A ton parfum de spleen

papa maman un couple atypique. ≈ elle, elle était serveuse tapineuse dans un bar, mini-jupe sous ses longues cuisses ouvertes, lui fraîchement diplômé de la police, jeune chien fou borderline. ≈ un coup d’un soir, dans la réserve du bar, entre conserves et liqueurs, jupe retroussée pour mieux la détrousser, l’épingler et l’accrocher à ce joli cœur érotomane, amoureux des filles faciles et des coups d’un soir. ≈ neuf mois plus tard, pas vraiment prévu dans un couple ou l’infidélité y règne comme une seconde nature, la môme déboule et chamboule. ≈ la gamine ressemble à maman, blonde comme elle, le céruléen de la famille, rien du père, on s’interroge. ≈ ils vivent dans un miteux appartement appartenant à la fonction publique, aux murs faits en papier à cigarette, on entend les voisins, souvent, les engueulades des uns et des autres, surtout celles des autres. ≈ princesse de cet immeuble minable, à trop souvent à regarder le macadam, à toujours vu son père travailler, sa mère s’accrocher à son portefeuille et ce qu’il contenait. ≈ mariage sans profondeur, juste une belle image sous papier glacier, papa qui part de temps en temps, maman qui chiale souvent, elle et ses kilos en trop, elle et ses hormones à fleur de peau. ≈ la venue de son frère, pareil à une bouffée d’oxygène. ≈ est de deux ans son cadet. ≈ petit prince, petit dernier de la maison, chouchouté et pourri gâté, fierté pour l’un, espoir pour l’autre, juste une crevette trop bruyante pour une gamine qu’on oublie. ≈ une routine monotone s’installe. ≈ métro, boulot, dodo. ≈ papa ramène de plus en plus d’argents. les billets s'accumulent et s'amoncellent, débordant de ses poches. ≈ maman se névrose, elle découvre les plaisirs de ne plus bosser, de se faire tringler par le voisin de pallié quand le mari est adonné absent, ce qui arrive souvent. ≈ surdouée, destinée à de grandes écoles, la gamine préfère les cotés sombres de la police. ≈ souhaite faire tout comme son père, cet homme qui reçoit les félicitations distinguées de son chef, la reconnaissance de ses collègues, l'amour sincère de ses amis. ≈ idolâtre son paternel, le place sur un piédestal et lui confère un rôle de héros. son héros. ≈ sombre, le héros préfère la facilité et les magouilles louches, dans des entrepôts désinfecter, il se ternit par l’avarice et l’appât du gain. ≈ la déco change, les mœurs changent, les habits et la bouffe du dimanche, pareil à un repas de riche, on s’y habitue, on aime et on en redemande, toujours plus. ≈ toujours dans de ce trois pièces minables aux murs et au sol pourris, on se part d’artifices et de faux-semblants, histoire de se donner une autre apparence. ≈ le paternel rentre de plus en plus tard, maman s’alourdit dans les plis du canapé, le frangin pleure et s’émancipe entre les bras fragiles de sa frangine. ≈ il y a une autre femme dans la famille, elle a une autre visage, celui du luxe et de l’héroïne. ≈ vulgaire, juste bonne à s’envoyer en l’air à l’arrière de la voiture familiale, le talon coincé dans le cuire de la banquette arrière. ≈ comme un relent de chrysanthème. ≈ papa creuse un peu plus sa tombe, ternit l’image des moore et se perd dans une vie pavée de mensonges. ≈ sans prise, tessalia est cette gamine qui s'émancipe trop vite, qui grandit trop vite ≈ elle oublie les grandes écoles, préfère s'attarder sur les concours de police, sur le sourire de ce loup solitaire, celui qui rode sur son pallier. ≈ il est doux, il est cruel, il est tendre, il est amère, le loup lacère et se repait de cette attirance mutuelle. ≈ première fois, un soir juste comme ça, sans trop se poser de question. ≈ il part, il revient, il l'entraîne sur des chemins où la jeteuse brille de part ses conneries, de part ses loupés et ses expériences sans filet de sécurité. ≈ les concours, une réussite, juste une formalité pour celle qui vit avec un QI supérieure de la normale. ≈ Une joie pour son père, une simple formalité pour sa mère et une totale indifférence pour son frère. ≈ il divague et se perd dans les travers de l'héroïne. ≈ gamin sans ambitieux, juste celui de fumer un peu plus et de s'enfermer un peu plus. ≈ rejète complètement sa famille, cloisonnant sa personne aux tentatives d'une frangine qui tente, rame et s'obsède à ramener son frère dans le droit chemin, puis abandonne, lasse de cette douleur du refus. ≈ premier jour dans la police, le sentiment d'être arrivé à l'accomplissement de sa vie. ≈ elle se cloisonne, s'emmure et s'endurcie, oublie l'avorton de frère niqué de la tête qui l'obsède et l'exècre. oublie cette génitrice accros au anxiolytiques, aux regards énamourés et bovin du voisin. oublie cette honte, son paternel. oublie cette vie, celle qui se lacère et part en lambeau. ≈ trahison douce amère d'un père qui à un nombre incalculable fauté, en toute impunité, parce qu'il voulait faire de belles affaires. ≈ honte de l'élite, destitué, abandonné, relégué et remballé dans ses quartiers, entre les quatre murs de la maison, la raison s'effrite et s'envole par coups de sang et de violence. ≈ pour avoir trafiquer, dealer et accepté des pots de vins, on préfère l'enterrer vivant que de lui tendre la main. ≈ famille bousillée, flinguée depuis tant d'années, sans aucune prise à laquelle se raccrocher, tessa préfère oublier, fermer les yeux pour mieux les ignorer, oublier cette tare qui fait partie de son passer...