(neva), some call it foolish, guess i'll call it art.

24 juin 2004 /12h : déjeuner avec Polly .
« T’es sûre que tu veux l’épouser ? » La blonde ne pu s’empêcher de sourire, le teint radieux, les yeux brillants, elle était amoureuse. Follement amoureuse. Elle avait déjà connu quelques histoires, des amourettes de lycéenne, rien de très important, mais depuis qu’elle était à l’université et qu’elle se sentait adulte, la donne avait changée. Elle était mature et responsable, elle n’avait plus le temps pour les amourettes, elle était encore étudiante, jeune interne en psychiatrie à l’hôpital général de Wellington et elle avait rencontré l’homme de sa vie. Il était un peu plus âgé qu’elle et il était médecin, il travaillait dans un autre service que le sien, ils s’étaient rencontré à la caféteria et ça avait été le coup de foudre. Ils n’étaient pas ensemble depuis bien longtemps, à peine six mois et elle avait déjà la bague au doigt, le mariage aurait lieu dès que le printemps reviendra, parce qu’ils n’avaient pas envie d’attendre. Elle voulait se marier et construire sa vie avec cet homme qu’elle aimait plus que tout au monde. Ils habitaient déjà ensemble alors pourquoi pas se marier hein ? Elle ne comprenait pas bien ce qui rendait son amie aussi sceptique, c’était beau un mariage, elle devrait se réjouir pour elle non ? Elle était tellement heureuse. « Evidemment que je suis sûre, alors, tu seras ma demoiselle d’honneur ? » Elle avait besoin d’une réponse rapidement, parce que tout allait aller très vite maintenant. Ils allaient vite en besogne, mais ce n’était pas grave, elle avait tellement hâte. « Okay. » Son amie lui adressa un sourire, essayant d’être vraiment ravie pour elle. Ce serait un petit mariage, mais un beau mariage qu’elle se disait Neva, parce qu’on ne se mariait qu’une fois dans une vie, alors fallait faire un truc mémorable. Elle n’était censée se marier qu’une fois dans sa vie et pourtant, sans le savoir, elle aurait cinq autres mariages comme celui là à préparer et tout autant d’échecs à essuyer.

15 janvier 2015 / 14h : Sara.
« J’ai essayé, vous savez, j’y arrive pas. » La phrase résonnait encore dans son esprit, alors qu’elle fixait l’horizon, assise sur les marches à l’entrée de chez elle, une couverture sur les épaules, les mains encore tachées de sang. Elle pourrait dire la même chose, elle aussi, elle avait essayé, mais en vain. Cette pauvre femme était venue la voir parce qu’elle avait besoin d’aide. Elle avait connu la violence d’un homme, un viol qui la déchirait de jour en jour, une grossesse qu’elle ne pouvait pas accepter et Neva, elle avait essayé de l’aider, de lui redonner confiance en elle, de la pousser à combattre les démons, parce que se laisser abattre, c’était offrir à cet homme une victoire de plus. Elle avait passé des heures dans son bureau, en face de cette pauvre femme, à l’écouter décrire ce qu’elle ressentait, à rester de marbre quand elle lui racontait encore et encore cette horrible chose qu’elle avait vécu et qui continuait de la hanter. Elle en avait entendu d’autres, des histoires comme ça, elle avait écouté, attentive, une neutralité presque froide inscrite sur ses traits, parce qu’il fallait compatir, faire preuve d’empathie mais sans se laisser happer dans les douleurs des autres, pour ne pas sombrer. Elle avait écouté, conseillé, elle avait fait de son mieux pour l’aider, mais aujourd’hui Sara, elle avait été plus triste que d’habitude, plus épuisée, comme si elle était arrivé au bout et que la force lui manquait à présent. Mais Neva, lui avait dit de tenir bon, encore, et cette pauvre Sara, elle lui avait dit ces quelques mots avant de sortir une arme de son sac et de se tirer une balle dans la tête, tout était allé trop vite, elle s’était à peine levée de son fauteuil que Sara avait déjà tiré et les maigres soins qu’elle avait tenté de lui apporter avaient été inutiles, elle était morte, sur son divan. Elle s’était suicidée dans cette pièce dans laquelle elle était censée recevoir l’aide dont elle avait besoin et ces images elles étaient là, gravée à jamais derrière ses paupières, comme le nom de Sara était gravé dans sa mémoire et maintenant c’était elle qui, plus que jamais avait besoin de l’aide d’un psy.

06 septembre 2017 / 09h30 : Ismaele.
Elle n’aurait pas dû, c’était une erreur. Mais il était charmant, agréable, il la faisait sourire à chaque fois qu’il la complimentait. Elle lui avait souvent répété d’arrêter, qu’ils n’étaient pas là pour ça. Elle lui avait dit qu’elle était mariée, qu’elle ne pouvait pas encore foutre en l’air son mariage. C’était la sixième fois, elle avait eu quatre époux et deux femmes dans sa vie, rien que ça qu’on lui disait quand on apprenait son histoire. Six mariages, ça faisait beaucoup, surtout à son âge, alors elle avait voulu résister aux charmes du jeune homme en face d’elle. Mais elle avait vu son époux l’autre fois, flirter avec sa secrétaire comme si de rien était avant de venir l’embrasser elle, innocemment. Elle connaissait les signes de l’adultère Neva, parce qu’elle avait elle même essayé de cacher ceux qu’elle semait, quand elle avait eu un amant. Elle avait fini par y aller à l'improviste, au bureau de son mari, tard le soir alors qu’il avait encore une réunion tardive et il l’avait vu en train de la sauter sur son bureau. Alors y avait pas de raison, elle ne voulait pas être ce genre de femme qu’on exhibe aux yeux du monde pour faire bon genre et qu’on oublie le reste du temps et c’était exactement ce qu’elle était en train de devenir pour cet homme. Ismaele lui, il lui donnait l’impression d’être importante, il avait beau prétendre qu’il n’avait pas besoin d’elle, il revenait toujours, peut-être pas juste pour la thérapie, peut-être qu’il revenait pour elle. Alors ce jour là, juste avant qu’il n’entre dans son bureau, elle avait mis une jupe plus courte détaché ses cheveux et le premier bouton de son chemisier et elle avait cédé aux pulsions qui la traversait dès qu’elle était avec lui. Il était parti, parce qu’elle avait d’autres rendez-vous, un baiser un sourire et maintenant, il allait revenir pour sa séance, il fallait qu’elle lui explique que ça ne devrait jamais se reproduire. Elle avait mis une jupe plus longue, un chemisier bien fermé, ses cheveux toujours attachés et elle s’était juré de lui dire ce qui devait être dit. Un échec, elle se sentait déjà trop bien dans ses bras pour y renoncer.

12 juillet 2018 / 13h00 : Ismaele.
« Tu peux pas continuer comme ça Neva ! Les rumeurs ça va vite, tu pourrais perdre ton droit d’exercer. » Les mots continuaient de lui briser le coeur, elle savait qu’ils étaient justes, qu’elle jouait avec le feu depuis beaucoup trop longtemps et qu’il fallait qu’elle mette un terme à cette relation. Il lui plaisait Ismaele, elle ne pouvait pas le nier, mais c’était sa carrière qui était en jeu et elle ne pouvait pas perdre ça pour un homme. Elle en avait connu d’autres dans sa vie, la plupart d’entre eux l’avait brisée à tel point qu’elle avait eu l’impression d’avoir tout perdu. Mais elle avait toujours eu son job, sa fierté, sa réputation qu’elle avait réussi à se construire au fil des années et elle ne pouvait pas perdre ça pour ce genre d’histoire. Qu’est-ce qu’ils étaient Ismaele et elle de toute façon ? Juste une histoire de cul, à première vue, deux adultes qui se sautaient dessus dès qu’ils se retrouvaient dans la même pièce et ça ne pouvait pas durer. Elle tenait à lui plus qu’elle n’était prête à l’admettre, mais il fallait que ça se termine. Alors, elle avait pris une feuille, un crayon et elle avait noté des noms, des adresses, des numéros de téléphone, tout ce qu’il avait besoin pour trouver un autre psy, parce qu’ils ne pouvaient plus se voir tous les deux. Au pire, quand cette histoire ce serait tassée, s’il n’était plus son patient, ils pourraient se revoir, mais est-ce qu’il en aurait envie ? La blonde en doutait, c’était ça le truc avec les hommes et les femmes de sa vie, soient ils se lassaient d’elle en un rien de temps, soit s’était l’inverse, alors puisqu’elle n’était pas lassée, il le serait probablement. Elle soupira, fixant son papier avant d’ouvrir son agenda. 12 juillet 2018 / 15h : rendez-vous gynécologue. Il fallait qu’elle se concentre là-dessus, peut-être qu’elle allait enfin avoir son bébé et ça c’était le plus important. Alors elle quitta son bureau avant d’aller chercher Ismaele qui attendait déjà dans la salle d’attente prête à mettre un terme à cette relation, personnelle, comme professionnelle, au moins, elle le laissait avec les numéros de personnes qui, à son avis pourraient l’aider, que des hommes, par précaution ou par jalousie, elle ne savait mais trop.