hanisah ✻ adrenaline moving through my veins

Bien que Walmsley de nom, Hanisah n’avait jamais été proche de sa famille. Elle était une outsider, cette petite bête noire que personne ne faisait réellement attention. Née quelques semaines trop tôt, elle était ce petit être fragile. Sans arrêt malade, elle était ce bébé qui demandait trop d’attention et d’argent. Plus grande, elle était cette fille un peu trop ronde qu’ils avaient honte de montrer en photo. Puis à l’école, elle était cette élève peu brillante qui était toujours à la traine. Hanisah était cette fille ratée. Très vite, elle était remplacée par une version plus jeune, forte et belle d’elle-même. Elle n’avait alors à peine quatre ans lorsque sa petite sœur était venue au monde. Bien évidemment, sa jeune sœur incarnait la petite fille parfaite. Leurs parents n’avaient alors d’yeux que pour elle et Hanisah était devenue l’ombre de sa sœur, le second choix de tous.

Délaissée par ses parents, elle ne recevait que le strict minimum. D’ailleurs, elle vivait sous le toit de la maison. C’était un grenier poussiéreux et peu lumineux improvisé en une chambre, un simple matelas posé au ras du sol. Il y faisait terriblement froid en hiver et horriblement chaud en été. C’était probablement invivable pour d’autres mais Hanisah y passait une grande partie de ses journées cloitrée dedans. Si ce n’était pas dans sa chambre, Hanisah passait son temps dehors à flâner. La demoiselle fuyait tout contact avec sa famille. Après tout, à la moindre occasion, ses parents la grondaient, trouvant toujours des arguments pour la rabaisser.

Surprise au lit avec un garçon à ses quinze ans, ses parents l’avaient aussitôt chassé de la maison. Ils donnaient l’impression de n’attendre que ça, qu’elle fasse le seul faux pas. Une excuse bidon pour tirer un trait sur son existence trop encombrante. Elle était alors recueillie par la famille de son meilleur ami. Ils étaient devenus sa véritable famille. Pour la première fois de sa vie, elle pouvait avoir tout ce qu’elle avait besoin et désirait. Avoir une vraie chambre avec un bureau où étudier, s’acheter de jolis vêtements, rejoindre un club de natation et de cirque, s’acheter des livres, voyager et bien plus. Hanisah était au paradis. Petit à petit, elle avait retrouvé le sourire et regagné confiance en elle. Elle, qui était une fille solitaire et sombre, s’était gentiment ouverte au monde.

Hanisah n’avait pas forcément beaucoup d’amis mais ils étaient tous géniaux et surtout inséparables. Ils étaient une petite bande de « nerdos » qui passaient leur temps à jouer à des jeux de société et jeux videos, à lire des bandes dessinées et à organiser des soirées Disney ou un marathon Seigneur des Anneaux. Pas besoin de se la jouer cool avec une bouteille de vodka dans les mains, Hanisah n’avait besoin que de ses amis, de leur conversation, et peut-être quelques briques de ice tea et des chips pom-bear.

Son nouvel environnement lui avait certes aidée à s’épanouir mais il y avait bien une chose qui n’avait pas changé : ses notes. Les mathématiques, la littérature, la géographie,… pas même le dessin ne la réussissait. Ce n’était pas elle qui al-lait devenir une grande avocate ou médecin. Néanmoins, il y avait bien un domaine où elle excellait : la gymnastique. Tout comme le gymnastique, elle se passionnait pour l’art du spectacle. Bien qu’adulte, elle avait conservé son âme d’enfant. Elle adorait le cirque et les spectacles de magie. Son rêve était de rejoindre une troupe et de parcourir le monde. Une envie d’évasion et de briller sous les projecteurs. C’était donc après le lycée qu’elle était partie pour le Canada afin de rejoindre une école de cirque et plus tard le Cirque du Soleil.

En tournée mondiale, elle avait toute l’attention qu’elle méritait. Si elle réussissait à capturer le cœur de ses spectateurs, elle n’arrivait en revanche jamais à trouver sa deuxième moitié. Toujours affectée par son passé, Hanisah était constamment, bien qu’inconsciemment, à la recherche de liberté mais aussi d’affection et d’amour. Elle tombait facilement amoureuse dès les premiers instants. Un coup de foudre et elle croyait déjà qu’il était le bon. Malheureusement, Hanisah n’avait jamais réussi à se faire une réelle place dans leur cœur. Elle occupait toujours la seconde place. Elle était cette fille qu’il larguait juste après un bon coup au lit, cette amante cachée, cette petite copine pour qui il n’était pas réellement amoureux… Fatiguée de leur jeu, elle s’était promise de plus pleurer pour un seul homme, s’interdisant toute attache. Comme la chanson de Ciara « like a boy », il était temps d’inverser les rôles. Désormais, c’était elle qui menait le bal. Fini les relations, elle se contentait des coups d’un soir et uniquement selon ses envie.

Après près de 10 ans à l'étranger, elle était de retour à Wellington. Bien sûr, elle était déjà revenue quelques fois pendant les vacances. Mais cette fois, ce n’était pas pour une semaine ou deux mais bien plus. Sa troupe de cirque s’était arrêtée dans sa ville natale et pour presque trois mois de spectacle. C’était l'occasion en or pour elle de rattraper le temps perdu avec ses proches.

De retour, il n’y avait pas que la famille et les amis qui lui préoccupaient. Il y avait autre chose qu'elle gardait secret depuis longtemps. Une épée de damoclès au-dessus de sa tête, elle avait un besoin de greffe de moelle osseuse. Elle souffrait d'une leucémie myéloïde chronique, longtemps asymptomatique et découverte de manière fortuite. Malade, elle ne se laissait néanmoins pas abattre. Il était trop tôt pour pleurer et ainsi elle profitait pleinement de la vie. A la recherche d’aventure et de sensation forte, elle n’hésitait pas à repousser ses limites ou encore à se mettre dans ses situations frôlant l’illégalité. Elle s’efforçait à dire que la maladie ne lui faisait pas grand effet alors qu’en réalité elle était terrifiée.