fool me once, that's on you (dorian)

❝fool me once, that's on you❞

miles & dorian

Ça aurait pu être le droit comme ça aurait pu être tout autre chose. Loin des vocations ou des traditions familiales de certains, Miles s’était engagé dans ce domaine avec toute la nonchalance d’une personne peu investie dans son propre futur. Puisque la nature ne l’avait gâté d’aucun talent particulier et qu’il rechignait à considérer quoique ce soit comme une “passion”, le jeune Miles s’était trouvé bien dépourvu lorsqu’il avait fallu s’imaginer une carrière, coincé sous le regard las de la conseillère d’orientation et le poids de sa propre indifférence. Il ne se voyait pas faire comme son père et passer sa vie sur la route à la recherche de contrats à signer. Pas comme sa mère non plus, à ne retirer aucune satisfaction de longues heures à s’occuper d’autrui. Si bien qu’il avait trouvé sa providence dans le romantisme abusé d’une profession qui lui semblait acceptable. Le droit, avec ses juges et ses avocats, et la délicieuse arrogance de pouvoir jouer sur les mots et faire peser ses décisions. Miles était loin d’en être là et peut-être n’y arriverait-il jamais. L’examen du barreau n’était qu’une notion mentionnée dans les conversations idéalistes, loin de la réalité plus ennuyeuse des cours dispensés à l’université. Et Miles s’y intéressait de moins en moins, trop préoccupé par le chaos familial qui l’entourait pour se soucier de ses notes en déclin. La situation n’était pas encore trop inquiétante. Il gardait la tête au-dessus de l’eau.

Un rire – du genre de ceux qui émanent directement des tripes, rauque et honnête – attira son attention. Il appartenait à un homme posté à quelques pas de l’entrée du département de droit, en pleine conversation avec un professeur que Miles avait eu l’an dernier. Une carrure imposante, des cheveux baignés de soleil et une assurance naturelle; il était son opposé en tout point. Les regards convergeaient naturellement sur lui – inconscients ou intéressés – et Miles ne faisait pas exception. D'abord par réflexe de comparaison, puis progressivement par paranoïa en remarquant que les yeux de l’inconnu rebasculaient périodiquement dans sa direction. C’était absurde, ils ne se connaissaient ni d’Eve ni d’Adam, et Miles doutait qu’ils circulent dans des cercles similaires où son nom aurait pu être soufflé. Mais l’inconnu avait soit capté son regard, soit celui d’une personne derrière lui et Miles était trop fier pour oser se retourner et en avoir le cœur net. Comme toute personne gênée par l’attention ou désireuse de fuir toute interaction sociale, Miles fit mine de lire ses messages sur son téléphone. Il restait terriblement conscient de la distance à laquelle se trouvait le grand blond et du moment imminent où ils viendraient à se croiser lorsque Miles entrerait dans le bâtiment. Un client du bowling envers qui il avait été particulièrement désagréable ? Un ami de Lois? Eh, ça pouvait même être le fameux fiancé de Vivian, pour ce qu’il en savait! Ou personne, bon sang!  Sa vie était assez compliquée comme ça sans qu’il anticipe des confrontations à chaque coin de rue.

❝fool me once, that's on you❞

miles & dorian

Il se dirigeait droit sur lui; Miles pouvait le sentir tel un train en pleine vitesse à deux doigts de le percuter. Dans la périphérie de son regard, il apercevait la carrure imposante de l’inconnu se détacher de son interlocuteur et s’approcher dans sa direction. Cela le confortait au moins vis-à-vis de sa supposée paranoïa : l’adonis l’avait en effet bel et bien fixé à plusieurs reprises avant de – apparemment – se décider à l’aborder. Les pensées de Miles filaient encore à cent à l’heure tandis qu’il essayait de trouver une raison plausible pour cette soudaine interaction. Finalement, il leva le regard de son écran dépourvu de messages pour voir l’homme arriver à sa hauteur. Il avait juste assez d’orgueil et de curiosité pour ne pas prétendre avoir ignoré sa progression jusqu’à lui. S’il avait tant envie de lui parler, qu’il le fasse. Ce n’est pas comme s’il pouvait lui casser la gueule en public sans raison apparente. N’est-ce pas? Mais Miles était à des années lumières de la réalité, et eu juste le temps de se sentir pathétique pour avoir anticipé le pire, avant que les mots de l’autre fassent sens dans son esprit. Son...numéro? Miles aurait pu jouer l’idiot, faire semblant de ne pas reconnaître le flirt flagrant comme dans le plus cliché des films pour ados indécis, mais il préféra laisser la fausse naïveté de côté pour sauter à pied joint dans l’indignation. Car, sûrement, il s’agissait d’une blague, non? Premièrement, Miles était à peu près sûr qu’'ils ne s’étaient jamais vu, et encore moins adressé la parole. Deuxièmement, Miles était à peu près certains qu’il n’était l’idéal physique de personne. Sans pour autant avoir mené une vie de célibat jusqu’à ses 22 ans, Miles n’avait jamais été un tombeur. Le teint pâle et les articulations saillantes, il n’avait jamais trouvé l’écho de ses traits dans le visage de ceux qui faisaient rêver des adolescentes par milliers. S’il se vantait malgré tout d’avoir un certains charme, il avait toujours été maladroit dans sa manière de montrer ses sentiments. Brusque et plein d'entrain ou froid et paradoxal. Le tout agrémenté d’une jalousie qui n’aidait en rien la longévité d’une relation. Tout cela pour dire que si l’inconnu était bien en train de lui faire du rentre dedans, il voyait mal ce qui faisait de lui sa cible privilégiée. Son cerveau torturé avait donc ignoré toutes les règles de bienséance pour se stopper sur une seule et même conclusion : il s’agissait sans doute d’un défi grotesque entre amis ou autres moqueries. Miles réalisa avec horreur qu’il se sentait tout de même rougir. De gêne, d’agacement, peu importe! Le mal était fait.  « J’crois pas, non » railla-t-il en rencontrant son regard. « Ça marche vraiment ce genre de phrase? » demanda-t-il après un battement, un poil moqueur et un poil fasciné de savoir si les beaux gosses de ce monde n’avaient réellement aucun effort à faire pour choper quelqu’un.

Spoiler:

❝fool me once, that's on you❞

miles & dorian

Ça devait être fascinant de vivre avec une telle assurance. Et c’est sans doute l’audace de son discours qui permettait d’atténuer l’embarras chez Miles; à la fois ahuri et admiratif face à l’arrogance charmante que dégageait son interlocuteur. Il ne semblait pas se formaliser de la politesse prudente qui accompagnait habituellement les premières rencontres, si bien que la chose prenait presque des allures grotesques lorsque l’on prenait le temps d’analyser la situation : pourquoi lui? Le jeune homme comprenait mal ce qui avait poussé le don juan à le prendre pour cible dans un océan de visages plus opportuns. Du coin de l’œil, Miles pouvait déjà voir une poignée de jeunes femmes prêtes à se plier en quatre pour subir l’attention de son interlocuteur. Ça n’était pas flatteur. Ça n’avait aucun sens. Sa question n’apporta qu’un sourire sur les lèvres du blond; le genre de rictus qui doit faire fléchir les genoux et ouvrir de nombreuses portes. Il ne semblait pas le moins du monde gêné de devoir répondre du cliché de ses techniques de drague, si l’on pouvait vraiment appeler ça comme ça. « 80% » répéta-t-il, perdu entre amusement et scepticisme. « Y'a encore des efforts à faire » maugréa-t-il entre ses dents; une réflexion parfaitement idiote, lui qui devait frôler les 5% de réussite lorsqu’il faisait les efforts de volontairement chercher à séduire quelqu’un. Mais l’autre plaisantait apparemment et Miles laissa un souffle offusqué s’échapper de ses lèvres. Non mais ce gars. « Me voilà rassuré » railla-t-il après un battement. Il ne devait sans doute pas passer les portes avec le melon qu’il portait sur les épaules, voilà pourquoi il était condamné à accoster n’importe qui à l’extérieur. Miles se doutait bien que son interlocuteur surjouait son aisance et son succès. Forcément, non? Qui se comporte comme ça dans la vraie vie? Il ressemblait à ces éternels rôles de fuckboy dans les téléfilms pour adolescentes, là dans le simple but de diriger l’héroïne vers un mec capable d’une relation stable et sincère. Le musclor face à lui n’avait pas fini son plaidoyer, et Miles fut presque surpris par son dernier argument. C’était...une manière certes particulièrement d’interpréter la situation, mais Miles n’avait en effet pas répondu un non catégorique. « Quoi?! Uh...non! » rétorqua-t-il en jetant un coup d’oeil nerveux autour de lui. « Tu n’es pas vraiment sérieux? ». Miles n’en revenait pas d’être obligé de poser la question, mais cela devenait parfaitement absurde.