sam + c'est avec toi que j'm'engueule le mieux

01. tu es née le 13 octobre 1990 à gisborne aux petites heures du matin. le temps était pluvieux et glacial, bref le pire jour de l'année, selon ta mère. il a fallu tout l'or du monde pour parvenir à te faire sortir de là. faut croire que t'étais bien dans son ventre, au chaud. c'est uniquement lorsque ton père est arrivé dans sa chambre d'hôpital, à bout de souffle, te suppliant de montrer le bout de ton nez que tu as enfin décidé d'abréger les souffrances de ta mère. elle adorait te raconter l'histoire de ta naissance lorsque tu étais gosse. comme si, d'une certaine manière, elle tentait de conserver chaque parcelle de se souvenir dans sa mémoire en le répétant sans arrêt. même toi tu la connais par coeur aujourd'hui. + 02. un accident bête, comme on dit et, à ce qui parait, les meilleurs partent toujours en premier. toi, tu n'irais pas jusqu'à dire ça puisque, de toute évidence, tu n'as pas eu la chance de connaître ton paternel. par contre, tous ceux et celles qui étaient proches de lui en disent que du positif. ta mère, surtout. elle l'aimait à en perdre la tête... au sens propre! bref, tu étais bien trop petit pour te rappeler de lui et peut-être que c'est mieux ainsi. après tout, les gens meurent et tu préfères souffrir d'un vide qu'un manque. cela dit, même si tu n'as aucun souvenir de lui, à proprement parler - mis à part ton nom - ta mère t'a montré quelques photos de lui et des bricoles qu'il possédait. c'était un fanatique des courses automobiles. du coup, tu te consoles en te disant qu'il est mort heureux, en pratiquant sa passion qu'il adorait tant. + 03. tu as eu une enfance paisible malgré l'absence de ta figure paternelle, ta mère n'ayant jamais voulu entretenir une autre relation après la mort de son mari. tu as vu, au fil des années, sa santé mentale se dégrader, mais, à l'époque, tu étais bien trop petit pour t'en rendre compte. ou peut-être qu'elle ne le laissait tout simplement pas transparaître. enfin, tu as joué, tu t'es blessé, tu as pleuré, tu as ri... tu as fait tout ce qu'un gamin normal fait, quoi. tu avais des amis et une mère aimante, tout pour être heureux. + 04. l'adolescence a été on ne peut plus difficile. la découverte de ton corps, tes envies, les échecs amoureux, les peines d'amour... ta première relation sérieuse t'a laissé quelques cicatrices, tu dois bien l'avouer. tu l'aimais comme un môme aime ses jouets, comme un junkie aime sa came. Mika, qu'elle s'appelait. chevelure ténébreuse, yeux perçant... un regard qui hypnotiserait même les plus sceptiques. mais tu l'aimais mal, pas de la bonne façon. après tout, tu étais jeune et sans expérience. tu lui as offert ta virginité et ton innocence sans penser au futur. il n'y avait qu'elle et toi. jusqu'au jour où tu réalises que tout est éphémère. l'amour, ton père... tout finit un jour par mourir, partir... peut-être que tu aurais dû t'en préoccuper davantage, mais tu as toujours été un brin rêveur, la tête dans les nuages et ton côté intrépide s'est joué de toi. + 05. tu étais naturellement doué à l'école. t'accumulais les notes presque parfaites et, pourtant, ton choix d'études s'est arrêté sur la profession de thanatopracteur. pourquoi? tu l'ignores. la mort t'a toujours intrigué, d'une certaine façon. elle frappe sans que l'on s'en rende compte. un matin, tu peux te lever et courir un marathon, alors que, le lendemain, tu peux ne plus réveiller du tout, tout simplement. aussi banal que cela puisse paraître. toi, tu parles à tes patients comme s'ils étaient encore vivants, tu respectes les voeux de leur famille en leur offrant la possibilité de les revoir une dernière fois avant le grand départ. c'est comme si tu leur donnais un deuxième souffle, l'espace d'un instant. + 06. tu as habité dans la maison familiale où tu as grandi une bonne partie de ta vie. tu as préféré rester auprès de ta mère, ne voulant pas la laisser seule. effectivement, sa santé mentale s'est dégradé au fil du temps et il était hors de question que tu l'abandonnes. t'ignores ce qu'il s'est passé exactement, mais tu t'es rapidement rendu à l'évidence lorsque ta mère a tenté de s'enlever la vie. t'imagines que c'était devenu insupportable pour elle d'être séparé de ton père. au début, elle avait un objectif; t'élever. tu avais à peine quelques semaines quand ton père s'en est allé, il était donc impossible pour elle de faire son deuil comme il se doit avec un gosse dans les bras. une accumulation, que tu penses. ou un truc du genre. enfin, tu l'as fait interner dans un hôpital psychiatrique en 2015, soit deux ans avant que tu viennes t'installer ici, à wellington, étant incapable de rester seul dans cette grande maison qui renferme tant de souvenirs. + 07. du coup, tu vis en appartement à wakefield street depuis quelques semaines seulement. tu t'y plais et tu as rapidement trouvé un job dans le coin. malgré ton horaire chargé et la distance qui te sépare d'elle, tu rends régulièrement visite à ta mère. elle aime bien que tu lui racontes tes journées au travail, aussi ennuyeuses soient-elles. tu n'as pas encore eu le temps de visiter la ville, mais le peu que tu as vu, pour le moment, t'a convaincu d'avoir fait le bon choix. c'est, en quelque sorte, un nouveau départ pour toi. ton second souffle. + 08. depuis quelques années, tu partages ta vie avec milo, ton chien, ton fidèle malamute. tu l'amènes partout, même à ton travail. tu détestes le savoir seul, toute la journée, à la maison. du coup, tu as pris la fâcheuse habitude de le trimbaler avec toi, comme s'il s'agissait d'une vulgaire pièce de monnaie qui dort au fond de ta poche. la réalité est beaucoup moins simple, tu dois bien l'avouer. il dégage énormément d'air et il est imposant... très imposant. néanmoins, tu ne peux pas faire autrement. tu l'as trouvé dans la rue, un soir, sans collier et mal en point. tu l'as aussitôt ramené chez toi et, depuis ce temps, vous êtes inséparables. pour le moment, il est ton seul et unique ami à wellington puisque tu n'as pas vraiment eu l'occasion de sortir et de tisser des liens. du coup, t'apprécies davantage sa présence et le support moral qu'il t'apporte. + 09. tu t'es enfin décidé de sortir de chez toi un soir et, ce, sans milo, cette fois-ci. de toute façon, les chiens ne sont pas autorisés dans les bars, à ta plus grande déception. tu as voulu visiter un peu ta nouvelle ville et profiter de ta passion de dégustation de bière. tu t'es arrêté dans un pub et tu as bu. beaucoup trop bu, d'ailleurs. tu t'es réveillé le lendemain matin à côté d'une jolie demoiselle qui a rapidement pris la fuite. tu ne possèdes aucun souvenirs de cette nuit-là, tu ne connais même pas le prénom de la charmante femme avec qui tu as couché. cela dit, elle t'a intrigué au point où tu espères la revoir un jour et enfin pouvoir mettre un nom sur son visage. + 10. à toutes les années, tu prépares une espèce de bucketlist avec plusieurs points que tu dois réaliser avant janvier. pour toi, c'est une façon de te divertir d'avoir constamment des objectifs à atteindre. par contre, il y a un point qui revient continuellement sur chaque liste que tu écris et c'est d'arrêter de fumer. tu as utilisé - presque - tous les trucs possibles qui existent et il n'y a rien à faire! tu as cette mauvaise habitude depuis plusieurs années, maintenant et tu es incapable de t'en séparer. oh, un jour tu y parviendras, très probablement, mais, pour l'instant, avec tous ces changements dans ta vie, tu en as vivement besoin pour te calmer. même si, encore là, tu te donnes une raison pour te sentir moins coupable chaque fois que tu allumes une cigarette.