Kailen ++ Le monde n'est pas une usine à exaucer les vœux

 




Chapter I - Ellie Goulding ; Animal

Elle est née à Vancouver, jolie œuvre d'art du Canada mêlant la ville à de grands espaces verts à couper le souffle. Un endroit calme et reposant, là où il est bon de vivre, là où on ne peut qu’aspirer à une vie parfaite, dans un monde parfait, une famille parfaite… Si la perfection était quelque chose de vrai, de concret, peut-être que Vancouver en serait sa ville, sa capitale. Ses parents sont des gens aimants, qu'importe l'âge qu'ils peuvent avoir, ils lui ont inculqué de bonnes manières, des valeurs, et ont mis un point d’honneur à ce que cette famille soit à l’image qu’elle renvoie. Oh, elle aime sa famille, elle s’y sent bien, elle grandit avec de l’amour, avec un équilibre que l’on devrait retrouver dans n’importe quelle famille. Et si elle le pouvait, elle partagerait. Elle accueillerait bien des enfants qui meurent d’amour, des enfants qui meurent de faim, ou tout simplement, ceux qui se trouvent tellement perdus par cette vie, qu’ils ont l’impression de n’avoir plus rien à perdre. Oui, elle a grandi dans un cadre rassurant, et pourtant sa vie n’a été qu’une continuité de problèmes. A croire que la roue tourne, qu’on ne peut pas tout avoir et que le bonheur n’est qu’éphémère. En tout cas, elle, elle n’y a jamais vraiment gouté au Bonheur…

Chapter II - The Glitch Mob ; Our demons

Elle n’est pas ce genre de filles populaires. Elle n’a jamais eu de réel intérêt pour les hommes, sans parler qu’elle n’était pas cette fille faisant franchement attention à l’image qu’elle renvoyait. Pas tellement intéressée par la mode, elle n’a jamais eu confiance en elle. Comment une demoiselle comme elle pouvait-elle bien plaire ? Autant dire qu’il s’agissait là d’une chose insensée et totalement naïve. La seule chose qui l’intéressait était probablement ce monde qu’était le journalisme, mais aussi et surtout la littérature. Il était bien plus facile pour cette blondinette de fantasmer sur un monde que décrivait ses livres plutôt qu’affronter la réalité. Enfin, elle adresse parfois des sourires. A sa sœur notamment : 12 ans son ainée et une proximité bien présente. C’est bien ce que je vous ai dit, un peu plus haut : la famille parfaite sous tout rapport. Aucun mot plus haut que l’autre entre les deux sœurs, aucune jalousie seul un réel amour inconditionnel entre elle et son ainée.

Au lycée, elle a des amies aussi prudes et sages qu’elle. Peut-être même des petites intellos, alors qu’elle, elle ne cherche même pas à être la première de la classe. Vers l’âge de quinze ans, elle décide de s’intéresser un peu plus aux autres, à son entourage ou encore aux gens de sa classe. A la maison, sa sœur n’est plus et elle tente de faire avec. Le manque se ressent, mais comme lui conseille sa mère : elle doit combler ce manque en rencontrant des filles de son âge. Alors elle suit les conseils de sa mère et se lie d’amitié avec des filles toujours en évitant les garçons. Cette fille-là est bien trop naïve, elle y croit lorsqu’on lui dit qu’untel est amoureux, alors comme une pauvre idiote elle rougit et à la première occasion, décide de se cacher dans les toilettes du lycée. Elle est pathétique, elle le sait. Il faut qu’elle grandisse, qu’elle murisse mais surtout qu’elle s’affirme : une décision qu’elle prendra l’année de ses seize ans et qu’elle mettra en pratique à ses dix-sept ans seulement.

Chapter III - Tinie Tempah ft Zara Larsson ; Girls like

Elle a désormais dix-sept ans et sa vie a changé. Elle n’est plus vraiment cette jeune adolescente si prude, et pourtant elle n’a jamais rien fait avec un garçon. Elle n’ose pas vraiment, elle n’est tout simplement pas prête à passer à l’acte. Le besoin d’être entouré est bien trop fort, le manque de sa sœur est là, il est constant et la pousse à lui demander pour vivre avec elle. Avec elle, mais aussi avec lui, Virgil. Un homme qu’elle n’aime pas, qu’elle trouve stupide, mais tellement séduisant, mais c’est le compagnon de sa sœur, et puis il est plus âgé. Alors tout ça, ce n’est qu’illusion, une illusion qu’elle pense oublier. Si elle est heureuse de vivre à nouveau avec sa grande-sœur, les chamailleries ne cessent jamais avec lui. Pour un oui, pour un non, pour des broutilles ou des futilités, mais il est toujours là, il l’énerve, il la déroute aussi. Parfois.

Les mois passent et elle prend un peu plus d’assurance, elle va vers les garçons, elle s’y intéresse plus encore et un peu avant ses dix-huit ans, il y a B. qu’elle commence à fréquenter de plus en plus. Il n’est pas trop mal, il lui plait et puis il a l’air gentil. Gentil. C’est probablement la seule chose qu’il a vraiment pour lui, mais c’est toujours ça, et puis c’est un bon début, pense-t-elle. Alors elle s’attache un peu comme elle peut, et lorsqu’elle est de retour chez sa sœur, elle continue à se disputer avec Virgil qui lui mène la vie dure. Elle en a marre de ce type, elle se demande même comment Angie peut le supporter, mais n’est-ce pas son bonheur à elle le plus important ? Si, bien entendu. Evidemment même…

Chapter IV - Nostalghia ; Homeostasis

Ca y est, elle a dix-huit ans, elle est majeure. Ce jour-là, ses parents la harcèlent sur son portable afin de lui souhaiter un joyeux anniversaire. Ils comptent même lui envoyer une jolie lettre, super. Elle reçoit des textos de son entourage, de ses amis, sa famille ou encore sa sœur et puis, elle décide de ramener B. chez elle, ou plutôt chez sa sœur, là où elle vit. Ca doit faire un mois maintenant qu’ils sont plus ou moins ensemble, en fait personne ne sait vraiment. Pas même cette blondinette. Elle ne s’attend pas à une gentille attention de la part de Virgil, elle s’imagine même qu’il ne sait même pas quand a lieu son anniversaire. Angie ne lui a certainement pas dit, pourquoi le ferait-elle ? A peine rentrée avec B. Elle l’abandonne naïvement au rez-de-chaussée le temps de prendre sa douche. Il n’est pas tout seul, il y a quand même l’autre idiot qui s’y trouve. Pourtant, avec le temps et depuis plusieurs semaines, l’autre idiot – comme elle aime l’appeler – lui retourne l’esprit. Ces regards, ces sous-entendus, ces moments d’absence où elle a les yeux posés sur lui alors que son esprit divague, fantasme peut-être. Dans sa douche, elle n’imagine même pas ce qu’il se passe actuellement, ce que Virgil est en train de préparer. Elle est simplement perdue dans ses pensées, elle s’oublie, elle ne pense qu’à ce qu’elle ressent.

Sortie de la cabine de douche, elle ne retrouve plus ses affaires. Rien. Evidemment, elle n’a pas besoin de chercher plus loin, elle sait très bien qu’il les lui a volés. Elle a envie de hurler, de le tuer. Ses sous-vêtements enfilés, elle se rend dans sa chambre, furax. La surprise est de taille lorsqu’elle y trouve Virgil, mais aussi B. La précipitation lui a fait perdre la tête, peut-être. Quoi qu’il en soit, elle se retrouve là, devant eux, se faisant dévorer par l’humiliation alors que le rire de cet imbécile résonne dans sa tête. Si elle avait le caractère d’Angie, probablement qu’elle lui aurait sauté au cou pour l’étrangler, et pourtant la seule chose dont elle se sent capable est de fondre en larmes. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, l’humiliation totale, la pire chose qu’on aurait pu lui faire pense-t-elle. Elle n’a pas réfléchi, elle ne s’est jamais imaginée qu’il en arriverait à ce stade. Les premiers sous-vêtements qu’elle a pris, un genre de petite culotte avec un joli nœuds papillon, et puis un haut assorti. Pas de quoi séduire un homme, mais elle n’a jamais voulu le faire non plus. Elle n’était pas prête, et lui il l’a forcée, il l’a bafouée, il l’a humiliée.

Chapter V - Sia ; Bird set free

Dans cette piscine, son corps flotte. Il fait froid, mais elle s’en fiche, elle veut s’oublier. Sur son visage, les larmes se fraient un chemin, mais elle ne bouge pas, elle attend l’instant T. Elle veut juste s’oublier, oublier la honte qu’elle vient de subir, oublier le visage hilare de Virgil et celui de B. en la découvrant dans cette tenue, dans sa chambre. C’est son monde à elle, sa vie à elle, son corps à elle. Il n’avait pas à lui faire ça, pas le jour de ses dix-huit ans. Aux yeux de la loi, elle vient de devenir majeure et pourtant, elle a l’impression d’être une petite fille bafouée, une enfant totalement perdue et victimisée. Elle ne comprend pas pourquoi ça tombe sur elle, pourquoi ne fait-elle pas partie de ces populaires, de ces gens que tout le monde respecte. Sa timidité sans doute, ou simplement sa sensibilité. Alors elle pleure, elle se fiche pas mal de cette voix qui l’appelle et qui résonne, parce qu’elle se fiche pas mal de Virgil. Elle lui en veut profondément, et sans doute qu’elle ne lui pardonnera jamais. L’eau glaciale la brûle, elle la sent, mais elle se sent vivante, ou presque vivante. Elle veut juste que ça se termine une bonne fois pour toute, elle ne demande rien de plus, rien de moins.

A nouveau des cris, des pleurs lorsqu’elle sent la main de Virgil l’agripper pour la tirer hors de l’eau. Elle ne veut pas qu’il la touche, elle n’a pas besoin de lui ni de son aide. Elle ne veut même plus le voir ni lui parler. En dehors de la piscine elle est frigorifiée, elle tremble comme une feuille, elle est bouleversée et pourtant elle aurait aimé qu’il la laisse là. Sur son visage, les larmes ne cessent de couler. Elle lui hurle dessus, elle veut qu’il l’oublie mais malgré tout, ses pas vont dans la même direction. Elle se laisse entrainer et dans la salle de bain, elle tremble à nouveau. La sensation de froid s’est multipliée pense-t-elle. Dans la salle de bain, elle ne bouge pas, elle n’en est même pas capable. Elle ressent un peu la chaleur que lui procure les frottements du compagnon de sa sœur qui se trouve juste en face d’elle, mais dans un premier temps elle ne réagit même pas. Elle évite de le regarder, elle aimerait arrêter de pleurer. Finalement, elle relève le regard vers lui et se noie dans le bleu de ses yeux alors qu’au fond d’elle, elle pense ne ressentir que du mépris mélangé à de la honte. Lorsqu’il s’est rapproché pour attraper ses lèvres et l’embrasser, elle ne l’a pas repoussé. C’est une sensation bien différente qu’elle ressent, une chaleur à laquelle elle ne s’attend pas et qu’elle découvre réellement pour la première fois. Elle a beau trembler comme une feuille, elle sent son cœur sur le point de louper un battement. C’est étrange, mais c’est agréable et si sa tête lui crie de s’arrêter, elle n’en fait rien. Elle n’écoute pas et à son tour lui rend un baiser plus passionné, plus humide, mais bien plus agréable. Si seulement quelques secondes s’écoulent entre ces deux baisers, elle a l’impression de vivre l’éternité, elle veut vivre l’éternité et ne jamais briser ce contact qui la réchauffe et lui procure un bien fou. Elle sent son corps se soulever lorsque Virgil l’installe sur le lave-linge et en écartant ses jambes, c’est de l’excitation qui vient se mêler à ces nouvelles sensations et qui la pousse à se coller à lui. Ils étaient trempés tous les deux, et pourtant en l’espace de plusieurs minutes, elle a presque totalement oublié cette soirée d’anniversaire totalement pourrie, parce que ce qu’elle vivait dans l’instant présent était bien plus agréable. Finalement, La porte d’entrée claque, les poussant à s’écarter, à rompre cette proximité. Elle ne le lache pas du regard pour autant, elle aurait aimé vivre d’autres sensations encore, juste avec lui. Au fond d’elle, elle pesterait presque contre sa sœur, mais la seconde d’après c’est elle-même qu’elle son esprit se met à insulter. Elle le regarde quitter la pièce et à nouveau, petit à petit ce froid qui l’avait totalement tétanisé refait surface. Elle se dirige vers la cabine de douche dans l’espoir de se réchauffer, mais surtout de se perdre. Elle laisse ses songes prendre le dessus sur sa volonté et au fond elle sait qu’elle aimerait déjà revenir en arrière, non pas pour le repousser, mais bien pour recommencer. Encore. Le reste de la soirée, il lui est impossible de descendre, ni même revivre cet ascenseur émotionnel en se retrouvant face à lui. Alors, jusqu’au lendemain matin, elle cherche le réconfort de son lit, et revit au moins des centaines de fois ce moment passé avec lui, sans aucune réelle culpabilité. Oui ce soir, elle est complètement égoïste et elle aimerait l’avoir encore pour elle. Juste pour elle.

Chapter VI - Lenny Kravitz ; The Chamber

Les jours passent et se ressemblent, ou presque. Elle ne pense plus de la même manière, elle se torture entre sa rancœur et l’envie de le croiser à chaque fois qu’elle passe la porte de la maison. Elle se retient de le fixer lorsqu’ils sont tous les trois dans la même pièce, mais peut-on l’empêcher de penser, d’avoir envie ou d’espérer ? En revenant des cours, elle passe devant un magasin de lingeries. Son regard se pose sur les modèles exposés en vitrine. C’est joli, c’est féminin et au fond, ce qu’elle a vécu le jour de ses dix-huit ans la tourmente encore. Elle pousse la porte du magasin et y fait un tour ; elle est charmée par tant de beauté avec rien qu’un peu de tissus. Elle rêve de porter l’un de ces modèles et si elle avait assez d’audace, elle profiterait de l’absence de sa sœur pour lui prouver qu’elle a envie d’être désirée. Elle se fiche pas mal des autres, depuis ce soir-là. Elle veut seulement qu’il la regarde, qu’il ait envie d’elle. Avec son mince salaire, elle s’achète l’un ou l’autre ensembles très jolis. Elle se convainc de faire ça pour elle, uniquement pour elle et pourtant elle a de l’espoir, même infime de pouvoir à nouveau gouter à ses lèvres. Elle a un goût de trop peu, une envie de repousser les limites de l’interdit plus loin, ou de carrément les enlever.

Se regardant dans le reflet du miroir, elle vient tout juste de sortir de la douche, et face à son reflet elle se pose des questions. Pourquoi est-elle elle ? Pourquoi n’est-elle pas l’une de ces bimbos populaires de son lycée ? Elle sent un regard posé sur elle, lorsqu’à nouveau ses yeux se posent sur Virgil. A nouveau, elle se pose dix-mille questions, puis s’approche d’un pas délicat, mais assuré pour une fois. Elle a son petit côté aguicheur qui ressort, parce qu’aujourd’hui en plus, elle a de jolis sous-vêtements et dans le regard de Virgil, elle se trouve désirable, ou plutôt désirée. Elle pose sa main sur son visage, et  se colle de nouveau à lui à la recherche de contact. Elle caresse sa peau du bout des doigts et à nouveau ils échangent un baiser. Un baiser fougueux qu’elle ne veut rompre, mélangé à des caresses, du contact qui la fait fondre, littéralement fondre. Elle retrouvait cette sensation de la dernière fois dans cette même pièce. Elle y met de la passion, plus de passion jusqu’à ce qu’il y mette fin. Elle fronce les sourcils et se mordille la lèvre inférieure. A nouveau elle tente de s’approcher afin de s’emparer de ses lèvres mais en vain. Un refus total, une demande qui la blesse, qu’elle est incapable de tenir. A nouveau, elle sent les larmes monter et ses yeux s’inonder de tristesse. Les joues humides, elle le regarde s’éloigner. Encore. Et puis se laisse glisser le long de la porte qu’elle a refermée afin d’être seule. Elle a l’impression d’avoir le cœur brisé, de revivre la même chose que le jour de son anniversaire. Finalement, la seule chose dont elle a envie est de partir, de quitter la maison et de repartir chez ses parents. Ce qu’elle fit le lendemain, sans même le prévenir et avec l’espoir qu’elle pourra enfin avancer, et oublier. Ou du moins, l’oublier lui.

Chapter VII - Naughty Boy ft Bastille ; No one's here to sleep

Cette nouvelle vie qu’elle retrouve chez ses parents lui permet d’oublier un peu, ou du moins de mettre ses pensées de côté. Elle a l’impression qu’une nouvelle vie l’attend, qu’elle n’aura plus à se cacher, qu’elle n’aura plus le cœur brisé. Avec ce recule, elle prend conscience de ce qu’elle a fait à sa sœur. De ce qu’ils ont fait, mais c’est sa sœur, celle pour qui elle avait une profonde estime, pour qui elle éprouvait un amour fraternel très fort. Celle qui l’avait hébergée, et elle avait fauté. Elle avait profité de l’absence de cette dernière pour approcher et se laisser tenter par Virgil. Elle s’en veut, mais elle ressent un manque lorsqu’elle y pense. Elle les revoit tous les deux dans la salle de bain échangeant un baiser passionné, sentant ses mains sur sa peau, ressentant cette envie de plus. Une envie qu’elle rêve de ressentir à nouveau.

A l’annonce du retour d’Angie, elle trépigne d’impatience avec l’espoir de pouvoir passer outre ce qu’elle a fait à sa sœur, mais aussi et surtout parce qu’elle sait qu’Angie ne revient pas seule. Elle s’attend à le revoir, lui. Physiquement, elle s’est métamorphosée: c’est une jolie petite femme,  et non plus cette gamine dont il ne cessait de se moquer, elle n’a pas vraiment confiance en elle, mais ce qu’ils ont partagé tous les deux l’aide à relativiser. Elle sait qu’il éprouve du désir pour elle. Elle l’espère. Et pourtant à l’arrivée de sa sœur, seule, son sourire s’efface aussitôt. Elle se rattrape pourtant, et essaie de montrer qu’elle est quand même contente de la revoir, mais quelque chose a changé, et pas juste entre les deux sœurs. A l’évocation de la situation d’Angie, c’est un tsunami de jalousie qu’elle éprouve, ou d'envie. Elle aurait aimé que ce soit elle qui soit enceinte, mais surtout pas sa sœur. A nouveau, elle se prend une gifle, et à nouveau même sans être là il parvient à lui briser le cœur.  Enfin des cris, des pleurs mais cette fois-ci pas avec Virgil, mais bien avec sa sœur ainée, celle avec qui elle avait toujours été fusionnelle.

Chapter VIII - Hozier ; Take me to the church

Ses pas la mènent chez l’une de ses « amies ». Autant dire qu’elles n’ont rien en commun et pourtant c’est chez elle qu’elle se rend. Cette fille est le genre à sortir tous les soirs, à porter des vêtements qu’elles n’oseraient même pas essayer, un langage qu’elle ne supporte pas et a le goût du risque, de l’aventure, mais surtout de la nuit. Les jours passent et elle, elle change. Elle devient plus vulgaire à son tour, elle flirt avec le monde de la nuit, elle en oublie ses priorités, mais surtout elle en oublie ses études, ses valeurs. Elle est une autre fille, elle joue un autre rôle. Un rôle qu’elle n’assume absolument pas, mais n’est-ce pas ce qu’on voudrait qu’elle soit ? L’alcool, la clope, la drogue, tout ça ne sont plus seulement des noms pour elle. Elle y touche, elle expérimente, elle se force à aimer et elle continue à consommer. En soirée, il y a cet homme, il est plus âgé qu’elle, il est séduisant, mais surtout il semble tenté. A nouveau, elle ne peut s’empêcher de repenser à cette manière que Virgil avait lorsqu’il posait ses yeux sur elle. Une façon de la regarder qui la faisait fondre, et cet étranger-là lui lance les mêmes regards. Elle ne ressent pas totalement les mêmes sensations, mais elle est persuadée que ça va venir, qu’elle doit laisser faire, qu’il faut simplement être dans le feu de l’action. Totalement naïve, elle se laisse entrainer sur le toit du bâtiment où se déroule la petite fête, et les choses commencent à aller trop vite, trop loin. Elle perd le contrôle, elle est incapable de s’enfuir parce que ce qu’elle a dans le sang lui en empêche complètement. Alors à nouveau, elle subit. Ses yeux se remplissent de larmes et lui rien ne l’arrête. Elle n’a jamais voulu que ça aille aussi loin, elle n’a jamais espéré pouvoir enfin passer à l’acte avec un autre qu’avec Virgil. Et pourtant, cet homme-là, il continue, il va de plus en plus loin, il repousse ses limites et de plus en plus fort. La douleur, la peur, mais aussi le manque de force l’empêche de se dégager de son emprise. Une fois de plus, elle se sent forcée, bafouée et humiliée.  

Chapter IX- Evanescence ; Immortal

Alors que cet individu s’est enfui, elle reste allongée quelques secondes sur le toit. Elle a mal, elle pleure, et elle se sent honteuse. Elle remonte son jeans que ce porc n’a même pas pris le temps d’enlever, et elle se relève. Le visage inondé de larmes, elle quitte l’endroit. Elle le fuit et déambule dans les rues de la ville. Elle ne sait pas où aller, ni vers qui se tourner. A ce moment précis, elle se sent terriblement seule et totalement pétrifiée. Elle sait qu’elle va devoir retourner chez sa connaissance pour récupérer ses vêtements et le peu d’affaires qu’elle y a laissé, mais l’envie n’y est pas du tout. Le soleil se lève lorsqu’elle continue à déambuler. Elle est épuisée, elle a froid et ses yeux sont gonflés d’avoir pleuré une partie de la nuit. Ses pas la dirigent vers sa fac où elle essaie d’obtenir une aide afin de louer une chambre d’étudiant. Elle va devoir faire des efforts, reprendre les cours, mais surtout se chercher un nouveau boulot. Elle va devoir étudier et donner le meilleur d’elle-même afin de pouvoir bénéficier totalement de cette aide, ce qu’elle promet.

Peu de temps après, cette jeune fille a pris un autre tournant et a revu ses priorités. Comme promis, elle étudie, elle ramène de meilleures notes et elle se concentre sur ça, uniquement sur ça. A l’annonce de la naissance de son neveu, elle apprend que celui-ci va aller vivre chez son père qui se trouve en Nouvelle-Zélande. Sa sœur étant souffrante, elle se porte volontaire pour emmener l’enfant à son père. Au fond, elle le souhaite vraiment, elle veut le revoir, le toucher, le sentir, mais quand même... Elle ne peut s’empêcher d’appréhender ces retrouvailles. Dans l’avion, elle se laisse bercer par le paysage qu’offre le hublot sur les nuages. Elle ne pense qu’à lui, qu’à sa réaction lorsqu’il la reverra, qu’à la façon dont elle réagira. Elle a peur, mais elle est curieuse, alors elle attend, elle décompte les heures jusqu’à l’instant T.

Finalement, la peur la force à fuir alors qu’elle se trouve précisément devant la porte de là où vivait Virgil. Enfin, elle se trouve une chambre d’hôtel, et prétexte qu’elle veut apprendre à connaître son neveu. Elle veut rester avec lui, elle veut surtout vivre dans la même ville que Virgil, partager ne serait-ce que de simples regards avec l’espoir qu’un jour il la verrait autrement qu’une fille beaucoup plus jeune que lui, ou encore comme étant la sœur d’Angie.