ks || you shoot me down

« Krystal Amanda Weismann, voulez-vous prendre pour époux Eric  Stefan Schneider ? » te demanda le prêtre après un long discours sur l’amour, la confiance et la fidélité. « Oui, je le veux » répondis-tu, le sourire aux lèvres. Ce jour, tu l’as toujours rêvé, pouvoir enfin dire oui à l’homme de ta vie. Dans ta belle robe de mariée blanche et décorée de petites perles et paillettes, tu ne pouvais imaginer une plus belle journée. Le prêtre posa également cette question à ton futur époux, qui n’hésita pas une seconde et dit oui. « Vous pouvez embrasser la mariée ! » Les deux jeunes mariés s’embrassèrent sous les applaudissements et les sourires de leurs  proches. « Je t’aimerai  pour toujours » te chuchotas Eric à l’oreille. « Jusqu’à la fin de temps » ; cette phrase résonna dans le vide durant de longues secondes avant que des tirs et des cris se fassent entendre.  Tu te réveillas, les yeux humides et la peau brûlante. Tu regardas le coussin vide à tes côtés et éclatas en sanglots. Tu ne savais plus où tu étais ; chez toi, à Wellington? En Iraq? A Washington? « Eric ! Eric ! » hurlas-tu de désespoir. « Reviens Eric je t’en prie.. » répétas-tu continuellement. Après de nombreuses larmes coulant sur ta joue, tu avalas un somnifère, comme après chaque cauchemar.
« Courez ! Courez ! » Les tirs s’enchaînaient s’en que tu ne comprennes d’où ils venaient, mais tu ne faisais que de courir, suivant le conseil de ton cher mari, à quelques mètres de toi, portant l’un des soldats blessés à bout de bras. Les tirs semblaient se rapprocher, tu chargeas alors ton arme automatique puis tu tiras au loin pour permettre au reste de ton équipe d’aller se cacher. « Krystal, dégage ! Cours ! » Tu courras pour te mettre à couvert et regardas tous ces soldats autour de toi, la peur se lisant dans leurs yeux.  Tu cherchas ton mari dans le tas, mais tu ne le vis pas. Tu crias son prénom plusieurs fois, mais sans réponse. Ton regard se porta alors sur le chemin que vous aviez emprunté, et tu l’aperçus donner les premiers soins à un soldat. Les tirs déchiraient alors cette fausse trêve durant une trentaine de secondes. Avant même que tu ne puisses charger ton arme, une voiture noire surgit de la colline, suivie de plusieurs véhicules. « Tirez ! » ordonnas-tu à tes subordonnés. Tout s’enchaîna subitement ; l’ennemi arriva de tous les côtés, vous étiez pris dans une embuscade. Plusieurs de tes soldats furent touchés. Tu ne pus t’empêcher de regarder continuellement ton mari, priant pour qu’il revienne. Tu rechargeas ton arme puis courra jusqu’à lui en tirant tout autour de toi. C’était le chaos, tes oreilles sifflaient, tes muscles brûlaient d’adrénaline, ton cœur battait en mourir. Ton mari se redressa pour te rejoindre, mais même avant qu’il ne puisse courir, un tir retentit,  tu vis ses yeux s’écarquiller et tout son corps se crispa. Une balle se logea dans son dos, il tomba à genoux, il s’écroula sur ce sol poussiéreux. Le monde s’écroula. Le temps s’arrêta. Tu fus paralysée. Ton cœur se brisa. Ton cri fit taire toutes les armes. Tu accourras vers ton mari, t’agenouillas et tint sa tête, que tu portas contre ton buste, l’embrassant désespérément. Les tirs continuèrent, puis s’arrêtèrent. L’ennemi s’enfuit. La vie de ton mari également. Le silence régna dans ce paysage dévasté, seules tes larmes rompaient ce calme morbide.
La mort a arraché l'amour de ta vie. Lui ayant promis l'éternité lors de votre mariage, tu ne pus imaginer ta vie sans lui. Ta vie n'avait plus de sens, tu te sentais vide. De la musique en fond, toi couchée sur ton lit, ton arme de service dans le tiroir, tu ne pouvais imaginer une meilleure fin. Les larmes coulaient, les regrets aussi. Toutes les photos posées sur la commode et la table de nuit semblaient te regarder, désespérées. Tu chargeas ton arme, ton Smith & Wesson Model 5946, puis le porta à ta tempe. « All the stars were shining bright, and then he kissed me » ne cessa de répéter la chanson qui s'entendait depuis le salon. Tu avais mal, tu avais peur, tu souffrais. Tu pris une grande inspiration, puis, tu appuyas sur la gachette. Tes doigts glissèrent et dévièrent la trajectoire de la balle, elle se se logea dans ta mâchoire. Tu as échoué. Tu vivais encore.
« Madame Schneider, j’ai quelque chose à vous annoncer », dit ton médecin. « Les tests ont révélés que.. vous êtes enceinte ». Tu restas silencieuse. Tu ne réalisas sans doute pas ce qu’il se passait. Trois semaines après être revenue d’Iraq, trois semaines après le décès de ton mari, une semaine après ta tentative de suicide, la vie n’avait plus aucun sens. Tu regardas le médecin puis souris nerveusement. « C’est vrai ? », demandas-tu envahie par une soudaine émotion. «Votre taux de β-HCG est élevé.. et ce test est très fiable. » Ton regard s’inonda de larmes. « Docteur, je.. je ne peux pas le garder. » Le médecin hocha la tête discrètement puis écrivit quelques mots sur un bout de papier. « Vous irez alors ici, dans deux jours. Wellington's hospital. Ils s’occuperont de vous. Tout est anonyme, ne ne vous inquiétez pas.  Tout va bien se passer. »
« Tout va bien se passer, chérie ! Je ne vais que jusqu’à Washington. Tu sais très bien que je ne peux pas refuser.. en plus il s’agit du général Mayer qui souhaite me voir en personne. Ne t’en fais pas, je rentrerai rapidement », dit-il avant de t’embrasser fougueusement contre le mur de la cuisine.  « T'es sûr que je peux pas t'accompagner? », demandas-tu avec insistance. « M'accompagner?
Chérie, voyons.. Ils n'ont pas besoin des lieutenants, seulement des capitaines », ricana-t-il en te tirant les joues. Voyant que tu boudais et que tu ne trouvais pas cela très drôle, il t’embrassa aux creux du cou puis te murmuras un « Je t’aime ».
«  I hope life treats you kind,
And I hope you have all you’ve dreamed of
And I wish you joy and happiness
But, above all this, I wish you love.
And I will always love  you,
I will always love you,
I will always love you,
Youm
Darling, I love you,
Oh, I will always love you ».