(theo) house of the rising sun

Ca faisait quelques mois que tu avais emménagée à Paris après être partie de Dublin. Ton père avait trouvé un meilleur poste dans un journal parisien. Tu étais contente d’être partie d’Irlande pour Paris, Paris la ville lumière. Pourtant, malgré le fait que vous viviez dans un cadre plus que merveilleux, tu sentais bien que ça n’allait pas vraiment. Ta mère n’était jamais à la maison, tu ne savais pas où elle partait mais elle partait. Pendant plusieurs jours parfois même. Et, le peu de fois où elle était avec toi et ton père c’était pour vous hurler dessus. Ta mère, elle avait toujours été comme ça, tu l’avais toujours comparé à un dictateur. Elle menait son monde à la baguette et tout le monde était obligé de faire ce qu’elle disait. Ce jour là, quand elle rentra tu fus surprise de voir que ce n’était pas elle qui hurlait mais ton père. Il lui hurlait dessus sans que tu ne comprennes pourquoi, sans que tu comprennes le pourquoi du comment. Tu avais beau avoir seulement huit ans, tu voyais que tes parents n’étaient plus heureux ensemble et tu te demandais même si ça avait déjà été le cas un jour. Avec tes parents, la vie était compliquée alors oui tu vivais dans le luxe parce que tous les deux avaient des emplois très bien rémunérés, oui tu avais toujours ce que tu voulais, oui tu vivais dans le plus beau quartier de Paris et tu allais dans l’une des meilleures écoles de ton quartier. Mais toi, tu aurais préférés avoir la vie normale d’une enfant de huit ans. Une vie où tu n’avais pas une mère qui était toujours là à te hurler dessus parce qu’elle voulait faire de toi la fille idéale. Parce qu’elle voulait que tu deviennes un génie, que tu deviennes la future Mozart et une grande danseuse classique. Parce que oui, elle avait de grandes ambitions pour toi. Seulement, elle oubliait que tu étais sa fille et que tu n’étais pas un robot, que tu ne pouvais pas être parfaite et que surtout tu avais besoin d’une mère et pas d’un sergent qui programme toute ta vie à la seconde près.

« Princesse, assieds-toi s’il te plait. » Tu venais de rentrer de ton dernier cours de danse classique parce que tu venais de te faire virer de ce dernier. Tu avais voulu montrer que tu pouvais te mettre en équilibre sur la barre. Ta prof t’avais vu faire et elle t’avait dit que ce n’était plus la peine de revenir au cours et qu’elle téléphonerait à tes parents. En voyant ton père assis là, sur son fauteuil tu pensais qu’il avait déjà eu la prof au téléphone. Mais, même si tu savais que tu allais te faire disputer tu étais contente de le voir à la maison parce que ca faisait presque six mois qu’il vivait à l’hôtel. Lui et ta mère avaient décidé de faire une pause dans leur mariage. Tu n’avais pas eu d’information sur le pourquoi du comment, tu savais juste qu’il avait laissé l’appartement à ta mère et que tu devais vivre avec elle. Autant dire que pour toi c’était l’enfer de ne vivre qu’avec elle. Elle passait son temps à te hurler dessus et te rappeler à qu’elle point tu la décevais par ton comportement. Mais aujourd’hui, c’était différent tu sentais bien dans l’ambiance qui régnait dans la pièce que c’était différent. Tu allais dans les bras de ton père et ta mère vous rejoigniez au bout de quelques secondes. Déjà, tu savais que tu n’allais pas te faire disputer tout de suite vu qu’elle ne criait pas. Elle n’avait pas encore dû avoir la prof de danse au téléphone. Elle et ton père commençait à parler. Tu avais tendance à être tête en l’air donc tu ne les écoutais que d’une oreille. La discussion était très sérieuse et ton père te rappelait plusieurs fois que tu devais être attentive parce que ta vie allait changer. Tu ne comprenais pas tout ce qu’ils étaient en train de raconter. Puis, dans la discussion tu entendis le mot divorce. Ils allaient divorcer et c’est pour ça que ta vie allait changer. « Ma chérie, tu vas devoir choisir. » Tu regardais ta mère surprise. « Choisir quoi ? - Choisir avec qui tu veux vivre princesse. Soit tu restes ici avec moi soit… - Soit tu pars avec moi en Nouvelle-Zélande, à Wellington. » Tu clignais de nombreuses fois des yeux. On te demandait avec lequel de tes parents tu voulais vivre. Ils te laissaient plusieurs jours pour faire ton choix. Ils avaient décidés de ne pas se disputer ta garde. Tu vivrais chez celui de ton choix et tu passerais toutes tes vacances chez l’autre. Au bout de quelques jours, tu avais pris ta décision. Tu voulais rester avec ton père même si tu savais que tu allais être amenée à déménager très régulièrement. Tu préférais vivre avec lui avec qui tu t’entendais mieux. Au bout de quelques mois, tu te rendais compte que tu avais fait le bon choix car ta mère était allée rejoindre son amant à Wellington avec qui elle avait une relation extraconjugale depuis des années. C’est d’ailleurs cette relation que ton père avait découvert qui avait précipité le divorce.

Tu te réveillais dans cette chambre d’hôpital, c’était si froid, si blanc, si impersonnel. Tu avais mal, tellement mal. Tu étais couverte de bleus, de diverses coupures et ta jambe était brisée. Tu n’avais aucuns souvenirs de ce qui s’était passé. Ton dernier souvenir était que tu avais pris le volant pour rentrer chez toi parce que ton père était rentré plus tôt de son voyage. Tu avais voulu le rejoindre et tu avais pris le volant au milieu de la nuit, quittant la maison de l’une de tes amies, pour le rejoindre chez vous. Puis, trou noir. Tu n’es jamais rentrée chez toi, tu as eu un accident de voiture mais ça tu ne t’en souvenais pas. Ta tête te faisait souffrir mais tu pus distinguer ton père qui était en train de dormir sur la chaise proche de ton lit. Tu voulais te lever pour aller le voir et te blottir dans ses bras parce que ça faisait deux mois que tu ne l’avais pas vu. Il était partit deux mois en Angleterre pour prendre soin de son père qui était malade. Tu n’avais pas voulu l’accompagné parce que tu détestais les hôpitaux même si au final c’est l’endroit où tu te retrouvais aujourd’hui. Quelle ironie. En essayant de te redresser la douleur se fit encore plus vive et tu ne pus t’empêcher de pousser un cri de douleur ce qui réveilla ton père. Il s’approchait et te faisais te rallonger. « Ma chérie, reste allongée je vais aller chercher le médecin pour lui dire que tu es réveillée. » Tu avais trop mal et tu étais trop crevée pour essayer de chercher à comprendre quoique ce soit. Puis, tu fus prise d’une vive douleur dans le bas du ventre. Immédiatement, tu posais tes mains sur ce dernier et tu sentais que quelque chose n’allait pas. Tu avais un mauvais pressentiment. Ainsi, dès que le médecin passait le seuil de la porte de ta chambre, tu l’agressais presque en lui demandant : « Mon bébé, comment vas mon bébé ? » Personne ne parlait, le médecin ne répondant pas à ta question et ton père regardant le sol. Tu savais que ce n’était pas bon signe et tu fondais en larme terrorisée à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose au bébé que tu attendais. « Mon bébé, il est arrivé quoi à mon bébé ? » Tu répétais cette phrase totalement désespérée du fait de n’avoir aucunes réponses. Ton père venait te prendre dans ses bras et il échangeait un regard avec ton médecin avant de prendre la parole. « Princesse, tu as eu un accident de voiture hier soir… - Et mon bébé ? Il a eu quoi, il va avoir des séquelles ? » Tu le regardais totalement désespérée. Il passait une main dans tes cheveux avant de déposer un baiser sur ton front. Les larmes roulaient encore sur tes joues en attendant désespérément une réponse. « Théo, il n’y a plus de bébé… » Tu arrêtais de respirer quelques secondes, tu n’arrivais pas à croire ce qu’il venait de te dire. « Non, non, non c’est pas possible. Non, c’est pas vrai. Tu mens, dis-moi que tu mens. S’il te plait, dis-moi que c’est pas vrai et que c’est qu’un mensonge… » En voyant son regard, tu comprenais que non. Non, il n’était pas en train de mentir. Ca te faisais mal plus mal que tout. Tu avais l’impression que ta jambe brisée et tes multiples contusions n’étaient rien à côté de ce qu’il venait de te dire. Ca te faisait l’effet d’un coup de poignard. Ton bébé était mort, mort dans cet accident de voiture. Tu n’entendais plus rien, tu n’entendais pas le médecin t’expliquer ce qui t’était arrivé. Tu pleurais en te tenant le ventre, tu avais tellement mal. Tu n’étais même pas sûre de pouvoir te relever après cette annonce.

Ca faisait presque quatre mois que tu avais eu ton accident, tes blessures physiques guérissaient plus ou moins rapidement. Tu avais juste toujours ton plâtre à cause de ta double fracture à la jambe droite qui avait dû mal à se remettre correctement. Tes bleus et tes coupures étaient soignés, tu avais juste quelque petites cicatrices aux endroits où le verre était entré plus profondément dans tes chairs. Mais, la blessure morale était toujours là et elle te rongeait de l’intérieur. Tu étais jeune et pourtant tu avais l’impression que ta vie était finie, que plus jamais tu réussirais à être heureuse. Ca te faisait tellement mal de voir tous ces endroits où tu aurais pu emmener ta fille, de voir ton père qui était aussi mal que tu l’étais. Tu avais pleuré, beaucoup pleuré les premières semaines. Tu t’étais vidée de toutes les larmes de ton corps, t’enfermant dans ta chambre, refusant de sortir. Mais, petit à petit les larmes avaient cessées de couler sur ton visage. Tu avais bien tenté de reprendre une vie normale. Seulement, plus la date où ton accouchement était programmée et plus tu te rendais compte que tu ne pouvais plus vivre ici chez ton père. Tu n’y arrivais pas et tu savais que jamais tu ne pourrais tourner la page en restant là. Tu t’étais arrangée avec tes parents pour aller vivre chez ta mère. Au moins, tu ne verrais plus tout ce qui te faisait remonter des souvenirs douloureux. Tu ne passerais plus tous les jours devant cette chambre que tu avais commencé à préparer avant de perdre ton bébé. Une fois ton plâtre enlevé, tu prenais donc la direction de Wellington. Tu avais arrêté de pleurer, tu refusais de parler de ton bébé. Tu semblais froide et indifférente face à cet accident. Tu avais refusé d’en dire un seul mot à ta mère qui de toute façon t’avait fait comprendre qu’elle n’était pas pour ce bébé. « Theoxanne ! Reviens, il faut que tu parles de ce qui c’est passé. Tu peux pas rester comme ça. - Arrêtes de me parler de ça ! Je veux pas que tu m’en parles surtout que t’en a rien foutre ! - Dis-pas… - Si ! Tu n’étais pas pour que je le garde donc toi bien être heureuse. Bravo maman, tu ne serais pas grand-mère ! Heureuse ? Alors maintenant, arrêtes de me parler et va te faire foutre ! » Tu partais de la maison contre son avis. Tu la laissais hurler toute seule, tu avais besoin de prendre l’air. Ce genre de discussion, il y en avait tous les jours. Et, elle avait même fini par t’inscrire chez un psy parce qu’elle ne trouvait pas ça normal que tu ne veuilles pas en parler. Tu n’avais jamais décroché un seul mot à cette femme et désespérée elle avait fini par te renvoyer chez toi. Le seul avec qui tu avais accepté d’en parler un peu c’était ton voisin, ton meilleur ami, Liam. Lui tu lui avais parlé au départ, tu lui avais dis ce que tu ressentais. Il t’avait aidé à tourner la page, il t’avait entrainé avec lui à sortir et faire la fête. Et, tu avais continué, tu continuais toujours d’ailleurs. Tu enchaînes les sorties, les conquêtes. Tu ne te poses pas, tu fais n’importe quoi. Tu n’en fais qu’à tête parce que tu ne veux pas penser. Tu ne veux pas penser à la vie que tu aurais à présent si tu n’avais pas pris le volant. Tu préfères faire n’importe quoi et enchaîner les mecs (et les filles aussi) plutôt que de devenir mature. Tu as peur, tu as peur de ton futur, tu as peur de savoir ce que la vie te réserve, tu as peur de souffrir de nouveau. Donc, tu ne penses plus et tu te contentes de vivre sans te soucier tes conséquences de tes actes.