and I'll find comfort in my pain eraser (jeremy)

1. Né à Christchurch, Jeremy est le deuxième enfant de Monsieur et Madame Wheeler. Avant lui, le couple a eu le bonheur d'avoir une fille. Jeremy, c'est le petit dernier. Il n'y en aura pas d'autres après lui. Les parents ont une fille et un garçon, cela leur suffit. Et puis, il faut que les économies suivent.  2. L'Eglise, il connait depuis son plus jeune âge. Ses parents ont l'habitude de se rendre chaque semaine à la messe. Petit, il a bien du mal à tenir tout le long du sermon du prêtre. Mais à force, il s'habitue. Jamais il ne trouve à redire sur l'éducation fortement liée aux valeurs chrétiennes que lui donne ses parents. Sa soeur non plus. L'habitude. A trente-deux ans, à bien y réfléchir, il se dit que ses parents exagéraient un peu trop. 3. A ses quinze ans, la petite famille déménage, direction Wellington. On remercie la société qui emploie Monsieur Wheeler de délocaliser. Oui, on remercie car certains de ses collègues sont bon pour le chômage ou pour travailler dans une autre boîte à l'étranger. Wellington, c'est bien comme ville. On reprend les bonnes vieilles habitudes avec l'Eglise. Rien ne change. Ou presque. 4. Presque parce que Leonie entre dans sa vie. Une demoiselle bien gentille, bien jolie, parfaite quoi. L’amour né alors entre les deux. L’amour un peu comme au premier regard. Une sorte de coup de foudre pour Jeremy. Tout comme lui, elle vient d’une famille religieuse. Alors, évidemment, aucun écart n’est toléré. Il faut tout faire dans les règles de l’art. Chaque étape à la fois. A pas de velours et ce n’est qu’une fois mariés qu’ils goutent au plaisir de la chair. Oh, Jeremy se souvient encore des moqueries de certains de ses amis concernant cette histoire de ‘pas de relation sexuelle avant le mariage’. Mais les choses sont comme ça. Vingt et ans et marié. Heureux.  5. Les parents Wheeler sont plus qu’heureux de voir leur fils si heureux avec Leonie. Beau mariage et ils ont même une petite fille quatre ans plus tard. Tammi. Qu’est-ce qu’il en est fière de sa fille Jeremy. C’est une belle réussite. Tout comme le reste. Son métier par exemple. Sergent dans l’armée. Porter l’uniforme lui donne un sourire presque jusqu’aux oreilles. Sergent oui mais pas sur le terrain à l’étranger. Lui, il veut rester près de sa famille. Les conflits, il ne les côtoie que de très très loin. 6. Contrairement à lui, sa sœur ne rend pas forcément Monsieur et Madame Wheeler des plus heureux. En effet, sa sœur ne trouve rien de mieux que de se ramener à un repas de famille avec une compagne. Oui, une femme. Autant dire que les parents Wheeler encaissent difficilement sur le coup. Il leur faut un certain temps pour accepter la nouvelle. Jeremy, ça le fait rire au fond de lui de voir ses parents réagir de la sorte, être vieux jeu. L’Eglise, ça ne régit pas tout bon sang en résumé.  7. Quatre ans donc avant d’avoir Tammi. Quatre ans pour se faire à la vie de couple, pour profiter pleinement. Expérimenter les choses de la vie en toute simplicité. Après la venue de Tammi, petit rayon de soleil, pourtant, la vie est devenue un peu terne. Elle veut un autre enfant, lui doit partir à l’étranger. Jeremey aurait tout fait pour annuler ce voyage, mais il ne le peut pas. Obligé d’accepter une mission sur le terrain. Trois mois qu’on lui dit. Trois mois qu’il annonce à Leonie. Il lui demande d’attendre. Trois mois, ce n’est rien, ça passe vite. Mais voilà, ça tombe mal. Tellement mal que la dispute arrive. Une dispute durant laquelle il craque. Cela ne lui ressemble pas pourtant. Il se contrôle d’habitude, il prend sur lui, mais pas cette fois. Il craque donc et part en claquant la porte, quelques affaires sous le bras. Et le jour du départ en mission, il n’y a point de femme à embrasser. Point de fille à consoler du départ de son père. Il n’y a que lui. Et il part. Le cœur amer et triste. 8. Une mission de trois mois qui est écourtée. Largement. Il marche avec ses hommes dans le sable. Le sable fin sous une belle petite chaleur. Aucun bruit. On peut même dire que c’est le calme avant la tempête. Ce n’est que vérité. Il est inutile de raconter ici en détail les malheurs qui sont arrivés ce jour-là. Ce sont des drames comme il en arrive en zone de guerre. En zone non sécurisée où des soldats se rendent par devoir. Pour protéger. Pour libérer. Peu importe. 9. Quelques jours après son départ, Jeremy est de retour sur le sol néo-zélandais. Sa terre natale, sa patrie. Il ne voit rien de tout ça pourtant. Sa femme, elle, le voit. Elle le vit. Jeremy Wheeler, l’esprit partit dans un autre monde pour une durée indéterminée. Seuls les battements de son cœur sont une preuve qu’il est encore là. Et la batterie d’examens qu’il subit est sans appel. Coma. Le cerveau fonctionne, mais ça ne change rien. Coma profond.  10. Il est à l'hôpital. Allongé dans un lit aux draps blancs, dans une chambre aux murs blancs. Son esprit n'a pas encore décidé qu'il est temps d'ouvrir les yeux. Il faut qu'il soit prêt. Alors sa famille attend. Ses parents, sa soeur. Tammi, sa fille. Leonie, sa femme. Elles aussi attendent son réveil, il ne peut en être autrement, n'est-ce pas?
En vrac. Il sait parler l'espagnol et l'arabe. Fan de Star Wars, série cinématographique qui a bercé toute sa jeunesse et encore maintenant. Il est allergie aux noisettes. Il est toujours à l'heure et il n'apprécie guère de passer en retard lors d'un rendez-vous, médical par exemple. Le ski n'a aucun secret pour lui, ses parents l'emmenant lui et sa soeur à la montagne lors des vacances d'hiver. Le parachute est une autre de ses passions. Il lui arrive de chanter sous la douche bien qu'il n'ait pas du tout l'oreille musicale.