hurricane

Achille Robin

feat. lili reinhart

Nom robin, un nom qui a son importance dans les grandes bourses de new-york. c'est pas vraiment une famille qui se réunit sous ce joli nom, c'est un couple longue distance, un père pratiquement toujours dans l'avion et une mère qui tente d'élever sa fille prodige. robin, une décadence à l'américaine. plus personne ne s'en étonne. Prénom(s) achille, une vie écrite par un dramaturge perverti de sadisme. une prodige aux chevilles fragiles. maman aimait simplement le prénom. elle a signé par la même occasion cette malédiction ancienne. comme si rien ni personne ne résistait aux flèches de troie. elle a perdue la bataille sur scène. achille et sa flèche. amour et haine. Âge 22 chorégraphies qui s'enchaînent. machinales. apprises sur le bout des doigts. achille a cette rigueur des grandes personnes. cette souplesse adolescente qui s'affiche quand son dos se courbe sous le poids du public en haleine. 22 ans et achille se sent vieille. plus bonne à rien. pas même à danser. Naissance 25 avril 1995, new york. big apple a vu naître le prodige des ballets, l'insouciante enfant aux cheveux blondis par le soleil. il faisait frais, climat teinté par les couleurs printanières. achille sera donc la fraîcheur des fins d'hivers. le bourgeon de fleur qui éclate sous la chaleur. sa mère se souvient encore de son regard attentif, de ses prunelles bleutées vieilles de quelques minutes. un jour gravé, que même certains dont elle ignore l'existence chérissent. Nationalité américaine, les papiers de la blonde ne mettent qu'en lumière sa patrie d'accueil, celle de son père. elle en parle la langue et applique ses coutumes. aucune doute achille fait partie de ces cowboys de l'ouest. Origines slovaque, son berceau a un accent d'europe de l'est, un accent exotique que sa mère porte toujours. elle lui a aussi amené la culture du travail acharné et de la danse classique. robin ce n'est pas qu'outre atlantique c'est aussi cosmopolite. Statut civil mariée à la scène, du temps où elle enchaînait les ballets, achille n'avait qu'une faiblesse, qu'un talon fragile: son coeur. celui qu'elle a dû taire quand les rideaux s'ouvraient sur le public silencieux. il était pris par la passion tambourinante des symphonies classiques. Orientation sexuelle accaparé jalousement, elle n'a pas su aimer autre chose que son travail, que le sourire des inconnus au premier rang. aurait-elle accompli ces exploits, si un un bel homme lui avait volé son coeur? elle en doute, mais parfois le soir elle se sent terriblement seule. parfois elle pleure. Occupation ancienne danceuse étoile, prodige en avance pour son âge, elle pleure sa vie passé. un tendon qui lâche, le drame. shakespeare aurait pris des notes. dans ce semblant d'équilibre qu'elle venait de trouver sous la houlette d'une figure masculine et romantique rassurante, elle pensait avancer enfin vers une vie normale. dans les codes si durs de notre société. un job et un amant, de l'amour dans cette concentration spartiate. des fils qui parcourent son talon, une douleur à s'en tordre les vicères, achille c'est cette héroïne grecque vouée à la colère des dieux. Argent depuis elle vagabonde, vivant sur ses réserves, quelques cours à droite à gauche si les larmes se font plus rares. poupée brisée, ma belle, la vie est une chienne. Groupe Murphy's law. The Fortune Teller everything you want dear fortune teller.

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fille de la ville et du bruit. elle reflète finalement l'opposé, d'un naturel déconcertant elle paraît calme et influençable. la belle blonde sans pensées fulgurantes. et pourtant! on s'y méprendrait. achille c'est une acharnée, une folle travailleuse qui ne laisse place qu'à la perfection millimétrée. ce qu'elle ne fait pas dans sa vie extérieure, un peu dans l'ombre de ses chorégraphies. elle n'a laissé qu'une partie d'elle prendre le dessus. achille la danseuse. achille, la belle silhouette dans les costumes. mais à quoi ressemble-t-elle quand, après la représentation, elle se dénude au profit de sa vie privée? qui est achille robin? elle l'ignore, encore et toujours. elle ne la regarde jamais dans les yeux, à tel point qu'elle en a oublié son visage.

pardonne-moi mon amour

belle comme le jour
toujours. chaque matin c'est le même rituel. pour rendre à son visage sa fraîcheur, ne laissant que le naturel primer au dessus des fards. achille n'est pas une adepte du ravalement de façade. une femme qui prend soin d'elle, et que l'on remarque. elle a cette candeur dans le regard, que beaucoup admirait. cet éclat se ternit un peu, mais son physique toujours aussi flatteur n'en aura pas fini de faire tourner les têtes. mais sous les draps, quand achille ne porte que la tenue d'ève on y voit les marques de l'opéra. belles blessures, elles parcourent son corps. des pieds rougis, usés par les pointes et les heures de répétitions. maintenant elle en compte une nouvelle dans sa collection. une rupture du tendon ça ne fait pas de belles choses.

cours toujours
dans un soucis d'endurance et de tenue de route, la blonde devint une accro aux drogues de la course. courir, un peu chaque jour. courir demain. courir toujours. elle enfile volontier, ses apparats de course à pied, elle s'enfile entre les couples et les poussettes dans les parcs. des écouteurs pour masquer la vie autour. juste elle et son cœur qui accélère. mais la pauvre elle ne l'entend pas.

je franchirais les mers
mademoiselle robin aimerait bien revoir les reliefs de son berceau. apprécier la beauté de ce langage. revoir sa famille sur l'autre rive. plus tard avait promis sa mère, après l'opéra, après les ballets. elle l'avait écoutée. comme une petite fille bien sage. elle regrette un peu, mais maintenant elle n'en a plus la force. franchir la mer, c'est franchir ce vide qu'elle installe entre elle et son bonheur. un saut trop grand à faire. achille est fatiguée. elle choisit donc un autre océan pour aller s'échouer.

les cachets de ta douleur
opération, fils et cachets blancs. ça devait être temporaire. ça devait revenir comme avant. complications et nouveaux diagnostics. et bien non. retour à la case départ. retour dans le lit aux draps stériles. encore des pilules, encore des substances incolores qui parcourent tes veines, vitesse lumière. après la tempête elles ont voulu partir mais achille elle était avare de ces petites molécules. elle a sombré de l'autre côté de la barrière. c'est pas comme la clope, ça ne donne aucun style. ça calme simplement sa douleur et parfois ça l'aide à mieux dormir.

le parechoc dans le mur
demoiselle n'aime pas vraiment les voitures. elle conduit très mal, elle n'aime pas ça et ne compte pas s'améliorer. c'est un moyen de transport, une chose qu'elle évite. un carton, un soir en rentrant chez elle l'a bien refroidie. rien de grave, quelques bleus et réparations. un avertissement de la vie. deux ans plus tard une cause totalement différente la priva des hautes scènes.

rougir et battements de cils
amour lui ne l'a pas percée de ses flèches. quand par malheur il se fait voir, elle prend ces teintes pivoines. elle se trahit en rougeurs, parce qu'on ne lui a jamais dit qu'elle était belle. enfin aucun garçon n'a pris le temps d'aller prendre cette rose si fragile. peut-être la croyait elle prise par un prince dansant. non achille est seule face à son désarroi sentimental. timide à s'en ronger la peau, elle se brise sous les regards fiévreux, sous les échanges enivrant. elle ose à peine offrir ses lèvres alors son cœur!

remet ton costume une dernière fois
new-york et son opéra. il lui fallait ce dernier lever de rideau. une salle vide et de la musique. rien que ça pendant une heure. plutôt trois ou quatre. elle se fait violence. sa cheville qui dit stop, qui se braque sur les temps qui tombent trop vite. achille veut faire ses adieux. elle en pleure finalement quand enfin elle rend les armes. une dernière fois avant de ne devenir qu'une vague idée de son succès. achille robin ne sera donc qu'une supernova qui s'éteint dans le système. elle n'est plus l'étoile qu'on guette le soir venu.

le sourire des gamins
parce qu'il faut bien que dans son exil la jeune femme gagne de quoi manger le soir. elle donne des cours. sans aucun mal elle s'est raccroché à une troupe de professeurs. contrairement à elle ils restent passionnés, animés par ce désir de perfection qui fut l'ultime erreur d'achille. mais pour l'adoucir et sûrement à cause de son exigence, elle ne s'occupe que d'enfants en bas âge. et rien n'est plus pareil. il y a cette flamme qui se rallume en elle. elle en oublie presque ses cachets au fond de sa poche.

plus de coups de téléphone
elle est partie sans rien dire. sans un mot, se réfugiant à l'autre bout du monde. elle y connaissait une partie de sa famille. des cousins, un oncle, peut-être une tante. un prétexte. pour ne plus voir sa mère démunie face à son désespoir à elle. pour ne plus voir son père déçu, même s'il se tue à le cacher. fuir loin et ne revenir que dans dix ans. un mal pour oublier celui qui s'empare de son âme. la bonne solution? peut-être.

dépression orageuse
elle s'anime sous la colère et les larmes mais ce n'est pas elle. ce voile gris devant ces yeux ne lui montre que le monde qu'elle aurait voulu côtoyer. seuls les enfants savent le faire tomber. en dehors de sa salle de danse achille est morose, persuadée que la vie ne lui donnera plus rien de bon. oh douce enfant comme tu es naïve!

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