paint its dreams (aaron)

2010 le crépuscule domine les astres et le ciel pleure milles et une goutte. la ville de wellington révèle minuit à ses pendules et pourtant un garçon erre en solitaire. son être entier est ravagé par la pluie, pourtant il n'en a que guère faire. ses pas sont lents, accablés, car possédés par des songes moroses. il traîne une valise derrière lui, lourde, affligeante, puisque possédant tous ses biens les plus importants. il vagabonde sans quête, il ne sait pas où cheminer, il n'a plus d'endroit où demeurer. c'est un refus des traditions qu'il le mène à cet état, un refus de renoncer à sa propre personne qu'il lui a fait perdre son toit. le brun n'y peut rien, c'est un être vrai, authentique. et pour avoir réfuté l'idée de vivre comme un autre, ses parents l'ont condamné à l'exil : ils lui ont claqué la porte au nez. le cœur émietté par une sensation de trahison, le garçon se sent vide de l'intérieur. l'impression que la fatalité s'abat sur lui comme un coup de tonnerre, puisque si impuissant face à situation. ses larmes se mêlent à un rire indélicat. il est perdu, ne contrôle même plus ses émotions. est-ce sa punition pour aimer ce qu'il ne devrait pas ? il laisse sa tête tomber, puis son corps s'abandonner sur le sol inondé. allongé face contre ciel, le garçon s'aperçoit d'une chose : aucune étoile n'est là. rien, ni personne ne semble vouloir lui apporter la lumière. il n'est habité que par des ténèbres en cet instant. il n'y peut pourtant rien si ce sont les garçons comme lui qui attirent son regard. il n'y peut pourtant rien si son corps ne se réveille que par la présence des êtres comme adam. et alors qu'il ferme les yeux comme pour s'endormir et ne plus se réveiller, son rêve est gommé par de puissants néons de lumières. les phares l'éblouissent, et alors qu'il se cache le faciès de ses mains d'artiste, la berline s'arrête près de lui. le son d'une fenêtre qui s'abaisse, puis une voix douce et aimante lui conférant instantanément du baume à cet organe tambourinant sa poitrine. « je suis au courant de ta situation. alors dépêche-toi de monter dans la voiture, et viens vivre chez moi, aaron. » à ce terrible et pourtant précieux moment, sa meilleure amie s'est appelée espoir.

2016 le visage de wellington se dessine sous ses yeux. de l'endroit où il se situe, la vue est tout simplement captivante. les quartiers se meuvent à toute vitesse par la foule ambiante qui circule, et plus loin encore, l'océan pacifique fusionne avec la mer de tasman pour ne former qu'un spectacle de bleuté. alors que le soleil s’éclipse derrière les plus hauts sommets de la ville, les derniers rayons de lumière reflètent contre les vitraux, la pièce inanimée dans son dos. il peut apercevoir un travail de plusieurs années, trop longues années. celui d'un artiste impétueux, coléreux, révélant par moment des brides de souffrance toutefois masquées par une confiance chimérique. pourtant d'allure pondérée, le garçon brûle d'alacrité à l'intérieur. il n'arrive toujours pas à y croire, tout lui semble encore miracle en cet instant. il se retourne pour à nouveau river son regard sur ce studio, envahit par dizaine de ses œuvres teintées de centaines d'émotions. ce détail si imperceptible au premier coup d’œil mais pourtant si précieux pour lui ; ces étiquettes sur chacune de ses peintures. « vendues. », il laisse le mot s'attarder sur ses lèvres, comme pour se persuader de la réalité de celui-ci. pendant quelques secondes, aaron laisse planer un silence réconfortant. enfin, après six années à se lamenter d'artiste raté, son talent est récompensé. ses prunelles sont attirées par la lettre tenue entre ses fins et longs doigts. sa patience atteignant ses limites, il n'attend plus et s'empresse de l'ouvrir avec fébrilité. il y décèle un chèque blanc, accompagné d'une carte de visite rectangulaire. la somme qu'il découvre sur ce bout de papier dispendieux, est encore grande que ce qui l'avait pu une seule fois imaginer dans sa douloureuse existence. le garçon essaie de ne pas se laisser déborder par l'émotion, mais les larmes sont là, perlant au coin de ses yeux amandes. rangeant ce dernier dans l'enveloppe avec méticulosité, il inspecte la carte de cet acheteur faiseur d'espoir : un nom de société, un message, puis un numéro de téléphone. l'envie de le remercier par milles grâces devient une évidence. il attrape fiévreusement son smartphone et envoie ce sms qui va sans le savoir, marquer sa destinée : bonjour, je suis aaron park, le peintre auquel vous avez acheté l'ensemble des œuvres. j'aimerai vous remercier en personne pour votre achat. serait-il possible de vous rencontrer ? cordialement, un artiste comblé.