an ember in the ashes (Elise)

Petite bâtarde
Il n’est pas rare de voir un ou deux batards dans les familles royales. Après tout, n’est-on pas certain du fait que Charles n’ait pas un ou deux enfants illégitimes dans la nature ? Et le scandale de Monaco alors ? Donc pourquoi la famille royale française ferait-elle exception ? Certes, des suites de son divorce et de ses deux ainés malades, la famille de la duchesse de Montpensier sont tout de même restés discrets. Sauf son petit dernier -dont on taira le nom pour une raison de confidentialité- qui s’est retrouvé à batifoler avec une jeune française. Une artiste, une simple artiste. Elle peignait, photographiait et saisissait l’instant présent. Emma. Il était beau, charismatique et surtout très anonyme. Avec une certaine fraicheur, un romantisme, il lui a fait la cour et elle en est tombée amoureuse. Rapidement, ils ont consommé cet amour et elle s’est vite retrouvée enceinte. Cette pauvre Emma. « Il est hors de question que j’accueille votre bâtard dans ma maison. » Grand-mère implacable, intransigeante. Elle se retrouva à la rue, jetée dans le caniveau. Sans aucune attache. Mais Emma avait sa tête, toute sa tête. et un don innée pour le chantage. « Reconnais l’enfant ou je te jette en pâture aux médias. Sans lui dire ce que tu es bien sûr. » Ainsi est née la petite Elise. Une enfant chargée de vie, souriante, contente lorsque Monsieur son père venait la voir, ignorant qu'il s'agissait d'un prince. De beaux yeux bleus, des cheveux blonds de la couleur du soleil et surtout très docile. Même que la vieille a fini par se prendre d’affection pour cette jeune enfant. Sur ses genoux, elle lui contait des histoires. Lui apprenait l’étiquette malgré elle. Elise. Comme cette fameuse Lettre. Tout le monde pensait que c’était en rapport avec la musique classique mais la mère n’était qu’une farfelue. Elle l’est encore.
Elle nomma sa fille unique en rapport à La lettre à Elise, lettre jouée par la mère du grand Bill, le jour où son fils cadet a disparu. Musique d’introduction de son roman favori : Ça.

Chagrin d'amour
« Ta mère n’est qu’une simple domestique. » Elle ne comprenait pas l’enfant. Sa mère, sa mère la baroudeuse, la rebelle était pourtant au service de la famille royale. Une famille déchue dont on n’entendait jamais parler. Elise se mit à les détester, leur façon d’être, de la regarder, de se comporter comme s’ils étaient les rois du monde. Il y avait bien monsieur. Celui dont elle ignorait qu’il était son père. Le jeune prince qui était gentil avec elle. mais ça ne suffisait pas. Un jour, ne supportant plus les moqueries des autres, elle eut besoin de s’émanciper. La duchesse l’avait élevée, comme si elle était son arrière-grand-mère « Fais ci, tiens-toi droite. » S’en fut trop pour Elise qui après une longue lettre à Emma, partie faire ses études de droit en Afrique. Lorsqu’elle posa son pied dans ce pays, elle se sentit chez elle. En parallèle de ses études de droit, elle enchaina les travails. Elle voulut se débrouiller toute seule, ignorant la richesse de son patrimoine. Puis un jour, elle le rencontra. Ses yeux clairs, sa peau diaphane, il était beaucoup plus vieux, beaucoup plus grand. Et elle tomba facilement sous le charme. A y réfléchir, Elise se sentit sotte d’avoir céder aussi rapidement quand le lendemain, ses draps furent vides. Il était parti, envolé. Dieu qu’elle l’aimait. Non, qu’elle l’aime encore. Elle sait que son cœur sera toujours à lui. Mais, elle n’était rien. Avec une mère, bonne. Un père qui venait la voir de temps en temps mais dont elle ignorait tout de lui. Plus elle a grandi, et plus ce père s’est effacé. Elle n’enviait pas les princes et les princesses. Non, elle voulait juste…
Exister.
Puis un jour, les chemins des amants maudits se sont croisés de nouveau. Elise était en colère. Elle le haïssait. Alors qu’au fond d’elle, un conflit intérieur régnait. Dès qu’elle le voyait, elle avait envie de le toucher. Dès que son regard s’attardait sur ses lèvres, elle avait envie d’y goûter.  Elle aurait aimé se détacher de lui, elle savait cette relation toxique. Lui et ses costumes si chers, elle et ses cheveux, plein de terre. Sa passion pour les enfants, son autorité. Ils étaient le jour et la nuit. La fragilité et la dureté. Elle aurait tellement aimé qu’il l’aime mais le premier coup bas tomba. « je suis en couple. » Il était en couple avec cette femme sublime dont elle avait vu une photo un jour. Axel était si belle, si riche, de son milieu. Alors qu’elle n’était rien. Ce fut son premier coup dur. Elle se mit à le fuir, à quitter les missions qu’ils avaient en commun, qu’elle cherchait désespérément. Une retraite en Inde lui apprit à se recentrer. Puis Elise repartit voir sa famille. Sa mère l’accueillit avec chaleur alors que le restant de la famille demeurait froid. Après tout, elle ne partageait pas le même sang qu’eux. Elle n’était rien. Elise ne posait jamais de questions. Elise était rebelle. Une mission l’appela et elle retrouva son grand amour. Mais ça n’arrivera jamais. Il la regarda avec froideur, les engueulades suivirent. Aucun contact. Puis, il lui annonca de but en blanc, sans retenue aucune. « Je suis fiancé, Elise. Axel et moi allons nous marier. » Forcément, Axel. Elle se mit à la mépriser. Mais elle ne voulut pas pleurer devant lui. Non, elle valait mieux que ça. Beaucoup mieux. Alors, elle termina son projet puis à l’aéroport lui adressa un bref salut avant de le quitter.
Pour toujours.


Les projecteurs et des fiançailles à point nommées.
Le reste fut assez flou pour Elise. Elle entra dans une sorte de catatonie. Comme si son cœur demeura atrophié. La duchesse la fit appeler un soir. Elle n’avait aucune envie d’aller voir cette vieille femme qu’elle haïssait. Elle les haïssait tous car ils étaient du même lieu milieu qu’Elle. « Regarde-moi mon enfant. » Elle leva la tête, haute. Malgré ses origines modestes, elle avait toujours su se tenir. Grâce ou à cause de l’éducation rigide de la duchesse. « Tu commences à devenir âgée, Elise. » Elle l’était oui. Trente ans. C’était un bel âge. Il lui fallait songer à se poser. Alors, elle accepta un travail plus sable pour se maintenir loin des œuvres caritatives. Seule son association comptait mais elle ne voulait pas risquer de retomber sur Lui. Donc alors que par le biais de son association, elle se rendit aux Emirats, elle le rencontra. Le second homme de sa vie. Cheriz. Egalement plus âgé qu’elle, il lui fut charmant. Elle était la blondeur incarnée alors qu’il avait les cheveux noir d’encre. Elle le savait héritier d’une riche famille mais ce dernier se mit à lui faire la cour. Rapidement, la presse s’empara de l’affaire. Elise en eut le tournis. Tout le monde se mit à être si révérencieux envers elle. mais elle se plaisait à croire qu’elle l’aimait. Ce qu’elle avait partagé auparavant avec le Walton n’était rien. Un écran de fumée et une relation toxique. Elle ignorait que tout ceci n’était en réalité qu’un mariage arrangé avec sa famille. Sa véritable famille. Celle qu’elle prenait pour les employeurs de sa mère. Elise ignorait tout de ses véritables origines. Du sang bleu qui coulait dans ses veines. Mais quand Cheriz posa un genou à terre, elle répondit oui sans hésiter. Il lui passa une bague trop couteuse au doigt, l’emmena au mariage princier, l’emmena partout. Elle eut le sentiment d’être un jouet, une poupée qu’on exhibe. « Cheriz je voudrais me retirer un peu. » Il acquiesça. Il était tellement gentil. Elise ne savait plus d’où elle avait entendu le nom de Wellington mais ça lui semblait bien. Encore une fois, il lui donna son accord à une seule condition : un garde du corps. Il était quelqu’un d’influent et refusait de laisser sa précieuse seule dans une ville qu’il ne connaissait pas. Elle voulait vivre à l’hôtel, il racheta ce dernier. Elle voulait être indépendante, il lui prit un énorme chien, un molosse aux dents acérées pour la protéger ainsi qu’un garde du corps. Wallace. Un fidèle de son futur époux. Toujours cette impression d’étouffer. La pression était trop forte pour elle. Alors, elle commença à faire le mur pour aller courir. Pour nager. Puis alors qu’elle faisait son jogging matinal, elle le vit de loin. Il descendait d’une voiture luxueuse. Voilà où elle avait entendu le nom de Wellington. Son cœur explosa à nouveau et elle fut prise d’une rage sourde. Qu’on l’enferme donc mais elle l’emporterait avec elle. Elise tenait le carton d’invitation de sa fête de fiançailles entre les mains. Le tournait, le retournait dans tous les sens. Puis, elle fit signe à Wallace de venir. Envoie-le. »
Sur l’enveloppe deux noms.
Deux noms qu’elle avait désormais en horreur.
Deux noms.
Deux personnes.
Qu’elle tenait absolument à détruire.