Broken glass on the floor, tell me what you did before...

Le 9 Février 1994, Kiara Marie O’Hara est née en plein milieu de la matinée. L’air était frais, une petite brise s’était levée lorsqu’elle est sortie de l’Hôpital avec ses parents et son frère ainé de cinq ans. Son père, un homme a tout faire et sa mère, cuisinière dans une école primaire, n’étaient pas riche ni pauvre. Ils aimaient leurs enfants plus que tout. A quelques mois, la petite Kiara a eu la malchance d’attraper une bronchite. Mal traitée à cause de leurs manques de moyens, la petite fille a été emmenée à l’Hôpital presque mourante un matin. Elle a passé plus d’un mois en couveuse, protégée et traitée par des médecins. Sa mère ne s’en est jamais remise et s’était jurée de protéger ses enfants de tout. Couvée, choyée comme l’enfant-miracle, Kiara a grandit dans un foyer heureux. Elle n’était pas malheureuse du manque de moyen de ses parents, elle le vivait comme une fatalité. Ses premiers jours d’école elle montrait déjà un attrait vers l’autre, vers l’inconnu et alors que sa mère la regardait s’éloigner d’elle sans pleurer, un sourire aux lèvres, elle se rendit bien vite compte qu’elle avait à faire a un electron libre.

La petite fille grandissait assez rapidement, observant beaucoup le monde qui l’entourait, répondant assez difficilement aux ordres qu’on lui donnait. Elle n’était pas la préférée de la maitresse et ne le serait pas plus dans les années à suivre. A côté, elle développait une relation fusionnelle avec son frère ainé de cinq ans, Kyle. Ils se ressemblaient, physiquement, mais aussi dans l’esprit. Ils se comprenaient sans avoir à parler, se souriaient quand il ramenait des bulletins de notes médiocres. C’était devenu leur nouveau jeu favoris: qui pouvait ramener les pires notes. Kiara n’était pas douée à l’école. Elle s’ennuyait terriblement. Elle observait à travers la fenêtre, ses bulletins de notes la disaient « rêveuse et indisciplinée ». Dans la même école que son frère elle faisait les quatre cent coups. Ils avaient un jour eu l’idée de vider totalement un extincteur sur le sol d’un couloir et de glisser. Ils faisaient les fous. Ils étaient libres. Ce jour-là son frère s’était enfui plus vite qu’elle, elle avait été blâmée et renvoyée de l’école.

« Kiara, tu fais quoi ? », son frère l’observait alors qu’elle montait sur la rambarde d’un pont. « Tu crois que si je tombe, je meurs ? ». Kyle l’observe, soupire et rigole. « Kiara, t’es pas douée à l’école mais me dit pas que t’es assez conne pour croire que tu vas pouvoir tomber et te rattraper comme un chat ? Allez arrête de faire l’idiote et remonte ». La jeune femme de seize ans maintenant s’amuse à faire des aller-retours sur la rambarde pendant que son frère l’observe, devenu silencieux. Il détestait quand elle jouait à ça. « J’ai pas envie de rentrer… ». Il lui tend la main. Il comprend. Lui aussi rêve d’air. « Descend Kiara ». Le moteur d’une voiture se fait entendre au loin. Ils étaient vraiment en retard pour diner, leur mère devait certainement les chercher. Kiara se décida à descendre et soupira longuement. « Tu me promets qu’un jour on partira ? ». Il sourit, secoua ses cheveux. « Promis ».

A côté de toutes ses conneries en tout genre, Kiara était passionnée par la gymnastique. Elle y trouvait un moyen de se défouler et devenait d’une souplesse et rigueur saisissante. Sa mère s’amusait de voir sa fille si disciplinée. Kiara, elle, avait la chance de pouvoir voyager le temps de compétitions. Elle rêvait de s’échapper sans savoir réellement pourquoi elle le souhaitait. Elle s’entendait très bien avec son père, il l’emmenait régulièrement sur ses chantiers et elle l’aidait. Plomberie, menuiserie, petits travaux… Elle étonnait toujours les personnes qui la voyaient arriver du haut de ses dix-huit ans avec son père. Son frère s’était petit à petit rangé… Une copine, un boulot stable… Elle voyait petit à petit ses rêves de partir se détruire et souffrait à l’intérieur.

Elle prépara ses affaires un Vendredi soir à l’aube de ses dix-neuf ans. Déposant une lettre sur le coin de son lit. Il faisait froid dehors lorsqu’elle ferma a clef la maison familiale et marcha jusqu’à l’arrêt de bus. Elle n’avait pas vraiment réfléchit à ce qu’elle voulait faire et tout l’argent qu’elle avait en poche, c’était de quoi payer un billet d’avion simple. Arrivée à l’aéroport elle observa les départs. L’Europe ? Non, trop proches. Les Amériques ? Non, pas envie. La Nouvelle-Zélande ? Jamais entendu parler. Les nouvelles en Irlande ne parlaient pas spécialement de ce pays… Pourquoi pas ? La jeune femme se dirigea d’un pas déterminé vers le guichet. « Un aller-simple pour la Nouvelle-Zélande s’il vous plait ! ». Quelques heures plus tard elle montait dans l’avion et s’asseyait dans un siège fortement désagréable. Les heures qui ont suivi étaient longues, très longues et fastidieuses. Elle s’ennuyait, n’avait pas pensé au nombre d’heures qu’elle allait devoir subir avant d’arriver à destination. Mais bientôt elle était là. Fraîchement descendue de l’avion elle s’avança vers l’extérieur. Un homme pressé la heurta en courant vers la sortie. «  Hey tu pourrais dire pardon ! ». La lumière effleura son visage alors qu’elle sortait de l’aéroport. « C’est parti, ça commence ici… »

La première année fut difficile. Elle s’était trouvé un petit job de serveuse dans une boite de nuit. Un homme lui avait dit qu’elle était bonne. Elle lui avait explosé le visage contre le bar, et accessoirement son verre… Direction l’hôpital. Adieu le job. Elle avait ensuite prit un job dans une petite librairie. Un client l’engueule parce qu’elle ne sait pas compter. Elle l’insulte sans gêne. Adieu le job. Vendeuse dans un magasin de vêtements ? Elle a eu le malheur de dire à une cliente qu’elle avait l’air d’une grosse vache dans cette robe… Adieu le job. La jeune femme vivait dans un petit Hôtel et manquait cruellement d’argent pour vivre alors elle dormait sur des canapés…

Un bar du coin, minuit et quart. Un verre de bourbon à la main, Kiara observait les gens attablés. Elle détestait ça mais elle n’avait pas le choix. Elle n’avait pas trouvé de boulot depuis deux semaines. Pas d’argent pour payer l’hôtel, elle avait été foutue à la rue aujourd’hui. Son regard se posa sur un homme d’une quarantaine d’année, il semblait sain d’esprit. Un sourire. Un sourire en retour. C’était parti. Quelques heures plus tard ils riaient aux éclats. Elle ne rigolait pas normalement. C’était certainement ce qu’il avait mit dans son verre sans qu’elle ne le sache. Son dernier souvenir c’était un visage, pas le même. « Ca va ? Hey, ça va ? ». Plus rien.

La luminosité était trop forte. Vraiment trop forte. Alors la jeune femme décida de se couvrir le visage avec sa couverture. Couverture ? Kiara ouvra les yeux. Elle était installée dans un lit. Encore entièrement habillée. Elle se redressa. « Y’a quelqu’un ? ». Pas de retour. La jeune femme décida de se lever et observa la chambre dans laquelle elle était. Une armoire en bois massif. Un bureau. Un ordinateur. Rien de bien intéressant. La vue était jolie. Elle était en hauteur. Elle ouvre la porte, passe dans le couloir et se dirige vers le salon. Personne. Un beau canapé. Une télévision écran plat. « La vache, c’est pas de la daube ! ». Une porte claque dans son dos. Kiara se retourne et décide d’aller inspecter. Elle ouvre une porte, la salle de bain. La pièce est encore humide. La buée sur le miroir en témoigne. Elle se dirige vers la chambre. Ouvre la porte. « Oh putain de merde ! ». Elle découvre son hôte, entièrement nu. Réflexe humain elle se couvre les yeux et recule. Il attrape sa serviette et se cache. Elle trébuche sur une chaussure au sol et tombe les fesses les premières. Il éclate de rire. « Bonjour… ». Une douleur dans la tête lui vient rapidement et elle grogne. Son esprit tourne à cent à l’heure. « Salut… ». Il s’approche, lui tend la main et ouvre les yeux. « Vous allez bien ? ». Il était grand, pas mal du tout et avait pour seule protection une serviette tenue d’une seule main… « Ca va, à part que la serviette, ça cache rien. ». Il rougit et se recule rapidement. Remet la serviette correctement autour de sa taille et sourit, mal à l’aise. « Je m’habille et on fait les présentations ? ». « Oui c’est mieux… ».

Assise sur le canapé Kiara essayait de faire le tour de sa soirée. L’homme qu’elle avait en face d’elle n’était pas celui dont elle se souvenait. De quoi elle se souvenait ? « Qu’est-ce qui s’est passé hier soir ? ». Il soupire et passe une main dans ses cheveux. Détourne le regard. Un coquard à l’oeil droit et une coupure à la lèvre. « Je vous ai vue avec un homme d’un certain âge, vous étiez en train de tituber… J’ai vite compris quelles attentions il avait… ». La jeune femme soupira et grogna de nouveau. Sa tête lui faisait un mal de chien. Le jeune homme en face d’elle va chercher un verre qu’il remplit d’eau du robinet et prend dans un placard un cachet. « Tenez, prenez ça, ça ira mieux ». Kiara haussa un sourcil et l’observa. « Continuez. » Il se racle la gorge et pendant qu’elle prend le cachet, continue son récit. « Je pouvais pas vous laisser avec lui alors je l’ai interpellé. Finalement il a cédé. ». « Non sans vous casser la gueule. ». « Pour ma défense, j’ai mis plus de coup… ». « Ca se voit hein… ». Kiara sourit, il sourit en retour et continue. « Bref, vous n’aviez pas de clef, donc pas de domicile, je vous ai ramené chez moi… ». « Et ? ». « Et rien. ». « Vous avez même pas essayé un p’tit truc au passage histoire de ? ». « Bah non ! ». « Merci. ». Elle baissa les yeux, presque gênée de remercier quelqu’un pour l’avoir défendue. Il sourit. « De rien. Maintenant que l’histoire est racontée on fait les présentations ? Bonjour, moi c’est Scott. ». La jeune femme relève les yeux et l’observe. « Kiara ». « Enchanté Kiara… ».

Aujourd’hui. « SCOTT ! ». Elle claque la porte d’entrée et hurle. « SCOTT ! ». La jeune femme sait exactement ce qu’elle a a faire, elle le fait presque trois fois par semaine, c’est presque devenu une routine. Elle se dirige vers la porte de la chambre de son ami, l’ouvre en trombe. « OH MON DIEU ! ». Elle hurle et fait semblant de paniquer. En face d’elle étendu dans son propre lit, Scott en bonne compagnie. La jeune femme était blonde, bien foutu et avait une paire de sein de la taille de pastèques. Sérieux… Scott fait mine d’être paniqué. « Oh non, chérie je suis désolé. ». La blonde regarde les deux et comprend vite qu’elle a commit une bourde. Se répand en excuse. « Oh non pourquoi tu as pu me faire ça ? Je suis enceinte… ». Kiara observe la jeune femme en train de prendre ses affaires. Scott sourit avant de prendre un air sérieux. La femme court et quitte l’appartement en trombe. La porte claque. Kiara soupire. « Tu fais chier ! T’es obligé de faire toujours ça ? ». Elle s’approche et s’assoit sur le lit de Scott qui grogne et l’observe. « C’est le deal nan ? Je baise, tu dors et tu joues accessoirement ma pauvre fiancée… Enceinte ? ». Il fronce les sourcils en rigolant. « Elle était trop lente… ». Il l’attrape et lui secoue les cheveux...

« Kyle,

Je suis désolée de partir comme ça mais j’étouffe. Tu te souviens de ta promesse ? Moi je l’ai pas oubliée et je dois partir. Même si c’est sans toi. Je suis que tu ne m’en voudras pas parce que tu comprends ce que je veux dire. J’espère que tu seras heureux avec ta copine ou ta femme… Tu vas me manquer.

PS: Désolée j’ai volé ton argent de poche…

Kiara . »


Assis dans l’aéroport de Dublin Kyle observe la lettre encore et encore. Il n’avait pas de nouvelle de sa petite soeur depuis des années. Beaucoup de choses avaient changées depuis et grâce à facebook il l’avait retrouvée… « Dernier appel pour Wellington, Nouvelle-Zélande, embarquement immédiat. ».