Avant même sa naissance, les parents de Leo avaient tout décidés: ils accoucheraient à Sydney pour avoir accès aux meilleurs médecins et dans un an ils déménageraient à Wellington. C'est plus petit, plus tranquille et Henry Kingston allait y installer une nouvelle branche de sa compagnie de construction.
Leonard irait aux meilleures écoles de la ville et deviendrait un élève modèle. Même pas encore né qu'on lui mettait déjà des responsabilités énormes sur les épaules. Ça paraît pire que ça l'était réellement par contre.
Dire que Leo était malheureux quand il était enfant serait faux, mais il n'était pas parfaitement comblé. Il a vite comprit qu'il n'avait pas le choix. Papa décide de ce qu'il fera plus tard et maman prend soin de lui à tous les jours. Olivia Kingston était un véritable ange pour son fils unique. Il détestait se faire appeler
"Leonard", il préférait
Leo.. ça lui faisait penser à Lion. Quand t'as 5 ans et que ton prénom te rappelle le mot lion, tu te sens surpuissant. Sa mère l'a justement appelé
"mon petit lion" pendant plusieurs années quand il était gosse. Henry avait malheureusement le don de briser son fils pour tenter de lui apprendre des leçons de la vie. Jamais il ne l'aidait avec ses devoirs ou ses travaux d'école. Il devait apprendre par lui-même.
"Ça te forgera le caractère Leonard, tu verras, tu me remercieras plus tard!" lui disait toujours son père. Olivia Kingston tentait souvent de calmer son mari.. mais étant mère au foyer, Henry lui rappelait très rapidement
"qui payait les factures dans cette maison" et ça, c'était toujours le signal de la boucler.
Il ne faut pas penser le pire, jamais Henry n'a été violent envers sa femme ou son fils. Il était rude, mais ce n'était pas un homme violent. Il était plutôt ce qu'on appelle de "la vieille école" comme maman disait souvent. Il était du genre à ramener tout l'argent dans le nid familial, la majorité des décisions lui revenaient donc. Quand est venu le temps pour Leo de choisir ses études supérieures.. c'est évidemment Henry qui prit la décision finale. Après tout, c'est lui qui payait les études de son fils. Même si Leo se qualifiait très bien pour une bourse en tourisme pour ouvrir son propre bar, son père refusait qu'il accepte cette offre.
"Franchement, je peux te payer ta bourse et toute la ville le sait. T'essaies de me faire honte, Leonard?" Et comme à toutes les fois que son père l'appelle
Leonard, il a envie de hurler à pleins poumons.. mais c'est interdit chez les Kingston. Il faut garder son calme et la tête froide quand ton père te lance comme une bombe:
"Je te paie la bourse pour un master en éducation." Alors que toi, tu rêves d'ouvrir ton bar pour accueillir les touristes, t'as l'impression que ton monde s'effondre, mais t'arrive à répondre avec un calme olympien que tout est parfait.
La bonne chose de l'Université, c'est la liberté. Bien que l'Université Victoria de Wellington ne soit pas si loin de la maison, Leo a réussi à avoir l'accord de son père pour vivre dans la résidence d'étudiants. Il a prétendu qu'il sauverait du temps sur ses études et que ça lui permettrait de gagner un peu d'indépendance.
"Au moindre faux pas, tu reviens à la maison Leonard." Lui avait dit son père et bien sûr, Leo ne s'est jamais fait prendre quand il se saoulait à un point presque alarmant. Être un Kingston a ses qualités et ses défauts, mais l'une des qualités, c'est que le côté tyrannique d'Henry Kingston n'était pas inconnu du grand public. Alors tout le monde mentait pour Leo, pour qu'il puisse vivre une vie d'étudiant normal sans avoir avoir un père frôlant la psychopathie collé au cul. Tant qu'il gardait de bonnes notes, ce qui n'était pas difficile, rien ne pouvait révéler à son père sa vie de débauche à l'Université. Il a fréquenté plusieurs filles sans lendemain, parfois pour quelques jours ou semaines, et il n'a pas peur de l'avouer. Il avait une belle gueule, il le savait et il en a joué souvent dès qu'il a goûté à la liberté hors de la demeure familiale. Malgré sa vie plus qu'occupée à l'Université, il ne manquait aucun appel avec sa mère. Même adulte, sa mère est et sera toujours l'une de ses amies les plus proches. Un vrai p'tit garçon à sa maman.
Qui dit fréquenter plusieurs étudiantes dit forcément tomber amoureux et pour ça, l'amour, Leo est tombé bien bas. Il l'a rencontrée alors qu'ils étaient en dernière année d'études à l'Université. Ils n'avaient que 26 ans tous les deux et c'était presque un miracle qu'ils ne se soient pas croisés depuis le début de leurs études. Mais dès qu'ils se sont vus, ce fut le coup de foudre.. enfin, pour lui. Leo termina ses études avec sa nouvelle petite amie au bras et après deux années en couple, il demanda la belle en mariage. Bien sûr, elle accepta, mais il ne se doutait aucunement qu'elle ne voulait que le nom venant avec le beau. Leo n'avait que 28 ans à l'époque, il voulait être marié avant ses 30 ans, avoir un enfant, une maison, un chien.. bref, la vie si peu originale que tous les couples amoureux veulent. Il n'en demandait pas beaucoup et la belle tomba enceinte, au plus grand bonheur du futur père.. qui n'était pas Leo Kingston à la surprise générale.
Durant la dernière année où Leo était avec sa fiancée, celle-ci avait une liaison avec un autre homme qui étudiait auparavant à la même Université qu'eux. Leo étant professeur à temps plein, il n'a jamais pu s'apercevoir que sa future femme partageait déjà son lit avec un autre homme. Le choix le plus intelligent aurait été de l'avouer aux deux hommes, mais non. Elle a dit à son fiancé être enceinte, croisant les doigts intérieurement pour que le bébé soit bien de lui et ce n'est qu'à l'accouchement que la vérité éclata. Voyez-vous, Leo peut parfois être bien bronzé s'il passe tout l'été au soleil, mais jamais il n'aurait le teint de peau d'un espagnol. C'est donc à la dure qu'il a apprit que sa fiancée se tapait son
"meilleur ami de l'Université". Dire qu'il a souffert de cette trahison n'est qu'un faible mot. Leo a été habitué de tout avoir facilement et que tout reste de façon permanente. Malgré son éducation rude, il a eu la vie extrêmement facile. Il a pleuré comme un bébé pendant plusieurs semaines, plusieurs mois même, mais la belle n'avait pas terminée. Bientôt, mais pas tout de suite.
Pendant quatre longues années, ce fut une partie de chat et chien. Durant deux mois, ils étaient inséparables, proche d'officialiser à nouveau les choses et pendant les trois mois qui suivaient, ils ne se voyaient que pour coucher ensemble. Le problème dans tout ça, c'est que Leo s'est laissé faire seulement par amour. Il l'aimait profondément. Voir son rêve partir en fumée et passer le cap des trente ans sans l'avoir réalisé lui faisait un mal atroce. Alors il pensait qu'en continuant de s'investir avec la belle, tout finirait par revenir en ordre. Elle finirait par l'aimer pour autre chose que les bénéfices qu'il pourrait lui offrir. Sauf que pendant quatre années, Leo se faisait écraser. Il continuait de travailler pour le Ministère et continuait de rédiger ces foutus examens pour ces foutus gosses. Il continuait de voir cette fille qui le torturait depuis presque 10 années déjà et le pire, c'est qu'il acceptait cette décision. Il acceptait cette vie, tant qu'il avait la fille, la maison et le gosse, mais bien sûr.. le gosse n'est jamais venu et inventuellement, la fille n'est jamais revenue. Il n'était pas forcément malheureux, c'était comme quand il était gosse, il avait seulement cette impression de vide qui ne se remplissait jamais. Tout ce qu'il avait était une maison trop grande pouvant aisément accueillir une femme et un enfant. Il a passé son 33ème anniversaire seul. La première fois que cela lui arrivait depuis 10 ans. Pleurer le jour de son anniversaire a été difficile pour lui, mais au moins, la
belle était partie. Comme le proverbe le dit si bien,
"après la pluie, le beau temps".
Après que son ex ait officiellement quittée sa vie, Leo commença forcément à déprimer. Il n'appelait plus personne, aucun ami, aucun membre de la famille. Il était passé en mode silence radio et il fut surpris de voir devant chez lui son père. Vous vous doutez sûrement qu'à cause de son éducation, Leo n'avait jamais été très proche de lui. Il était reconnaissant des opportunités qu'il lui avait offert sur un plateau d'argent, mais sa rudesse les avait éloignés.. et avec raison. Pourtant, Henry Kingston se tenait bien devant la porte, prêt à tenter de renouer le contact avec son fils. Depuis cette soirée, les hommes de la famille se sont beaucoup rapprochés. Leo a pu vider son coeur sur tout ce que son père lui avait faire vivre qu'il avait détesté. Henry n'avait jamais vu les choses sous cette perspective et il s'en est voulu de ne pas avoir remarqué comment il affectait sa famille. Rapidement, ils ont passés plus de temps ensemble à apprendre à se connaître, à se rapprocher après tout ce temps et ce fut à la surprise générale que l'état de Leo s'améliora grâce à son paternel. Il avait pu lui partager son rêve détruit de bar et son père était enfin prêt à l'aider. Après tout, grâce au poste de Leo au Ministère, Henry avait obtenu plusieurs contrats pour des écoles en Australie. Il pouvait bien financer le rêve qu'il avait détruit de son fils.
"C'est la moindre des choses à faire, mon fils."C'est il y a cinq ans que sa vie a changée sans même qu'il ne s'en rende compte. Il fit la rencontre d'un homme qui deviendrait son meilleur ami. Rapidement, les deux hommes sont devenus très proches et jamais Leo n'a jugé les tendences.. disons infidèles de son meilleur ami. Après tout, ce n'était pas son problème si son pote avait envie de coucher ailleurs, mais ça a changé quand il s'est mit à sortir avec cette petite nouvelle: Sutton Fitzgerald. Leo sait qu'en trois années de relation, son meilleur ami a trompé au moins une fois sa copine... avec la soeur de celle-ci. Même Leo n'est pas du genre à ne garder qu'une conquête et même lui qui se fiche habituellement de ce que son pote fait, il se rend compte que Sutton ne mérite pas ça du tout. Ce n'est pas que ça l'atteint, mais cette femme est bien trop bonne pour lui et savoir qu'elle se fait jouer sans même le savoir le titille un peu plus qu'avec les autres filles. Ce n'est pas de ses affaires, mais Leo a quand même un minimum de morales. Il ne dit rien, mais intérieurement, il bouille un peu. Surtout que tout ça se passe avec la soeur de Sutton. Et même si Leo respecte en général le
"bro code", se taper la soeur de soeur de sa petite amie dépasse une frontière que même le bro code ne peut réparer.
Jamais Leo n'aurait cru jouer à un tout autre jeu avec Sutton pour se venger de son petit ami. Jamais Leo n'aurait cru accepter non plus, mais en même temps, il s'est toujours demandé quel goût pouvait avoir ses lèvres. Ne pensez pas qu'il soit amoureux, il est surtout intrigué par Sutton. La seule femme qui le fait sentir moins vide depuis des lustres. Et ce n'est pas que Leo n'a pas essayé. Il a goûté aux plaisirs de la chair depuis son célibat, mais Sutton a toujours été attirante à sa façon. Même avec son caractère qui clash parfois avec le sien quand ils se croisent.