hit sale ✘ octavian

(un) octavian est le dernier de sa fratrie. il ferme la marche de caractères hauts en couleur, même si lui considère son tempérament comme quelconque. il n'est pas grande gueule, ni très extraverti. il est plutôt calme et enjoué comme la plupart des garçons de son âge. il profite de sa jeunesse, tout simplement. sa chevelure est sa seule excentricité. là où il ne peut se démarquer par son caractère, il le fait au travers de son physique. un pitre au blond exagéré, platine. la cascade qui orne son crâne lui demeure identitaire, le témoin de la seule différence qu'il a avec les autres. aspect qui se manifesta la première fois par accident. il avait quatorze ans et avait confondu le shampoing avec la teinture des mèches de sa mère. ça lui avait valu quelques moqueries, dans le foyer comme à l'école mais finalement, ça lui plaisait bien. ça lui donnait du « style ». maintenant, c'est rare que quelqu'un se retourne, surpris par son choix capillaire. de toute manière, il s'en moque. (deux) il était un enfant sage, non turbulent. déjà petit, il connaissait les conséquences lorsque l'on attirait les problèmes. on attise le risque et on finit par se faire mordre, se faire prendre à son propre jeu. lui, il préférait jouer tranquillement avec sa sœur, son frère ou les voisins de son âge. très tôt, il témoignait un attrait pour la lecture, en particulier la bande-dessinée. il la préférait devant tout le reste. avec l'école, il a dû lire d'autres ouvrages et ce, sous toutes les formes. romans bruts, pièces de théâtre exagérées, poésies dont il préférait davantage la plume plutôt que le sens. la plume, c'est important pour lui. le vocabulaire, la calligraphie. certains disent qu'il a une écriture « de fille », sous prétexte qu'il soigne ses lettres. armé de son stylo bic bleu, il est bien décidé à raser le stéréotype « t'es un garçon, donc t'écris mal. » (trois) c'est un peu un geek, octavian. s'il n'est pas plongé dans ses cours ou dehors, il est devant un écran et la manette à la main. il en était sûrement addict à un moment de son adolescence mais n'acceptait pas qu'on le considère comme tel. lorsqu'on soulignait les heures qu'il passait en ligne à jouer avec ses amis, il évoquait les dernières études montrant les bienfaits des jeux-vidéos sur le développement cérébral. jusqu'au jour où il commença à avoir des migraines, signe qu'il devait se montrer plus raisonnable. ça lui a permis d'être plus à l'aise avec l’électronique, de pouvoir ouvrir un appareil et limiter les dégâts. c'est plus un passe-temps qu'un engouement. il a pourtant participé à des tournois dans les magasins spécialisés mais n'a jamais su se démarquer, comme il peut le faire avec sa culture des comics. pour le coup, c'est sa passion. il a découvert cet univers à travers les adaptations à la télé. ses dessins-animés préférés. depuis, les bandes-dessinés remplissent une armoire entière de sa chambre. il en lisait déjà pendant que les autres enfants jouaient aux cartes pokémon. depuis qu'il a seize ans – en prétendant qu'il en a dix-huit – il participe à un concours pour gagner des places au new zeland comic con et il en gagne chaque année. tous les ans, il force invite sa famille à l'accompagner. (quatre) la famille, c'est le centre qu'il veut garder intact. c'est sa valeur sûre, le pilier le plus important dans sa vie. il est le petit dernier et pourtant, il ne s'est pas senti favorisé par rapport à ses ainés. les familles ont leur lot de problèmes, lui il ne parle pas des siens. non pas qu'il a honte mais plutôt parce qu'il ne veut pas exposer ce qu'il se passe au sein du foyer. il n'aime pas poser des mots sur les aspects négatifs, ça le contrarie encore plus. il préfère écouter le discours complexe des autres et essaie de relativiser pour eux car après tout, on n'a qu'une famille. ça, ça le rassure. les mots réconfortants, il en a eu besoin pourtant, lorsqu'il a appris le décès de son père. le coup de téléphone qui a eu l'effet d'un poignard en plein cœur. le silence qui frappait le noyau qu'il essayait du mieux qu'il pouvait de préserver. il a beau être prudent sur ce qu'il ressent, avec eux il est transparent. les yeux qui se mouillent, le visage fermé. il n'a pas dit un mot les jours qui ont suivi. alors même qu'il devait affronter le deuil, il était inquiet en voyant sa mère désemparée. il n'a jamais hésité à l'aider, à sacrifier les veilles d'examen pour sécher ses larmes. les siennes peuvent attendre car il met sa famille avant tout. (cinq) ils étaient cinq, maintenant ils ne sont plus que quatre. pourtant, l'équation n'est pas aussi simple. le père de famille a eu une autre vie avant de rencontrer la mère du trio. vie qui aboutit à la naissance d'une fille, vivian. sa demi-sœur. ils ont vécu ensemble un premier temps mais octavian était beaucoup trop jeune pour avoir des souvenirs précis. des fragments d'événements, un visage flou qu'il essayait de contraster avec les photos. un vide que personne n'oubliait et dont personne ne parlait. il voyait le visage déçu, peiné, de son père lorsque quelque chose évoquait sa fille absente. il percevait les signaux du patriarche lorsqu'il était à la maison. pour ce dernier, les repas de famille avaient une part insignifiante car il en manquait une. il ne lui en a jamais fait part. octavian l'a compris tout seul avec les années. le regard fuyant, ponctuellement, parmi les rires des enfants. il ne l'a jamais eu, ce regard. il ne la connait pas. néanmoins, il aimerait. surtout maintenant que le parent s'est envolé. c'est ce qu'il aurait voulu, que la fratrie soit entière. le seul hic, son grand-frère ne semble pas de cet avis. et il ne veut pas le froisser. il est donc là, à attendre que la situation se désamorce d'elle-même. (six) il a sa petite routine et semble y être attaché. chaque matin, la tisane dans la main, le bol de céréales dans l'autre. le café, pour lui, ça ne se boit pas. c'est juste bon à mettre sur le tiramisu. il mange toujours les mêmes céréales depuis son enfance et redécouvre la boîte tous les matins. il n'y a pas de débat, le lait se met toujours après et n'a jamais envisagé le contraire. n'ayant pas encore le permis, il prend le bus pour aller à l'université, moment qu'il consacre à écouter la radio et à réciter la dernière leçon. lorsqu'il mange sur place, il amène toujours son repas car il trouvera toujours quelque chose qu'il n'aime pas dans le menu de la cantine. il est un peu difficile avec la nourriture. par exemple, il incapable de manger les champignons, les viandes saignantes et tout particulièrement les carottes cuites. il préfère la sécurité, en apportant ce qui vient de chez lui. enfin, lorsqu'il rentre, il travaille et se divertie de différentes manières. il peut aussi bien regarder une série, surfer sur le net ou aider à la préparation du repas. même s'il est plus du matin, le meilleur moment pour lui reste la fin de journée. la tranquillité après l'effort. (sept) depuis aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours eu peur de l'altitude. que ce soit sur un rocher en hauteur ou sur le plot de piscine, octavian est mal à l'aise. il se sent désorienté et il a littéralement peur de tomber. la chute lui semblerait infinie, comme un piège indéfectible. lorsqu'il traverse un pont, il regarde devant lui et s'éloigne au maximum du bord. tourner la tête vers l'eau lui prend au cœur et peut le paralyser de la tête aux pieds. un de ses amis a eu comme idée de le trainer sur un pont suspendu afin qu'il « affronte sa peur ». ça fait deux ans qu'il ne parle plus à cet ami. inutile de lui demander s'il veut faire du parachute ou du saut à l'élastique. c'est certainement pas son rêve. (huit) à l'école, il était ce genre de garçon discret au début de l'année, mais relativement décontracté à la fin. une nouvelle classe, c'est une nouvelle aventure. il avait besoin de s'acclimater et ça demandait du temps. il a toujours été sérieux et travaillait régulièrement. il n'est pas adepte de la révision de dernière minute, ça le stresse plus que ça ne l'aide. il est comme ça. une accumulation d'informations au dernier moment, ça l’assomme et il peut définitivement perdre ses moyens. souvent, il aime bien prendre le temps d'analyser les choses, même en dehors des cours. il préfère avoir une vision d'ensemble avant d'entreprendre quelque chose. toujours dans une logique d'organisation, d'évitement de l'imprévu. il finissait presque toujours ses travaux une semaine avant la date butoir et avançait ses devoirs au maximum. il ne faisait pas ça pour son goût pour les études, mais plutôt pour se garantir du temps libre. à vrai dire, dès son entrée au collège, il attendait l'enseignement supérieur, l'université. les enseignements généraux, ça l'ennuyait. les sciences et la littérature, surtout. lui, il préférait les cours où on abordait l'actualité, où on poussait la réflexion à grande échelle. la géopolitique et les langues. d'ailleurs, il a eu un correspondant russe durant ces deux dernières années. territoire à la politique controversée, il n'en reste pas moins intéressant. il n'est pas bilingue mais il a de quoi se débrouiller s'il venait à visiter le vaste pays. tout ça, ça l'a guidé vers les études de droit. il ne sait pas où ça va le mener maintenant mais au moins, il est investi complétement. (neuf) il va très peu en soirée. déjà parce qu'il n'est pas vraiment du genre à rester éveiller toute la nuit. son horloge biologique est rigoureusement réglée. qu'il se couche à 22h ou à 2h du matin, il se réveillera dans tous les cas à 6h. et puis, l'atmosphère qui s'y dégage le gêne rapidement. l'alcool, les autres substances, la musique beaucoup trop forte. pour lui, il y a d'autres manières de s'amuser. pourtant, il rit bien quand il s'y trouve mais préfère se mettre en retrait de l'ambiance car il n'aime pas l'alcool, n'a jamais fumé et ne le fera probablement jamais. octavian, c'est celui qui boit l'ice tea et qui cache les bouteilles des plus grands buveurs pour éviter que ça ne finisse mal. certains le poussent à se laisser aller mais il résiste toujours. après tout, il n'a pas envie de connaître la gueule de bois le lendemain. les zombies, c'est sympa à regarder dans les séries mais en devenir un, non merci. (dix) les aliments qu'il aime, il sait les cuisiner. octavian n'est pas un grand chef mais il a le mérite de savoir suivre une recette sans mettre le désordre dans la cuisine. les recettes, c'est ce qu'il préfère. il fait preuve de rigueur, il est minutieux. par contre, il déteste quand elles ne sont pas claires, compréhensibles. entre le vocabulaire culinaire qu'il a du mal à assimiler et les problèmes évidents de syntaxe, il s'énerve souvent. ce n'est pas rare qu'une insulte vient s’immiscer dans la préparation du repas. les mots, c'est sa façon d'extérioriser sa frustration. par contre, après de nombreuses années à vivre dans la même maison, il vient tout juste de comprendre comment marche la machine à laver. entre la lessive, l'adoucissant, les détachants. il se perdait dans tout ça. il avait essayé pourtant. résultat, les vêtements de toute la famille avaient rétréci, y compris le costume de travail du père et la robe préférée de sa sœur. il s'en est voulu et s'est juré de ne plus toucher à cet engin futuriste jusqu'à ce que les chercheurs aient trouvé un moyen simple d'accomplir cette tâche du quotidien. ainsi furent créées les capsules de lessive, le graal salvateur. merci l'innovation. (onze) il a un problème avec les animaux. il n'a jamais voulu avoir un animal de compagnie lui. c'est pas qu'il en ait peur. il ne supporte juste pas leur présence. rien que l'idée qu'un chien ou un chat daigne s'aventurer dans sa chambre lui donne froid dans le dos. quitte à vouloir s'occuper de quelque chose, il préfère prendre une fleur. surtout si cette fleur pourra donner des fruits. c'est joli et c'est mangeable. néanmoins, il ne critique pas ceux qui en ont. il leur explique juste qu'ils devront les laisser chez eux avant de venir chez lui. c'est la seule règle qu'il impose dans le foyer familial. (douze) dans son téléphone, il y a toute sorte d'applications. des réseaux sociaux, des journaux, des jeux et des plateformes musicales. il écoute surtout les musiques récentes mais il y a quelques exceptions dans ses playlists comme les comédies musicales. il fait partie de ces personnes qui ont l'impression que le monde s'écroule lorsqu'ils ont oublié leurs écouteurs. une journée sans musique, c'est comme une crêpe sans nutella. c'est triste.