burnin' through the sky (james)

Peut-être aurait-il du quitter Wellington définitivement. Après tout, qu'est ce qui le retenait vraiment ? Sa place était à Melbourne, chez lui, dans son appartement spacieux à vue sur la baie de Port Phillip, à quelques minutes de son travail. L'appartement qu'il louait à Wellington, il l'avait quitté, trop de souvenirs, des blessures encore trop fraîches. Rentrer en Australie lui aurait sûrement simplifié la vie. Son paternel l'avait encouragé à rentrer la seconde où il avait appris sa rupture. « Où vas-tu vivre ? » lui avait-il demandé, les sourcils froncés, une main sur la hanche, regard réprobateur. Mr Rhodes avait toujours vu d'un mauvais œil le départ de James à Wellington, sûrement de peur qu'un autre fils lui passe entre les doigts et abandonne le cabinet familial. James n'avait jamais été le premier choix de son père, juste le spare de l'héritier mais il n'avait jamais déçu son père, travaillant deux fois plus. Toute sa carrière, il l'avait passé dans le cabinet familial, à récupérer toutes les affaires dont personne ne voulait. Mais il s'en fichait, il aimait le challenge de ses affaires difficiles même si elles n'apportaient pas toute la gloire. « Gramps possède de l'immobilier à Wellington, non ? » C'est comme ça qu'il s'était retrouvé là, dans une petite maison ''mitoyenne'' de Wellington, possession de son grand-père. Deux maisons où les deux murs et les quinze centimètres de vide étaient remplacés par une magnifique ligne blanche. Peut-être un problème de bail, une incompréhension. Il aurait pu partir mais en à peine quelques semaines, c'était devenu chez lui et il ne partirait pas. Il avait déjà assez perdu récemment et il n'abandonnerait pas. Son dernier carton sous le bras, il rentra dans la battisse, la pièce à moitié vide. La majorité de ses affaires se trouvaient encore à Melbourne. Il y a six mois, il avait loué un meublé dans un immeuble des plus chics, ne comptant pas forcément prévu de rester encore très longtemps à Wellington. C'est là qu'il avait rencontré Sienna. Un jour, par hasard dans l'ascenseur, ça avait été le coup de foudre, une sensation que James n'avait pas ressentie avant. Il avait déjà été amoureux mais pas comme ça. Son ex, premier amour de sa vie, Maddie était une amie depuis l'enfance. Il la connaissait depuis toujours et les années avaient amplifié ses sentiments envers la jeune femme. La première rencontre avec Sienne avait suffi à le charmer. Elle l'avait même laissé bouche bée. Lui, pourtant si à l'aise, si sûr de ses charmes, n'avait même pas osé lui adresser la parole. Heureusement, il l'avait recroisé une semaine plus tard dans ce même ascenseur et encore une fois la semaine d'après. C'est à leur cinquième rencontre qu'il osa enfin entamer la conversation and the rest is history. Au bout de deux semaines, elle passait tout son temps chez lui. À vrai dire, James n'avait jamais mis les pieds chez elle. Son appartement était presque devenu leur appartement, James n'arrivait donc plus à vivre sereinement. « Bonjour sabaka ! » Ce n'était pas son nom mais le chien releva la tête vers lui et accourut. Il lui caressa affectueusement l'arrière des oreilles. Il était bien plus agréable que sa maîtresse. À l'étage, il déposa son carton sur le lit. Il en sortit rapidement les quelques affaires qui s'y trouvait : Une montre, une poignée de stylos, deux vieux CD qu'il avait pas écouté depuis 2015, trois bouquins, des vieux T-shirts, dont un vieux T-shirt des Ramones. Il ne l'avait pas porté depuis six mois, ce T-shirt était devenu le pyjama attitré de Sienna. Il l'approcha de son nez, il sentait son odeur. Putain, mec, remets-toi. Il sortit également une quantité incroyable de câbles dont l'utilité lui était totalement inconnue. Il sortit également une photo de famille, une vieille photo, sur la plage en Australie, son père, un bras sur chacun de ses fils, un air fier. James ne se souvenait pas de cette photo mais il l'avait toujours aimé, peut-être parce qu'elle ne reflétait pas réellement la réalité. N’interprétons rien, sa famille était tout pour lui. Il ferait n'importe quoi pour chaque membre de celle-ci même s'il ne comprend pas toujours leur choix ou idéaux. Son père avait passé sa vie à essayer de mettre ses deux fils à dos, peut-être presque inconsciemment en les comparant en permanence, en les mettant en compétition. James avait fini par en vouloir à son père pour mais longtemps, ça avait été un jeu pour lui, faire mieux que son frère, réveillant le compétiteur en lui. Peut-être était ce cet esprit de compétition instauré par son père qui l'avait toujours poussé à chercher la victoire. Son amour pour les jeux, notamment les jeux d'argent en était né. Il saisit le jeu de cartes de la boîte, un vieux démon. Le poker avait toujours été une partie de sa vie, son grand-père les faisant jouer, Paul et lui depuis toujours. Mais à l'université, cette distraction prit un mauvais tournant. Il a joint un cercle de jeu et s'est vite retrouvé submergé, perdant plus qu'il pouvait se le permettre. Il avait perdu beaucoup, vraiment beaucoup, bien plus qu'il n'oserait l'admettre. Pendant cette période, il s'isola de sa famille, il quitta sa copine, ne se rendait même plus en cours, abandonnant ses rêves de carrière pour se sentir libre pour quelques heures, pour l'adrénaline. Ses années d'université, il en avait profité au maximum, enchaînant les conneries, préférant les fêtes au bout de la nuit aux bouquins. Il en perdit Maddie, à la fois son amour et son amitié. Il rata son année. C'est là que son père intervint. James l'avait rarement vu si en colère que quand il lui annonça ses résultats. Il découvrit ses problèmes de jeu et fit tout pour que son fils s'en sorte. James prit peur, peur que tous ses rêves s'effondrent. Toute sa vie il avait voulu faire du droit, il savait où était sa place, dans la firme familial et il ferait tout pour y arriver. Perversement était un très bon qualificatif pour décrire James.  Le dernier objet au fond du carton était cette fameuse petite boîte en velours. Il hésita à saisir la boite, ses doigts frôlant le tissu. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire de ça ? Il ne savait pas ce qui était pire, qu'elle ait dit non en prétextant toutes les excuses les plus bidons ('Le problème, c'est pas toi, c'est moi', 'je te mérite pas', 'je suis pas prête pour une vraie relation' … Parce qu'on faisait quoi au juste avant.) ou qu'elle l'ait plaqué après qu'il ait décidé de mettre son honneur de côté et se battre pour leur relation. Il saisit la boîte d'une main ferme. Une nouvelle vie s'ouvrait désormais à lui.