jarvis ✯ a dream is a wish your heart makes

Onze ans plus tôt…
T'avais fini par prendre l’habitude d’être célibataire, cette sensation est étrange désormais, celle d’être seul à une table au restaurant, ou bien de ne pas avoir besoin de rentrer à la maison en faisant attention de ne pas faire trop de bruit, ou encore de ne pas avoir à attendre vingt minutes qu’elle soit prête dans 5 minutes… comme elle avait l’habitude de dire. T’es en retard, c’est souvent le cas, tu devais retrouver des amis dans ce nouveau bar à vin, et ils sont déjà en train de discuter joyeusement lorsque tu arrives. Ils t’ont vu et te font signe en t’appelant de leur table, mais tu n’entends pas tout de suite et tu les cherches du regard. En scannant la salle du regard, tu la vois, elle est l’image de l’insouciance, son visage rieur et sa spontanéité pétillante t’ont arraché un sourire presque un peu benêt. Elle ne t’a pas vu, elle est avec un groupe d’amis elle aussi,  mais toi t’as cette sensation étrange au fond de tes entrailles… tu n’arrives pas vraiment à mettre le doigt dessus, mais y’a un truc à propos de cette fille qui t’attire, qui te plaît, et c’est même la première fois depuis l’enterrement que t’as réellement envie d’approcher quelqu’un, de tenter quelque chose, de laisser, peut-être, la magie opérer. Avant, tu ne pouvais t’empêcher d’éprouver une certaine culpabilité à chaque fois que tu ramenais une femme chez toi, juste pour une nuit, juste pour partager un moment de tendresse. Et là, ce soir, un petit quelque chose s’était produit, qui avait fait que cette sensation n’était pas venue te narguer.

Trois ans plus tôt...
Pendant que la jeune femme s’affaire avec ses aiguilles, tu repenses à vous, à elle, à cette relation qui s’est construite tout doucement. Tu te souviens qu’elle t’avait dit non. Tu l’avais raccompagnée chez elle, vous aviez marché dans les rues, sous le couchant, et arrivés devant sa porte, tu te souviens comme si c’était hier. Tu l’avais embrassée, doucement, t’avais enlacé sa taille, et puis finalement, au bout de quelques instants, elle s’était détachée, un sourire malicieux aux lèvres. Elle s’était avancée, sortant les clés de son sac, vers la porte, et elle t’avait dit que ça n’irait pas plus loin.. Pas ce soir… Tu ne l’avais pas vu venir et sur le coup t’avais été un peu déstabilisé, mais en fait, t’avais trouvé ça beaucoup plus sexy que si elle s’était donnée à toi après ce troisième rendez-vous. Le tatouage prend forme, tu arrives à lire les deux premiers chiffres de cette date funeste, ta paternité refusée.

Aujourd'hui...
Aujourd’hui…
Tu n’es pas quelqu’un qui abandonne, qui baisse les bras lorsque les choses vont mal. Comme lorsque tu es à cheval et que ta monture refuses l’obstacle, tu détestes rester sur un échec, c’est plus fort que toi, tu n’y arrives pas. Dans la vie c’est pareil. Tu n’as pas oublié le fils mort né, tu n’as certainement pas oublié la détresse de Ruth, ta propre douleur face à ce nouveau coup dur, mais tu l’aimes, tu n’imagines plus ta vie sans elle, alors tu t’es accroché.
Entre deux interventions, tu parcours les sites de différents hôtels pour votre lune de miel, même si ce n’est pas avant l’an prochain. Tu as déjà quelques idées, une en réalité, mes les offres abondent et il faut faire un choix.