Cupcakes are muffins that believed in miracles (Sam)

« Tu vas voir, c’est une tuerie ! » Avoue Vicky alors qu’elle dresse minutieusement  l’assiette. Samuel, accoudé à l’îlot séparant leur minuscule cuisine du salon tout aussi petit, prend plaisir à regarder sa toute récente épouse créer le désordre avec ses casseroles, ses planches à découper et ustensiles. « Tu l’as déjà suggéré à ton chef ? » demande-t-il tout en attrapant la fourchette de sa main droite. Sam observe l’assiette digne de la gastronomie avant d’adresser un sourire à Vicky. Il est son premier fan, il adore tout ce qu’elle fait. Il est fier de pouvoir être le premier à goûter ses inventions, bien qu’il ne pense pas avoir le palais aussi développé qu’un chef. La cuistot répond par la négative en secouant sa tête de gauche à droite. « Pas encore, je travaille encore sur les détails. » Son regard ne se détache pas de Samuel qui vient d’avaler la première bouchée. L’explosion de saveurs ne se fait pas attendre, c’est tout juste un régal. Il essaie cependant de trouver quelques points à améliorer mais son manque de connaissances lui fait défaut. Sam a fait de fameux progrès en tant que critique culinaire depuis qu’ils ont emménagé tous les deux, ensembles, dans leur petit appartement. Néanmoins, son aide apportée a certaines limites. Il déguste les différents aliments de l’assiette, tout est parfait « Moi je pense que tu es prête à proposer cette assiette, c’est vraiment bon Vick’ ! ». Elle sourit, ce qui le faire sourire à son tour. Il l’aime, la preuve : il s’est passé la bague au doigt. Chose qu’il n’aurait imaginé faire un jour, ou du moins, pas avant sa rencontre avec sa sous-chef favorite. Une rencontre banale sur le bord de la route et les voilà à vivre une histoire qui n'est pas prête de se terminer. « Il me semble qu’un vin blanc devrait se marier à merveille avec ces saveurs. Qu’en dis-tu ? Je pense qu’il nous en reste un peu… » dit-il en voyant qu’il reste encore assez dans les casseroles pour en faire leur souper. Vicky l’arrête dans son élan tandis qu’il s’était mis à la recherche du vin blanc. « Si tu veux mon avis, je pense que le vin n’est pas nécessaire. » Samuel l’interroge du regard, sa réponse lui semble étrange. « Je veux dire… euh… c’est plutôt déconseillé à une femme enceinte d’en boire. » La bombe est lâchée, il faut quelques minutes à Samuel pour remettre ses idées en place mais la joie s’empare rapidement du couple. Il croyait que le mariage était une fameuse étape à passer, finalement, une grossesse lui parait maintenant bien plus imposant.


Feuilletant le registre des chansons du K-Zone, Sam interpelle son frangin alors que celui-ci revient vers le bar « Hey Lucky Luke, je ne trouve pas Colors of the wind de Pocahontas. Tu penses que ce serait possible de l’ajouter ? Charlie veut la chanter la prochaine fois. » Samuel ne peut s’empêcher de faire ses yeux de Chat Potté bien qu’il soit quasiment certain qu’il le ferra. C’est tellement quelque chose de voir Charlie se donner corps et âme sur la petite scène que ça en vaut l’effort. La sonnerie du téléphone de Sam interrompt ce moment intense en supplications. Un message de Vicky le force à avaler le reste de sa bière avant de se lever de son tabouret. « Crise existentielle à la maison, faut que j’y aille. » Il s’apprête à quitter le bar, mais il se retourne une dernière fois vers Luke « Je compte sur toi pour la chanson… » Un clin d’œil s’en suit et sa silhouette disparaît de l’entrée de l’établissement. Une fois garé dans l’allée, il n’a pas le temps de descendre de sa voiture que Vicky lui ouvre déjà la porte d’entrée. Il se dépêche de la rejoindre, ses lèvres heurtent les siennes dans un rapide baiser, pas le temps de s’attarder au vu de la tension qui règne en cette fin de journée. « Je dois partir bosser, ils n’ont pas reçu la livraison de thons rouges au restaurant, je dois aller y improviser quelque chose. » Sam acquiesce tout en prenant Milo des bras de sa femme, il semble d’humeur boudeuse. « Milo doit encore manger, il a refusé la purée de brocolis… » Ceci explique sa petite mine digne d’Angry Birds. « Et Charlie est en pleurs depuis la sortie des classes, un de ses camarades lui a déchiré sa robe de princesse. Je n’ai pas eu le temps de la réparer. » Les yeux de Sam font un aller-retour au ciel, le petit con qui a fait ça va le regretter. « Ne t’inquiète pas, je m’occupe de la situation, file sauver le restaurant ! » Vicky le gratifie du regard, même si la pointe d’inquiétude s’y lit encore. « Je n’aime pas vous laisser comme ça, je suis désolée ! »  « Go, ça va aller » Sam s’amuse à utiliser le bras de son fils pour faire au revoir à sa maman. Milo, lui, veut son manger… purée de brocolis exclue. La voiture de sa femme disparue, il file à l’étage voir l’ampleur des dégâts de la robe. Il l’a bien déchirée cette enflure. Il est temps de ressortir les bons vieux tutos de Youtube afin de savoir comment s’y prendre pour enfiler une aiguille. Samuel s’accroupit auprès de sa fille, il dépose Milo sur un de ses genoux et indique à Charlie de s’asseoir sur l’autre. Il sèche les larmes de crocodile qui coulent le long de ses joues rosies, sûrement légèrement irritées par les torrents dont elles ont été témoins. « On va arranger ça Princesse. On va regarder ensemble comment on peut recoudre, et je propose même que l’on place un ruban par-dessus. Ta robe en sera encore plus belle ! » La gamine acquiesce lentement, un début de sourire apparaît, pari réussi. « Mais d’abord, Monsieur Milo a faim. Tu n’as pas faim toi ? ».