once upon a time.
« Adaline ! » La jeune fille sursauta en entendant une voix grave l’appeler et elle quitta son lit dans lequel elle bouquinait tranquillement pour se mettre à la fenêtre, entrouverte, qui laissait passer une petite brise automnale agréable. Sam se tenait en bas et il lui fit un signe de main en l’apercevant.
« Descends vite, je dois te montrer quelque chose.» Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire et elle hocha la tête :
« J’arrive ! » Elle enfila un pull par-dessus le top un peu trop léger qu’elle portait et un jean moulant, remplaçant le short de velours noir qu’elle portait toujours quand elle traînait chez elle, et elle quitta sa chambre, claquant la porte au passage.
« Adaline ! La porte ! » Sa mère avait passé la tête par la porte de la salle de bains où elle terminait de nettoyer.
« Courant d’air, mam ! Désolée ! » « Tu sors ? » Adaline hocha la tête en souriant :
« Pas longtemps, Sam m’attend en bas. Je ne rentre pas tard.» Sa mère esquissa un sourire en haussant les épaules. Sa fille d’à peine 16 ans grandissait à la vitesse de la lumière, et elle se rappelait encore de la petite gamine qu’elle était il y a encore quelques années.
« D’accord mon bébé, embrasse Sam pour moi.» Adaline grimaça, elle détestait que sa mère l’appelle encore « mon bébé », elle trouvait cela tellement ridicule ! Surtout qu’elle ne se donnait même pas la peine de cacher ce surnom lorsque la blondinette ramenait des amis chez ses parents. Mais, par affection pour sa mère, elle ne disait rien, se contentant de sourire gentiment.
« Je lui dirais ! » Sam était presque de la famille. Il était le voisin de la blonde depuis qu’ils avaient 6 ans, sa famille avait aménagée et rapidement, les deux étaient devenus inséparables. Les parents avaient appris à se connaître aussi et ils s’entendaient plutôt bien, riant ensemble en imaginant leurs enfants finir leur vie ensemble, ce qui faisait grimace à chaque fois les deux intéressés. La blondinette dévala l’escalier et fit un petit signe de la main à son père qui bricolait un vieux fauteuil. Elle adorait ce côté-là chez lui, il donnait un renouveau à toutes les vieilleries possibles et inimaginables … Elle sortit de chez elle et retrouva le blond qui trépignait devant la porte d’entrée. Elle déposa un baiser sur sa joue avant de le regarder :
« Qu’est-ce qu’il y avait de si important qui pouvait pas attendre demain ? » Bon, il n’était pas si tard que ça, à peine 19h, mais la jeune fille avait une faim de loup et son père avait préparé ses célèbres lasagnes. Impossible de les rater. Même Emma qui était parfois difficile les adorait.
« Tiens ! » Il lui tendit un petit paquet et elle le saisit, surprise.
« Bah … Pourquoi un cadeau ? » Il haussa les épaules en lâchant un petit rire malicieux.
« Je ne t’ai toujours rien offert pour ton anniversaire … Et c’était il y a 6 mois ! Il fallait bien que je me rattrape.» Elle éclata de rire et secoua la tête :
« C’était pas la peine Sam ! Mais je t’avoue qu’un cadeau entre mon anniversaire et Noël, c’est juste parfait.» Elle défit avec impatience les liens rouges et dorés du paquet et découvrit un petit carnet avec une superbe couverture en cuir vieilli rose. Elle le brandit, un sourire radieux sur le visage.
« Oh merci ! Il est parfait ! Je l’adore.» Il sourit et tapota maladroitement le bras de la jeune femme :
« Je savais qu’il te plairait, tu passes ton temps à râler parce que tu n’as plus de journal intime.» Elle sourit et déposa de nouveau un baiser sur la joue de son meilleur ami.
« Tu es le meilleur ! Pour la peine, je t’invite à dîner ! Mon père fait ses lasagnes. Et Emma est à la maison. » « Tant que c’est pas toi qui cuisines, ça me va ! » Il rit, moqueur et elle lui donna un coup dans l’épaule. Il faisait référence à une soirée où laissés tous les deux pendant que leurs parents sortaient, elle s’était essayé à la cuisine. Un échec cuisant … Elle rit et elle lui attrapa le bras pour l’emmener chez elle.
La blondinette dansait sur la piste, indifférente aux regards qui s’attardaient sur sa silhouette parfaite, mise en valeur par une petite robe bien trop courte rouge incendiaire. Elle se laissait porter par la musique, un verre à la main, sûrement déjà un peu pompette. Elle sentit deux mains attraper ses hanches et elle se retourna brusquement, faisant face à Sam. Un sourire de soulagement se dessina sur son visage et elle posa ses mains sur le torse du jeune homme.
« Danse avec moi Sam, s’il te plaît ! » « Certainement pas, tu as beaucoup trop bu. Je te ramène chez toi avant qu’un autre homme t’enlève. Tu es beaucoup trop sexy dans cette robe.» Elle le dévisagea, joueuse et haussa les épaules :
« Tu ne m’as jamais dit que tu me trouvais sexy … » Elle rit doucement et s’accrocha à son cou.
« Allez viens on danse et après promis, je te laisse me ramener.» Elle le supplia du regard et il soupira, se mordant doucement la lèvre avant d’abdiquer. Il avait souvent du mal à lui refuser quoique ce soit, elle le savait bien.
« Bon, ok, une foutue danse et on y va.» Elle sautilla un peu mais ses mains sur ses hanches la pressèrent un peu plus, la forçant à rester immobile. Elle soupira et posa sa tête contre le torse du blond, et il laissa ses mains dériver dans son dos. La musique s’était adoucie et elle apprécia un instant le calme de ce moment. Quand les dernières notes de musique parvinrent à leurs oreilles, Sam s’écarta, presque brusquement.
« Allez, on y va, Adaline.» Elle hocha la tête, sagement et elle attrapa la main qu’il lui tendait. Ils traversèrent la salle d’un pas rapide et ils parvinrent rapidement à l’extérieur de la boîte. Adaline n’avait même pas encore 21 ans, tout juste 20 ans, mais on la laissait rentrer à chaque fois, et ça depuis qu’elle avait 17 ans. Un sourire et un décolleté pouvaient tout changer ! Sam lui tendit un casque qu’elle enfila et il l’aida à monter sur sa moto avant de monter à son tour.
« Accroche-toi bien surtout, tu n’as pas la tenue idéale pour te casser la gueule. Ta robe est déjà presque inexistante, si en plus elle se déchire … » Il semblait moins tendu que dans la boîte et la blonde haussa les épaules en riant :
« Cette robe est parfaite, allez démarre, je commence à avoir froid.» En moins de vingt minutes, ils étaient arrivés et Sam avait raccompagné la jeune femme jusqu’à son perron.
« Fais pas trop de bruit, sinon tes parents vont te tuer.» Il rit doucement et elle hocha la tête, riant avec lui. Soudain, sans qu’elle ne comprenne vraiment, ni comment, elle se retrouva plaquée contre le mur, les lèvres de Sam attrapant les siennes, avidement. Elle répondit à son baiser, passant les bras autour de son cou et collant son corps au sien, musclé, puissant. Finalement, il mit fin au baiser après quelques instants, essoufflé, et il secoua doucement la tête :
« Bonne nuit, Adaline.» Il disparut, regagnant rapidement la maison de ses parents, tandis que la blonde était interdite, encore sous le choc de ce baiser inattendu. […]
« Pour hier … Oublie, hein ? J’avais trop bu et … » Gêné, Sam se tenait appuyé sur le mur de sa chambre tandis qu’elle avait pris place sur le lit du jeune homme. Elle hocha doucement la tête. Elle s’était réveillée le lendemain, un peu après 12h, les idées vaseuses mais ce baiser bien en tête. Et elle ne comprenait pas. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il mentait. Sam ne conduisait jamais la moto quand il avait trop bu, et encore moins avec elle en passager. Il avait perdu un ami dans un accident de moto et depuis, il s’était assagi à ce niveau-là, ne prenant aucun risque.
« T’en fais pas, c’est déjà oublié, j’étais complètement morte hier ! » parvint-elle à répliquer joyeusement, un signe de main pour accompagner ses paroles. Il hocha la tête et retrouva son sourire. Après tout, s’il voulait oublier, qu’il oublie. C’était sans doute mieux ainsi …
« Il t’a dit qu’il t’aimait ? Ohlala, il l’a enfin fait ! » Romy sautilla sur place et Adaline la fusilla du regard.
« Enfin ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Installée à une terrasse avec sa meilleure amie, la blonde lui racontait que la veille au soir, après une séance ciné, Sam lui avait avoué ses sentiments. Un truc auquel elle ne s’attendait pas du tout surtout que depuis leur fameux baiser d’il y a 3 ans, plus rien n’avait pu laisser penser qu’il s’intéressait à elle d’une autre façon que sa bonne copine de toujours. Ils s’étaient même un peu éloignés en grandissant, réalisant peut-être qu’ils étaient trop fusionnels pour n’être qu’amis. Adaline tourna sa paille dans son cocktail tandis que Romy esquissait un sourire malicieux.
« J’ai toujours été persuadée que ça finirait comme ça, par un baiser de cinéma et une déclaration enflammée.» Elle tapa dans ses mains et Adaline soupira en secouant la tête :
« Il n’y a pas eu de baisers de cinéma … Je … Je l’ai repoussé.» Romy était sa meilleure amie depuis presque toujours et elle lui avait bien évidemment raconté cette scène entre Sam et elle. La jeune femme la charriait souvent sur ce couple qu’ils devraient former même si Adaline lui répétait sans arrêt qu’elle ne voulait pas de lui.
« Oh … Je … J’aurais pensé que tu dirais oui.» Adaline secoua la tête indignée et but une gorgée de son cocktail.
« Je passe mon temps à te dire que je ne suis pas amoureuse de Samuel. J’ai un mec en ce moment, je te rappelle. Il s’appelle Tim et c’est ton pote ! » Ella haussa les épaules et esquissa un geste de la main pour dire qu’elle se fichait de lui.
« Je pensais que tu voulais juste te voiler la face, que tu étais secrètement amoureuse de lui mais que tu n’avais pas digéré votre baiser et sa réaction … » « Non, non, non je ne suis pas amoureuse de Sam. Allez, oublions Sam un peu et allons danser ! » Ella hocha la tête et elles attrapèrent leurs sacs et leurs verres pour filer à l’intérieur du pub. […]
« Si tu veux, on peut rejoindre des amis à moi ? Ils se font un ciné.» Adaline sourit à sa cousine, un peu gênée. La jeune femme avait débarqué chez elle il y a 3 jours suite à une rupture sentimentale difficile. Elle ne se souvenait même plus de quand elle avait vu Elena pour la dernière fois. Elle avait peut-être 14 ans, ou un peu plus. A ses 18 ans ? Bref, ça faisait un bout de temps. Adaline était déjà fort bien occupée dans sa vie pour en plus s’occuper d’une cousine qu’elle avait à peine connue. Ou si quand elles étaient petites. A l’époque, Elena habitait pas loin de chez elle et elles se voyaient tous les week-ends. Puis, ses parents avaient divorcé et elle avait suivi sa mère, brisant le cœur des deux cousines qui étaient comme deux sœurs. Elles avaient 10 ans à l’époque. Après, elles s’étaient écrit, puis téléphoné avant de laisser peu à peu la distance avoir raison de leur relation. Maintenant, elles ne se contentaient que de brefs appels de temps en temps.
« Avec plaisir, allons-y. Ca me fera du bien de voir du monde.» Elena sourit et Adaline hocha la tête avec douceur. Quarante minutes plus tard, elles arrivaient en ville, joliment vêtues toutes les deux. Adaline aperçut Sam et sourit en lui faisant un petit signe de la main. Malgré ce qu’il s’était passé entre eux il y a quelques semaines, la vie avait continué, comme avant, il y a 3 ans, après ce baiser.
« Salut toi ! » Elle lui claqua une bise, et étreignit rapidement son meilleur ami avant de se tourner et de désigner Elena du doigt :
« Elena, ma cousine ! Elena, je te présente Samuel, mon meilleur ami.» « Adaline ne m’avait jamais dit que tu étais aussi jolie.» Il lui fit une bise peut-être un peu trop longue avant de se retourner vers Adaline :
« Les autres nous rejoignent direct dans la salle. On y va ? » Adaline hocha la tête et d’un geste un peu trop possessif, elle attrapa le bras de Sam pour marcher à ses côtés, Elena à sa droite.
« Allons-y ! » « Tu bois trop Adaline, ralentis.» « Je vais le tuer, je te jure, je vais le tuer.» Romy s’installa à ses côtés et fit signe au barman de lui mettre la même chose.
« Elena vient de m’annoncer qu’ils étaient ensemble. Depuis deux mois. Et moi comme une conne, je … me doutais de rien. Apparemment, c’est sérieux. » Adaline déglutit difficilement et secoua doucement la tête :
« Sam et elle … Je sais même pas pourquoi ça m’atteint comme ça. Je devrais être heureuse pour eux, Elena est super et … » Elle sentit les larmes monter et elle secoua la tête, finissant son gin d’une traite.
« Peut-être que tu l’aimes un peu plus que ça Sam finalement … » Adaline dévisagea Romy comme si elle venait de la rencontrer et elle secoua la tête :
« Arrête tes conneries. » Elle lança un billet de 20 dollars sur le bar et se retourna vers sa meilleure amie.
« Je vais dormir chez mes parents, j’ai besoin de souffler un peu. Je t’appelle demain.» Romy soupira, tenta de la retenir un peu mais Adaline quitta le bar. Elle aurait vraiment du rentrer chez ses parents, mais ses pas la guidèrent chez Sam qui avait pris un appartement non loin du centre-ville. Elle frappa à la porte, presque violemment et rapidement, le blond ouvrit, torse nu, vêtu d’un simple pantalon de jogging gris.
« Adaline ? Qu’est ce … » « Qu’est-ce que tu cherches Sam ? Hein ? Dis-moi ? C’est quoi ton cinéma avec Elena ? Tu te venges, c’est ça ? » Elle le poussa à l’intérieur et il referma la porte de son pied tandis qu’elle le ruait de coups de poings dans le torse. Il finit par s’emparer de ses poignets, l’immobilisant.
« Et toi Adaline ? A quoi tu joues ? Ca te ressemble pas d’être jalouse … » Elle secoua la tête et cria presque :
« Je suis pas jalouse merde … » Il lâcha un rire, nerveux, et il la força à lui faire face.
« Si c’est pas de la jalousie, c’est quoi ? » Elle haussa les épaules et elle laissa tomber sa tête contre le torse du jeune homme. Il attrapa son menton et la força de nouveau à relever la tête avant de l’embrasser violemment. Elle attrapa le jeune homme par la nuque, son corps se collant au sien et ils avancèrent ainsi, bouche nouée, corps liés, jusque dans la chambre du jeune homme.
« Je te veux Adaline, je te veux toi et personne d’autre.» […] Elle avait quitté le lit du jeune homme précipitamment, enfilant rapidement sa robe et sa veste avant de filer comme une voleuse à travers l’aube qui avait envahi la ville d’une lumière claire, tamisée. Elle avait déconné, vraiment. Elena semblait tellement heureuse lorsqu’elle avait évoqué sa relation avec le blond, tellement épanouie, et elle … Elle avait couché avec. Elle secoua la tête et son téléphone vibra, la faisant sursauter. Sam l’appelait, elle ne répondit pas, gardant son téléphone dans la main. Mais quelques minutes plus tard, un message.
Adaline, ne dis rien à Elena surtout. Rien d’autre alors … Une erreur ? Comme ce baiser il y a des années. Quelques heures après, elle avait bouclé sa valise et s’envolait pour New-York. Dans l’avion, elle se bénit de ne pas avoir refusé l’offre de stage qu’on lui avait proposé pour boucler ses études. Elle enverrait un mail en arrivant, ou les appellerait, espérant que leur proposition tenait toujours malgré son manque de motivation d’il y a quelques semaines lorsqu’elle leur avait dit qu’elle avait besoin de réfléchir. Elle avait laissé un mot à Elena qui était partie faire des courses en lui disant qu’elle quittait la ville pour quelques temps, qu’elle avait eu une opportunité en or. Elle lui laissait son appartement et imaginer qu’elle y vivrait le parfait amour avec Sam lui donnait envie de vomir. Elle appellerait Emma en arrivant aussi, elle risquait de s’inquiéter sinon. Elle souffla doucement et elle posa sa tête contre l’accoudoir, ne tardant pas à s’endormir.
« Enceinte ? Je … Ca peut pas être possible.» Elle se mordit doucement la lèvre, le regard posé sur le docteur qui venait de lui tendre ses résultats. Elle ne pouvait le croire, elle, enceinte. Elle avait seulement 24 ans, et surtout, elle n’avait pas envie d’avoir un bébé maintenant. Et dire que ses stupides tests n’étaient là que pour son boulot, pour s’assurer que tout était ok. Elle secoua la tête et se cramponna à la table d’examen.
« Tout va bien ? Vous voulez qu’on prévienne quelqu’un ? » Elle souffla et haussa les épaules :
« Je suis nouvelle en ville, j’ai personne.» Que devait-elle faire maintenant ? Appeler Sam ? Briser sa petite vie tranquille et heureuse avec Elena pour lui annoncer qu’il allait être père ? Elle n’imaginait même pas le drame que ça pourrait causer. Il valait mieux qu’il l’ignore. De toute façon, elle ne savait même pas si elle allait garder ce bébé ou non. Mon dieu, comment elle aurait aimé que Romy soit à ses côtés, là tout de suite. Ou au moins une de ses inséparables copines de sa ville natale. Elle adorait sa nouvelle vie à New-York mais elle s’y sentait seule.
« Il ne vous reste qu’une dizaine de jours. Pour prendre une décision. Il sera trop tard après.» Elle hocha doucement la tête et elle quitta le cabinet, les larmes coulant sur son visage pâle. […]
« Chut ma puce, tout va bien.» Adaline attrapa la fillette qui pleurait dans son berceau, et elle la serra un instant contre elle, chantonnant doucement. Eileen avait quelques mois maintenant, presque 7. Elle n’avait dit qu’à Romy que Sam était le père, laissant les autres croire qu’il s’agissait d’un homme de passage. Un homme qui avait fui en apprenant sa grossesse. Eileen faisait son bonheur et elle n’imaginait même plus un instant comment elle avait pu vivre sans elle. Dire que le 9ème jour, elle avait pris rendez-vous pour avorter. Elle s’était rendue à la clinique, avait patienté, et elle était repartie, incapable de franchir le pas. Romy était ensuite venue car elle avait passé presque une semaine entière à pleurer, angoissant à l’idée d’élever ce bébé toute seule. Et aujourd’hui, elle s’en sortait à merveille. Elle avait changé de programme quant à ses études. Abandonnant la décoration intérieure, elle avait suivi des cours à distance dans une école d’art, et elle était aujourd’hui chasseuse d’œuvres d’arts pour de riches propriétaires. Elle adorait ça, surtout qu’elle gérait son planning comme elle le voulait.
« Allez ma puce, on va sortir se balader un peu. Maman doit aller visiter des galeries.» « C’est vous le peintre ? » La blonde flânait, de galerie en galerie, jusqu’à que son regard soit attiré par cette petite galerie, discrète, à l’écart des rues de passage. Elle sentit une présence derrière elle et elle se retourna brusquement. Le brun qui l’avait accueillie se trouvait juste derrière elle.
« Ezechiel, l’artiste qui a peint toutes ces toiles.» Adaline sourit et hocha doucement la tête, s’emparant de la main que lui tendait le jeune homme. Il était grand, beau et un sourire charmeur se dessina sur son visage.
« Adaline Fitzgerald. Je fais du repérage pour des clients. » Il haussa les épaules avant de répondre :
« Pas intéressé pour vendre à des gens qui ne prennent pas la peine de regarder mon travail.» « Mais, je suis là moi. Ils me font entièrement confiance. Et vos toiles m’ont tapées à l’œil, vraiment.» Elle esquissa un sourire, espérant le convaincre de la laisser acheter une toile ou deux, certaine qu’elles plairaient à ces nouveaux clients. Il secoua la tête et attrapa de nouveau sa main :
« Si vous m’accordez un dîner, peut-être que j’y réfléchirais.» La blonde éclata de rire et haussa les épaules :
« Pourquoi pas ? Vos toiles valent vraiment la peine.» Il sourit et hocha la tête :
« Parfait, ce soir. Ici. Je vous attendrai.» Il avait tout de l’artiste prétentieux, hautain, légèrement torturé, mais tellement beau. Elle se surprit à se prêter à son jeu, mais s’en amusa. Après tout, elle avait bien le droit de s’amuser un peu.
Lorsque la soirée prit fin, elle avait passé un agréable moment. Ezechiel lui avait fait une petite visite guidée de sa galerie, lui avait montré des toiles privées, lui avait raconté son histoire et ils avaient même peints ensemble en riant aux éclats.
« J’ai passé une très bonne soirée, vraiment.» Elle allait quitter la galerie mais il la retint, attrapant son poignet et l’attirant à elle.
« Reste avec moi cette nuit.» Et elle le fit. Incapable de résister à son regard clair, et à son sourire prometteur, elle se laissa attirer dans ses bras et elle ne repoussa pas le brun lorsque ses lèvres attrapèrent les siennes.
[…] « Ca aurait pas pu durer entre nous, tu sais bien. C’était un artiste, et moi je suis une femme d’affaires. J’ai besoin de stabilité, il a besoin de s’évader. Mais c’était une belle histoire.» La blonde attrapa son cocktail et but une gorgée.
« Avec Eileen, je peux pas me permettre n’importe quoi. Elle a besoin d’un père, pas d’un copain qui s’amuse à la peindre.» Ils étaient restés ensemble plus d’un an. Un an d’une passion folle, fusionnelle mais remplie de cris, de disputes incessantes. Pour son bien, et celui de sa fille, elle avait mis fin à tout ça.
« De toute façon, je dois retourner chez moi. Mon père va mal.» « Oui je sais, mais c’est dommage. Vous sembliez heureux ensemble.»Elle souffla doucement en fermant sa valise. Elle en avait déjà réexpédié deux chez ses parents en attendant d’avoir les clés de l’appartement qu’elle avait loué en prévision de son retour. Son père était malade et sa mère avait de plus en plus de mal à affronter ça toute seule. Emma l'aidait beaucoup mais elle voulait ses deux filles à ses côtés. Elle avait donc décidé après 3 ans de quitter New-York et de rentrer. La fuite était finie. Elle n’avait reçu qu’un SMS de Sam depuis son départ, un simple « c’est ça ta réponse alors … » auquel elle n’avait pas répondu, effaçant le numéro du jeune homme. Presque 20 ans d’amitié balayé à cause d’une « erreur ». Elle continuait d’appeler Romy et cette dernière avait même passé quelques mois chez à NYC. Bien entendu, Adaline avait des nouvelles presque toutes les semaines de sa grande soeur, et Emma était même venue plusieurs fois la voir à New-York. C'était la seule qui osait parfois balancer Sam sur le tapis, mais bien souvent, Adaline la faisait taire d'un regard noir. La jeune femme lança un dernier regard à son loft new-yorkais. Elle avait vécu pendant 3 ans la belle vie, et elle aurait pu y rester pour toujours lui semblait-il. Sauf qu'au fond, elle avait hâte de retrouver son chez elle. Elle soupira en y songeant. Sam vivait-il toujours là-bas ? Avec Elena ? Elle n’avait jamais plus parlé de lui, ni à ses parents, ni à Romy, et tous avaient respecté son choix d’un accord tacite, jamais évoqué clairement. Elle héla un taxi et elle en trouva un rapidement.
« L’aéroport, s’il vous plaît.» « Voyage d’affaires ? » demanda le chauffeur, l’observant discrètement dans son retro.
« Non … Retour aux sources.» Elle se tut le reste du voyage. Elle grignota rapidement un burrito, sûrement son dernier, avant d’embarquer, un nœud au ventre lui donnant l’impression qu’elle allait exploser. Le vol fut court, sans doute trop à son goût et lorsqu’elle quitta l’aéroport, elle regarda autour d’elle. Sa mère devait venir la chercher.
« Adaline … » Elle se retourna, pâle, troublée. Il était là. Elle le fixa un instant et il s’approcha d’elle, attrapant sa valise. Son regard se posa alors sur la petite qu’elle tenait dans ses bras, et une lueur de surprise passa dans son visage.
« C’est … ma fille. Eileen.» « Je … Je l’ignorais. Elle est très mignonne.» Il se détourna déjà avant de rajouter :
« Ta mère m’envoie, elle … a du aller à l’hôpital pour ton père. Pour un examen, rien de grave.» précisa-t-il en voyant le visage de la jeune femme s’affaisser.
« Elena gare la voiture, elle nous attend.» « Oh … Ok.» Ils étaient maladroits, indécis, et ils se remirent en marche, sans même se regarder, se parler.
[...]
« Zek … Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » Adaline s’était figée en apercevant son ex, dans la rue marchande de sa ville à elle, à des milliers de kilomètres de NY. Ezechiel, ici ?
« Je venais te voir … Je suis arrivé hier. » Il semblait presque à sa place ici, lui new-yorkais pure souche.
« Me voir ? Mais … » « Tu me manquais, Adaline. Eileen aussi. Et quand j’ai su que tu étais de retour ici, j’ai pas hésité une seule seconde. Je peux peindre aussi ici, tu sais.» Ce qu’elle aimait chez lui, c’était son optimisme à toute épreuve. Elle avança vers lui et il lui ouvrit les bras pour qu’elle blottisse dedans. Tout était trop compliqué. Gérer Sam, le père de sa fille, et Eileen dans la même ville, et maintenant le retour de Zek. Mais au fond, elle avait juste besoin de tout oublier un instant.
« Tu m’as manqué.»
Accueil
très bon choix de vava 
courage pour ta fichette 
