Give me just a little more time ♫

(1) Quatre ans, un âge ou un gamin court partout, saute de joie. Pas toi. Toi à cet âge t'as été envoyé dans un centre. La raison ? Un père absent. Qui est parti peu de temps après ta naissance. Pourquoi t'avoir reconnu ? Bonne question. T'as jamais demandé. Une mère qui essuyait les bars à la recherche d'un nouveau mec. Clairement tu n'as jamais été désiré. Deux gamins qui traînaient trop dans la drogue, l'alcool, puis tu es arrivé et rien n'a changé. Absolument rien. Alors le gamin que tu étais a fini dans un centre. Parce que c'est là-bas que finissent ceux qu'on ne désire pas. (2) Au début, tu y a cru, comme tous les gamins. Que tu allais trouver une famille, qu'on voudrait de toi. Puis petit à petit cette flamme s'est éteinte. T'as compris qu'on t'adopterait jamais. Gamin a problème, voilà ton étiquette. Comment tu as fini dans le coin ? Parce qu'un jour une famille a fait une « sélection », mot que tu emploies, mais réaliste. Une famille dans le coin voulait adopter un charmant petit anglais. Toi ou lui. Lui ou toi. Vous avez été envoyé ici car ils pouvaient pas venir. Résultat ? Aucuns de vous deux, mais vous.  (3) Vous aviez que douze ans à l'époque. La vie ne vous avez pas gâté, vous avez été baladé de centre en centre. Mais vous vous étiez trouvés. Ta moitié, ton roc. Vous promettant de ne jamais vous quittez. Avançant à deux, parce que c'est mieux que seul. C'est ce que tu t'es toujours dit. À cet âge vous avez arrêtés de croire qu'on voudrait de vous. Toi ça t'étais égal. Lui aussi. Vous saviez que c'était mort. Qui voudrais de deux gamins à problème ? Ouais parce que vous avez continué à en créer. (4) Un jour, t'en as eu marre de tout cela et t'as pris la porte. Le centre t'y a jamais remis les pieds. Trop, c'était trop à tes yeux. T'avais juste dix sept ans, mais tu savais que ça ne servait à rien. Tu voulais ta liberté et Stue t'a suivi. Parce que vous ne pouviez pas vivre l'un sans l'autre. Lui c'était le frère que la vie t'avait donné. T'as même arrêté les cours, parce que clairement : t'en avais rien à secouer et qu'en plus tu étais pas si doué que cela. (5) C'est là que les galères ont commencé. Pas d'argents en poche. Pas de diplômes. Pas d'avenir. Pourtant vous avez pas baissé les bras. Allant de villes en villes. De canapés en canapés. Trouvant des petits boulots par ci, par là. Vous vous en foutiez à l'époque, vous étiez là l'un pour l'autre. Aucunes filles ne s'étaient mis entre vous. Parce qu'il était comme toi : incassable. L'amour vous en étiez presque allergique. Toi t'en as jamais eu rien à faire. La raison ? Peut être parce que tu n'as jamais connu cela. Qu'on t'a jamais montré ce que c'était .. allez savoir. Tu t'en moques. (6) Puis la vie est une pute, avec un grand p majuscule. Tu le savais, mais elle t'a donné un coup de plus. Un coup qui t'a foutu à terre. Un coup d'où tu n'aurais jamais pu te relever. Elle t'a pris la seule personne qui comptait pour toi : Stue. Faucher par une voiture un soir en rentrant du boulot. Il n'avait que vingt et un an et la vie devant lui … Tu peux revoir les lumières des fards, le son des pneus et lui … pas un crie. Rien. Tu le revois s'écrouler à terre. Ce cauchemar il reste en toi … Parce que tu as imaginé des tonnes de scénario pour lui sauver la vie … mais rien. Rien. Voilà ce que tu as fait. (7) Suite à ça, t'as pris tes clics et tes clacs et t'es jamais retourné sur les lieux du crime. Tu ne pouvais pas. C'est ainsi que tu es arrivé à Wellington et qu'étrangement ta vie a changé. Une main t'a été tendu, la sienne. Celle du gars qui est rapidement devenu ton protecteur. Cet homme de confiance qui t'a filé un job, une vie. Certes ce job n'est pas recommandable, mais tu t'en moques. Grâce à ça, tu as pu te prendre un appartement … commencez une nouvelle vie.  (8) Un nouveau démarrage n'allant pas seul et tes débuts étant difficile, tu as fini par craquer et t'as accepté de prendre des colocataires. C'est là que ce spécimen est entré dans ta vie. Par moment tu le regrettes, mais dans le fond ça te fait du bien. Noam il apporte de la vie dans l'appart et du bordel aussi. Plus que toi. Puis y a eu Jill et à présent tu n'es plus « seul » mais dans le fond ils ne connaissent pas le vrai toi. T'as pas envie de les effrayer. Tu restes ce gars protecteur, ce 'grand frère'  parce qu'étrangement avec eux tu peux. Puis ils cherchent pas à en savoir plus sur toi et ça te va. Comme tu cherches pas à en savoir plus sur eux, vous vous acceptez tel que vous êtes. Des colocataires. Rien de plus. (9) Des conneries tout le monde en fait et toi le premier. Seulement ça faisait un moment que la vie n'avait pas été une saloperie avec toi. Voilà qu'un deal a mal tourné. Tu ne saurais pas dire ce qui s'est exactement passé, mais tu remercies cette bitch de n'avoir rien sur toi ce jour là. Tu aurais pu avoir pire, l'autre type a pris. Le business de Delfino est sauf, mais tu t'en veux. T'as été con et inattentif, ce qui ne te ressemble pas. Seulement tu as vu un visage et t'es reparti dans le passé. Tu n'y penses plus, à ce visage, à cette connerie tous les jours .. tous les jours où tu te rends à l'église. Enfin pas vraiment tous les jours, mais tu y vas. Parce que c'est ta punition. Tu aurais pu avoir pire. Bien pire. (10) Y a cette gamine qui te laisse pas indifférent, mais ce n'est qu'une gamine et tu ne peux. Tu ne peux songer autrement … pourtant t'aimes bien l'emmerder. T'aimes bien être dans ses pieds. La voir faire cette petite tête. T'aimes bien être proche d'elle. Tu ne sais pas pourquoi. Tout comme tu ne sais pas que c'est la fille du mec que tu respectes le plus au monde. Ce gars qui t'a sauvé. Qui t'a permis d'avoir une revanche sur ton enfance. Ce gars qui a une fille et que t'as jamais fait le rapprochement … pourtant t'es déjà allez chez lui… mais non. Non tu n'as jamais fait le rapprochement entre lui et elle … ce petit fruit défendu …  (11) Chacun a ses vices et toi tu fumes. T'as commencé assez jeune et depuis tu ne peux t'en défaire. T'as besoin d'avoir ce petit filtre entre tes lèvres. T'as besoin de ta dose de nicotine par jour. Tu bois aussi, avec modération ou pas ça dépend des jours. Toute façon tu t'en fous, tu n'as de compte à rendre à personne. T'es juste toujours clean pour ton job. (12) Le sommeil ce n'est pas quelque chose que tu cherches. Tu dors peu ou presque pas. Ça te manque pas. Lorsque tu es fatigué, tu t'éclates la tronche sur ton lit et on te voit plus durant des heures. Tu peux tenir avec juste deux trois heures de sommeil par nuit. C'est pour ça que tu vis très bien ta double vie.  (13) Y a ce fantôme du passé qui revient et tu ne comprends rien. Les cauchemars de l'accident se font plus intenses. Pourtant c'est lui que tu as vu cette nuit ou alors .. un sosie ? Tu n'y crois pas, voir peu, mais ce gars tu l'as revu … et si c'était lui ? Non les fantômes n'existent pas et Stue n'existe plus …