keenan lachlain ๑ we're all chained to the rhythm

Partie histoire :



Il est né là, dans ces rues grises. A arpenter, sous la pluie, les bottes crissant sur les pavés. Jamais seul, toujours accompagné, de la gente féminine. Parfois même masculine. Un bras dessus, un bras dessous. Une cigarette au bord des lèvres, sa guitare comme seul bagage. Libre de ses actions, de faire ce qu'il souhaitais faire. S'il avait envie de partir à l'autre bout du monde, sur un coup de tête, il pouvait. Sans se soucier des lendemains. Toujours à vivre dans le présent, en se fichant des conséquences. Et qu'importe son passé. D'une mère toxico, un père en prison. Lorsqu'il rentrais, chaque soir de l'école. Il voyait, ses yeux injectés de sang, ses cernes trônant sous ses yeux. La bouche pâteuse, qui venais embrasser son visage et ce regard, vide. Comme si toute lueur de vie avait disparus. Et la souffrance, qu'il pouvait ressentir. Ces tatouages qu'elle avait sur les bras, effacés, ternies par le temps. Vestige de son passé chaotique, avec un père braqueur de banque. Un foutu voleur qui n'avait pas pu échapper aux forces de l'ordre bien longtemps. Qui avait arrachée sa mère de sa patrie, son pays natal. La nouvelle-zélande.

Ancienne prostituée, cible parfaite pour les envies anarchiques de son père. Dont il ne connaissais pas le visage, hormis ces quelques photos traînant sur la table de nuit de sa chambre. Mais qu'elle n'avait pas tarder à mettre au feu, sous ses yeux. En l'insultant et l'injuriant, tout haut. De ne pas avoir su raccrocher plus tôt. Enfance chaotique. Bercé dans les chimères inexistante de sa mère. De son coeur meurtrie et de ses doses qu'elle s'injectais, chaque jour. Comme si la drogue pouvait arranger tous les problèmes. Et ce qui n'était pas le cas. Parfois, elle lui disais d'aller dans la rue, pour elle. D'aller voir ces types, les irlandais. Pour leur demander quelques petits remontants pour sa mère. La première fois, il s'était fait accueillir à coup de rangers dans le ventre, croyant que tout ceci était une blague. Puis les autres fois, c'est la pitié qui déformait les traits de leurs visages. Parce qu'ils savais, que ce n'était pas une vie saine pour un gosse. Qu'à force d'être bercé dans les illusions de sa mère, il avait fini par haïr son père à son tour. A détester sa mère.

C'est la rue qui l'a accueilli, à coup de poing sur la figure. De ces combats de rue, ces fêtes improvisés sur quelques toits de maisons délabrées, jusqu'à finalement un jour tomber sur une guitare. Ses doigts qui roulèrent sur les cordes et un regard, brun, pailleté de vert. Qui croisa le sien. Une fille, comme toujours. Celle qui lui a fait perdre la tête. Cette longue crinière brune qu'il humait, ses piercings aux oreilles sur lesquels il tirait doucement. Ces petites tâches de rousseur sur lesquelles il aimait faire courir ces doigts et cette bouche. Charnue, toujours peinturée de rouge. Ces baisers volés, trop nombreux pour être comptés. Et leurs corps, s'entremêlant dans les draps, entre deux morceaux joués à la guitare et cigarettes consumées au coin de l'oreiller. A changer sans cesse de piaule, crécher quelques soirs chez des amis, puis de nouveaux d'autres le lendemain. Une famille avec qui il avait coupé tout contact. Et une envie de voyager. De partir loin d'ici, de cette ville. Tout quitter, pour vivre de sa musique. Puis un jour, une bouteille de trop en sortant d'un bar. Une voiture qu'il n'était pas en état de conduire. Et une dispute, qui éclata à propos d'un de ses énièmes ex. Et la machine au moteur ronronnant qui termina finalement dans un mur.

Tragédie. Vêtements noirs. Jour de deuil et un enterrement sinistre. Les dents et poings serrés, le coeur déchiré. Elle n'était plus là. Et lui, avait survécu, miraculeusement. Mais s'il avais pu, il serait mort en même temps qu'elle. Parce qu'elle avait été tout pour lui. Un renouveau. Un second souffle de vie qu'elle lui avait insufflé. Et aujourd'hui, maintenant qu'il ne lui reste plus rien. Que ce monde n'a plus autant de goût qu'avant. Il reste un énième espoir, pour sa passion. Ce qu'il souhaite faire. Sa musique. Alors il est partis. Sa veste de cuir, sa guitare et son paquet de cigarette comme seul bagage. Retour aux racines. Au pays de sa mère, qui à cette heure-ci était très probablement morte. Une vie de misère et de nostalgie. Mais après la chute, il se relève, tant bien que mal.