☆ i can't drown my demons (héra)

Tu n'étais qu'un ange blond aux prunelles azurées, une petite fille qui naquit dans ce ranch, perdu dans cette campagne typiquement américaine, une habitation qui appartenait à ta famille depuis des générations, léguée à présent à une mère qui n'avait jamais rien connue d'autre que cette quiétude, loin de la vie citadine qui ne l'avait jamais tentée. Tu étais née en ces lieux, tu vivais une enfance paisible entourée de ces chevaux qui étaient tes amis les plus précieux et les plus fidèles, rejoignant ce petit village à quelques pas de là pour t'instruire et goûter au joie d'une vie plus sociable et enfantine. Mais il y avait cette question qui ne cessait de tarauder ton esprit quand tu voyais ces familles, ces couples quand ta mère elle t'élevait seule sans l'aide de quiconque, une question qui avait outrepassée la barrière de tes lèvres, tes prunelles se plongeant dans ce regard identique au tien, la surprise se distillant dans cet océan bleuté avant qu'un sourire n'emplissait les lèvres de cette brune dont les doigts glissaient en une caresse tendre sur ton visage poupin. Ton père était épris de son travail, vivant une vie différente de la vôtre, une vie dans laquelle il n'avait sa place. C'était une explication sincère malgré ce coeur qui se serrait pour ce paternel qui était inconnu à tes yeux, mais tu ne t'en préoccupais plus, guidée par tes désirs enfantins liés à cette équitation qui était ta passion, qui faisait bouillir ce flux carmin dans tes veines, amenant cette adrénaline que tu ne cessais de rechercher, une passion qui te poursuivait durant l'enfance et l'adolescence, ne cessant de monter ces chevaux, partant en randonnée pendant de longues heures avec ces derniers dans ces forêts qui entouraient la propriété. Ta mère voyait se dessiner un avenir reluisant, celui de jockey, compétition dans lesquelles tu excellerais au vu de cet apprentissage que tu avais acquis depuis ton plus jeune âge, mais tu avais d'autres projets en tête, une idée qui ne cessait de te titiller depuis que tu l'avais perçue, celle de rejoindre ce corps de police, de te diriger vers une autre passion, au grand dam de cette mère qui n'a jamais su accepter ta décision.


Elle était distante et froide, n'ayant pu jamais acceptée le fait que tu puisses te détourner de ces rêves que tu avais également effleurée avant de changer complètement de direction. Les disputes ne cessaient de s’entremêler dans votre quotidien quand tu avais fini par claquer la porte de ce ranch pour aller t'installer en ville en une solution plus facile pour suivre ta formation en tant que future policière. Tu ne comprenais cette réaction aussi virulente face à un métier qui t'attirais plus que ces courses, passion qui resterait en toi mais qui n'était qu'un loisir, une distraction quant tu souhaitais t'investir pleinement dans ce pan de la justice. Une visite à ce ranch pour tenter d'apaiser les tensions, une énième dispute entre vos deux êtres, des injures qui glissaient hors de tes lèvres en des mots acérés, en une situation qui te dépassait totalement. Une porte que tu claquais à nouveau, le vrombissement du moteur qui s'éloignait dans cette allée en terre battue pour te perdre sur les routes de ces paysages boisées où tu avais l'impression d'être seule au monde, la haine ne cessant de pulser dans ton être de même que l'amertume et une certaine tristesse pour l'incompréhension de tes choix en cet assentiment qu'elle n'avait jamais exprimée. Une sonnerie qui te sortie de tes pensées, un numéro inconnu, un appel que tu pris alors que le manteau étoilé habillait ce ciel au dessus de ton être.Tu blêmissais violemment, manquant de sortir de la route, délaissant l'appareil pour faire demi-tour, fonçant à une allure déraisonnable alors que les sirènes résonnaient au loin, ces lumières vives que tu percevais ainsi que ces flammes dévorantes, rougeoyantes. C'était un brasier, une vie partie en fumée, pompiers qui tentaient d'éteindre cette fournaise où flottait cette flagrance qui vint te donné la nausée. Un parfum de mort, de souffrance, un coeur qui fut broyé, une souffrance fulgurante qui envahissait chaque cellule de ton être. Il n'y avait plus rien de ce que tu avais connue et pire encore, la seule personne au monde que tu aimais profondément n'était plus que cendres. Il n'y avait eu d'adieu, ni de reconnaissance, ni ces quelques petites lettres que tu n'avais jamais murmurée à son encontre, ta dernière discussion avec cette mère arrachée ayant été houleuse, amère, dévastatrice. Un souvenir glaçant, poignant qui te poursuivrait tout au long de ton existence, arrachée de tes racines, ton coeur n'étant plus qu'un amas de lambeaux rougeâtres face à cette perte qui te changea du tout au tout, t'amenant à effleurer ce précipice obscur dans lequel tu allais plongée, en une spirale infernale dont tu n'arriverais à te défaire.


Comme un fantôme, elle n'avait cessée de te hanter, apparaissant dans tes rêves en cette silhouette fantomatique pleine d’amertume, t'accusant de cette mort qui l'avait fauchée avant autant de brutalité. Tu ne t'en étais jamais remise malgré les sourires qui se peignaient sur ta bouche mutine, malgré que tu te noyais dans ton travail tout en découvrant cet autre monde qui t'attirait, tel un papillon de nuit qui ne cessait de tournoyer autour de cette lumière fascinante et meurtrière. Cela n'avait été qu'un pari sur une course, paris qui ne cessaient de s'amonceler jusqu'à devenir une addiction, un moyen d'oublier, une adrénaline qui effaçait temporairement ces pensées noirâtres qui te rongeaient de l'intérieur.  Mais elles ne cessaient de s'accumuler, ces dettes de jeux, ces bookmakers qui se montraient insistants pour voir cette couleur verdâtre qu'était ces billets verts que tu gagnais pour les reperdre aussitôt. Un cercle vicieux et malfaisant. Une addiction sur laquelle on appuyait pour te contraindre, te soumettre à l'illégalité et à la criminalité. Des infos que tu glissais au plus offrant, des pièces à conviction qui disparaissaient mystérieusement, quelques coups de pouce pour ne pas perde avantage dans ce monde auquel tu appartenais à présent. Il n'y avait plus de moral, ni de limite, seulement l'envie d'avoir plus, toujours plus, de te sentir vivre dans ces quelques moments d'ivresse, de plénitude. Une addiction dans laquelle tu te complaisais, de laquelle tu ne voulais t'extraire, des arrangements auxquels tu prenais part tout en essayant de démanteler en parallèle ce passé rester sans réponse, celui de ce père que tu n'avais jamais connu, des racines autres que celle d'une mère à présent envolée. Une mère qui n'était plus qu'une pierre gravée sur laquelle ton regard ne cessait de se perdre dans ces confidences que tu murmurais, ne sachant si elle pouvant t'entendre dans cet autre monde que tu ne pouvais atteindre. Tu te donnais à fond dans cette recherche même si tu avais peu d'informations sur ce paternel, des pistes qui s'avéraient peu fructueuses, un désarroi que tu essayais de pallié avec ton optimisme, un optimisme qui serait mis à rude épreuve par cette ultime tour sournois et sanguinaire du destin.


Tu ne pouvais y croire et pourtant, c'était arrivé. Une mort brutale, une balle logée en pleine tête, la mort de cet indic que tu avais déjà croisée à plusieurs reprises. Une incompréhension de la part de tes collègues qui pensaient à un règlement de compte, mais toi, tu savais. Ce nom...C'était l'un de ceux que tu avais murmuré en l'échange d'une dette effacée. Tu avais l'impression de revivre le cauchemar de cet incendie qui avait ravagé non seulement tes souvenirs, mais également une partie de ton âme, en une brûlure vive que tu ne pouvais apaisée. Le goût du sang qui effleurait ta langue, cette angoisse de finir par être dévoiler. Un monde nocturne et obscur que tu quittais rapidement pleine de remords, la culpabilité rejoignant celle qui étais déjà ancrée dans ton être, qui vrillait cet organe rougeoyant qui ne cessait de se compresser dans cette prison nacrée. Tu souhaitais disparaître, ne plus devenir qu'une silhouette fantomatique, t’effacer rapidement de cette ville où les démons n'avaient cessés de t'étreindre. Une échappatoire qui vint se glisser d'elle-même lorsque tu trouvais cette ultime piste qui menait à ce pays verdoyant, à cette nouvelle-zélande bien loin de cette amérique où tu ne te sentais plus chez toi. Un imperceptible sourire, une envie de tout recommencer tout en fouillant pour trouver ce semblant de famille qui te restait et qui se trouvait loin de cette oiseau de proie qui ne cessait de planer au dessus de ton être. Une mutation demandée et acceptée et tu te laissais portée vers une autre ville différente de ce que tu avais connue, qui, tu l'espérais, apporterait des réponses à ces questions que tu ne cessais de te poser depuis ta tendre enfance. Mais l'ombre continue de te poursuivre malgré tout, prête à de nouveau t'ensevelir et t'enchaîner à ces chaînes desquelles tu t'es extraite, pour un temps limité.