scared to be lonely × cate

Partie histoire :
first : daddy
Ne subsistait dans la maison que l’odeur de son parfum, fuyant et subtil. Elle était partie, verre brisé des cadres photographiques. Elle les avait laissés, à deux. Plus fort et sans doute plus heureux. Cinq années à servir d’excuse, à repousser l’inévitable. Cate avait maintenu le couple Camden. Fil de nylon pour maintenir les blessures du temps. Fil brisé avec les déchirures, les cris, les larmes. Cate au centre, silencieuse dans ces instants de crise. Trop jeune pour prendre parti, pour s’interposer. Elle comprenait, tout simplement. Elle était finalement partie, cette femme qui l’avait mise au monde. Partie loin, partie pour toujours. Jamais plus, Cate ne l’avait revu. Elle lui avait manqué un instant, puis elle avait compris qu’elle ne mériterait plus l’appellation de maman. « C’est toi et moi contre le monde entier, Cate. »
Moments partagés qu’elle a gravé, symbole d’un lien unique. Ils ne formaient qu’un. Eric Camden était plus qu’un père, plus qu’un allié. Pour Cate, il était tellement plus que ça. Séparée de sa mère, elle s’était reposée sur lui pour tout, pour rien. Pour cette vie nouvelle qui l’attendait.
Soucieuse, elle prenait soin de son père. Enfant au regard chaleureux, père à la fierté inégalée. Elle faisait tout pour lui, il faisait tout pour elle. Bonheur jalousé. Bonheur qu’elle espérait éternel. Cate avait pris peur en voyant une nouvelle femme entrer dans leur vie. Briseuse de leur couple idyllique, de leurs rituels. Cette arrivante avait pris petit à petit sa place, sa jeune fille aussi. A mesure que Cate acceptait de partager le cœur de son père. Simplement parce qu’il était heureux. La flamme était revenue dans ses yeux, celle qu’il avait éteinte au départ de celle qu’elle appelait maman.
Rien n’aurait pu briser ce bonheur.
Rien.
Sauf la mort.
La maladie lui avait volé le père à l’aube de ses vingt-quatre ans.

second : sam
« On pourrait sortir un soir, Cate. Juste toi et moi. Un ciné, rien d'autre.
- Non, Sam. »
Il avait longuement insisté. Longuement essayé de faire fondre son coeur déjà conquis en quelque sorte. Elle l'avait regardé se débattre avec ses refus. Elle avait ri à ses tentatives. Des mois qu'il lui avait fallu. Elle n'avait jamais réussi à comprendre ce qu'il lui trouvait, se trouvant ordinaire et sans intérêts. Lui, il la trouvait merveilleuse, intelligente, magnifique. Compliment de l'amour transi, du charmeur de ses dames. Sam Davis avait bataillé pour lui arracher un oui. Pour obtenir un simple rendez-vous qui changerait tout.
« T'es plutôt le genre film de guerre, toi. On devrait voir celui-là.
- Et je pense que tu es plutôt comédie romantique, donc on devrait choisir celui-ci.
- Et celui-ci ? »
Stupide sans doute mais ils avaient choisi le dessin-animé de l'époque. Le dernier chef d'oeuvre des studios Disney. Il avait ri, elle aussi. Unisson de deux cœurs battants. Pendant la séance, il avait pris sa main. Elle avait déposé sa tête sur son épaule. Charmant tableau et pourtant, Sam avait mis quatre rendez-vous avant de l'embrasser.

Sam Davis avait été l'homme de sa vie, le deuxième après son père décédé. Sam avait été son unique amour, celui pour qui elle avait commis les pires erreurs, celui pour qui elle aurait tout donné. Couple virevoltant au gré des tourmentes, des injures, des passages à vide. Couple aimant, couple d'amant. L'alchimie parfaite de deux êtres. Ils avaient mis des années avant de trouver la stabilité. Avant de se trouver réellement, de comprendre les enjeux de ses sentiments.
« On devrait se marier.
- C'est pas à moi de te demander plutôt ?
- Parce que tu pensais le faire, toi ?
- Evidemment. Ce soir, même, tu as simplement brisé tout mon plan. La voiture aussi d'ailleurs ...
- C'est vrai ? Je suis désolée ...
- Non, en fait j'avais simplement pas décidé du moment idéal. Tu sais, le moment parfait. Celui que l'on racontera à nos enfants. Celui que l'on oubliera jamais tant il était mémorable. Mais j'ai cette bague sur moi depuis longtemps. A la recherche du moment propice. Alors, oui, je pensais le faire. Un jour. Je pensais avoir des fleurs, des bougies aussi. Et puis une petite musique ringarde. Je pensais me mettre à genou et te déclamer tout mon amour. Tu le sais, j'ai beaucoup d'amour pour toi, tellement qu'aucun roman, qu'aucun film ne pourrait le raconter. Mais là, il n'y a rien de tout ça ... on est au milieu de nul part dans une voiture en panne ...
- Sam, tais-toi. Je veux t'épouser. Je veux te dire oui maintenant. »
Dans cette voiture perdue dans les campagnes néo-zélandaises, ils s'étaient aimé. Comblés d'un bonheur éternel. Amoureux fous, amoureux si fort qu'ils pourraient en mourir. Cate ne voulait d'aucun autre. Heureuse dans cette nouvelle famille qui devenait la sienne, elle n'aurait pu rêver mieux. Elle n'aurait pu imaginé plus beau mariage, attristée pourtant par l'absence de ses parents, de son père principalement. Elle avait dit les mots magiques, tendrement, prononcé un serment émouvant. Le regard brillant et l'amour au bord des lèvres, elle avait dit oui.
Et ce oui, elle le voulait pour toute une vie.
Maison neuve, enfants à venir. Et rien pour ombrager le tableau.
Rien pour briser le bonheur.
Rien sauf la mort.
Les flammes avaient emporté Sam alors qu'il sauvait une autre vie.

third : tim and peter
Les larmes scintillantes au bord des yeux, Cate restait pourtant digne. Digne des enfants qu'elle avait mis au monde. Deux enfants qui lui rappelaient sans cesse son mari. Par des rires, par des mimiques. Par les traits qu'ils avaient pris de lui. Le coeur brisé mais l'âme forte, elle se devait de garder la tête haute, de contenir les larmes. Perles salées qu'elle laissait s'échapper la nuit, insomnie de chagrin, sanglots de désespoir. Elle se sentait seule, Cate. Grant lit vide que venait parfois combler les garçons. Tim, principalement. Plus soucieux, plus mature pour comprendre les yeux rougis de sa mère. Cate s'en voulait, souvent, d'apparaître si triste, si vidée. Cate faisait au mieux. « Je vais gagner pour toi, maman ! » lui disait Tim avant chaque match de rugby, entraîné par son oncle Luke depuis ses premiers pas de sportif. « Je t'aime, maman ! » lui disait Peter chaque soir en s'endormant, voix d'enfant, voix douceur. Baume dans son coeur fragilisé. Cate n'aurait sans doute pas supporter la vie s'ils n'avaient pas été là. Seule famille qu'elle se sentait légitime. Seul lien qui la rattache à Sam, à la famille Davis.