Anna Amelya Rose, I'm so lonelyyyy, i have noboody.

I. CHAPITRE UN : Enfance déchirée, perdu entre deux mondes.
 
Je naquis dans un monde d’illusion, de mensonges alimentés par mes propres parents, les O’meara. Leur insatiable quête de la perfection, de bonheur dans leur matérialisme les a éloignés du véritable sens de l’amour ou de la famille. C’est également la raison de leur déchéance.
Un nom de famille ruinée, déshonoré et détruit par le père de famille, dont les penchants pervers et égoïstes l’ont entraînés dans des affaires de prostitution et l’endettement. Il ruina la vie de ma mère, dont la vie ne tournait qu’autour de sa brillante réussite professionnelle.

Toute la richesse, envolée. Le paternel, disparut. Ma mère, anéantie. Mais il y avait léonard, celui qui incarnait à lui seul « ma famille ». C’est lui qui à sécher mes larmes en éloignant mes terreurs nocturnes, il a pourchassé tous les monstres du lugubre studio où nous avons trouvé refuge lorsque nous n’avions plus rien. Mon frère m’a protégé de la réalité jusqu’à ce que je sois en âge de comprendre, m’a guidé et endurcie face aux pires brutes de ce monde. C’est à travers son regard que j’ai découvert l’amour, l’amour inconditionnel d’un parent.

Les années qui suivirent furent difficiles, nous avons appris à vivre autrement, mais la stabilité avait fini par revenir, nous pensions que les choses ne pourraient que s’améliorer. C’est ce que nous avons cru du moins.

II. CHAPITRE DEUX : Et la lumière surgit des ténèbres.  

Rencontre avec le temps et la mort.

Tic, tac. Tic, tac.
N’avez-vous jamais eu cette sensation qu’une pendule suspendue au-dessus de votre tête, se jouait de vous ? Comme si le Temps reprenait ce qu’il vous avait donné au moment où vous seriez prêt à tout pour le garder. Cette frustration, cette colère et incompréhension qui s’animent en vous. Nous blâmons à chaque seconde une entité inconnue, sans réaliser qu’elle nous offre déjà ces secondes.

La toux, les douleurs, le manque de souffle, une éprouvante fatigue et l’absence totale d’appétit. « Ce n’est qu’une simple grippe, tout ira mieux dans une semaine » avait-assuré le premier médecin, tout comme le second. Mais la première semaine s’était transformée en deuxième, troisième, puis quatrième jusqu’à s’étendre au mois, et à ma première perte de conscience au milieu d’un cours de littérature.
La fraicheur de la table en acier lui brulait le dos malgré le linge blanc qui se trouvait sous elle. Elle avait été réveillée par un bruit de porte, et sentit ce gout métallique et amer dans sa bouche. Du sang. Ce sang venait en réalité de ses poumons, consumés peu à peu par une tumeur. Une forme extrêmement rare de cancer pour une enfant de cet âge. Etrangement, le Temps s’était superposé à sa propre notion du temps : Tout se déroulait devant ses yeux à toutes vitesses : chirurgie inutile, entre les traitements inefficaces, ceux la rendant malades ou encore les plus agressifs et les allers et retours à l’hôpital. Mais à l’intérieur d’elle, le temps s’était figé, elle observait ces évènements comme si elle n’était plus maitresse de son propre corps.


Un amour déchirant.  

« Sois forte, Anna. Prend une dernière inspiration et laisse le s’en aller. Tu sais qu’il le faut. » se répétait-elle. Son regard semblait figé, comme cet instant dans le temps. Les larmes perlaient au coin de ses yeux mais se refusaient de couler. Les lèvres jointes, la gorgé nouée. Telle une statue, Anna fixait sa main encore protégée par celle de son frère une heure plus tôt. Il s’en était allé, comme son père, comme l’esprit de sa mère sombrant dans la folie. Que deviendrait-il une fois seul ?
La douleur de ces propres pensées transperça une énième fois son cœur meurtri. Leonard avait tant fait pour elle, il avait sacrifié tant de choses pour subvenir à ses besoins et ceux de sa mère, mais elle savait qu’il avait payé tous ses frais médicaux, que c’était grâce à lui qu’elle avait pu échapper à la première sentence du cancer. Alors comment comprendre son départ, son abandon ? Et paradoxalement, comment lui en avoir d’avoir sa propre vie loin d’elle et du fardeau qu’elle pouvait représenter ?


La voie de la libération.

Le départ de Leonard a été complexe pour Anna, qui a sombré un long moment dans la déprime. Elle a arrêté ses études, s’est mise à fréquenter des personnes qui ne lui correspondaient pas et l’enfermaient dans une spirale de souffrance. Se refusant l’amour, elle se contentait d’expérience sexuelle sans le moindre sens, ne s’autorisant pas à l’attachement dans la peur de l’abandon. Elle était hantée par les démons de son passé, par la souffrance de la perte de son perds et l’effroyable peur de mourir.

Jusqu’à ce qu’elle ne rencontre Enya. Elle était l’une de ses personnes qui, comme par magie, apparaisse dans votre vie au moment où vous vous y attendez le moins mais que vous en avez secrètement besoin. Cette femme m’a ouvert les yeux, m’a montré la beauté de toutes choses. Elle m’a appris à m’aimer comme elle m’aimait, à accepter les autres sans rien attendre d’eux, à trouver le bonheur n’ont plus à travers les autres mais en moi.
J’ai pardonné à mes parents et mon frère, mais je me suis également pardonnée ce moment d’égarement. Je ne m’étais jamais sentie aussi vivante. Je respirai, enfin. J’existais, pour ne plus disparaitre.  J’ai alors réalisé avec émerveillement que je pouvais me diriger seule, guidée par ma lumière intérieure, et qu’elle et ses enseignements sont de simples points de repère comme les bruits du monde extérieur.


III. CHAPITRE TROIS : RENAISSANCE.  

J’ai rencontré la mort par deux fois, sans qu’elle ne se décide à m’emmener. Je ne réalise qu’aujourd’hui qu’elle m’a offert le temps, pour que puisse l’accepter en temps venu. Le cancer est aujourd’hui revenu, accompagné de métastase. Ils ne parlent que de mois, peut-être années. Mais aujourd’hui je ne demande rien de plus.

Chaque matin est une renaissance, ce que je fais aujourd’hui est ce qui importe le plus.
N’y a-t-il pas plus beau présent ?