Welcome to the universTenby, Pays de Galles, le ciel est noir et le tintement des sonnettes font écho. Ce soir, c'est Halloween, la chasse aux bonbons est ouverte. Pour tous ? Non. C'est en cette soirée que Lorelei Faith Grugwyn décida de voir le jour deux petits mois avant la date prévu. Enfant certes chétive, bien que grande, ses grands yeux d'un bleu purs embellissaient ce petit poupon qui venait tout juste de voir le jour. Madame Grugwyn une infirmière de métier et Monsieur Grugwyn PDG d'une grande d'entreprise fluviale étaient heureux, heureux de ce cadeau fait par la vie. Faith, comme tous préféraient au fond l'appeler. Grandis dans un cadre plutôt prospère, une famille stable, aimant avec ses hauts et ses bas certes, mais qui tenait toujours debout et soudée. L'argent ? Ce n'était pas un problème, pas vraiment, quelques années furent un peu compliquées, mais rien de bien grave. L'amour ? Présent, toujours, malgré une absence parfois remarquée de sa mère, elle savait que son travail était prenant.
Enfant douce mais exubérante, de l'énergie à revendre, elle en avait et en a toujours. Curieuse, Lorelei adorait s’intéresser à tous, connaitre tout, c'était son ambition alors qu'elle n'était qu'une enfant. Mais l'âge lui apprit que tout connaitre allait être compliqué, car tout n'était pas connu. Puisqu'l lui faudrait plusieurs vies pour apprendre tout ce qu'il était possible de savoir. La musique fut un temps une échappatoire et une activité plus divertissante que les livres qu'elles dévoraient. Ses doigts courants sur le piano familial, elle avait toujours admiré sa mère en jouer, un jour, c'est elle qui prit la place. Bonne écolière, sociable, elle savait être entourée et se faire, remarquer, mais être aussi discrète et muette quand il le fallait.
Adolescente rebelle, sa curiosité et ses quelques mauvaises fréquentations l'avaient amené à faire des choix discutables. À tester des produits illégaux et agir de façon non respectueuse envers ses parents qui l'avaient toujours choyé et aimé. Faith pourtant jamais ne fut accro ou une drogué chronique, non, même si lors de ses nombreuses sorties nocturnes, elles aimaient consommer. Elle s'en passait sans soucis la journée, et même plusieurs jours d'affiler. Mais tout cela ne fut qu'une mauvaise passe, qu'elle garde comme une leçon de la vie dans son esprit qui se veut positif. Bien qu'elle ne regrette rien, non. Après tout chacun forge son chemin avec ses propres expériences.
Travel the worldPoussée par ses parents et par son envie d'apprendre Faith suit des études supérieures. Mais sans réelle idée sur son avenir, voulant simplement voir le monde et ses merveilles. Elle entama donc des études de langues afin de perfectionner son français, qu'elle parle aujourd'hui couramment. Choisissant également de travailler l'espagnole, l'italien et le Chinois. Mais pour ses trois dernières elle comprend mieux qu'elle ne parle, il faut bien l'avouer. Lors de ses études à l'université de Cardiff elle fit la rencontre de l'homme qui changera sa vie à tout jamais alors. Dylan, c'est ainsi qu'il s'appelait, cet homme qu'elle aima passionnément si bien qu'elle l'épousa quelques mois à peine après leur rencontre. Un amour qui semblait partager, un amour qui semblait brillant et sans embuche pour un avenir merveilleux et pourtant. Après un an de mariage, la première gifle érafla son visage pâle. La raison ? Aucune dans son souvenir. Mais elle avait cru le contraire, elle s'en souvient. Puis quelques mois plus tard une seconde, puis une troisième et bientôt ce fut leurs ébats, brutaux, il lui faisait mal. Elle ne devenait qu'un corps à sa disposition et à la merci de ses sautes d'humeur.
Trois ans, trois ans pour comprendre, comprendre qu'il n'était pas pour elle. Qu'il n'était pas un homme bien et qu'elle devait partir. Loin, très loin. Alors un jour elle plia bagage, un simple sac de sport, un peu d'argent en poche et elle partie, quittant l'appartement où elle vivait. Sans un mot, à lui, à sa famille, à ses amis. Londres fut sa première étape, celle où enfin après plusieurs jours elle appela ses parents pour leur dire. Leur dire qu'elle voyageait, sans retour pour le moment. Leur dire aussi qu'elle divorçait, sans donner plus de raisons, les laissant dans l'ignorance de ses souffrances. Ce fut alors le début de la liberté, de ses deux années où elle vécue pour elle seule, sans rien et sans besoin de rien. Se débrouillant sur place et le moment venu pour vivre. Restant parfois seulement quelques jours, parfois des mois en un lieu. Le monde, elle l'a vu, en partie. Le monde s'est offert à elle comme on a besoin de respirer, comme on a besoin d'oublier. Voilà ce qu'elle fit oublier, mourir pour cet homme pour renaitre de ses propres cendres, tel un Phoenix.
Wellington, Nouvelle-Zélande, ce beau pays. Voilà où Faith décida de poser ses bagages. À 25 ans, l'esprit plus léger, son passé derrière elle. Cette ville l'attirait pour une raison obscure. Se laissant happé par cette envie de se poser et de vivre une vie plus "normale" alors. En quelques mois elle fut bien intégrée à la société et à sa nouvelle vie. Reprenant rapidement une brasserie qui allait fermer, la faisant revivre à sa sauce. La voilà un pied dans cette nouvelle aventure, qu'elle avait décidé de vivre à fond sans retenue et juste pour elle alors. Sans plus jamais craindre ce passé douloureux, qui malgré tous les efforts du monde la rongeait toujours de l'intérieur.
I fell apartLes années ont doucement passé, le temps à faire son chemin et la vie avec. Ici à Wellington, Faith a alors de nouveau commencé à vivre. Il y eut cet homme, il venait régulièrement à la brasserie, tous les samedis. Se posant à la même heure, à la même table à chaque fois. Rapidement, le contact se fit entre la patronne du lieu qui le servait souvent et le mystérieux inconnu. Une amitié naquit doucement au fil du temps et des mois passés. Discuter quelques minutes, parfois une heure quand le temps le permettait. Puis il y eut ses rendez-vous en dehors, au cinéma, au parc pour une balade ou deux, puis au restaurant et enfin l’invitation à monter dans son petit appartement du centre-ville. Son passé, il le connaissait, du moins, il avait appris que les choses ne s'étaient pas passé comme prévu. Que l'amour n'était plus fait pour elle, qu'elle avait peur de s'engager, refusant de nouveau être déçus et briser. Mais avec lui Faith se sentait différente, au travers de son regard si doux, elle avait cette impression d'être la lune luminescente dans ce ciel noir. Sa carapace tomba un beau jour l'année de ses 28 ans et Wesley entra alors dans sa vie, comme un battement de cœur indissociable des autres et pourtant différent. La vie, enfin, semblait sourire de nouveau à Lorelei, qui heureuse avec son Wesley, cet homme qu'on lui enviait dans la rue. Mais qui n'avait d'yeux que pour elle. Un an après leur relation, il la demanda en mariage le jour de la Saint-Valentin, et c'est l'année de ses 30 ans, en juin que Miss Grugwyn, qui avait repris son nom de jeune fille après son divorce, devenu Madame Harrington. Lors d'une cérémonie assez simple bien qu'éblouissante et heureuse à l'image de leur couple.
Puis il y eut cette soirée, au mois de mai dernier, il ne faisait pas mauvais, au contraire. Il était tard et Faith rentrait de chez une amie qu'elle n'avait as vu depuis de longs mois. Qui désirait la voir avec son petit ventre tout rondouillet qui abritait le fruit de l'amour. Cette musique, joyeuse, du moins dans sa rythmique, le sourire aux lèvres après cette petite pause amicale. Cette lumière, éblouissante. Ce bruit, horrible. Ce trou noir, effrayant. Ce réveil, abominable, ses néons trop forts, qui vous empêchent de comprendre de suite où vous êtes. Ses voix qui s'élèvent, soulagées de vous savoir en vie. Ses regards lourds alors qui se posent sur vous. Cette main, qui vous sert. Ce regard qu'on connaît que trop, noyer dans un océan de larmes qui tente maladroitement de dissimuler cette profonde tristesse et détresse soudaine. Wesley, il est là avec elle, dans ce qui semble être un hôpital. Que s'est-il passé ? Que... L'enfant, leur enfant. Sa main se pose sur son ventre encore rond. Mais la main qui tient la sienne se fait plus pressante. Les larmes coulent alors sur les joues creuses de son mari et se teint livide. Impossible, non... Impossible. Les larmes gagnent alors Faith qui voudrait mourir à cet instant, pourquoi ? Pourquoi, le sort s'acharne encore sur elle ? Comment une soirée si agréable peut-elle devenir un cauchemar en un instant ? Ses lèvres sèchent, qui ne font que confirmer un coma de quelques heures, peut-être jours, sa gorge qui la brûle. Elle ne peut parler alors, hurler encore moins, pourtant ses entrailles le font. Son visage pâle est soudain plus malade encore. Elle se détourne du regard effondré de son mari. S'excuser, c'est la première chose qu'elle fera. Quand elle en aura l’occasion. Il semble encore plus triste alors. Elle a perdu l'enfant qu'elle portait, sa faute ? Surement... En un sens avec cette foutue chienne de vie, ou ce destin qui s'acharne. Elle doit avoir fait quelque chose par le passé, peut-être dans une vie antérieure pour mériter tout ce malheur. Elle emporte avec elle l'homme qu'elle aime, qui brillait comme un soleil sur ce chemin entravé.
Aujourd'hui... La vie continue. Ce sourire a disparu, cette étoile dans ses yeux s'est éteinte. Et tout semble plus compliqué à présent. Ce bonheur partagé n'est plus. Faire face, comme toujours elle a apprit. Faith essaie chaque jour de faire mieux. Mais c'est dur, si dur de vivre alors qu'on ne sait même plus qui on le veut vraiment. De voir les gens autour de soi heureux et de se dire que nous ne pouvons pas l'être, jamais. Car nous sommes maudites. Le temps apaise la douleur à ce qu'il paraît, alors laissons le temps au temps. De toute manière, elle n'a pas d'autre choix, la mort l'effraye et le peu de bonheur qui illumine encore son cœur, le maintien tel, un pantin, animé encore un peu dans ce monde qui lui semble aujourd'hui si sombre et ténébreux.