Tessa • All these reckless nights you won't regret

NO-SO-TRAGIC BACKSTORY
Teresa est née et a grandi dans une famille cosmopolite, progressiste et très ouverte d’esprit. Très tôt, son frère et elle apprennent à se prendre en main et à être autonome, leurs deux parents étant très pris par leurs emplois respectifs. Sa mère, Sud-Africaine et médecin dans l’humanitaire, ainsi que son père, Anglais, écrivain, scénariste et professeur de théâtre, ne se sont en effet jamais excusés d’avoir des métiers passionnants et chronophages. Les différents domiciles qu’ils habitèrent se transformèrent à chaque fois en des foyers remplis de livres, de posters engagés et d’une multitudes de personnes venant d’horizons différents (souvent des artistes et des activistes).


MOVING ON
A cause du travail de sa mère, engagée auprès d’organisations humanitaires du Commonwealth, la famille Shaw déménagea à de très nombreuses reprises aux quatre coins du globe. Tessa passa sa petite enfance en Angleterre, déménagea à l’âge de 4 ans au Nigeria, en Tanzanie à 6, la famille revint en Europe (en Ecosse) lorsqu’elle eu 9 ans pour repartir vers la Malaisie à 13 ans et enfin poser ses valises à Wellington à 16 ans. Elle passa également de nombreux été au Cap, en Afrique du Sud, dans sa famille maternelle.


WELLINGTON, NZ
Elle passa trois ans à Wellington : de ses 16 à ses 18 ans. De toutes les villes où elle a vécu, ce n’est certainement celle où elle est restée le plus longtemps. Pourtant, c’est probablement l’une de celles qui a le plus marqué sa vie ; probablement parce que ces années sont si… formatrices. C’est à Wellington qu’elle créa ses vraies premières amitiés, de celles qui résistent au temps et surtout à la distance. C’est à Wellington qu’elle se découvrit une passion pour le cricket. C’est à Wellington qu’elle apprit à conduire. Ce n’est pas à Wellington qu’elle but pour la première fois, mais c’est bel et bien ici qu’elle eu sa première vraie cuite, celle qui fait regretter d’être en vie le lendemain. Et puis surtout, c’est à Wellington qu’elle tomba amoureuse pour la première fois. Un de ces premiers amours adolescents qui vous fait perdre la raison, qui tords les boyaux et fait s’arrêter le temps.


TESSA SHAW IS GONNA SAVE THE WORLD
Teresa Charlize Shaw n’aimait pas les injustices. C’est donc tout naturellement qu’à son entrée à l’école élémentaire, elle nota sur sa petite feuille de renseignements que plus tard, elle voulait devenir « Law Officer of the Crown ». Si elle ne comprenait pas tout à les fait les tenants et aboutissants de ce titre, qu’elle avait entendu au détour d’une conversation entre ses parents et leurs amis, elle savait ce qu’il représentait : la justice. Elevée dans un environnement tolérant et progressiste, chaque situation injuste qu’elle rencontrait (que ce soit dans la cour de récréation ou au journal télévisé) la contrariait jusque dans ses tripes. Grâce aux différents déménagements des Shaw dans des pays aux situations parfois difficiles, Tessa fut confrontée très jeune à ses propres privilèges, ce qui ne fit que nourrir son goût pour l’égalité des droits. C’est donc très logiquement qu’elle décida de se tourner vers des études de droits, à l’issue du lycée.


IT’S A GIRL
Ses rêves de magistrature furent rapidement bouleversés lorsqu’elle appris qu’elle était enceinte, quelques jours avant ses examens de lycée et quelques semaines avant le déménagement de la famille Shaw pour Adelaide, en Australie. Tessa, pourtant si pragmatique habituellement, se retrouva complètement paralysée par la situation, et ne parvint jamais à inclure Luke, le père de l’enfant, dans la décision de garder, ou non, ce bébé. Le déménagement et son acceptation à l’université de Melbourne lui permirent la fuite en avant, sans se retourner. Cet été là fut probablement le plus terrible de sa vie ; elle venait de dire adieu à son premier amour (qui lui n’avait aucune idée de ce qu’elle traversait mais souffrait déjà bien assez de son côté), s’était arrachée à toute sa bande d’amis, s’apprêtait à démarrer ses études, seule dans une ville immense, et avait un amas de cellules (« de la taille d’une graine de sésame », lui avait précisé l’infirmier) grandissant au creux du ventre. Elle n’en avertit ses parents que tardivement, lorsque sa décision de garder le bébé fut définitivement prise. Elle tenta à plusieurs reprise d’en parler à Luke dans les quelques lettres qu’ils s’échangèrent au fil des premiers mois… puis les lettres s’espacèrent. Ils tentaient chacun de panser leur coeur brisé de leur côté, tout en avançant vers leurs nouvelles vies de jeunes adultes. Tessa savait qu’il n’y avait pas de place pour un enfant dans l’équation, pour lui. Pas maintenant. Pour elle non plus d’ailleurs - c’est en tout cas ce dont elle avait toujours été persuadé. Elle était prête à vivre les conséquences de sa décision, prise à l’intuition (toutes les listes de « pour » et de « contre » qu’elle entama la poussèrent à interrompre cette grossesse). Mais elle n’avait pas envie de faire porter ces conséquences à Luke. Pas encore. Pas tout de suite. Il lui fallait du temps. Il était de toute façon trop tard. Amalia était née.


LUKE
Luke et Tessa ; qu’est-ce qu’ils étaient beaux. Leur histoire avait été douce, facile, avec ce qu’il faut de rebondissements pour faire tenir en haleine leurs amis respectifs, qui ne rêvaient que de les voir finir ensemble. Ils se rencontrèrent le lendemain de l’emménagement de la famille Shaw, au 112 Leeson Street et s’entendirent instantanément. Ils devinrent de vrais amis en quelques jours, mais agissaient et se parlaient comme s’ils se connaissaient depuis l’enfance. Luke s’assura qu’elle s’intègre correctement au lycée, et très vite il sembla évident qu’ils étaient fait pour être ensemble. Eux seuls semblaient persuadés qu’il n’étaient que « de très bons amis ». Leurs certitudes finirent par se fissurer, vers la fin de leur dernière année de lycée. Peut-être que c’était parce que ça sentait la fin, qu’un parfum d’urgence plânait dans l’air. Peut-être parce que ce soir là, Tessa avait enfin mis fin à son amourette avec Jackson, et que Luke avait fait comprendre à Lily qu’il n’était vraiment pas intéressé. Peut-être que c’était les vodka-redbull. Leur histoire d’amour avait eu un prologue un peu long, certes, mais ils la vécurent intensément, amoureux comme seuls les adolescents qui le sont la première fois peuvent l’être. Leur histoire marqua la fin de leur adolescence, la fin du lycée. Et le déménagement brutal (mais anticipé) de Teresa en Australie ne leur laissèrent pas l’occasion de voir leur relation décliner. Qui sait, quelques mois de plus, et ils se seraient peut-être détestés, trompés, écoeurés, ennuyés. Ils se quittèrent profondément amoureux, mais lucides ; le deuil n’en fut que plus long.


MONOMANIAC
Tessa est passionnée et méthodique, et a grandi entourée d’intellectuels de toutes sortes. Naturellement, elle se découvrit un appétit féroce pour la lecture. Au fil de ses mono-manies, elle dévora tout ce qu’elle pouvait trouver et devint incollable sur les sujets suivants : les baleines à bosses, la Révolution Française, les baobabs, la cérémonie du thé japonaise, les mafias (en particulier le rôle de la mafia sicilienne pendant la Prohibition aux Etats-Unis), les léprechauns et autres peuples du folklore irlandais, les mythes et légendes amérindiennes, la gymnastique artistique (qu’elle ne pratiqua jamais, elle était juste fascinée par le sport), le mouvement afro-féministe et les oursins.


AMALIA
Lorsque l’infirmière déposa enfin Amalia dans ses bras, à l’aube d’un matin d'hiver, elle pris soudain conscience que sa vie bascula, à cet instant précis. Alors qu’elle éluda une question de la sage-femme au sujet de l’absence du papa, sa fille planta ses yeux sombres dans les siens. Tessa eu l’impression qu’elle pourrait soutenir ce regard jusqu’à la fin des temps, tant ce petit visage frippé et ces yeux écarquillés la fascinaient. Elle, gamine de 18 ans, avait réussi à fabriquer une personne. Toute seule. Presque. Démarra alors une longue aventure dont Amalia et elles furent les héroïnes. Elle donna à sa fille tout ce qu’elle pu : son amour, son attention, ses valeurs, son temps. Elles entretiennent aujourd’hui une relation très fusionnelle et complice, même si le vernis de leur relation mère-fille parfaite s’est écaillé à l’entrée d’Amy dans l’adolescence, et lorsque celle-ci commença à s’interroger sur son père.


ADULTING IS HARD
Tessa éleva sa fille toute seule, en refusant (presque) systématiquement l’aide financière que lui proposèrent ses parents. Elle avait fait le choix de garder son enfant, allant contre leurs conseils ; elle avait bien l’intention de se montrer mâture et d’assumer les conséquences. Elle réussi péniblement à terminer sa première année à la faculté de Droit de Melbourne, entre les couches de son nouveau-né, ses examens et son job étudiant. L’été qui suivi, elle travailla à temps plein, et l’afflux d’argent que cela occasionna - plus que nécessaire dans sa situation, acheva de la convaincre de ne pas se réinscrire en deuxième année. Pas tout de suite. Quand Amy serait plus grande. Les frais de pédiatre se transformèrent en frais de garde, de rentrée scolaire, en cours de foot et de piano, et Tessa ne repris pas ses études. Sa priorité était d’offrir à sa fille une enfance comblée. Elle portait sur ses épaules la pression d’avoir eu un enfant très jeune, et redoublait d’effort pour prouver au monde entier qu’elle n’était pas une inconsciente, qu’elle savait ce qu’elle faisait, que sa fille ne manquait de rien. A part d’un père, mais ça, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le faire oublier à Amalia. Elle occupe aujourd’hui un poste à la réception d’un hôtel luxueux de Melbourne : les responsabilités et la paie sont suffisantes pour la maintenir satisfaite et confortable… mais pas assez pour être réellement et complètement épanouie.


BOYS BOYS BOYS
Tessa et les garçons, une histoires faites de quelques hauts, et beaucoup de bas. Enfant têtue et très affirmée, elle se transforma en une adolescente à l’esprit critique sur-développé, biberonnée au féminisme par sa maman. Ainsi, il fallu attendre le milieu du lycée pour qu’elle accepte l’idée que les garçons (certains) puissent être digne d’intérêt et d’attention. Après quelques flirts sans conséquences, sa première vraie histoire, avec Luke - son voisin de l’époque, plaça la barre très haut pour ses relations futures. Passionnée et exigeante, elle vécu plusieurs belles histoires qui se heurtèrent toutes, sans exception, au mur qu’elle érigeait entre sa vie de femme et sa vie de mère. Par prudence, elle ne présente que très rarement les hommes qu’elle fréquente à sa fille ; compartimenter sa vie de cette façon la rassure. Mais Amalia a aujourd’hui 19 ans, et Tessa ne pourra plus se cacher derrière sa fille bien longtemps pour justifier sa peur de l’engagement.