soirées étudiantes, et ce n'est pas pour te déplaire. (+) tu abordes de temps à autre une paire de lunettes de vue. pas grand chose à corriger, une petite myopie pas vraiment handicapante, mais qui a tendance à s'accentuer avec la fatigue. alors les jours ou t'as pas dormis une bonne partie de la nuit, tes lunettes deviennent indispensables. elles ne font qu'accentuer ce coté intellectuel qu'on te prête bien trop souvent. (+) étonnamment stable dans ta vie sentimentale (honnêtement, qui s'y attendait ?), tu es en couple depuis presque deux ans maintenant avec la même fille. au fond, t'as besoin de cette stabilité et tu te renfermes dans cette image de couple idyllique, à l'histoire qui en fait rêver plus d'un, à la longévité pas vraiment commune à cet âge. ce n'est qu'une illusion. un enchaînement de mensonges de ta part depuis deux ans. juste une putain d'illusion. (+) depuis quelques années, t'as trouvé un moyen de te canaliser. enfin, un moyen pour essayer de te canaliser. le théâtre. ça payes pas de mine dit comme ça, mais t'aimes vraiment ça, te glisser dans la peau d'un personnage, en prendre les habitudes, les mimiques, et jouer sur scène. alors ouai, tu fais du théâtre. et t'en as franchement rien à foutre des commentaires à ce sujet. et puis, t'oublies pas que c'est grâce à ça que t'as rencontré ta petite-amie. (+) tu es un grand amateur de musique. mais attention, pas la musique commerciale qu'on entend constamment à la radio. d'ailleurs, si tu pouvais annihiler le chanteur de despacito, tu le ferrais volontairement. toi, tu écoutes de la bonne musique. grand fan de queen, pink floyd, linkin park et tu en passes. il est très rare de te voir écouter un morceau qui n'a que quelques mois. (+) t'es toujours coincé à la maison avec ta sœur, ta mère, et ton beau-père. tes parents (tu entends par là ta mère et ton père que tu vois de temps à autre) payent tes études et c'est déjà bien assez. quand à toi, tu n'as pas les moyens d'avoir ton propre appartement. ni même de vivre en colocation. alors, tu restes à la maison, prenant part de temps à autre aux activités familiales, quand tu n'es pas en train de sortir avec tes potes. (+) tu possèdes une culture générale assez vaste. tu ne cherches pas à accumuler le plus d'informations possibles, tu les retiens, simplement. d'après la psy que t'as acceptée de revoir plusieurs semaines après la découverte de ton soi-disant haut-potentiel (il ne s'agit que d'un chiffre pour toi), c'est grâce à ça que tu as une excellente mémoire et que tu assimiles certaines informations bien plus rapidement que d'autres. tu stockes toutes les données qui se rapportent à un sujet quelconque qui t'intéresses, et tu les mémorises sans même en être conscient.