«
911, je vous écoute. » La femme à l'autre bout du téléphone trembla. «
Je... Il y a eu un accident de voiture. C'est horrible, il faut de l'aide. » Elle commence à paniquer, c'est la première fois qu'elle vit ça. «
Madame, nous allons vous aider. Dites nous où vous êtes. » Elle ne savait plus, n'arrivait pas à se souvenir. «
Je... je ne sais plus... La... La 95. En direction de Wellington. » «
Très bien Madame, nous envoyons une ambulance. Vous pouvez me décrire la scène ? » La jeune femme d'à peine 25 ans, tremblait de tout son corps. Elle n'avait pas hésité une seconde à s'arrêter lorsqu'elle avait vu les feux arrière de la voiture dans le fossé. Se garant sur le coté, elle avait attrapé son téléphone pour appeler les urgences. Mais maintenant elle avait peur, peur de découvrir ce qu'il y avait dans la voiture, qui il y avait dans la voiture. «
La...la voiture. Elle est dans le fossé. Je crois qu'elle à percuté un arbre. » «
Y a-t-il des blessés ? » «
Je ne sais pas, je ne vois pas. » Elle ne voulait pas s'avancer plus, mais savait qu'elle allait devoir le faire. S'il y avait quelqu'un dans la voiture, elle devrait l'aider en attendant les secours. «
Madame, je vais vous demander de faire quelque chose d'important. Il faut que vous alliez voir dans la voiture, me dire combien il y a de blessés et leur gravité, pour que je puisse transmettre les informations. Vous êtes capable de faire ça ?» Capable, elle n'en était pas sûre, mais il fallait le faire. Lentement, la jeune femme s'approcha de la voiture, une boule au ventre. Elle se dirigeât vers le côté conducteur. Toujours au téléphone, elle avait du mal à le tenir contre son oreille. Sur une dernière lancée, elle fut à la portière du conducteur et regarda enfin à l'intérieur. «
Oh mon dieu, non. Non. Non. Ce n'est pas possible. » «
Madame que se passe-t-il ? » Elle tenta de se reprendre mais ses joues étaient baignés de larmes, sa voix tremblait. «
Un homme. Le conducteur. Il est... Je crois qu'il est mort. Il ne respire plus. Et une femme. Il y a une femme aussi. » La jeune femme courut faire le tour de la voiture et ouvrit la portière passagère puis se pencha vers la jeune femme. Elle respirait. «
Elle respire. Elle est vivante. Mais elle est blessée. Il y a du sang au niveau de son ventre.» Elle posa le téléphone sur ce qui restait du tableau de bord pour tenter d'enlever la ceinture de sécurité. Mais elle était coincée. Elle tira dessus de toutes ses forces, sans plus d'effet. «
Je... N'y ... Arrive ... Pas... » Elle laissa tomber et reprit le portable pour informer la secouriste à l'autre bout du téléphone. «
La ceinture. Elle est coincée. Je ne peux rien faire. » «
Ne vous inquiétait pas Madame, les secours arrivent bientôt. » Alors qu'elle restait planté là, ne sachant pas quoi faire, rester auprès d'elle, ou aller attendre sur le bord de la route. Jusqu'au moment où elle aperçut quelque chose sur la banquette arrière. Une petite jambe qui dépassait. «
Un enfant ! » Se mit-elle à crier au téléphone. «
Il y a un enfant. » Mettant le cellulaire dans la poche, elle s'empressa d'ouvrir la portière arrière et se précipita sur le petit garçon, qu'elle sortie sans mal de l'habitacle. Il était minuscule dans ses bras et inconscient mais il respirait et ne semblait pas saigner. La jeune femme se dirigeât vers la route, et alla chercher une couverture qu'elle avait dans son coffre pour envelopper l’enfant. Il devait avoir à peine deux ans. La jeune femme s'assit sur le bord de la route, l'enfant dans les bras, le berçant comme s’il dormait et fixa la voiture où était mort un père, où était en train de mourir une mère.
Les secours arrivèrent quelques minutes plus tard. Il était trop tard pour les deux passagers de la voiture accidentée. On prononça donc sur place le décès de Marie et Henry Swann, mort dans un tragique accident de voiture. Laissant derrière eux un petit garçon, Gabriel Andrew Swann, âgée de seulement deux ans. L’enfant, trouvée inconscient, resta une semaine dans le coma, suite à un coup sur la tête. Heureusement il se réveilla sans aucune séquelle. Il allait être placé en foyer d'accueil, en attendant de savoir ce qu'on pourrait bien faire de lui.
QUELQUES SEMAINES PLUS TARD.«
Vous pouvez vous asseoir. Merci. » Le juge pris lui aussi place et contempla la salle. Encore un dossier pour une garde d'enfant. Un parmi tant d'autre. Il attrapa le dossier qui traînait devant lui et ce mit à lire. «
Nous sommes là aujourd'hui pour décider de la garde de Gabriel Andrew Swann, née le 26 juin 1991 à Hamilton, de Marie Swann, née Sandwell, et Henry Swann, décédés le 06 juillet 1993. Les seuls parents connus et encore vivant sont Mme Arianne Swann, tante d'Henry, domicilié à l'hôpital psychiatrique de San Diego. Ainsi que Mr Peter Callaghan, frère de Marie et oncle de Gabriel, domicilié à Londres, Angleterre.» Il lève les yeux du dossier et regarde dans la salle. L’oncle du petit garçon était là, assis. «
La garde revient à Mr Callaghan. » Peter relève alors la tête, surpris par cette décision. Il n’y a donc personne d’autre pour prendre soin de ce gamin ? «
Monsieur, en acceptait vous la garde ou devons-nous le remettre à la charge du système ? » Il ne savait que faire. Il ne pouvait pas adopter un enfant, pas comme ça, même s’il s’agissait de son neveu… Mais en même temps pouvait-il vraiment l’abandonner ? Pouvait-il faire ça à sa sœur ? Il finit par hocher la tête avant d’ajouter : «Serais-ce possible que tout cela reste entre nous ? Qu’il n’apprenne jamais ce qu’il s’est passé ? » Le juge le regard, intrigué, avant de finir par hausser les épaules. Après tout c’est son choix et tant que l’enfant à une famille, c’est tout ce qui compte.
HUIT ANS PLUS TARD.«
Papa c’est quoi cette plante ? » Gabriel reste perplexe devant le pot qu’à ramené son père à la maison. C’est la première fois qu’il en voit une comme ça et faut dire que ça l’intrigue. Peter passe alors à côté de lui en riant, et pose une main sur son épaule. «
C’est une plante magique, mais tu es trop petit pour savoir pourquoi. Soit un gentil gars et n’y touche pas tu veux ? Elle ne restera pas là très longtemps, juste le temps que je trouve un endroit plus adéquat. » Haussant les épaules, Gabriel lui jette un dernier coup d’œil avant de s’en détourner. Il a plus important à penser aujourd’hui. C’est son anniversaire, et il a vu la boîte du gâteau dans le réfrigérateur. Il a hâte d’y gouter, mais surtout d’avoir son cadeau. D’ailleurs, il se met à suivre de près son père dans toute la maison. «
Gabriel, ce n’est pas encore l’heure ! Soit patient. Tu l’auras au dessert, avec le gâteau. » Une moue sur le visage, l’enfant hésite quelques secondes avant de tenter une dernière fois. «
Mais il est l’heure de goûter… On pourrait peut-être le manger maintenant et comme ça après je t’embêterais plus ! » Peter éclate de rire. Ce gosse est juste extra, pas une seule seconde depuis l’accident de ses parents il n’a regretté de l’avoir adopté. Même si ce dernier ne sait toujours rien de cette histoire et qu’il demande sans cesse où peut bien se trouver sa mère. Des histoires, pour répondre à ça, il en a trouvé des tas, et il semble s’en contenter pour le moment, mais Peter sait qu’un jour où l’autre il faudra lui avouer la vérité. En attendant, il n’avait qu’à profiter des bons moments comme celui-ci. «
Bon d’accord, sors le gâteau, je vais te chercher ton cadeau ! Mais après tu me laisse tranquille pour que je puisse régler deux trois petites choses pour le travail, sinon l’année prochaine tu n’auras ni cadeau, ni gâteau. » Peter va alors chercher le paquet qu’il a caché dans son placard voilà des jours auparavant. En revenant, il constate que Gabriel à installé la table et même coupé le gâteau, dont deux parts se trouvent déjà dans les assiettes. Le paquet posé sur la table, ils mangent en silence, mais Peter peut voir l’impatience de son fils dans chacun de ces gestes. Enfin il pose sa culière et d’un signe de tête lui dis qu’il peut enfin l’ouvrir. Puis il se bouche les oreilles pour atténuer les cris de joie. Un skateboard, voilà des mois qu’il en réclame un. «
Tu peux aller en faire devant la maison, mais tu fais attention aux voitures ! »
HUIT ANS PLUS TARD.L’été de ses dix-huit ans, Gabriel s’en souviendrait toute sa vie. Outre le fait que justement il venait d’atteindre la majorité. Que pour fêter cela il avait organisé une méga fête. Et qu’en plus il venait d’apprendre qu’il avait été accepté à l’université de la ville. Tout un tas de bonnes nouvelles pour le jeune homme qui était plus qu’heureux. Jusqu’à ce qu’il rentre chez lui un jour, après une journée à la mer. Il avait l’habitude que son père ne soit pas là à son retour, et même que souvent il ne rentrait pas avant tard le soir. Gabriel ne disait rien, parce qu’il savait tout ce que demandait son travail, qui techniquement n’en était pas vraiment un. Puis ça lui permettait de vivre confortablement et de pouvoir faire un peu tout ce qu’il voulait, alors il n’allait pas se plaindre. Sauf que cette fois, il y avait quelque chose de différent. Il ne sut dire quoi en entrant dans la maison, puis il découvrir des tiroirs ouvert, un peu partout dans la maison. Tout d’abord il pensa à un cambriolage mais la TV et tout le reste des équipements informatiques étaient toujours là. Puis dans le salon, il trouva, sur la table basse, une enveloppe à son nom. Il reconnut instantanément l’écriture de son père et prit place sur le canapé pour l’ouvrir et la lire.
«
Gabriel, je n’ai malheureusement pas le temps de rester pour te dire au revoir comme je le voudrais. Juste le temps d’écrire ces quelques mots pour que tu comprennes la situation, avant de le découvrir autrement. Je suis obligé de quitter le pays, et je ne peux t’embarquer avec moi. Tout d’abord parce que tu ne mérites pas ce genre de vie, mais aussi parce que tu as un avenir devant toi qu’il te faut réaliser. Tu connais déjà une part de la vérité quant à ce que je faisais vraiment de ma vie, je ne te l’ai jamais caché. Mais tu risques d’entendre tout un autre tas de choses… Je te fais confiance pour savoir démêler le vrai du faux dans cette histoire. Tu trouveras les coordonnées d’un compte bancaire que l’on ne pourra pas te prendre. C’est pour toi, pour l’université et pour que tu puisses venir me voir une fois que j’aurais réussis à me poser dans un endroit sûr. Je te contacterais alors à ce moment-là. Enfin si tu veux toujours m’adresser la parole.
Gabriel, je tiens à te dire une dernière chose : tu as été la meilleure chose qui me soit arrivé dans ma vie et je ne regrette à aucun moment la décision que j’ai prise. J’espère que tu comprendras, et que tu me pardonneras. Je suis désolé mon fils. »
Le jeune homme posa le papier noircit de mots de son père avec une certaine incompréhension. Il savait pourquoi il avait dû partir. Il s’attendait à cette éventualité depuis qu’il avait appris ce que faisait réellement son père pour gagner sa vie. Mais la fin de sa lettre… Il n’y comprenait rien. Absolument rien. De quoi s’excusait-il ? Se doutant que ce serait mauvais si cette lettre tomber dans les mauvaises mains, Gabriel sortit son briquet et en alluma un coin avant de la lâcher au-dessus de la table basse. Puis sortant un joint de sa poche, il l’alluma aussi avant de tirer dessus tout en s’enfonçant dans le canapé. Plusieurs secondes passèrent à regarder le papier se consumer, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Alors la porte d’entrée vola en éclats sous l’assaut des forces de l’ordre.
QUELQUES JOURS PLUS TARD.« Comment ça ce n’est pas mon père ? » Gabriel était fatigué, ça faisait des heures, voir même des jours qu’il se trouvait au commissariat de la ville, tantôt dans une cellule, tantôt dans une salle d’interrogatoire. Son père était en fuite, on avait découvert le trafic de drogue dont il s’occupait depuis maintenant plusieurs années. Et bien sur les flics se disaient que Gabriel, en étant son fils, devait forcément être au courant de quelque chose. Ce qui n’était pas faux, puisqu’il avait eu droit à une lettre lui expliquant les raisons de son départ, ainsi que les informations sur un compte en banque au nom de Gabriel. Mais tout était en ordre de ce côté-là, et même s’ils ne pouvaient pas expliquer d’où venait l’énorme somme d’argent qui se trouvait dessus, il ne pouvait pas y toucher. Par contre ils restaient persuadé que le jeune homme savait où était allé se cacher son père, ce qui n’était pas le cas. « Tu va nous dire que tu n’es pas au courant que Peter Callaghan n’est pas ton vrai père mais ton oncle ? » Gabriel reste sous le choc, il ne s’attendait pas à cela, de toutes les conneries que les flics peuvent sortir pour tenter de le déstabiliser, celle là est la meilleure. « Je vous répète que je ne sais pas où il se trouve. Il ne ma rien dit. Et même s’il l’avait fait, ce n’est pas à vous que je le raconterais. Non mais sérieux, sortir des choses comme ça, vous n’avez pas honte ? » Le regard que pose le policier sur Gabriel change alors qu’il comprend que ce pauvre gosse ne sait rien du tout. Ce dernier aussi comprend qu’il se passe quelque chose, mais il ne sait pas encore ce que c’est, ni quel porté cela aura sur sa vie. Le flic tend alors un dossier vers lui et sors de la pièce pour lui laisser un peu d’intimité. Gabriel le prend alors en main et l’ouvre. Anxieux à l’idée de ce qu’il pourrait trouver dedans. Des papiers. Un certificat de décès. Un compte rendu médical pour un enfant. Qui se trouve être lui. Puis le rapport du tribunal. Qui atteste que Peter Callaghan, oncle de Gabriel est désormais son tuteur légal. Son père. Comment a-t-il pu lui cacher cela durant autant de temps ?