I got you on my mind. Ft. Ariana Hernández

Partie histoire : Tout a commencé en 1984... Quand ma mère biologique est tombée enceinte. Elle avait 16 ans, n'était pas prête à élever un enfant et assumer le rôle qui lui revenait de droit, alors qu'elle-même n'était pas devenue une adulte. Alors, en larmes et sur les bons conseils de sa mère, elle a laissé un paquet de linge dans lequel se trouvait soigneusement un bébé joyeux, à l'accueil d'un orphelinat. Et elle est partie. Laissant juste un foulard, sur lequel était inscrit en lettres brodées " Je t'aimais. M. ".

C'est quelques mois plus tard, que mes deux mères m'ont recueillie, et m'on donné tout l'amour dont on m'avait privée. J'aime sincèrement mes parents, j'ai grandi entre la Colombie et les Etats-Unis, et c'est vrai que niveau accent, c'était compliqué pour moi, au début. A l'école, certains camarades m'avaient prise pour la tête de Turc. Et comment vous dire… Ce n'était pas une situation enviable. Entre mon accent, mes deux mères lesbiennes, et ma couleur de peau qui détonnait en Amérique Centrale, j'étais la cible privilégiée des critiques assassines. Heureusement il y avait mes frères et sœurs, soudés, on l'était, autant voire plus que n'importe quelle autre famille. Je les aime tous tendrement. Néanmoins, ils n'étaient pas toujours là pour me protéger, d'autant que je suis l'une des plus âgées de la fratrie, ce qui m'a rendue par ailleurs très responsable. Un jour, alors que mes nerfs étaient entrain de lâcher, sous les moqueries de trois abrutis, il est arrivé. Mon héros, mon Xavier. Ce garçon turbulent complètement m'as-tu vu que je tenais en si peu haute estime jusqu'alors. Il les a rembarré, s'est bagarré avec eux, jusqu'au sang. Il leur a même craché dessus. Et je le regardais faire, avec un sentiment intense de reconnaissance dans mon cœur malmené. Ma lèvre fendue et mes genoux égratignés pour toute trace de cette dispute. Lui était dans un bien pire état. Cependant, tel un aigle royal, il n'avait pas l'air de s'en soucier, non. Avec un sourire confiant, et magnifique, il est venu vers moi, et m'a tendu la main, pour m'aider à me relever. " ça va ? " c'est tout ce qu'il a demandé. Mais c'est ce qui a suffit pour éveiller ma curiosité. Peut-être n'était-il pas si affreux… ? Durant les heures de colle que nous partageâmes, j'ai réussi à voir au-delà des apparences. C'était un garçon bien plus doux qu'on ne pouvait le croire. Et j'ai réussi à être moi-même avec lui. Peu à peu, on s'est mis à rire ensemble, à discuter de tout et de rien. Et sans que je m'en rende compte, il est devenu mon meilleur ami. Et cela ne s'est pas arrêté à la fin de l'année scolaire. Notre amitié s'est poursuivie par-delà le temps. A 20 ans, il est parti, néanmoins, pour la Nouvelle-Zélande. Même si nous avons gardé le contact grâce aux réseaux sociaux, cela a été un coup dur pour moi. Mais je l'ai toujours soutenu dans ses choix, j'ai même failli prendre mon sac-à-dos pour tout quitter avec lui. C'est pourquoi je ne me suis pas montrée égoïste et que je l'ai laissé partir. J'ai continué ma vie, mes études. Je me suis trouvé un bel appartement, grâce à un salaire relativement confortable. En dehors de ma vie amoureuse, tout allait bien. Profondément heureuse et épanouie, je me révélais d'une nature rieuse, pétillante, presque farceuse. Pourquoi étais-je célibataire ? Mes amis n'ont jamais réellement compris.

C'est lors d'une soirée pour mes 28 ans que j'ai rencontré Ethan… Peut-être que si Xavier avait été là, il m'aurait dit de fuir. Mais il n'était pas là… Ethan était beau, terriblement. Un homme légèrement plus âgé, charismatique, qui travaillait dans une compagnie aérienne à un poste important. J'aurais dû me douter … Que ce n'était qu'un coureur de jupons et pas quelqu'un de sérieux. Et pourtant je l'ai laissé me brûler le cœur, le corps, tout ce qu'il désirait. J'étais follement amoureuse de lui, et je pensais que c'était réciproque. Notre histoire a duré trois ans. Et nous avons eu une petite fille Pandora, âgée aujourd'hui de 4 ans. C'est pour elle que j'ai quitté Ethan. Je ne pouvais pas rester avec un homme incapable de ne pas aller fourrer les entre-jambes de ses collègues ou de n'importe quelle femme qui pouvait l'émoustiller pour la nuit. Certes, il rapportait de l'argent, mais cela ne fait pas tout. Il a soi-disant mal vécu notre séparation. Il disait que je ne comprenais pas. Qu'il m'aimait, que le sexe n'avait rien à voir avec ses sentiments. Alors, oui, je ne l'ai pas compris. Et je me suis d'ailleurs mise dans une colère noire. On s'est disputés devant Pandora, et je lui en veux d'ailleurs pour cela et les traumatismes qu'elle en aura. Elle n'avait pas à endurer notre mésentente. Après avoir mis ce connard infidèle à la porte, j'ai décidé qu'on déménagerait elle et moi.

Je sais que Xavier est à Wellington, et je veux le retrouver. Après tout ce temps, il est le seul qui sache encore me réconforter, et avec qui je me sens libre d'être moi, que ce soit en mal ou en bien. Même si je dois me montrer forte. Ethan veut la garde partagée, évidemment… Il m'a envoyé plusieurs mails et sms menaçants… Mais je ne lui fais pas confiance. Il serait bien capable de la laisser à une baby-sitter pour aller s'éclater en boîte. Alors, pour l'instant, je demande la garde exclusive. Tant pis, si cela le met en rage. Il n'a qu'à grandir, et me prouver qu'il est assez mature et digne de confiance… Pas gagné !

Dans cette ville, j'ai l'impression de pouvoir tout recommencer à zéro. Nouvel appartement, nouveau boulot, nouveau patron… Que vous dire, c'est bizarre… Mais Lukas dégage quelque chose d'extrêmement attirant. Derrière son beau sourire, et son air studieux, se dissimule une force tranquille qui m'apaise sensiblement. Je m'en suis rendue compte lors de ce verre que l'on a pris ensemble un soir. Pandora était avec Xavier, alors j'ai profité un peu de ma soirée pour me laisser tenter par un verre, pour une fois. Et Lukas s'est montré si doux, si charmant, que je n'ai pu faire que de même. J'ai senti mon cœur s'envoler à son contact, alors que durant des années, j'avais l'impression que ce dernier était entre les barreaux d'une cage trop étroite. Et pourtant, je ne lui ai pas parlé de ma vie catastrophique, non. On a échangé sur des sujets légers, amusants… Ce fut une vraie bouffée d'air frais. Celle dont j'avais terriblement besoin. Maintenant quand je le croise dans les couloirs, ou qu'il se penche sur moi, pour vérifier deux trois choses sur mon ordinateur, et que je sens son souffle chaud sur ma nuque… Je ne peux m'empêcher de frissonner, en fermant les yeux. Sans vous parler de l'accélération cardiaque qu'il provoque alors… Oui, Lukas me plaît. Mon patron me plaît. Jusqu'au bout, ma vie amoureuse sera un massacre… Pourtant j'aimerais donner à Pandora un père. J'aimerais qu'elle ait ce que j'ai eu, d'un point de vue parental : deux parents aimants.