SOLEIL CHERCHE FUTUR (manhattan)

manhattan la douceur,
durant ses vingt trois années il s'est fracassé,
cogné contre trop de cœurs,
son armure était pas assez robuste ;
l'amour l'a tué.

manhattan l'enfant,
môme insouciant de cinq ans,
avec le cœur qu'il confiait au monde entier.
manhattan le gosse amoureux,
des étoiles, des insectes, des formes géométriques.
amoureux de sa mère, de son père, de sa voisine d'à côté.
manhattan l'enfant se brise un peu,
quand on lui dit que son petit coeur va désormais battre à des centaines de kilomètre de là où il a bat pour la première fois.

manhattan l'adolescent,
celui qui a découvert qui il était.
qui a arrêté de vouloir faire battre son cœur plus vite aux milieux des filles.
manhattan qui s'assume.
manhattan qui ose.
manhattan qui s'effondre quand son père l'attrape.
et ça lui fait bizarre, au gamin de quatorze ans,
de découvrir le pouvoir des mots ;
cet effet de coup de poignards planté dans son cœur.

manhattan l'amoureux transit,
de la vie,
de cette ville qui dort si peu et qui lui crée des cernes sous les yeux.
manhattan amoureux,
de lui,
de l'homme aux yeux gris.
étouffé par les buildings de new york, ils se sont embrassés, enlacés, enamourés.
et c'était beau,
de voir qu'un baiser suffisait à les faire voyager.
et c'était beau,
de les voir les doigts et le cœur entrelacés.
et c'était beau,
quand manhattan offrait son cœur à chacune de ses caresses.
ç'a arrêté d'être beau,
quand les baisers finissaient par l'étouffer,
quand les disputes s'emmêlaient dans leur amour,
quand les caresses se sont transformés en coups.
alors manhattan a ramassé les morceaux de son cœur,
ceux encore intacts et les tout cassés,
et il est parti.

manhattan le cabossé,
l'être éperdu.
il se l'est dit, il se l'est juré,
de plus jamais s'envoler d'amour.
manhattan le cœur rafistolé,
encore tout endeuillé de ses amours perdus,
replonge le cœur tout entier,
quand il le voit lui,
cet autre lui.