dead (lex)

- tu restes ici, j'ai dis.
il fronce les sourcils, il déteste quand il ne peut pas venir, parce qu'il aime bien faire des bêtises avec son grand frère.
- mais j'suis assez grand, je peux venir ça va... en plus j'fais pas de conneries, je dis rien.
il lève les yeux au ciel, message reçu, il le gonfle. mais bon, lorsque ça l'énerve, il finit quand même par céder, alors autant continuer sur cette pente.
- allez, s'il te plait, promis que je serai sage.
il soupire, brody n'aime pas quand il insiste, mais il n'y peut rien, il adore traîner avec lui et ses amis, et puis en plus, ils sont gentils avec lui, parce que c’est le plus petit.
- bon ok, mais si je t'entends râler une seule fois, tu rentres.
mission accomplie, il affiche un sourire satisfait, il a cédé le faible. Il est content, il sourit en attrapant ses affaires pour les mettre dans ses poches puis il sort avec son grand frère, la classe.
ce bâtiment désaffecté n'a rien de rassurant, ils vont toujours là bas, et il faut toujours escalader et c'est drôle. brody escalade, son ami le suit, il patiente parce qu'il a l'habitude qu'une fois en haut, ils l'aident à monter. c'est drôle, c'est une grande aventure à chaque fois, de l'adrénaline, et une preuve de courage. défier les lois interdites, c'est toujours plus drôle, et brody le fait tout le temps, parce qu'il n'aime pas l'autorité, lex suit d'ailleurs son chemin. ils escaladent, c'est dangereux et il en a conscience, mais il sait de quoi ils sont capables, de cette force qu'ils ont en eux, alors il applaudit, en suivant le rythme des autres, pour les encourager. il ne regarde pas assez son frère, pas assez pour le prévenir que la barre lâche, et ses applaudissements cessent d'un seul coup, plus un bruit, juste des cris. il a envie de hurler, rien ne sort sur le moment, et tout devient plus clair d'un seul coup. il est là, le sang a giclé sur lui, comme si le voir étalé sur le sol n'était pas suffisant. il ne bouge pas, ses membres ne semblent plus lui appartenir, ses yeux sont encore ouverts, et il hurle, le plus fort qu'il ne puisse faire. les larmes sortent, elles coulent sur ses joues, elles se déversent aussi vite que pendant un orage, la douleur qui l'habite ne partira jamais, il en est certain. il hurle, entre deux sanglots, il ne peut rien y faire, il n'arrive plus à penser, c'est un cauchemar, il va se réveiller, ce n'est qu'un cauchemar. non, c'est la réalité, et il pleure Lex, comme jamais il n'a pleuré, cette impression que quelqu'un vient de lui mettre un coup de poing, le sang sur ses vêtements, son visage pâle... rien  ne le console, rien ne l’aidera, non, ça n'arrivera pas, brody n'est plus là. il continue de hurler, la tête enfouie entre ses mains, il tremble, les bruits autour il ne les entend plus, juste ses cris qui lui résonnent dans la tête, le début d'un enfer, quelque chose qu'il n'attendait pas si rapidement.


il a mal, si mal, voir son corps dans cette boîte, savoir qu'il va finir aux oubliettes, qu'il sera au fond de cette terre et que dans quelques jours, les gens oublieront son nom. il serre la main de sa mère, sans dire mot, ses yeux sont rouges de fatigue, il n'a pas trouvé le sommeil depuis ces derniers jours. il revoit le sourire de brody en haut de ce bâtiment, trop préoccupé à regarder ailleurs, il n'a même pas pu lui dire au revoir, lui dire ce qu'il ressentait pour lui. c'est trop dur, c'est absurde, ça ne devrait pas être permis d'enlever un être cher à sa famille. les larmes ne coulent plus, il n'en a plus la force, mais il tremble toujours, il ne sait plus quoi faire, il ne dit plus rien, parce qu'il n'a rien à dire. c'est peut être de sa faute, il en est certain, il n'a pas pu protéger son grand frère, il n'en a jamais eu l'occasion. sa main serre de plus en plus la main de celle de sa mère, et il a cette envie de cracher sur l'homme d'église qui parle de brody alors qu'il ne le connaissait pas. il ne peut pas dire qu'il était un homme bien, qu'il était aimé de sa famille, parce qu'il ne sait pas qui il était. ses yeux se ferment à mesure qu'il parle, il voit son frère le regarder avec un sourire, un sourire qu'il ne verra plus à présent, rien que dans ses rêves, encore faut-il qu'il soit capable d'en faire de nouveaux, parce que sa vie ressemble plutôt à un cauchemar maintenant. il ne peut pas regarder ce trou, cet endroit où il va finir, où tout le monde l'oubliera. alors il s'approche et jette une rose sans poser les yeux sur quiconque, ayant perdu la main qu'il tenait quelques secondes plus tôt. il lutte face à ses larmes, il a un goût amer dans la bouche, déglutit bruyamment et part à une allure rapide, pour ne plus voir personne, pour oublier cette scène qu'il sera condamné à garder en tête jusqu'à la fin de ses jours. il l'aimait, tellement, il était son modèle, son pilier, sa raison de sourire, de se battre contre ses démons intérieurs. la main de sa mère vient à reconquérir la sienne, elle le force à se retourner, à afficher sa tristesse devant elle, mais il lâche nonchalamment. ses yeux sont vides d'expression, son regard en dit suffisamment sur ce qu'il ressent, il n'arrive plus à penser, alors il marche, un peu plus vite. cet endroit lui donne la chair de poule, mais qui viendra pour lui faire peur ? sa plus grande peur est maintenant en face de lui, brody n'est plus là, et il représentait tellement, c'est un échec. il s'assoit et il sort sa trouvaille de sa poche, ce petit sachet qui semble pouvoir l'aider à résoudre tous ses problèmes, c'est ce que le type a dit en tout cas, et il compte bien s'exercer avec sa daube. Il observe le petit cachet coloré, la seule chose qui puisse donner de la couleur à sa vie bien sombre désormais. puis il l'avale, et avec une certaine hésitation, une si petite chose pour une si grande peine, le seule remède à tous ses maux. ses yeux se ferment lentement pour savourer et attendre gentiment les effets escomptés. ça viendra, il a besoin d'être ailleurs, dans un autre monde, un monde où les choses sont bien moins tristes, où la mort n'a pas sa place. une dernière image de brody, de tout ce sang sur son corps, de tous ses cris, et il devrait s'envoler vers le paradis. son cœur palpite au fond de sa poitrine, il va partir vers d’autre horizons.


Tout aurait pu bien se passer, tout aurait pu se dérouler sans encombres. Mais Lex n’était pas du genre à avoir de la chance, pas une fois il ne lui était arrivé quelque chose d’extrêmement positif, à part peut être lorsqu’il avait découvert qu’il n’aurait jamais de barbe –parce qu’il détestait les poils-, sa pilosité étant quasiment inexistante depuis à peu près… toute sa vie en fait. Trois coups retentirent sur la porte, ce qui le sortit presque instantanément de ses pensées. Les gens qu’il connaissait avaient pour habitude de tambouriner à la porte, comme s’il était à moitié sourd. Drogué oui, mais sourd ? Jamais. Il fronça un instant les sourcils, l’estomac en vrac, une violente nausée le clouant au canapé quelques instants. Puis, dans un énorme effort, il se leva pour aller accueillir l’inconnu. Un inconnu qui était en fait une inconnue, pas vraiment inconnue pour le coup.
- C’était pas vraiment dans mes projets de venir te voir ici Lex, mais faut que tu saches que ce n’est pas volontaire, crois moi.
Il arqua un sourcil. Quoi ? Hein ? Plus lentement s’il te plait Elza. Il avait la tête à l’envers Lex, il ne comprenait absolument pas ce dont elle parlait. C’était comme si elle parlait une autre langue, quelque chose qu’il n’avait pas la capacité de saisir. Il n’avait pourtant pas pris de drogue ce matin, pas un seul cachet, c’était peut être la première fois qu’il était complètement conscient en sa compagnie. Il glissa une main dans ses cheveux et les attrapa fermement dans sa main, pour se secouer, pour que ses pensées soient claires. Rien à faire, même son regard remplit de sous entendus ne suffisait pas à éclairer sa lanterne.
- Mais de quoi tu parles ? Demanda-t-il en affichant une moue, surpris.
Elle était adulte, capable de s’exprimer correctement. Et de ce qu’il savait, elle était avocate, donc si elle devait dire quelque chose, elle devait avoir l’habitude que ça soit clair et précis. Si elle voulait qu’il l’aide à résoudre son problème –bien que ça allait être compliqué-, il fallait qu’elle lui parle franchement, pas qu’elle passe par tous les chemins possibles. Elle ouvrit son manteau, dévoilant un ventre de la taille d’un ballon de football. Il était clair qu’il allait rendre tout ce qui se trouvait dans son estomac d’une minute à l’autre. Et il ne fut pas longtemps pour que ça lui monte. Il fonça aux toilettes et vomit toutes ses tripes. Il avait besoin d’un petit remontant pour digérer la nouvelle, parce qu’il ne pouvait pas être le responsable de ce désastre. Désemparé, assomé, abruti, il n’avait pas de mots pour décrire ce qu’il ressentait, parce que dans sa poitrine, son palpitant faisait des bonds, il en avait presque du mal à respirer correctement.
- C’est pas moi, lâcha-t-il en revenant près d’elle, tandis qu’elle fouillait dans le placard de sa cuisine.
Elle resta figé un instant Elza, les mains posées sur ses hanches comme pour se donner de la contenance.
- Et c’est venu comment à ton avis ? Crois moi, j’ai aucune envie d’avoir un gosse avec toi Lex, regarde toi !
Qu’est ce qu’elle voulait dire par là ? Oui, il était pitoyable, mais ça ne l’avait pas dérangé plus que cela quand elle avait tout fait pour qu’il couche avec elle. Elle n’avait pas prit ses précautions, il n’était pas le seul responsable. Il n’était pas prêt, pas du tout.
- C’est pour quand ?
- Le mois prochain, sûrement.
Et elle comptait faire quoi ? Pourquoi venait-elle lui dire maintenant ? Qu’est ce qu’elle attendait de lui ? Il n’était carrément pas prêt pour assumer les conséquences de ses actes. Un bébé, ce n’était pas dans ses projets de vie, jamais, il n’y songeait même pas. Il ne serait un véritable adulte, il n’était pas l’homme de la situation, et il ne le serait probablement jamais.
- J’te demande rien Lex. J’voulais juste te le dire.
Ça ressemblait plus à une menace à son sens, ça n’avait rien d’une discussion ordinaire. Elle attendait quelque chose de lui, c’était clair dans son esprit. Il glissa sa main dans sa poche et attrapa une petite pilule pour faire passer ses maux. Elle venait de lui retourner l’esprit, de l’envoyer en enfer. Il ne voulait pas la mettre à la porte mais c’était pourtant tout ce qu’elle méritait, était-elle certaine que ce bébé soit de lui ? Parce qu’il n’y avait aucune preuve, et elle avait l’air d’avoir une sexualité plutôt libérée alors fallait-il la croire ? Elle n’insista pas plus longtemps, et sans un mot, elle quitta son logement sans qu’il n’ait à dire quoi que ce soit. Intervention inutile, à part si son but était de venir lui torturé l’esprit.