Olivia - beautiful disaster

Elle grimpe, encore et encore, toujours plus haut. Son souffle est court, ses jambes menacent de la lâcher mais Olivia ne s'arrête pas. Elle ignore les larmes qui coulent sur ses joues et les sanglots qui s'échappent de sa gorge. Elle ignore les autres randonneurs qui la regardent passer, la bouche ouverte, ne sachant pas s'ils devaient l'arrêter ou la laisser continuer. Mais le temps de prendre une décision, Olivia est déjà partie.
Elle atteint le haut de la colline et elle prend une grande bouffée d'air. Elle regarde le soleil se coucher, transformant le ciel d'ordinaire si apaisant en un océan de flammes, comme l'intérieur d'Olivia. Elle a l'impression de voir un chapitre de sa vie se terminer tandis que le soleil disparaît derrière l'horizon. Mais c'est un chapitre qu'elle ne veut pas lâcher, Olivia, elle refuse d'accepter d'être orpheline. Orpheline. Un mot qui lui donne envie de vomir, un mot auquel elle refuse de s'identifier. Alors elle crie, elle laisse s'échapper l'air de ses poumons jusqu'à ce qu'aucun son ne sorte de sa bouche, juste une douleur sourde qui lui laisse un vide là où son coeur devrait se trouver. Et avec son cri, toutes sa force s'est échappée, ses jambes la laissent tomber au final, mais elle ne s'en rend pas compte. Elle a le regard fixé sur le soleil qui s'en va et jamais elle ne s'était sentie aussi seule, jamais elle n'avait détesté un coucher de soleil autant qu'elle avait détesté celui-là.

La douleur ne s'en va jamais, on apprend juste à vivre avec. Olivia ne voulait pas vivre avec la douleur, elle voulait l'oublier, elle voulait que tout revienne à la normale mais à travers la douleur et les larmes, elle comprit qu'elle ne partirait jamais, qu'il fallait qu'elle fasse de la place pour cette douleur et qu'elle apprenne à vivre avec. Elle pensait qu'en gardant tout pour elle, cela rendrait les choses moins réelles, elle ne voulait pas en parler, elle ne voulait pas admettre que ses parents n'étaient plus là. Sa douleur l'avait aveuglé, si elle se pensait seule, elle n'avait pas vu qu'à ses côtés se tenaient neuf autres personnes, tous aussi dévastés qu'elle et qu'il fallait qu'ils avancent, main dans la main.
Maintenant, elle a compris et jamais elle ne s'était sentie aussi en paix avec elle-même. C'est vrai que parfois, elle pleure, elle a l'impression de mourir sous le poids de ce vide dans son torse mais elle survit et elle se relève.
Elle se retrouve sur cette colline, celle qui l'a vu s'effondrer. Il était temps d'y revenir, de remplacer un mauvais souvenir par un bon. Elle aime penser que ses parents veillent sur elle et ses frères et soeurs, mais elle aime aussi penser qu'ils se trouvent dans la nature qu'ils aimaient tant, le vent, la lumière, la rivière qui coule. Le soleil couchant, un ciel s'embrasant de mille couleurs, un sourire.