elyse ▵ all i need is five minutes, to start the ignition.

(un) Elyse Marie Edith Benedict Montgomery, appelée plus simplement Elyse Montgomery, est née dans une banlieue chic de Miami, au bord de l'eau. La villa était immense. Blanche, grand jardin, piscine, salle de sport... La démesure des Montgomery dans toute leur splendeur. Riche famille anglaise ayant déserté Londres y a des générations pour s'installer à Miami là où il fait beau (et les ouragans passent). La famille est à l'image de leur compte bancaire : grande et remplie. Avec cinq frères et sœurs, Elyse se positionne comme l'avant dernière. Avant elle, ils sont trois. Catherine, la sœur aînée, la réussite de la famille et grande commerciale, Edward, le second, futur grand avocat de ce monde (et surtout de la famille) et Hugh, qui suivra certainement les pas de son grand frère en allant dans la voie privilégiée des affaires. Lorsqu'Elyse arriva dans la famille, en petite dernière, la place fut difficile à trouver. Les Montgomery et leur germains étaient tous bien plus âgés qu'elle. Il a fallut insister pour que les cousins, tous plus grands, cesse de toujours l'exclure à cause de sa différence d'âge. Puis il y eut le petit dernier, bien après, folies de leur parent de se retrouver à nouveau avec un bébé, qui permit à Elyse de faire sa place dans la famille et surtout de se faire oublier. C'est certainement le frère qu'elle a le plus regretté de quitter, encore aujourd'hui.  

(deux) Une scolarité couverte de A et de bonnes appréciations, un comportement exemplaire en classe, une jeune fille intelligente et discrète. Mais qui aurait pu croire qu'elle serait capable de fuguer ? Personne. Elyse, c'était la petite chouinouse, celle qui se plaignait de ne pas jouer avec les autres, qui faisait quelques caprices, la petite peureuse de la famille. C'est ce que tous pensaient. Une petite fille sage et disciplinée qui savait pourtant se faire remarquer lorsqu'un désir n'était satisfait. Tous se trompaient. Le simple fait d'être sage à l'école lui permettait d'avoir les louanges de ses parents qui la récompensèrent en l'inscrivant en danse et en musique, car la étaient les vraies envies de la jeune fille. Le piano, la guitare, le violon et le violoncelle. « Quand je serai grande, je serai la plus grande joueuse de musique de tous les temps. » Des mots qui faisaient bien rire. Une Montgomery joueuse de musique ? Ah ça non. Jamais cela ne serait possible. Ainsi, les parents permirent à leur fille de toucher du doigt son rêve pendant des années sans jamais envisager une carrière musicale ou même voir le talent de leur enfant. Pouvant travailler jusqu'à avoir les doigts en sang, Elyse se mettait en pression phénoménale pour faire une performance parfaite lors des représentations publiques du conservatoire ou elle était en espérant que ses parents ne viennent et comprennent cette passion qui l'habitait. Il n'en fut jamais ainsi.

(trois) Les fugues ont toujours fait parties de la vie d'Elyse, et elle était bien la seule de la famille à le faire. Sans que ses parents ne le sachent vraiment, toujours couverte par ses cousins, cousines, frères ou soeurs, la demoiselle se débrouillait pour se rendre dans les lieux qu'elle souhaitait connaitre. En dessous de la limite d'âge, elle n'avait qu'à se pomponner un peu pour ressembler à une jeune femme (puisque son corps long, grand et fin suffisait). Festival, concert, bar, boite, tout y passait. Elle n'était plus intéressée par l'école depuis longtemps. Dès qu'elle eut treize ans, ses envies s'affirmèrent : elle savait qu'elle ne voulait pas aller à la faculté. Faire de la musique était son unique but. Intelligente, elle ne dit rien tout de suite à ses parents, continua d'avoir des bonnes notes jusqu'à la fin du lycée. Sa vie était un peu un enfer. D'un côté, elle était la sympathique et jolie petite Elyse qui faisait ses études, aidait systématiquement son père, Catherine ou Edward (en échange d'une petite rémunération) ; et de l'autre, il y avait celle qui s'infiltrait dans les lieux où la musique vivait, où elle évoluait. Toujours à la recherche de nouveaux sons, mais limité dans ses mouvements, elle buvait les paroles des grands voyageurs. Elle rêvait de partir, de découvrir et de créer.

(quatre) Jeune fille, elle sortait très souvent les soirs. Avec ses amis, fous de musique aussi, ils se rendaient sur les plages, dans des petites cabanes peu fréquentables et s'installer pour décortiquer des morceaux, jouer, composer. Les meilleurs moments de sa vie. Avec deux amis de son âge, elle avait pour rêve irréalisable de former un groupe d'éléctro-pop, de partir à l'autre bout du monde, en tournée et en festival pour vivre leur rêve. Tous de bonnes familles, il était quasiment impossible de réaliser ce rêve ensemble, sauf si tous fuguait.


(cinq) Ce soir là, il faisait bon. La plage était calme, il n'y avait que la brise et la clarté de la lune. Tous les trois étaient installés, à fumer tranquillement. La soirée avait commencé depuis longtemps, et les paroles et discutions n'étaient pas vraiment au rendez-vous. L'idée avait été lancée par la grande brune : « Et si on partait ? ».Partir, c'était faire référence à ces fugues. Partir, c'était dire adieux à sa famille le temps de se faire connaitre. Partir, c'était ne plus compter sur ces gens dont ils n'avaient, de toutes manières, aucun soutient. Partir, c'était aller loin, très loin, ne pas revenir, ne pas se faire retrouver. Partir, c'était tous les trois. Elyse, c'était la plus folle des trois, et celle qui savait le mieux ce qu'elle voulait faire de ses fesses. Elle ne voulait pas être ce que ses parents voulaient qu'elle soit : une fille de riche. Elle n'avait pas besoin de tout cet argent, ce qu'elle voulait c'était accomplir un rêve, que ce rêve soit reconnu et vu comme réalisable, envisageable. Et c'était impossible chez les Montgomery.  Le vent caressait leur peau, il était doux, réconfortant. Bien plus rassurant que toutes les idées qui passaient dans la tête d'Elyse.

(six) 10 juin 2013. Le vol était prévu pour huit heures du matin. Personne ne l'entendrait partir, elle n'avait qu'un sac sur le dos. Billet dans la main, elle regardait l'heure avancer et la fil d'attente diminuée. Le guichet d'embarquement pour le vol Miami-Wellington allait bientôt fermé et aucune nouvelle de ses deux amis. Pourtant le rendez-vous était pris. La date était inscrite sur les calendriers, dans leur tête, et soulignée au stabilo jaune. Que se passait-il ? Jamais Elyse n'eut de réponse. Ayant laissé son portable chez elle, ayant trop peur de revenir sur ses pas et de certainement perdre tout ce qui comptait pour elle, elle inspira et se rendit au guichet, assurée. 17 ans, sa vie pouvait commencer. La vie qu'elle choisissait. La musique de son ipod fut la seule chose qui l'accompagna durant tout son trajet, et même après.

(sept) Wellington, car c'était ici que l'on recherchait de nouveaux talents. Wellington car c'est ici qu'elle serait loin, très loin de Miami. Wellington parce que ça semblait cool ! Le choix n'avait pas été long à faire, et il venait d'Elyse. Tête brûlée de la bande, arrivée dans un pays qu'elle ne connaissait pas seule, ça ne lui faisait pas peur. Elle sortit de l'aérogare, prit un bus jusqu'au centre ville, se posa, observa, et sourit. La nouvelle vie commençait. Le casting, ce n'était que demain. Elle avait un jour pour trouver un endroit où se poser. Les auberges de jeunesses seraient très bien pour commencer. Elle posa ensuite son CV un peu partout : l'argent n'était pas le plus important mais il allait quand même devenir essentiel. Avec de l'argent sur elle, sans logement, elle allait se faire avoir. Elle le savait. L'auberge fut une réussite, et les casting se passèrent divinement bien pour elle, de son ressentit. Elle était excellente, là n'était pas la question. Mais personne ne voulut l'employer : trop jeune. Beaucoup trop jeune. Les bars ne voulaient pas d'une gamine sur scène. Même si elle avait du talent. Il fallait aussi se trouver son genre musicale et pouvoir jouer tout de suite... Première désillusion.

(huit) Mais ce n'était rien. Elyse avait confiance en elle, elle trouverai une solution. Un petit boulot le jour, des jeux le soir, tout irait bien. Elle surentraînerai, vieillirait un peu. Les gérants auraient confiance en elle. Munie de sa guitare, elle joua dans les parcs quelques fois, contre un peu d'argent, et fut flattée par les trente dollars qu'elle avait reçu. Et puisque ça semblait être une source à peu près sûre de revenue, la demoiselle se fit au jeu, elle allait vers d'autres musicien et jouait avec eux. La liberté de pouvoir jouer la ravissait. Si ces deux amis lui manquaient, elle arrivait à retrouver des personnes de confiance sur place.

(neuf) L'encul... Alors qu'elle jouait tranquillement sur un banc, Elyse fut accostée par un homme tout à fait charmant. Grand, fin, élégant, costume, cravate. Quelques conseils, quelques compliments. Quelques heures à parler, apprendre à sa connaitre. Et il lui proposa de l'aide. Mr était un producteur intéressé, ce qui rendait la rencontre des plus intéressante du point de vue d'Elyse. Une invitation chez lui, un verre, une place pour dormir bien plus confortable, un échange de papier, et le tout était fait. Facile, beaucoup trop facile. Mais beaucoup trop tentant pour dire non. Escroc de première classe, monsieur se servit des papiers d'Elyse pour la faire participer à une histoire de trafic. La demoiselle, à peine âgée de 18 ans venait d'être trouvée par la police de Wellington et se faisait accuser de faits dont elle n'avait même pas idée. Falsification d'identité, certes, mais le temps que procès se fasse, elle fut gentiment internée dans la prison de Wellington. Quelques mois qui furent un vrai enfer et dont elle ne parle pas souvent.

(dix) 19, 20, 21 ans. Vie se fait. La carrière musicale est déserte, l'envie de postuler chez des producteurs réputés n'étaient plus présente. Tous des cons. Tous des escrocs. Tout sauf dans la demi-mesure, Elyse proposa sa participation musicale dans un petit bar du centre, un peu classe. Elle n'eut pas le rôle : sa présentation physique n'étant pas avantageuse : « Vous comprenez, mademoiselle... Une jeune femme doit être élégante, bien présentée... Quelle image allez vous donner à notre établissement ? » Cheveux longs emmêlés, corps caché derrière des vêtements trop grands. Les formes de devaient pas être visibles. Pas de formes, pas d'emmerde dans la rue. Les logements et l'argent, ce n'était pas à l'ordre du jour. Alors trouvez du travail était d'autant plus dur. Il n'y eut qu'un bar qui accepta de prendre une enfant de la rue et de la payer au noir. Le gérant n'était pas vraiment un saint, plus un profiteur. Une douche et une scène en échange de prestations, c'était le deal. Rien de sexuel là dessous, mais presque. Elyse s'en fichait, au point où elle en était, elle préférait être à l'abris et au chaud quelques heures avant de retrouver la rue et son hygiène de vie douteuse. Elle dormait souvent quelques heures sur le canapé d'une loge avant de commencer, avant de faire sa performance, et sortir jusqu'au lendemain. Les nuits, seule dehors, étaient longues. Et pour éviter tout problème, la demoiselle trouvait un endroit discret, guettait. Elle traînait dans un quartier sûr, proche de son bar.
Une vie bien loin de ce rêve de faire un groupe.
Une vie bien loin de la musique, mais toujours accompagnée par cet Ipod qui ne la quittait pas.

(onze) L'électro, le rock, le jazz, le hip-hop, le rap... Elyse ne sait pas faire de choix. Elle admire les artistes qui croisent les genres, qui les changent, qui les font évoluer. Queens, Sting, les Red Hot, Muse, U2, Depeche Mode, Electric Guest, Eminem, Twenty One Pilots, Eurythmics, Daft Punk, No Doubt, Keane, Rick Asley, A-ha, TDCC, Tame Impala, Her, Jabberwocky, The XX, Owl City, Avicii, Paul Kalkbrenner, Lykke Li, Ibeyi, Portugal. The Man, Duke Dumont... Autant de genre que d'idées qui passent dans sa tête. Elle chérie son Ipod et sa guitare plus que tout au monde et se déplace jamais sans ces deux point d'encrage de sa vie.

(douze) Elyse n'a jamais eu de nouvelle de ses parents, de ses frères et de ses soeurs depuis qu'elle est partie, elle est persuadée qu'ils savent tous ce qu'elle fait. Elle est persuadée qu'elle est mieux à Wellington que chez ses vieux. Elle ne souhaite pas revenir sans sa grande fierté : son groupe monté et connu dans le monde entier. Cette ambition démesurée grignote petit à petit une jeune fille talentueuse qui n'a pas su encore faire les bonnes rencontres dans cette grande ville.

(treize) La nuit l'a toujours attirée. Sombre, mystérieuse et immense, elle lui trouve néanmoins un côté rassurant. Échelle pour se rendre compte de la place de l'homme, ridicule, face à l’immensité de l'univers, elle accueille dans sa robe noir les plus beaux éléments de cet univers : la lune et les étoiles. Lumineux points, ils la faisaient rêver, la transpiraient dans ses pensées, l'accompagnaient lors des nuits passées à se balader ou à réfléchir sur le bord de sa fenêtre. Elyse peut être la chaleur incarnée et son inverse. Sans être lunatique pour autant, il existe deux facettes de la demoiselle. Celles-ci s'entrecroisent, se mêlent, s’accommodent aux différentes situations que rencontre la demoiselle au cour de sa vie. La première, calme, douce et réfléchie, permet à Elyse de faire preuve de sagesse d'empathie et de compréhension. Elle détient une intelligence humaine hors du commun et sait être les oreilles qui écoutent, les mots qui apaisent, les bras qui caressent. Douceur incarnée, même sa voix respire la délicatesse et l’élégance qu'elle ne se prétend pas avoir. La seconde, impulsive, chaude et passionnée, révèle une Elyse qui, une fois prise dans l'émotion, ne peut s'en défère. Les sentiments, ses amours et ses colères peuvent l'emporter loin, haut. Elle aime avec passion, pleure avec de lourdes larmes, rigole jusqu'aux larmes.

(quatorze) Elle déteste la pluie, les trop fortes chaleurs qui donnent envie de ne rien faire, les tongs, les cheveux emmêlés, la pression, les hommes qui le pensent qu'avec ce qu'ils ont entre les jambes, les briseurs de rêves, la violence, la colère incontrôlée, le nationalisme, les USA et les chiens.

(quinze) Elyse rêve de tatouages, elle fume un peu, mais sans plus, elle aime boire, mais sans plus. Elle tente de se faire passer pour une mauvaise fille de peur d'être démasquée. Etre une fille de riche en fuite, ça intéresse les gens. Elle n'aime pas les questions, préfère rester discrète et secrète.