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Creudi ! » Rosaline frappa dans ce bout de caoutchouc qui lui servait de pneu. Disons que ce n’était pas le bon moment, ni l’endroit pour tomber en panne. La rue était déserte, la lumière argentée qui émanait de la lune commençait à donner cette atmosphère à la fois si paisible et si étrange. Un nombre incalculable de scénarios lui vinrent à l’esprit. Cherchant du coin de l’œil le clown psychopathe avec sa tronçonneuse ou encore la dame blanche qui viendrait lui rendre visite. Rosa n'avait pas l'âme d'une aventurière. Mais ce soir, elle avait décidé de prendre son destin en main. Elle avait des doutes, des peurs, mais au fond, Rosaline savait pertinemment que le seul choix qui lui restait, c'était de partir. La jeune Potter, fille de bonne famille n’avait pas pour habitude de se retrouver dans ce genre de situation. De voler la voiture de son père en pleine nuit afin de partir vers une destination qui lui était encore inconnue. Rosa n’avait que vingt-quatre ans à cette époque. Bien loin de la femme qu'elle allait devenir. La brune avait toujours été choyée par ses parents, dernière de cette grande famille. On voyait en elle et son QI au-dessus de la norme, l’avenir de la lignée. Ils étaient fiers, ses parents de divulguer à qui voulait entendre le quotient de leur petite dernière. Vous devez certainement vous demander pourquoi est-elle partie ? Pourquoi une gosse de riches voudrait prendre son baluchon afin de vivre d’eau fraîche sans amour ? Tout simplement parce que la brune ne trouvait pas sa place parmi eux. Rosaline s’était toujours sentie comme, différente. Le vilain petit canard des temps modernes. Elle n’était pas parfaite. Voyant la déception de ses parents s’accroître de jour en jour. Se demandant ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de leur gamine. On attendait beaucoup trop de sa petite personne. Rosie devait être belle, raffinée, élégante, drôle, mais pas trop, en gros ressembler à une potiche de bonne famille. Mais elle, elle aimait le rock, le dessin, les jeux vidéos, les films d’horreur, regarder des vidéos sur Youtube. Non, Rosa ne rêvait pas de reprendre le cabinet d’avocats de son paternel, ni devenir juge. Trouvant la vie en elle-même déjà bien trop injuste pour émettre un quelconque jugement. Tout ce qu’elle voulait, c’était dessiner et chanter. Rosie entendait encore les rires de son père lorsqu'elle lui avoua cela… On lui interdit de voir ses amis qui étaient à leurs yeux de mauvaises fréquentations et la cause de ce changement de personnalité. Pourtant la jeune femme essaya de se résoudre à son destin. Elle sera comme ses autres sœurs. Une autre Potter à marier. On aurait dit une histoire à la Jane Austen. La brune se retrouvait bien dans le rôle d'Elizabeth Bennet. Moins belle que ses sœurs, sauvage, au caractère bien trop tranché pour une lady. L'étiquette de la haute n'avait pas évolué et encore moins ses puristes de parents. Alors la jolie fleur décida de s'y résoudre, de faire plaisir à son père. Intégrer une école de droit, de rentrer dans les clous de cette société à deux balles. Parce que oui, la jeune femme a très vite compris que ce monde n’aimait pas la différence. Il fallait rentrer dans le moule. Mais un jour, son père lui demanda la chose de trop...
***
«
Me fiancer ? Moi ? Mais vous êtes complètement malades ! » «
ROSIE ! CE N'EST PAS UNE FAÇON DE PARLER ! » Le rouge lui montait au visage. Ses mains tremblaient, submergée par cette colère qu'elle tentait de retenir. «
Pourquoi vouloir me fiancer à lui !? » Dit-elle en pointant du doigt la porte du salon où se trouvait l'homme en question. Alors c'était donc bien ça. Une rencontre des moins spontanés et un mariage arrangé. «
Vous vous croyez encore au moyen-âge ou quoi ? Je suis libre de faire ce que je veux, on est au vingt et unième siècle ! Il est hors de question que j'épouse ce mec ! » Son père but une gorgée de son verre avant de parler, tentant lui aussi de garder son calme. Les apparences, l'étiquette... Voilà ce qui comptait dans la famille Potter. «
Cesse donc de parler ainsi ! Cet homme est tout ce qu'il y a de plus correct ! C'est l'un des meilleurs partis je te signale ! C'est un miracle qu'il veuille bien s'intéresser à toi.» La brune resta sous le choc, sa bouche béante pour preuve. «
Je sais ! Je suis la honte de cette famille… Je n'ai pas réussi mes études comme vous le voudriez, mais ce n'est pas une raison pour me vendre au premier venu ! » Rosa avait bien conscience qu'elle avait tout foiré. Ses études ne l'intéressait pas. Sa vie était encore plus morne qu'elle ne l'avait imaginé. Préférant passer son temps à dessiner sur son petit carnet. «
Un bon mariage, voilà le seul moyen qu'il te reste afin de… » «
Afin de quoi père ? De redevenir légitime à votre égard ? D'être en-fin à la hauteur de vos attentes ? »Elle le fusillait du regard. «
Vous croyez sincèrement que m’enchaîner au bras de cet homme fera de moi une femme meilleure ? » Monsieur Potter avait la tête haute et le regard encore plus froid qu’à l’habituel. Observant de haut sa méprisable fille. «
Plus respectable du moins. Tu as tellement changé… » Il était plus que déçu. Pour la première fois de sa vie, Rosaline compris qu’elle n’était plus rien aux yeux de son père. Rosie avait raté ses études, préférant sortir dans ces soirées de gosses de riche où l'alcool permettait de s’enivrer jusqu'au bout de la nuit. À croire qu’il y avait aussi de mauvaises fréquentations dans la haute société. Elle n’était plus que la paria des Potter. Une âme perdue dans ce monde où la futilité était reine. «
Il est vrai que je ne serai jamais aussi docile et cruche que mes deux autres sœurs. » «
Rosie … » «
C’est vous le responsable du monstre que je suis devenue ! » Un voile de larmes recouvrait ses yeux. «
À vouloir me transformer, faire de moi ce que je ne suis pas… Oui j'ai trouvé plus de réconfort en sniffant un rail de coke qu’auprès de vous ! » C’était la phrase de trop. Joseph Potter tenta de prendre un ton à la fois dur sans pour autant hausser la voix. «
Va dans ta chambre, et n’en redescend pas jusqu’à ce que tu sois à nouveau lucide. »