got your name written here in a rose tattoo (rhys)

début deux-mille dix.

grand départ de seattle, retour au bercail. annonce d'un décès trop éprouvant, flot de sentiments trop contradictoires et seul désir de soutenir isla qui grimpe en moi. seule envie et seule détermination de la suivre jusqu'au bout du monde encore une fois, si c'est ce qu'elle veut. tout plaquer, pour tout recommencer. à zéro, encore une fois.
peu importe, tant qu'elle est là.
peu importe, tant que je suis là.
je m'occupe de lui défaire ses cartons, de lui installer ses affaires, pendant qu'elle, s'occupe de son deuil. je m'occupe de la serrer dans mes bras et de lui offrir autant de réconfort que je pourrais. bien qu'elle n'en aura jamais assez.
soutien continu, sans interruption, fatiguant mais impossible à abandonner.
isla, impossible à abandonner.
moi jamais sans elle, et elle jamais sans moi.

été deux-mille onze.

accoudé au bar, bière en main à regarder le match de boxe qui passe sur le petit écran fixé au mur. les gars sont partis en chasse, moi parti en beuverie. énième bière ce soir. vidage d'esprit. trop de choses en tête, trop de boulot.
trop, trop, trop.
- charmant et passionné de sport. que demander de plus?
voix qui m'extirpe de mes pensées, tête que je relève du creux de la paume de ma main dans laquelle elle était logée. princesse blonde platine décolorée, décolleté plongeant offert sur un plateau de dentelle et sourire ravageur maquillé de rouge à lèvres pétant.
le rêve pour tout coup d'un soir.
- rhys, enchanté. je t'offre à boire?
- cait.
elle me montre son verre encore à moitié plein, refuse gentiment mon offre et ne fait qu'augmenter en moi l'envie de lui en offrir un, puis deux, puis dix. de lui offrir le bar entier si elle veut. de lui offrir mon corps, mes coups de reins dans les toilettes de l'établissement.

automne deux-mille treize.

- bébé, j'en ai marre que tu passes tout ton temps avec isla. elle te vole à moi. elle a qu'à se trouver un mec.
je souffle. énième dispute à venir, énième crise de jalousie. cait qui ne supporte pas isla, et la réciproque sans aucun doute vraie, aussi. cait qui est persuadée qu'isla en pince pour moi, qu'isla me veut pour elle toute seule, qu'isla veut dégager cait de ma vie.
pas forcément faux, la fin. j'en sais rien.
je souffle, et prends la décision de l'ignorer. pour le meilleur ou pour le pire.
- tu m'écoutes quand je te parle? tu décides de la faire passer avant moi, c'est ça?
hm. c'est peut-être un peu ça.
- mais non c'est pas ça. tu sais bien que non. mais isla c'est comme ma soeur. c'est ridicule d'être jalouse d'une fille qui est comme ma soeur.
- donc tu dis que je suis ridicule?
allez. mes couilles.
je prends mes clopes, et sors de l'appartement en claquant la porte.
j'en ai marre, j'en ai plus qu'assez, et quand elle se sera calmée, je sais qu'elle m'appellera. elle m'appellera et s'excusera. elle s'en voudra d'avoir réagi comme ça, dira qu'elle veut juste pas me perdre. et moi, j'vais la pardonner, j'vais la rassurer, lui promettre qu'elle ne me perdra jamais.
parce que cait, je l'aime, j'en suis fou, j'en suis dingue, et j'me vois plus sans elle.

noël deux-mille quinze.

les larmes encore persistantes au bord des yeux rougis, un paquet de mouchoir à mes côtés, à moitié affalé sur la table de la salle à manger de mon petit loft. dans une main un mouchoir usagé, dans l'autre un crayon à papier, prêt à dessiner le prochain tatouage qui témoignera de cette nouvelle épreuve de vie.
quasi-inconsolable, le coeur brisé, mis en miettes, en morceaux, prêt à être ramassé à la pelle et la balayette avant de se faire un peu plus piétiner.
j'ai beau penser, j'ai beau retourner ça dans ma tête comme je le veux, rien n'arrive à justifier une chose pareille après quatre ans d'amour, de bonheur.
rien qu'une pute, qu'elle dirait, isla.
- qu'est-ce que tu veux que je te dise, rhys? j'ai été voir ailleurs, et après? c'était pas la première fois, et ça s'ra pas la dernière. oh, j't'en prie, arrête de chialer, comporte-toi comme un homme, un peu. t'es pathétique, là. j'te jure, tu fais pitié. allez, casse-toi, rentre chez toi, j'préfère ne plus te voir, j'aurais aucun mal à trouver mieux que toi.
ses mots, sa voix tranchante qui résonne dans ma tête à l'infini et l'envie de tout cogner autant que celle de se laisser abattre, s'enfoncer au fond du lit et ne plus bouger. l'injustice et l'incompréhension mêlés. puis l'envie de ne plus jamais se laisser avoir, plus jamais.
plus jamais ça.
isla qui débarque à l'improviste, brusquement, la main rougie et endolorie, isla qui a cet air fier sur le visage et mon cerveau qui fait vite le rapprochement.
- t'as pas fait ça?..
si, si, elle a bel et bien fait ça. elle a été cogner cait pour défendre mon honneur comme je l'aurais fait pour défendre le sien.
ça m'arrache un sourire, et je me lève pour aller la serrer dans mes bras. ou peut-être me serrer dans les siens.
indéfiniment.