all of them dreams

surrounded by nothing but the nothing's surrounded by us, but it's juste me in my room with my eyes shut
printemps (mars?avril?) 2016
Il y a les boucles de ce garçon qui coulent sur ses sourcils ; il les a très broussailleux. Il y a autour le manque d'espace des chambres étudiantes et des vêtements au sol, il y a sur le drap une tâche de café, il y a sous le lit un sommier bossu. Il y a au milieu deux adolescents qui se regardent en chiens de faïence. Les ruptures comme celles-ci ne sont pas romanesques comme elles devraient l'être, il n'y a que l'embarras et le drôle de sentiment de dire au revoir à une personne pour la dernière fois, probablement - c'est toujours curieux de savoir qu'on ne verra plus jamais quelqu'un. Bien sûr, il peut y avoir de la tristesse ou de la colère ou bien les deux, mais c'est en réalité ici des émotions d'arrière-plan. Quand on ne s'est pas aimé assez - on parle de durée et d'intensité - cela semble trop peu pour se quitter formellement. Une rupture amoureuse sans amour, ça n'a pas de gueule.
Lola était là à se dire qu'elle aimerait être ailleurs, n'importe où plutôt qu'ici, au sortir d'un début d'amour qui n'aura ni milieu ni fin, comme tous ceux avant. Elle avait les yeux levés pour éviter ceux du garçon, et devant ses yeux, il était un mur (...)

vers 2012

(...)avec en son centre un poster. Il y en avait d'ailleurs d'autres autour, mais il est là question de celui-ci puisque c'est celui-ci que regardait Lola. Elle en aimait bien les couleurs et les formes et il la faisait penser. Pendant qu'elle regardait le poster, elle était avachie sur son lit avec un peu partout dessous et autour de son corps des vêtements essayés ou à essayer. Elle se rendait le soir à la grosse fête trimestrielle ; ce n'était pas formel, seulement il était d'usage dans sa classe de faire des fêtes où tout le monde était invité, et il y en avait généralement une qui comptait tous les trois mois. Lola avait l'espoir de s'amuser, la lassitude qui venait, et le tout se rationalisait quelque part, puisqu'elle savait au fond que ce ne serait pas marquant ni en bien ni en mal : elle danserait un peu, elle passerait du temps avec ses plus proches amis et moins avec ses moins proches amis, un garçon qui ne lui plaît pas tant que ça l'inviterait à danser, elle s'en ficherait un peu mais pas vraiment non plus. Elle écoutait un peu de musique en attendant qu'il soit suffisamment tard pour qu'elle commence à se préparer, puisqu'elle arrivera en retard comme à chaque fois. Elle avait (...)

peut-être 2004

(...)ri tout l'après-midi. Il y avait Lola, sa fratrie, sa mère, son père. Il y avait de grands arbres à aiguilles et le sable, le ciel, les sauts et tous les jouets de plage, les parasols, et tout ça qui contrastait en jaune, bleu franc, rouge et vert. C'était un jour d'été dont la lumière est comme celle d'une photo surexposée et chaque couleur est saturée, et quand on ferme ses yeux les formes restent vivement imprimées sur la paupière qui n'est plus vraiment noire - Lola garde aujourd'hui de cette journée un vague souvenir, elle etait trop petite pour en garder plus mais c'est le souvenir qu'elle raconte quand on lui demande ce qu'est la chose la plus ancienne dont elle puisse se souvenir. Ils étaient donc à la plage, elle retient les sourires et son père tout bronzé, qui la jette en l'air puis la rattrape entre les vagues, et sa mère plus loin sur la plage qui regarde la scène en riant. C'est une scène belle comme un vieux film et tout y est, d'une façon, calme bien que très vivant, et tout est simple, la tristesse est elle exclue de cet épisode. Lola avait là du temps avant de grandir, et même du temps avant de penser au temps qu'il nous reste avant de grandir. Elle était en haut... puis en bas... puis en haut... puis en bas... puis en haut... puis en bas(...)

dix-huit novembre 2016

(...)de la pente. Son coeur se soulevait très vite, ses poumons voulaient grandir plus loin que ses os, sa peau, cette pièce. Cela faisait des heures qu'elle etait accroupie sur le carrelage froid à pleurer fort, vite et continûment. Elle était seule. Plus, elle se sentait seule, de plus en plus, plus qu'avant, plus qu'on pouvait l'être, pensait-elle. Elle était pourtant chez son meilleur ami, en soirée légère. L'angoisse était revenue et son corps la lâchait. Elle savait que tout se calmerait dans plusieurs minutes ou plusieurs heures. Cela se calme toujours. Puis le calme ne dure pas pour toujours. C'est trop. Dur fort long. Elle continue d'essayer. Elle continue.