blue is in the sky (petunia)

(LES APPRÊTS) Son attirail n'a rien des pétales d'une fleur, il n'y a pas de corolle de couleurs ni de nectar présenté en son cœur. Ce n'est que du noir - endeuillée par tous les temps, que le gris d'une héroïne hitchcockienne, et du crème par les jours de beau temps. Les coupes sont elles-mêmes simples, droites, des lignes et des longueurs parfois tristes, des ourlets précis et de rares drapés sérieux. Le vestiaire est masculin, les manteaux sont larges et longs, les costumes d'homme eux-même enfilés sans intention réelle de les décaler. C'est élégant - parfois, mais c'est sombre. Les matières sont belles pour le moins, pour sauver sa coquetterie amputée de sa vraie définition. Ce sont les mocassins et les derbys qui claquent le sol, la veste à chevron posée à même ses frêles épaules. Des talons parfois, mais eux savent que trop bien ralentir sa course contre le monde. (LA MER ; LA MÈRE) Les deux qu'elle déteste sans toutefois en connaître assez, la mère qui n'est plus dans son cœur depuis longtemps, mais dont les absences répétées sont regrettés. C'est sincère - elle aurait aimé qu'elle soit là plus souvent, moins avec l'autre, moins avec le premier et unique mari qui n'est pourtant pas son père. Plus avec elle, sa fille. Plus à l'aimer, elle. Petunia ne comprend pas ce qui cloche pour que la mère l'ait si peu aimée, ce qu'il a fallut pour qu'elle privilégie la relation construite et choisie à celle imposée - c'est peut être du bon sens. La mer elle, est trop impétueuse pour qu'elle se voit l'aimer, et ce même par les poèmes qu'il est si courant de lire. La mer emporte les hommes et avale les navires - ça passe du chaos à l'absence. C'est sa mère la mer, des promesses qui se jettent sur les rochers, des trésors qu'on ne reverra jamais et des mutineries plein le cœur. (LA BAGUE) Trouvée dans un magasin de bord de rue, vendue comme une farce au milieu des fantaisies, délivrée sans écrin pour quelques pièces. La pierre est jaune, faux diamant sur métal sans valeur. Mais elle brille fort à la lumière - ça fait des paillettes sur ses alentours. Il ne fallait pas qu'elle coûte plus cher, pas qu'elle soit inestimable ni même estimable - qu'une babiole pour étayer la ruse. Quand elle est à sa doigt, on l'aborde moins. On est moins grossier, on est moins à glisser des insanités dans des phrases anodines. Quand on l'invite à boire un verre c'est sa main qu'elle agite sans une flexion du regard. Parfois on lui rétorque qu'elle est trop jeune - ça ne la fait même pas sourire. L'âge ne devrait être une condition de rien - et elle repart chez elle avec sa bague en toc et le fiancé inventé. (LA FOULE) Elle les déteste, les individus - elle les regarde et n'éprouve rien d'autre que du dégoût. On peut la comprendre, on peut s'y faire. Leur contact direct la fait frémir, et c'est bien pour ça qu'elle ne parle presque pas, se contente d'avoir un regard dur et sans amour - on ne l'approche pas. Mais pourtant, Petunia est assez sage pour savoir que ce n'est pas en se coupant du monde que sa vie est plus tranquille. Alors si elle ne se lie pas à l'individu, à l'unique, elle se met souvent au milieu de la foule pour écouter et s'imprégner. Au milieu d'un restaurant, à ouvrir ses oreilles, à penser enfin. La foule ne lui parait pas aussi agressive qu'une personne, car la foule est impersonnelle, multiple et inconnue. (LES SENTIMENTS) Ils sont rugissants quand elle se laisse faire, s'attache un peu trop rapidement, se laisse attraper par un cœur ouvert. Petunia fait attention à ne pas aimer et à ne pas connaître la personne qui est en face d'elle. Car c'est fatal de connaître et ça la conduit à des sentiments. Que ce soit de l'amitié ou de l'amour, ça fait bien longtemps qu'elle s'est dit que ça ne vaut pas la peine. Alors elle est froide et acerbe pour décourager tout le monde, un peu détestable. Ca marche parfaitement, personne ne s'aventure plus loin.

//chanson préférée logical song, supertramp - car elle s'y retrouve, car elle a l'impression que ça parle d'elle. //plat préféré le pain perdu - elle le fait à la brioche, elle y rajoute des tas de trucs sucrés qui ne sont pas dans la recette base, mais ça un goût d'enfance. //saison préférée l'automne - la couleur des arbres, le temps qui permet de se couvrir sans être engoncé. La fin de l'été, surtout. //couleur préférée c'est le rouge sans hésitation, qu'on retrouve parfois sur ses lèvres à défaut de ses vêtements. Car cette couleur vibre, est intense, passion. //plus grand rêve qu'on ne la questionne plus, qu'on ne la remette plus en question parce qu'elle est jeune, parce que c'est une fille, ou parce que qu'elle ne sait pas nouer des relations.