(noé) ≈ we bleed the same

Noé & les femmes

« De toute façon les mecs sont des gros cons, tu peux me croire. Je suis bien placé pour le savoir. » Ça lui déchire le cœur de voir sa petite sœur pleurée pour un pauvre mec qui vient de lui piétiner le cœur. Il aimerait lui dire que ça ira mieux, qu'elle retombera amoureuse tôt ou tard, mais il sait, Noé, que ce n'est pas le genre de choses qu'on veut entendre. Il a été ce mec un peu goujat, celui qui fait pleurer les filles, il est cet homme détesté des grands-frères. Mais il a horreur, horreur de savoir qu'on puisse faire de même à sa sœur, sa petite sœur. Elle est pourtant tellement jolie quand elle sourit.

« Tu m'appelles s'il y a un problème. Je t'ai donné l'adresse aussi. Tu promets que s'il y a quoi que ce soit tu me préviens. » Il avait du mal à partir Noé, ça remue à l'intérieur de son ventre. C'est sa mère qui l'a encouragé à partir, de lui-même jamais il ne l'aurait quitté, la laisser elle seule, avec sa sœur. Ça ne lui ressemble pas. « Et les médicaments ? Et si tu rentres tard, il faut bien quelqu'un pour… » « Elle est grande et je suis grande. Ce n'est pas à toi de prendre soin de nous. » « Mais… » « Il n'y a pas de mais Noé. »

« Tu m'aimes ? » « Non. » Elle l'avait regardé avec un regard noir. Il sent une claque s'abattre de manière magistrale sur sa joue alors que la femme quitte les draps, enfile ses vêtements à une vitesse folle comme s'il venait de la salir. Il lui avait pourtant dit, qu'il ne voulait pas de sentiment. « T'es qu'un pauvre con ! » qu'elle lance en quittant la chambre. Ce n'est pas comme s'il ne l'avait pas prévu, c'est pas comme s'il pouvait prendre au sérieux une fille qui s'est approchée de lui seulement pour sa guitare.

« Ptain mais… » Mais… il a pas les mots, vraiment pas les mots. Cette fille le rend dingue et pas toujours dans le bon sens. C'est pas sa copine, ils sont pas en couple, il l'aime bien c'est tout et quand on lui demande s'il y a plus, Noé se contente de se marrer. L'amour ce n'est pas pour lui. Pourtant, c'est toujours lui qu'elle appelle quand elle a besoin et lui comme un con il vient la chercher toujours. « Tu me fatigues. » Et il se fatigue lui-même de toujours venir la chercher. Des fois, il se dit que non qu'il va la laisser dans la merde, mais il culpabiliserait tellement si quelque chose de grave venait à se produire. « Aller viens fait pas cette gueule. » Elle fait pourtant rien de particulier Zélie, elle se contente de le regarder.


Noé & la musique

Il jouait cet air mélancolique sur son lit avec cette vieille guitare de collection, elle était même plus vieille que lui. Noé, il craignait de l'abimer, de la briser tellement elle était précieuse à ses yeux. La guitare de son père, le seul souvenir qu'il conserve de plus en plus de quelques photos dont il ignore quand elles ont été prises, c'était qu'un môme. C'est pour ça qu'il a appris à jouer, pour son père dans un premier lieu. Il se souvient de la manière dont il l'avait trouvé cette jolie guitare : en tapant dans l'armoire de sa mère après l'enterrement. Un bruit de corde avait résonné, l'objet poussant la porte, Noé avait empêché l'instrument de se briser contre le parquet. Il avait huit ans. Il se souvient aussi de l'arrivée de sa mère, elle s'était effondrée quand elle l'avait vu pour la première fois avec cette même guitare dans les bras.

Son échappatoire, il y a pris goût plus qu'il n'y aurait cru la première fois. Quand il joue, il oublie les peines, le fait qu'il n'a que trop mal connu son père à cause de son travail de militaire, job qui lui coûtera la vie. Il oublie que c'est le seul homme de la maison, il oublie qu'il ne sera pas toujours là pour protéger sa petite sœur des hommes. Il oublie que sa mère va mal et qu'elle ne sourira plus comme avant, qu'il y a quelque chose qui s'est brisée. Il ne pense pas au fait qu'elle ruine sa santé en enchaînant les gardes à l'hôpital, que son pauvre salaire d'infirmière et que la pension de son père ne l'aide pas à boucler les fins de mois. Mais, il joue aussi quand il est heureux Noé, parce que c'est un bon vivant, il aime bien charmer les filles en jouant, faire danser ses colocs sur une chanson à la mode qu'il reprend de manière acoustique. Il pense au groupe, leurs délires quand ils sont un peu trop alcoolisés et qu'il décide d'écrire une chanson qui parle de licorne et d'arc-en-ciel.