I'ts all over.
« Donne-moi ton sandwich le laideron ! » Il y avait ce petit garçon au fond de la cours de récréation qui semblait apeuré. Si faible, alors que moi, je n'avais peur de rien. Je n'étais pas si âgé, mais j'avais assez de culot pour faire un affront à celui qui oserait s'en prendre au plus faible. Moi, j'étais le genre de gamin qu'on n'embête pas et que tout le monde aime tout de même. Le genre qui réunit tout le monde pour jouer à des jeux de groupes. Donc en aucun cas j'étais celui qui ce faisait marcher sur les pieds. J'ai donc laissé en plan mes copains avec qui j'étais en train de jouer au ballon. J'ai été me mettre entre les deux gars, puis j'ai regardé l'agresseur. Je l'ai poussé, j'ai repris le sandwich puis j'ai dit le torse bombé, mais surtout avec courage :
« Il ne te donnera rien, laisse-le tranquille. » J'ai froncé les sourcils pour avoir l'air méchant, je me suis un peu gonflé le torse du haut de mes trois pommes, façon de parler, puis je l'ai regardé s'en aller. Je me suis ensuite retourné vers ce petit garçon. Il tremblait alors que moi, j'étais fier.
« Ça va ? » Dis-je en lui déposant ma main sur l'épaule. Je pouvais presque sentir sa peur à travers tout mon corps. Son visage était crispé alors que le mien était souriant.
« Moi c'est Yohan et ne t'en fais pas, il ne reviendra pas t'embêter, je l'ai à l'œil. » Dis-je content. Je lui tapotai l'épaule et c'est depuis ce jour que je suis ami avec lui. Notre amitié ne sera jamais détruite, du moins personne n'allait venir se mettre en travers de notre chemin.
Jamais je ne me serais imaginé que mon père se serait fait une copine. En tout cas pas depuis la mort de ma mère. Il me semblait si malheureux et surtout dépressif. Moi qui voulais lui offrir mon soutien, mais semblerait-il qu'il n'en ait jamais voulu. Le choc que j'ai eu cette journée-là. Mon père qui m'annonce qu'il a rencontré une femme. Que c'est du sérieux et qu'elle compte bien venir s'installer dans notre maison. Pour moi, c'était carrément inconcevable. Aucune autre femme que ma mère ne pouvait habiter ici. C'était de la folie, puis comment il avait pu me cacher tout ça ? Suis-je si naïf ? Non, seulement inconscient de la situation faut croire. Je suis là assis sur le sofa dans le salon et il y a mon père qui fait les cent pas en avant de moi. Alors que moi, je suis comme… Accouche qu'on en finisse. Les sourcils en l'air, je le regarde et j'attends.
« C'est Allyson et Mikail qui viendront vivre ici ! » Il hausse les épaules et ajoute :
« D'ici une semaine ou deux. C'est prévu. » Mes yeux se sont agrandis, ma bouche s'est ouverte et je suis carrément sans mots. Quoi ? Mais il se fout de ma gueule ? Depuis quand il fréquente la mère de Mikail ? C'est un fou ? Bordel, comment je vais faire pour concilier vie de famille et amitié. Ça ne se peut tout simplement pas. Je vais devoir me lever chaque matin tout près de mon meilleur ami ... qui hante mes pensées chaque fois que mes yeux croisent les siens. Non ça ne peut tout simplement pas être possible. Je devrai vivre avec. Et si j'avais des plans moi ? On s'en balance hein ! Je passe toutes mes journées avec lui, jamais je ne manquerais un petit moment ne serait-ce que pour le voir sourire. Mon cœur éprouve pour lui certains sentiments que je n'ai pas encore mis sur la table. J'ai peur qu'il me prenne pour un troublé… mais de l'avoir avec moi sous le même toit détruira carrément mes plans. On ne voit pas ça, des frères se mettre ensemble, si ? Non !
Je me suis fait à l'idée que Mikail allait venir vivre ici avec sa mère. Oui, je me suis aussi fait à l'idée que mon père est maintenant en couple avec sa mère. Ce n'est en rien marrant. J'ai mis sur la glace mes sentiments pour Mikail, histoire de laisser mon père profiter du moindre petit moment heureux qu'Allyson peut offrir. C'est difficile pour moi de le voir heureux avec elle, puisqu'elle ne pourra jamais remplacer ma mère. De plus, elle vit dans notre maison familiale avec tous nos souvenirs, ça doit lui faire aussi étrange qu'à nous ? On peut presque encore sentir la présence de ma mère dans la maison tellement elle est partout. Je me fais à l'idée tranquillement, mais secrètement, j'espère que leur relation ne dure pas. Seulement pour moi et Mikail. Peut-être ne m'aime-t-il pas comme moi je l'aime, mais au moins quand ils ne seront plus ensemble, je pourrai lui dire à quel point je tiens à lui. Je sors tranquillement de mon lit, j'ouvre la porte de ma chambre, puis j'entends mon père raconter une histoire à Allyson, ça sent le café partout dans la maison et mon ventre cris famine. Je me dirige donc vers la chambre de mon ami, demi-frère, je ne sais plus comment je dois le voir. J'ouvre la porte, la noirceur plombe la pièce, il n'y a aucun bruit. En tout cas, je risque tout de même à lui offrir un réveil plutôt brutal. Un sourire narquois d'afficher sur mon visage, j'ai envie de rire diaboliquement. Je connais cette pièce comme le fond de ma poche alors je me lance sur le lit.
« Aller réveille-toi la marmotte ! » Dis-je en riant. Mes mains tapotèrent le lit et elles ne trouvèrent rien. Bordel, il est passé où ? Je l'ai vu aller dormir hier ! Je descends donc en trombe vers la cuisine. Je regarde mon père et sa
« nouvelle copine » qui du coup, je déteste.
« Mikail... Il est où ? » J'ai un mauvais pressentiment. J'ai comme l'impression que tout le monde sait et que moi, j'ignore tout. Je déteste me sentir comme le dernier à savoir. J'ai l'impression de vivre encore un moment difficile. Déjà que ma mère nous a quittés sans avertissement avec son cancer et voilà Mikail qui vient de me faire la même chose. Je lui en veux tellement, alors que le regard de sa mère est remplit de compassion, mais j'en ai rien à foutre de sa compassion. Je n'ai jamais voulu d'elle dans ma maison et encore moins voulu que Mikail quitte cette maison. Mais il y a cette question qui trotte dans la tête... Pourquoi ?