once upon a dream // sutton.

01. Sutton a été élevée par deux mamans. Les femmes de sa vie, qu'elle dit. Elle a également un père qu'elle voit régulièrement et qu'elle aime de la même façon, sans pour autant l’appeler papa. Une belle mère aussi, trois grand-mères, trois grand-pères... Une sorte de jolie famille recomposée, au sein de laquelle tout s'est toujours très bien passé. Elle ne le crie pas sur tous les toits car elle n'aime pas forcément attirer les regards, mais quand on lui pose la question, elle répond tout de même avec fierté. En effet, même si elle n'entre pas dans le schéma traditionnel, Sutton ne l'a jamais mal vécu. Au contraire, fille choyée, peut-être parfois trop, elle a grandi avec autant d'affection qu'un enfant né d'un couple hétérosexuel aurait eu et aujourd'hui, elle demeure très proche d'eux, ne perdant jamais une occasion de les combler d'attention.

02. Son premier amour est la boxe. C'est son père (enfin, Pat) qui lui as transmis cette passion. C'est un habitué d'un club de la ville, lorsqu'il venait à la maison pour lui faire un bisou, elle le voyait sac de sport sur le dos, les gants rouges dépassant de la fermeture éclair. Interdiction de frapper quelqu'un... Sauf si on te tape en premier. C'est la première chose qu'il lui a dite lorsqu'elle est allée à l'école. C'était aussi sa stratégie sur le ring. Elle en a pratiqué de ses onze à quatorze ans, virant peu à peu vers le muay-thaï jusqu'au moment où elle s'est cassé le nez lors d'un combat. Ce jour là, elle a décidé de tout plaquer et a décrété qu'il valait mieux rester simple spectatrice. Incapable de lâcher prise, elle a cependant continué à suivre les combats avec attention, surtout grâce à Ezra qui gagnait en expérience et en puissance. Elle a vécu par procuration sa passion, via son meilleur ami. Sutton n'a jamais repris mais elle conserve quelques habitudes de boxeuse. Elle prend encore naturellement sa garde ou frotte parfois légèrement ses poings par habitude, comme si elle portait des gants.

03. Ezra. Parce qu'il mériterait à ses yeux, bien plus qu'un pauvre petit paragraphe. Ils se sont rencontrés sur le ring lorsqu'ils n'étaient encore que des gosses puis ne se sont jamais lâchés. Elle lui foutait des raclés à la suite et l’encourageait à se relever, encore et encore. Elle ne sait pas trop de quoi elle est tombée amoureuse, à l'époque. Si c'était de leur passion commune, de leur lien spécial ou peut-être tout simplement de lui. Elle s'en fout, au fond. Même s'il fut sa première expérience sexuelle. Même s'ils se sont embrassés lorsqu'il a soulevé la coupe en devenant champion. Avec Ezra, ils sont à la fois tout et rien. Une amitié infaillible, une relation organique qui n'a jamais été au delà de ces contacts. Car peu importe le qualificatif, il y a surtout un véritable respect ainsi qu’un soutien inébranlable. Sutton l’admire profondément. Sans forcément l'avoir rencontré, tout son entourage connaît au moins son prénom, tellement elle le mentionne pour tout et rien (surtout pour rien). Ça lui brise le cœur de constater qu’il ne porte plus ses gants et elle ferait tout pour le revoir sur le ring.

04. Sutton, c'est une grosse tête. Bosseuse, elle a toujours eu un parcours scolaire exemplaire. La petite intello toujours située au premier rang, c'était elle. La madame je-sais-tout avec son air d'Hermione Granger qui corrige tout le monde à la moindre faute ("le sac de Brenda, pas le sac à Brenda; on dit une crotte de nez, pas une crotte à nez"), c'est aussi elle. Ses notes lui promettaient un avenir professionnel radieux. Elle aurait pu devenir avocate, médecin, manager. Mais c'est sans difficulté qu'elle a choisi le journalisme, poussée par ses parents à faire ce qu'elle souhaitait, et non pas ce qu'on attendait d'elle. Elle aurait préféré se spécialiser dans les sports de combat mais après avoir compris qu'ici, il n'y en avait que pour le rugby, elle a vite choisi la facilité. Depuis quelques mois, elle est comme qui dirait journaliste tout terrain, chargée des interview avant/après matchs sur une grande chaîne sportive. Bien que consciente d'être en partie là grâce à son visage de poupée, elle souhaite cependant gommer cette image de 'gonzesse de service' des femmes dans le journalisme sportif. Jour après jour, elle fait ses preuves, ce qui semble marcher petit à petit, la chaîne commençant à lui accorder un peu plus de confiance qu'avant.

05. Si elle est très professionnelle, déterminée à gravir les échelons, l'une de ses plus grandes faiblesses se situe au niveau du plan personnel. Sutton aime les hommes. En particulier les bad boys, les connards, les indécis, bref, ceux qui la prennent et qui la jettent. Amoureuse de l'idée même de tomber amoureuse, sa vie sentimentale n'est qu'un amas d'histoires plus ou moins longues, toutes différentes mais avec la même finalité: un cœur brisé. Elle a déjà plusieurs fois été la cocue de l'histoire. Elle en a pleuré toutes les larmes de son corps. De son côté, il lui est déjà arrivé de fauter, une ou deux fois. Elle en a aussi pleuré. Parce que Sutton, quand elle aime, elle donne tout. Elle se jette à corps perdu, s'investit avec ferveur, quitte à par la suite le regretter. Elle a vécu chacune de ses relations avec la même intensité et continuera de le faire avec cette même passion, jusqu'à ce qu'elle tombe sur le bon. Elle n'a d'ailleurs absolument pas peur de ressentir des choses, de les affirmer et les assumer. Chez elle, le "je t'aime" est aussi sincère et spontané qu'un autre mot.

06. Gare aux clichés, ce n’est pas parce qu’elle interview régulièrement des hommes et que son idole est Samart Payakaroon que c’est un garçon manqué. Au contraire. On la croise dans la rue pour la première fois, on ne l’imagine absolument pas fouler le bord des terrains toutes les semaines. Sutton est féminine et féministe, depuis toujours. Sans aucun doute lié à son contexte familial, elle embrasse la cause des droits de la femme ainsi que ceux de la communauté LGBT+ en étant membre active de plusieurs associations. Travailler dans un milieu très masculin n’a fait que renforcer ses convictions sur la place que devrait avoir la femme au sein de la société. Pour elle, cette actuelle société patriarcale et hétéronormée est la démonstration même de l'ignorance humaine. Elle est d’ailleurs assez fière d’avoir réussi à se faire respecter et quelque peu changer les opinions au bureau car avec ses collègues qui lui faisaient parfois des remarques déplacées, ce n’était pas gagné.

07. De la même manière que lorsqu’il s’agit de sentiments, Sutton n’est pas pudique pour un sou. Elle n’est pas non plus exhib' hein, elle sait quand même concevoir que certaines personnes soient gênées par la nudité mais en ce qui la concerne, elle n’a, par exemple, aucun complexe à se changer devant quelqu’un. Elle assume son corps, assume ses formes. Si elle veut faire péter le décolleté XXL, elle le fera sans se poser de questions. Du moment qu’elle ne tombe pas dans la vulgarité, elle ne voit pas de mal à être à l’aise avec sa féminité et sa sexualité. Là où ça pose problème, c’est quand certains s’en servent contre elle. Un de ses exs l’a récemment menacé de diffuser des nudes qu’elle lui avait envoyées lorsqu’ils étaient encore en couple. Elle se sent véritablement en position de faiblesse car elle craint que la parution de photos compromettantes mettent fin à sa carrière qui vient à peine de se lancer.

08. Elle parle presque couramment cinq langues: l'anglais, l'espagnol, le français, le portugais et l'italien. Elle est actuellement en train de s'essayer à l'allemand. A la base, c'était d'abord pour tester ses propres capacités d'apprentissage puis à force, elle est devenue passionnée par les langues étrangères. C'est un véritable atout dans son domaine, elle a fait plusieurs séjours de quelques mois à l'étranger durant ses études et lors de ses premiers jobs, avant de devenir un des visages de la chaîne sportive. D'ailleurs, en raison de ses nombreux déplacements professionnels dus au rythme des matchs, elle a tout récemment vendu son appartement et vit à présent en colocation. Plus pratique de partager le loyer, plus agréable de vivre avec des gens lorsqu'elle n'est pas toute seule dans une chambre d'hôtel payée par son employeur.

09. Sutton déteste la religion, quelque soit ses formes. Elle lève les yeux au ciel lorsqu'elle voit Pat embrasser la croix qu'il porte au cou, regarde l'heure sur son portable toutes les dix secondes les rares fois où elle doit se traîner à l'église. Elle, elle ne croit qu'en une chose: qui vivra verra. A ses yeux, les religions ont provoqué trop de conflits depuis la nuit des temps, le monde se porterait mieux s'il s'en éloignait. Elle ne comprend pas comment on peut se laisser guider par une divinité sortie tout droit de l'imagination des premiers hommes et ne supporte pas leurs discours moralisateurs. Y'a pas besoin de suivre un texte ou d'écouter la parole divine pour avoir un comportement supposé vertueux, il suffit juste d'un peu de bon sens. La seule raison qui peut justifier l'existence de Dieu, c'est qu'il a crée le plaisir sexuel pour pousser les hommes à se reproduire.

10, en vrac. Elle aime bien cuisiner et est loin d’être mauvaise. Ses colocataires sont d’ailleurs ses cobayes – A de légères tendances claustrophobiques, elle prend par exemple toujours l'escalier à la place de l'ascenseur – S'extasie devant les bébés, les photos de bébés animaux et Justin Timberlake – Se rend quasiment toutes les semaines au club de boxe, rien que pour rendre visite aux proprios qu'elle connaît très bien – Boit beaucoup de café – A la sale manie de chiper les t-shirts de ses exs, elle s'en sert encore comme pyjamas – Supporte naturellement les Hurricanes de Wellington – Refuse de sortir avec un journaliste ou même un rugbyman, par peur qu'on ne lui attribue de mauvaises raisons – Aimerait adopter un chien mais n'aurait clairement pas le temps de s'en occuper – N'est jamais malade, les rhumes et grippes, elle connait pas.