CYANA → chercheuntitre

Cher journal,

Certains sont jaloux de ma réussite. Certains me détestent parce que je me suis donné les moyens d’atteindre mon idéal. Mais je ne leur en veux pas. On n’a pas tous la même vision de voir les choses. On n’a pas tous le même passé. Parce que oui, je reste persuadé que c’est mon passé qui m’a permis de me donner la force de vaincre. Je suis la petite dernière d’une famille de quatre enfants. J’’ai deux grands frère, Enzo, Alexis et une grande sœur, Ophelia. Notre père a fui Cuba dans les années soixante avec ses parents. Ma mère d’origine américaine n’a pas non plus eu une enfance heureuse. Ils se sont rencontrés au lycée. Lorsque certains pensaient que leur histoire n’était qu’une amourette de passage, ma mère est tombée enceinte d’Ophelia. Elle avait à peine seize ans et avec mon père ils ont décidé de garder le bébé. La décision n’a pas du tout été accepté par mes grands-parents maternels et c’est en partie pour ça que je ne les connais pas. Ma mère a été mise à la porte et ils ont été obligé de se débrouiller. Si au début mes grands-parents paternels les avaient acceptés à la maison, il a rapidement changé d’avis.

Je suis née dans le Bronx et j’ai vécu en haut d’une tour d’immeuble. Nous n’avions pas chacun notre chambre. Je partageais la mienne avec ma sœur. Et mes deux frères en avaient une pour eux. Depuis que j’étais gamine ma mère m’a fait courir les castings. Pourquoi moi ? Sûrement parce que j’étais celle qui avait le plus éprouvé le besoin d’être célèbre dès mon plus jeune âge. De casting en casting, j’ai commencé à tourner dans des publicités, ce qui ramenait quelques billets à la maison. Mais c’était mon argent et ma mère ne voulait pas s’en servir. C’est alors qu’elle m’avait acheté une petite tirelire pour y mettre mes économies. J’ai toujours eu d’’assez bons rapports avec mes frères et sœurs. Il nous arrivait de nous crêper le chignon comme tout enfants mais on finissait toujours par se réconcilier. Scolarisée dans un établissement public comme mes aînés, j’ai très vite montré un désintérêt pour les cours, comme Enzo. On était les deux têtes brûlées de la famille. Les deux qui ne voulaient pas faire comme les autres. Les deux qui se moquaient de leur avenir.

Mais on grandit. On évolue. On voit les choses changés. Adolescente, j’étais irresponsable. Continuant de tourner dans des publicités, j’ai très vite crier haut et fort que je voulais vivre ma vie comme je l’entendais, sans que personne ne me dise quoi faire. Je rêvais de richesse. Les cours je m’en moquais. Je préférais sécher plutôt que de faire acte de présence. En pleine crise d’adolescence, j’ai commencé à fumer parce que « ça fait bien ». En rébellion contre le monde, je continue mes castings en jouant les petites princesses auprès des personnes s’occupant des castings. Je rêve de gloire et de popularité et je le fais bien savoir. D’une publicité à une autre, je finis par décrocher mon premier rôle dans un film. J’ai seize ans et je joue une adolescente rebelle dans un film ouvert à tous. Je décide d’arrêter l’école même si mes parents ne sont pas en accord avec ma décision. Pour eux, être célèbre, c’est quitte ou double. Et à l’époque, je ne me rends pas vraiment compte du risque que je prends.

De film en film, on finit par me proposer des shooting photo l’année de mes dix-huit ans. J’accepte et je deviens mannequin international en l’espace de quelques mois. C’est à mes dix-neuf ans que je rencontre Hayley. Maladroite toutes les deux, on finit par se rapprocher s’apprécier. C’est mon pilier. Tant et si bien qu’on finit par faire des shootings en duo. Les photographes nous adorent. D’après eux, on va bien ensemble. Mais moi j’ai ce côté beaucoup trop compétitif qui fait que je préfère l’évincer d’un shooting. Quelques temps plus tard, elle le découvre, elle m’en veut et je ne sais pas vraiment quoi faire pour la récupérer. Dans le fond, c’était un peu ma meilleure amie : on ne passait pas une journée sans se parler. Et là du jour au lendemain, elle a décidé de couper les ponts avec moi, ce qui d’un côté est compréhensible. Depuis cette dispute-là, je n’ai jamais eu de nouvelles d’Hayley.

J’ai continué mon petit bonhomme de chemin : de shooting en shooting, j’ai également tourné dans différents films et dans quelques séries pour adolescents. Je suis connue et reconnue et j’adore ma nouvelle vie de popularité. Je fais le tour du monde. Niveau cœur, je ne suis jamais tombé amoureuse et ça ne risque pas d’arriver de sitôt. Je bouge tellement qu’aucun homme ne pourra me suivre. Je me sens libre de faire ce que je veux. De temps en temps, j’envoie de l’argent à mes parents et mes frères et sœurs, mais cela fait un sacré moment que je ne les ai pas vu. Je crois que tout simplement, ils n’aiment pas ce que je suis devenue. Néanmoins aujourd’hui, je suis de retour à Wellington et je compte bien voir Hayley, même si j’appréhende un peu sa réaction. J’ai besoin qu’on s’explique. J’ai besoin de lui dire le pourquoi du comment j’ai agis comme ça. J’espère qu’elle pourra me pardonner.