- hold me tight or don't. (reid)

▷ Reid entretient une relation particulière avec sa famille. Et pour cause, chez les Ferguson, que ce soit ses oncles, ses tantes ou ses cousins, tout le monde n'a qu'un seul mot en tête: succès. Succès sur le plan professionnel tout comme personnel, quand on porte ce nom de famille, on n'a pas le droit à l'échec. Unique fils de deux chirurgiens (petit point statistique: un Ferguson sur trois travaille dans la médecine), Reid ne s'est jamais senti à l'aise avec eux, surtout avec son père. Maman, elle, elle préférait ne pas se mêler des disputes pour ensuite venir le consoler une fois que papa s'était calmé. Depuis son adolescence, ça a toujours été très compliqué, chacun campant sur ses positions et rendant le dialogue impossible à instaurer. On ne peut pas dire qu'aujourd'hui, tout se soit arrangé. Ils gardent une relation distante, pas facilitée par le fait qu'ils travaillent au même endroit.

▷ Contrairement à ce qui est ancré dans son éducation, Reid n'a jamais été aussi ambitieux que ses parents. Il a une vision de la réussite différente d'eux et si ça ne tenait qu'à lui, il ne vivrait que d'amour (enfin de luxure) et d'eau fraîche. Pourtant, il a cédé à la pression familiale. Il avait beau se rebeller, répondre sur un ton insolent, le gamin de dix-huit ans qu'il était espérait quand même voir une once de fierté dans les yeux de ses géniteurs. Il s'est donc engagé dans une filière médicale, fortement poussé par son entourage. De toute façon, Reid n'a jamais su ce qu'il voulait faire, plus tard. Bon élève sans trop s'investir, c'est surtout lors des études supérieures qu'il s'est réellement mis à bosser. Est-ce que sa situation professionnelle lui plaît aujourd'hui? Disons que ça lui convient, sans pour autant le passionner. Il aurait préféré s'occuper des sportifs de haut niveau plutôt que des patients de l'hôpital mais bon, on a pas toujours ce qu'on veut, dans la vie.

▷ Que ce soit par sa taille, sa carrure imposante, ou par sa voix portante - il a manifestement beaucoup de mal à chuchoter -, quand il apparaît, on le remarque. Communicatif et à l'aise en société, il a pourtant son tempérament qui fait parfois grincer des dents. Un brin fédérateur sans forcément le vouloir, Reid l'ouvre. Il donne un avis tranché, même si on ne l'a pas sonné. Il n'a pas peur du poids des mots. Il n'a pas peur de blesser par ce qu'il pense être un fait et s'il lui arrive de s'excuser à propos de la forme de ses paroles, il n'en regrette pas le fond. Car Reid, il a de profondes convictions qu'il n'a pas honte d'affirmer. Il fait rarement dans la demi-mesure, aussi bien en ce qui concerne ses jugements que par rapport à l'avis que l'on a de lui: ou on l'apprécie, ou ça ne colle pas. Certains lui reprochent d'avoir les idées arrêtées quand lui voit là une force de caractère, face aux esprits plus altérables. Alors certes, il a la tête dure, mais ceux qui le considèrent comme une grande gueule nombriliste alors qu'il a juste osé s'exprimer ont tendance à fortement l'irriter.  

▷ La kinésithérapie, ce n'était pas ce qu'on attendait de lui. On voulait plus. On voulait qu'il suive les traces de son père, chirurgien réputé au X Hospital. Raté. Il n'était pas assez bon, probablement pas assez motivé, aussi. D'apparence, à Reid, ça ne lui pose aucun problème. Il assume totalement, mais la comparaison constante avec son père l'étouffe. A l'hôpital, il est d'ailleurs surnommé "Ferguson Jr" ou bien "Sir William's son". Parce que William Ferguson, c'est un peu le boss du service de cardiologie, el Rey. Chirurgien trop autoritaire pour les uns, génie respecté pour les autres ou encore fantasme du sugar daddy selon certaines infirmières, il fait toujours forte impression lorsqu'il déambule dans les couloirs. Il paraît qu'ils se ressemblent sur certains points, le père et le fils. Reid a toujours un rire désabusé lorsqu'on lui fait cette remarque, pourtant, malgré sa volonté, il faut croire que certains traits de caractère sont génétiques.

▷ Son père a une relation extraconjugale depuis au moins un an. Il le sait car il les a surpris un jour, alors qu'il déposait un dossier au domicile familial. Il ne les a pas vus - dieu merci - mais il a entendu leurs voix et en a rapidement tiré des conclusions qui se sont avérées justes. Il a préféré discrètement s'échapper, sans trahir sa présence. Il n'en a jamais parlé à quiconque. Il garde le silence, incapable d'en toucher un mot à son paternel, encore moins à sa mère. Reid refuse de la blesser. Il n'a pas le courage de briser plus de trente-cinq ans de mariage, pas le courage de voir sa mère sombrer alors qu'il la sait profondément attachée. Il a un mal fou à peser le pour et le contre, à songer aux conséquences désastreuses que cet aveu engendreraient alors il garde le secret, en attendant de se décider sur la bonne chose à faire.

▷ En dehors du milieu professionnel, Reid demeure quelqu'un d'excessivement libéré. Parfois même pas très fiable, ce qui agace plus d’une fois ses proches bien qu’à force, on s'y accommode. Il répond quand il veut à son portable, dort une fois sur deux en dehors de chez lui et est capable de partir en week-end sans prévenir personne. Il vit au jour le jour, préférant improviser plutôt que de prévoir ou planifier. Il déteste avoir des contraintes. D'ailleurs, il a du mal avec quelconque forme d'autorité, ce qui lui a souvent posé problème dans différents contextes. Il est indépendant, Reid. Un véritable électron libre. Il n'aime pas qu'on lui dicte quoi que ce soit, mais sait quand même parfois remballer sa fierté et lécher les bottes lorsque la situation devient critique, soyons francs.

▷ Il a connu une seule histoire d'amour. Une relation comme dans les films, sincère, passionnelle. Destructrice, surtout. Si pendant longtemps, ce fut l'amour fou, petit à petit, pour diverses raisons, leur couple s'est éraflé. Les disputes ont fini par s'entremêler aux rires pour bientôt les recouvrir, les baisers se sont évanouis sous une froide distance. Ils ont passé six ans ensemble, dont au moins deux ans à se séparer, faire l'amour, s’engueuler, se retrouver, tirant un peu plus à chaque fois sur la corde déjà bien abîmée. Des mois à se déchirer, avant que la mélancolie ne finisse par définitivement prendre le dessus sur leur relation.

▷ Il en est ressorti tellement usé et fatigué qu'il a tout bonnement préféré ne plus se projeter sur quoique ce soit. Jouer les Don Juan est tellement plus simple. Surtout que Reid, il a la séduction facile. Il charme avec son sourire franc, ses yeux bleus, la façon dont sa main traîne toujours près du bas de ton dos, prête à glisser sur ta hanche quand vous devenez plus intimes. Prince Charming en puissance. Mais il ne promet jamais rien de plus qu'une nuit. Allez, le statut de plan cul régulier s'il y a une bonne alchimie physique. C'est tout. Pour autant, et même si c'est rarement arrivé car il a toujours l'amabilité de faire comprendre ses intentions, il n'apprécie guère qu'on le prenne pour un goujat dénué de sentiments. Parce qu'il t'avait prévenue, et c'est de ta faute si tu t'es détournée. Fairchild, on te parle.

▷ Exerçant dans le milieu hospitalier depuis plus de cinq ans, Reid le supporte de moins en moins. Il n'aime pas l’atmosphère particulière qui y règne, le fait d'être chapeauté par des médecins. Qu'on le ramène toujours à son père l'irrite également au plus haut point. Il aimerait s'installer en libéral d'ici un ou deux ans mais honnêtement, il ne s'est pas encore suffisamment renseigné sur les démarches à faire pour que son projet se concrétise rapidement. Il sait que c'est nécessaire, sauf que dès qu'il allume son ordinateur pour s'informer, il abandonne au bout de quelques pages de lecture. Contacter des cabinets pour s'y associer, faire une étude de marché, remplir des papiers... Il en est déjà saoulé. Il faudra attendre encore un peu avant que l'on puisse voir son nom sur une plaquette en or fixée à une porte.

▷ S'il n'est pas prêt à changer pour plaire aux gens, il s'avère être un bon vivant. Il va aisément vers les autres et se montre ouvert aux échanges, même s'il a tendance à juger parfois un peu trop rapidement. Pas forcément matérialiste, il se satisfait de ce qu'il a. La preuve, il se trimballe la même Clio rouge depuis des années. Elle mériterait bien qu'on lui donne du répit mais Reid ne voit pas l'intérêt de la lâcher tant qu'elle n'a pas rendu l'âme. Il n'a pas besoin de fantaisies pour pour se sentir bien dans son quotidien. Les plaisirs simples des verres au bar avec ses collègues à la sortie du boulot, ou bien les matchs de rugby entre amis suffisent à le contenter. En revanche, conscient de la chance qu'il a, il profite pleinement de la diversité et de la richesse qu'offrent le paysage néo-zélandais. Ainsi, dès qu'il en a l'occasion, il embarque qui-le-veut pour explorer les côtes à bord de... son super kayak deux places.