(Rathi) - Don't speak.

Don't speak

Un billet de cinquante nzd que l'un de ses colocataire lui avait donné dans la poche de sa veste ; Rathi était chargée de faire quelques courses aujourd'hui. Son sac à main sur l'épaule, une liste sur un vieux papier froissé à la main, elle franchissait la porte de la petite épicerie de sa rue. Épicerie indienne où elle aimait faire ses courses, et où elle avait ses habitudes, que ça plaise ou non à ses colocataires. Arpentant les rayons, elle faisait tout de même l'effort de suivre la liste, récupérant quelques produits qui étaient tout sauf de son pays natal, histoire de ne pas se mettre tout le monde à dos. Elle pouvait déjà entendre Lexxi râler parce que c'était trop épicé, ou parce qu'elle n'avait pas acheté le bon déodorant. Mais tant pis, elle n'avait pas envie de courir en centre ville pour ça. Et puis, elle n'avait pas un gros budget, comptant bien se contenter du billet qu'on lui avait confié.
Avec un magnifique totale de quarante-neuf nzd et dix centimes, elle récupérait sa monnaie et ses sacs de courses avant de ressortir du magasin. Elle avait tout, ou presque, et se félicitait intérieurement d'avoir respecté ce budget. « Well done Rathi, t'as gagné quatre-vingt-dix centimes aujourd'hui ! » Oui parce que évidemment elle comptait bien garder la monnaie pour elle, même s'il ne s'agissait que de quelques centimes. Un sac de course dans chaque main et son sac à main toujours pendu à l'une de ses épaules, Rathi se mettait en marche pour rejoindre son appartement. Elle ne vivait pas très loin d'ici, et heureusement puisque ces sacs étaient assez lourds. Traînant ses baskets sur le goudron qui recouvrait le trottoir, elle avançait d'un bon pas au moment où on lui rentrant dedans. Elle perdit l'équilibre, tombant en arrière et lâchant ses sacs par terre. Devant elle, une petite brune, les yeux rouges, les joues mouillées de larmes qui s'empressait de s'excuser. Elle lui tendit la main et Rathi s'empressa de la saisir pour se redresser. Venant machinalement frotter son jean, puis ses mains, pour retirer les petits graviers qui s'y étaient plantés, elle secoua la tête. « Non, non ça va, je vais bien. » lâcha t-elle rapidement, en voyant que la jeune femme paniquait totalement. « Pas besoin de- » elle fut très vite coupée alors que la jeune femme sanglotait, annonçant qu'elle n'avait pas eu une journée facile. Rathi grimaça presque machinalement en entendant ça, ne sachant pas trop quoi lui dire, se sentant désolée. « C'est pas grave, il y a des journées 'sans' parfois, faut pas être défaitiste. » dit-elle d'un air voulu rassurant avant de récupérer son sac à main qui était encore à ses pieds, avec ses sacs de course, pour en sortir un paquet de mouchoir ne papier. Elle sortie un mouchoir de ce dernier pour l'offrir à l'inconnue. « Vous  avez perdu la femme que vous aimez... » répéta t-elle avant d'ajouter : « Elle n'est pas morte j'espère ? » Question qui pouvait paraître idiote, mais vu la tournure de phrase et l'état dans lequel se trouvait la jeune femme, elle était tout à fait légitime.

Don't speak

La jeune femme accepta le mouchoir en papier de Rathi et la remercia, avant de rapidement lui assurer que la femme qu'elle aimait n'était pas morte. Bon, c'était une bonne nouvelle, même si clairement ça n'empêchait pas l'inconnue de pleurer. Rathi récupéra ses sacs de courses alors que la petite brune la remercia une dernière fois avant de s'éloigner. Elle la regarda partir sans trop savoir si elle devait poursuivre son chemin et rentrer chez elle avec ses courses, ou s'il fallait qu'elle suive la jeune femme pour s'assurer qu'elle aille bien. Sa curiosité prenant le dessus, elle se décida à la suivre. Ce n'était pas la première fois qu'elle suivait quelqu'un dans les rues de Wellington, mais il ne fallait tout de même pas que ça devienne une habitude ! Elle la suivit sur quelques mètres avant de se décider à l'interpeller : « Hey ! » lâcha t-elle, en pressant le pas pour revenir à sa hauteur. « Euh.... j'suis pas une sorte de pervers hein. » assura t-elle premièrement comme pour mettre les choses au clair, alors qu'en faite, ça remarque ne faisait que la faire passer pour une sorte de stakeuse. « Mais... ça vous dirait d'aller boire un truc ? Ou manger un cupcake ? » elle qui était fauchée, voilà qu'elle se laissait aller à invité une inconnue en larme. « ça pourrait vous remontez un peu le morale. » ajouta t-elle pas totalement convaincue qu'un cupcake puisse guérir une vilaine peine de cœur. Mais il fallait bien qu'elle justifie cette soudaine invitation, puisqu'à l'entendre elle l'invitait pour un rendez-vous galant. « Vous êtes pas obliger d'accepter. J'ai juste pensé que ça vous ferait du bien de ne pas rester seule. »  


HJ: ultra court. Sorry.  

Don't speak

Que ce soit de la pitié, ou une sorte de curiosité terriblement mal placée, Rathi avait pris l'initiative d'invité cette inconnue. Elle prenait des pincettes, s'expliquant avec tout un tas d'argument, ne voulant en aucun cas passé pour une malade mental, une perverse ou quoi que ce soit d'autre. Ses intentions étaient plus qu'innocentes et elle ne voulait pas s'attirer d’ennuis comme ça le lui arrivait bien trop souvent. A sa grande surprise la jeune femme accepta son invitation, avant de lui laisser carte blanche quand au lieu où elles s'installeraient. Rathi reporta son attention sur la rue et ses boutiques. Elle n'habitait pas loin et évidemment, l'option la plus économique serait de l'invité à voir du thé (ou du café) chez elle. Mais encore une fois, elle ne voulait pas passer pour une fille étrange. Invité une inconnue à venir sous son toit, alors qu'elle l'avait rencontrer cinq minutes plus tôt …. c'était une mauvaise idée. Son regard s'arrêta sur un petit café plutôt sympa, elle y avait déjà acheté des gâteaux pour l'anniversaire de l'un de ses colocataires, donc elle savait que les prix étaient raisonnable et les pâtisseries délicieuse. Elle pointa du doigt la boutique en question. « Ils ont de très bon gâteaux ici. » se justifia t-elle, avant d’esquisser un petit sourire et d'invité la jeune femme à la suivre de l'autre côté de la rue. Deux sac de course dans une main, son sac à main sur l'épaule, elle poussa de sa main libre la porte du café, avant de s'installer à une petite table dans un coin tranquille. Ses courses aux pieds de sa chaise, son sac sur ses genoux, elle reporta son attention sur le serveur qui les saluait et venait poser deux menu sur leur table. Elle scruta le menu pour voir les boissons qu'ils proposaient. Principalement des thés et café, chaud et froid. Elle s'arrêta sur ce qu'il avait joliment intitulé « Thé Indien » et pris le risque de passer commande. « Un thé indien et un cupcake au chocolat pour moi. » Autant se faire plaisir, en espérant que ce thé soit aussi bon que celui qu'elle faisait chez elle. Elle reporta son attention sur la jeune femme, comme pour l'invité à commander à son tour. Puis une fois qu'elle eu passé commande le serveur récupéra les menus et s’éclipsa. « Au faite, moi c'est Rathi. J'ai pas eu le temps de me présenter. » lâcha t-elle un petit sourire collé aux lèvres.

Don't speak

October, curieux prénom pour une curieuse jeune femme. Ceci dit, Rathi trouvait l'idée d'appeler ses enfants après un mois de l'année charmante. Ça avait quelques choses de presque poétique. Aller savoir. « October c'est très joli ! » commenta t-elle, ne  pouvant s'empêcher de demander : « Vous êtes du mois d'octobre ? » Question qui pouvait paraître idiote vu le prénom de la jeune femme, mais ses parents auraient pu l'appeler ainsi parce qu'ils s'étaient rencontrés au mois d'octobre ou .. quelques choses dans le genre. L'inconnu la remercia pour l'invitation et Rathi secoua lentement la tête. « C'est normal, je n'allais pas vous laissez repartir comme ça, toute triste... » Bon elle se doutait bien qu'un latte et un cheese cake ne réparerait pas son petit cœur brisé, mais c'était toujours un bon moyen de se remonter le moral et se changer les idées. Qui sait ce qu'elle aurait pu faire si Rathi ne l'avait pas invité ici. Peut-être qu'elle serait partie se jeter du haut d'un pont par chagrin. Non vraiment, c'était le moins qu''elle pouvait faire que de lui proposer un petit remontant sucré. « Et vous ne m'embêtez pas du tout. Si c'était le cas on ne serait pas là. » ajouta t-elle en esquissant un petit sourire amical. « Si vous avez besoin de parler... je suis là. N'hésitez pas. Puis ça évitera qu'on mange en silence. Ce serait un peu gênant. » elle lâchait cette dernière remarque sur le ton de la plaisanterie histoire de détendre un peu l'atmosphère. C'est sur qu'elle se voyait mal manger son cupcake au chocolat tout en échangeant de long regard silencieux avec October. Et puis, clairement, parler un peu pourrait lui faire du bien. Vider son sac, se servir de Rathi comme d'une pseudo psy tout en buvant un café, c'était peut-être tout ce qu'il lui fallait pour remonter la pente, ne plus pleurer et retrouver un brin d'optimisme.

Don't speak

« C'est d'origine indienne, ça signifie 'plaisir' en hindi. » expliqua t-elle rapidement. C'est sur qu'ici ce n'était pas un prénom courant. Mais on pouvait en dire tout autant d'October, qui était plutôt original. La jeune femme avoua être effectivement née en Octobre ce qui expliquait ce prénom. Elles passèrent toute les deux commandes puis Rathi insista sur le fait que son invitation était des plus normal, October n'en restait pas moins reconnaissante ce qui arracha un petit sourire à l'indienne. Elle n'avait pas tord, elle n'était pas obligée de lui accorder de son temps, elle aurait pu tracer sa route. Mais elle était de nature curieuse et puis, elle avait été plutôt bien élevée, donc elle ne pouvait pas la laisser repartir dans cet état. Rathi l'invita même à lui parler. Elle saurait être une oreille attentive si besoin. Et après quelques secondes de flottement, October prit la parole, se lançant dans une longue explication sur sa situation amoureuse. Elle était fiancée avec un homme mais était tombée amoureuse de l'ex de ce dernier. Et bien que sachant cette relation interdite, elle avait tout de même entretenu une liaison avec elle, pendant plus d'un an. C'était digne d'une série tv et Rathi s'imaginait déjà quels acteurs pourraient jouer le fiancé cocu et l'ex devenue maîtresse. Malgré cette infidélité October était sur le point d'épouser son fiancé, puisqu'elle évoqua des essayages de robe de marié. Le serveur déposa la commande sur le table et Rathi s'empara de son thé qu'elle détailla brièvement du regard avant de le renifler et d'en prendre une gorgée. Elle se retint de grimacer après avoir goûté ce qu'ils osaient appeler du thé indien. Tant pis, elle boirait ça, même si c'était loin d'être un thé de chez elle. Au pire elle avait toujours son cupcake qu'elle savait délicieux. Elle reporta son attention sur October qui poursuivait sa petite histoire. Des retrouvailles un peu particulières avec celle qu'elle aimait, un rendez-vous pour parler dans un café, des sentiments révélés puis, sans attendre une rupture. October avait certainement pensée bien faire en mettant fin à cette relation pour favorisé celle dans laquelle elle c'était engagée en premier lieu. Pourtant à voir ses yeux rougis par les larmes, ce n'était peut-être pas la solution idéale. C'était suite à cette rupture qu'elle était partie du café en question puis avait bousculé Rathi. Cette dernière hocha lentement la tête en entendant tout ça, avant de rapidement la secouer de gauche à droite en entendant les inquiétudes de la jeune femme. « Non non ça va, ne vous en faite pas. » Rathi prit une nouvelle gorgée de son thé/publicité-mensongère, avant de retirer le papier qui se trouvait autour de son cupcake. « En toute objectivité, je pense que.... » elle marqua une très courte pause, posant le papier à côté de son assiette avant d'attraper sa fourchette. « Je pense que tromper quelqu'un c'est mal. Vraiment mal. » Rathi avait été élevée en Inde et, qu'on le veuille ou non, ce n'était pas un pays réputé pour son sexisme pour rien. Une femme infidèle c'était certainement l'une des pires choses. Ceci étant dit, elle n'était pas aussi étroite d'esprit que ses grands-parents. Elle poursuivait donc : « Mais trompé quelqu'un parce qu'on suis ce qu'on pense être le grand amour... c'est autre chose. » Elle prit une petite bouchée de son gâteau au chocolat avant d'ajouter : « J'pense qu'il mérite de connaître la vérité. Et que vous devriez mettre fin à ces fiançailles plutôt que de mettre fin à la relation que vous entretenez avec elle. » Elle marqua une nouvelle courte pause pour regarder son cupcake avant d'ajouter : « J'suis pas psy, mais... est ce que vous auriez été dans le même état si vous veniez de mettre fin à votre relation avec lui ? Est ce que vous seriez sortit de ce café en larme comme ça ? » Elle connaissait à pleine October, mais à entendre son histoire, Rathi en était persuadée : elle serait certainement sortie avec un petit air coupable sur le visage, mais surtout un petit sourire aux coins des lèvres, à l'idée d'être enfin libre d'aimer celle qu'elle voulait et surtout, celle qu'elle aimait vraiment. « Vous savez... chez moi y'a encore beaucoup de mariages arrangés.... beaucoup. Et savoir que vous, qui ne semblez pas être forcée par votre famille, êtes quand même sur le point d'épouser cet homme que vous n'aimez pas.... Je trouve ça vraiment dommage. En faite, ça me déçois un peu et ça me fait de la peine. Surtout sachant que vous êtes amoureuse de quelqu'un. Et que du coup vous ne l'épouser pas parce que vous êtes seule et que vous pensez ne jamais trouver mieux, mais parce que vous pensez que c'est ce qu'il faut faire. Ce qui est juste. » Elle prit une nouvelle boucher de son gâteau, prenant le temps de mâcher, reposant ses grands yeux sur October avant de conclure : « Alors ce qui serait juste serait plutôt de mettre fin à ces fiançailles tout de suite. Ça vous éviterait de la paperasse, des dépenses et surtout, un mariage malheur. »