we would only hold on to let go

( 1 ) Meera est née en Nouvelle-Zélande, près de Chrischurch sur South Island. Son père ignorait son existence, et sa mère Alice n'avait plus de famille sinon une soeur, qui avait prit le premier vol depuis Londres un mois plus tôt pour rejoindre sa soeur. Elle ne repartira plus, et élèvera sa nièce tout autant que sa mère l'élèvera. ( 2 ) Lorsque Meera a deux ans, les deux femmes rachètent une petite ferme avec beaucoup de terrain dans les environs de Geraldine, sur South Island. Elles s'y installent avec la petite et reprennent les quelques moutons mérinos que le précédent propriétaire leur a cédé avec la ferme. Leur affaire tient la route, leur offrant une vie confortable à défaut d'être riche. Meera grandit dans la nature, entre son poney, la meute de chiens de berger et les moutons mérinos. ( 3 ) Sa mère est une britannique pure souche et était une hippie convaincue. Voyageuse dans l'âme, elle avait sillonné le monde, d'auto-stop en autobus, imprégnée de cet esprit optimiste qui mourut avec les seventies. Elle finit par poser ses valises en Nouvelle-Zélande où, désabusée par l'essoufflement du mouvement hippie, elle s'est installée dans le but d'y faire sa petite vie. C'est là qu'elle a croisé le père de Meera, fils rebelle d'une riche famille indienne qui avait décidé de parcourir le globe. ( 4 ) Sa mère et son père, au-delà de leur aventure de quelques semaines qui a conduit à sa naissance, n'entretiennent qu'une relation cordiale dans le bien de leur fille. Sa mère n'avait aucun problème à élever seule sa fille, mais a accepté la volonté du père d'être présent lorsque celui-ci a appris l'existence de Meera, qui avait alors huit ans. C'est lui qui a repris contact avec Alice, demandant poliment s'il pouvait rencontrer sa fille. Le courant passant bien et la mère de Meera ne négligeant pas l'intérêt pour sa fille de connaître son père, accepta qu'ils se voient pendant les vacances. ( 5 ) Meera a passé chaque vacance d'été à voyager avec son père. D'abord au Nord de la Nouvelle-Zélande, puis en Australie, puis plus loin. Les voyages qu'il faisait avec Meera étaient les seuls que son père planifiait, prenant à coeur son rôle de père et les responsabilités de voyager avec une enfant. Il avait coutume de venir la chercher à l'école le dernier jour, au début des grandes vacances, avec sa valise préparée par sa mère déjà dans le coffre. ( 6 ) En grandissant, Meera a participé plus activement à la préparation de ces voyages,  puis a passé l'année de ses dix-huit ans à sillonner le monde à ses côtés. Enfin, huit mois avec lui, puis quatre en solitaire. Ou presque ( 7 ) Son premier vrai amour, ou tout le moins celui qui a changé son existence, a été Taniah. Elle a rencontré l'américaine en année sabbatique au détour d'une auberge de jeunesse de Bruxelles, par hasard. Meera venait de se séparer de son père pour continuer sa route seule, et a passé quelques jours, puis une semaine, plus plusieurs, avec Taniah. Elles se sont quittées bonnes amies, mais le baiser de Taniah qui flottait encore sur ses lèvres a poussé la jeune femme a lancé Meera sur une réflexion personnelle et de découverte qui allait durer un an. Aujourd'hui, elle vit relativement ouvertement son homosexualité, les choses ayant heureusement évolué ces dernières années en Nouvelle-Zélande. ( 8 ) Voyager est devenu indispensable dans sa vie. Elle met un point d'honneur à partir au moins une fois par an, peu importe où. S'échapper est tout ce qui compte, s'immerger dans un environnement différend, dans une culture différente. Goûter les spécialités culinaires, aussi... ( 9 ) Une fois revenue de son voyage, il lui fallait se choisir une voie. Amoureuse de la nature, il lui était inconcevable de travailler enfermée. La police maritime s'est révélée un bon compromis. Sa mère n'a pas réellement compris ce choix, mais a soutenu sa fille comme elle l'a toujours fait. ( 10 ) Meera connaît parfaitement South Island, et presque aussi bien North Island. Elle a toujours passé beaucoup de son temps libre en randonnée à travers l'île, et il n'est pas rare qu'elle disparaisse quelques jours pour une randonnée impromptue, son sac à dos et son chien pour seuls compagnons. ( 11 ) Il y a deux ans, elle a décidé d'adopter un chien. Elle a grandit avec des compagnons à quatre pattes, et la vie à Wellington lui semblait triste sans une présence canine. Elle a écumé les refuges locaux, avant que son coeur ne fonde finalement devant un molosse de 25 kilos aussi doux qu'un agneau. Le pitbull, que la geek qu'elle est a baptisé Balrog, la suit partout depuis deux années, dévoué corps et âme à sa maîtresse. Et gare à qui oserait faire un commentaire... ( 12 ) Elle a énormément d'amour et d'admiration pour sa mère et pour son père. Elle admire sa mère qui vit libre, indépendante et forte, et admire son père pour cette vie de liberté et d'aventure qu'il mène depuis toujours. ( 13 ) Elle ignorait tout de sa famille indienne jusqu'à il y a un an. Malgré une appréhension initiale, les deux parties se sont instantanément adoptées et elle compte se rendre en Inde aussi souvent que possible. (14 ) Elle est très proche de sa mère et de sa tante, et va souvent les aider à la ferme, près de Geraldine. Dernièrement, elle a vu avec une certaine inquiétude la mémoire et le caractère de sa mère décliner légèrement, mais elle attribue cela à la fatigue. ( 15 ) Malgré son amour du voyage, elle reste amoureuse de son île et de ses racines, et rien ne la rend plus heureuse qu'une soirée au coin du feu dans la ferme de sa mère et de sa tante, un livre sur les genoux et son chien à ses pieds.